20 - La légende
Autrefois, il y a des milliards d'années, la Terre et la Lune ne faisaient qu'une. Deux planètes, identiques et infimes qui se cherchaient tels des aimants. Bouillonnantes du désir de se rejoindre, Terre et Lune s'accrochèrent par gravité et s'unirent telles deux âmes soeurs. En pleine formation, la nouvelle planète qui tournoyait autour du Soleil attirait les météores environnant son chemin, grossisant toujours plus.
Ceux-ci étaient en réalité attirés par cet amour, cette fusion des deux esprits planétaires. Bien plus puissante encore que toutes énergies et le temps, la force de leur union était la source d'une lumière que nulle autre chose n'égalait dans l'Univers. Les astéroïdes voulaient absorber ce bonheur grandissant en se collant à elle, comme des papillons hypnotisés par la lueur d'un lampadaire. La Terre et la Lune, ensemble, faisait presque la taille de Jupiter et continuait de grandir un peu plus chaque jour.
Mais ce bonheur ne dura pas.
L'Univers tout entier jalousait la Terre et la Lune. Un jour, il envoya une comète dont l'épaisse poussière brune et gorgée de ténèbres ne laissait rien présager de bon. Quelques temps plus tard, elle entra en collision avec la planète. L'impact brisa Terre et Lune en deux et libéra les objets cosmiques qui s'y étaient rattachés. Infinimment tristes les deux morceaux étaient condamnés à se frôler sans jamais pouvoir s'enlacer à nouveau, pour toujours.
Fragment de leur amour inconditionnel, la Lune et la Terre donnèrent naissance à quelque chose de nouveau pour l'immensité de l'espace : la Vie. Et même si la Terre était plus spacieuse, la Lune habritaient elle aussi de minuscules habitants. Elles avaient à nouveau retrouvé la joie d'aimer. Mais un malheur vint à nouveau s'abattre sur elles.
L'atmosphère peu développée de la Lune, dûe à sa taille, ne put empêcher le crash d'un météore, puis de deux, ainsi que de trois et une infinité d'autres. Lassée et brisée de perdre sans cesse ses enfants, la Lune se résigna. Elle ne pouvait continuer à vivre ainsi. Elle savait que cette malédiction ne finirait jamais et avait surtout peur pour la Terre, son amour maudit.
Dans un dernier souffle, elle aspira toute la poussière brune de la comète qui s'était répandue sur la Terre et avant que l'ancienne planète ne se brise. Elle attira l'obscurité à elle, pour écarter son amour du danger. Mais en ingurgitant tant de noirceur en elle, la Lune y laissa aussi son âme. Avant que celle-ci ne meurt à jamais, elle laissa échapper une larme.
Une larme en pierre, pour la Terre. Sa Terre tant aimée.
La dernière trace d'une vie.
La Terre voyant sa Lune désertique et épave d'elle-même, entra dans une rage sans pareil. Le sol gronda et les précieux habitants de la Terre mourrirent un à un. Mais quelques instants plus tard, la larme de la Lune tomba sur ce sol brûlant de haine et brilla. La vie terrestre reprit. La haine se transforma en amour. Le ciel devint gris et la pluie innonda la Terre. Les océans se remplirent et leur reflet donnèrent une couleur bleue profonde à ce même ciel, après la tempête.
Des milliards d'années plus tard, la larme de la Lune fut retrouvée par les différentes espèces peuplant la Terre. Les premiers humains comprirent de suite que cette perle en pierre avaient de grands pouvoirs et s'en emparèrent. Elle fit l'objet de nombreux cultes et convoitises. De grands ravages, comme bon nombre de miracles furent engendrés par la pierre.
Une petite communauté, Les Druides, des métamorphes pouvant s'apparenter à n'importe quelle espèce terrestre, comprirent qu'un tel pouvoir ne pouvait appartenir à quiconque. Ils conclurent alors un pacte :
Cacher la pierre, la protéger au détriment tout autre chose.
Tous les cinq-cents ans, un nouveau protecteur de la descendance des Druides serait nommé au travers de nombreuses épreuves. Si aucun nouveau protecteur n'était nommé, il faudrait attendre à nouveau cinq siècles. Si un individu réussissait les obstacles, il serait le nouveau protecteur et devait trouver une nouvelle cache à la pierre puisqu'elle était dorénavant "facilement accessible".
***
- Et Chloé, c'est maintenant ton devoir de la protéger. Tu es l'Elue.
Après cette impressionnante vision, je vois l'amulette de la lumière dans ma main avec toutes les autres dans l'autre. Machinalement, comme si c'était une évidence, je m'avançai jusqu'aux creux pour y inscire les quatre amulettes réunies. Les flèches s'immobilisèrent à mon passage. Une fois dans leurs places, Le sol se tremble et la pierre lunaire apparait sous mes yeux ébahis.
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