J'ouvre mes paupières. Les aiguilles de ma montre restent statiques. Combien de temps j'ai dormi ? On se croirait dans un four. Je ne me souviens qu'il fasse une telle chaleur ! Je me tourne. Will est contre moi. Wo-wo-wo-woww !! Non mais qu'est-ce qu'il fout là lui ?? Je m'écarte brusquement et son bras se fracasse parterre, ce qui à le mérite de le réveiller. Je comprends mieux pourquoi j'avais si chaud s'il m'a collé tout le long. Will grogne. Le pauvre s'est fait bobo. Mon ventre grogne lui aussi. Ca fait maintenant un bail que je n'ai rien avalé ! D'ailleurs si je pouvais simplement boire un peu... J'espère qu'y aura de quoi nous remettre d'aplomb derrière le mur. Je me lève, vais au mur et empoigne la pioche.

« Lève-toi, on a un mur à péter, je balance à Will qui est encore parterre.

- Tu peux commencer, j'arrive.

- Bouuugeeeuh ! En plus avec ma force on n'arrivera à rien, tu peux pas me filer un coup de main ?

- J'ai dis que j'arrivai, laisse-moi le temps.

Une fois équipés, nous nous acharnons sur le mur. Il est dur à casser car il est fait de plusieurs couches très épaisses. Nous forons un passage à coups de masse et de pioche, puis dégageons la pierre éboulée avec la bêche. Les efforts que j'avais donnés à la marche me valent d'horribles courbatures. Autant dire que c'est Will bosse le plus en ce moment. J'ai l'impression d'être dans une mine. Le passage que nous avons commencé à creuser commence à être assez grand pour nous abriter tous deux d'une éventuelle pluie. Après le vent, on ne sait pas si un orage peut s'abattre sur nos têtes.

D'un grand coup, Will fracasse la dernière couche et il parvient à faire un petit trou. Avec ma pioche je l'agrandis pour qu'elle soit juste assez grande pour que nous nous y faufilions l'un après l'autre. Je passe la première. Je ne sais pas si c'est par galanterie ou pour que je parte en éclaireur que Will m'a laissé y aller en première. J'arrive enfin à sortir la tête. Tout est noir cette fois. Habitués à la lumière, l'obscurité agresse mes yeux. Ce mur est la séparation entre deux univers : un monde blanc et un monde noir. Le Ying et le Yang.

« HE HO ! Hôte tes sales pattes de mon cul !!

- Je t'aide sinon tu ne passeras jamais.

- LÂCHE-MOIIII !

Quel pervers. Je me tortille mais ses mains restent collées à mon derrière. Je lui balance toutes les insultes possibles en me dépêchant d'avancer. Une fois entièrement sortie de l'autre côté, je laisse Will se dépêtrer. Non mais le culot. Finalement c'est lui qui aurait besoin qu'on lui mette la fessée.

- Aide-moi s'il te plaît, je suis coincé.

- Alors là tu rêves mon bichon.

- Allez Chlochlo ! 'Fais pas la pute !

- Tu crois vraiment que je vais t'aider en me parlant comme ça ?

- Non mais vu que le trou qu'on a fait est visiblement la seule source de lumière dont nous disposons pour y voir clair ici, je te conseille de me donner un coup de pouce.

Je l'attrape par les épaules et le tire comme je peux. Il arrive à sortir un bras. Je le prends, l'entoure autour de mon cou, pose un pied contre le mur et tire encore plus fort. Soudain, le poids devient lourd et je bascule à terre... Will complètement avachi sur moi.

- Dégage de là Will.

- Pourquoi ? Je suis bien là moi.

- Si tu ne te décales pas tout de suite, je te crache dessus. Ça serait la cerise sur le gâteau avec la sueur et la poussière. »