2 - Feeling
Je ne réponds pas à Will. Un chat noir surgit à l'arrière d'une voiture rouge rouillée et toute cabossée. Il trotte et se montre. Ses magnifiques iris vert émeraude en forme d'amande captent mon attention. Yeux dans les yeux, un lien intense se tisse l'espace d'une demi-seconde entre le félin et moi. Comme s'il avait tenté de me dire quelque chose.
Puis il s'en va lentement vers la bâtisse effondrée. Je fais quelques pas, l'appelle. Un miaulement lointain se fait entendre. J'ai l'impression qu'il est plus loin dans la maison. Je le rappelle encore une fois. Mais soudain j'entends un éboulement. La baraque fébrile se met à trembler légèrement.
Le chat !
Il est peut-être coincé ! Il faut que j'aille l'aider ! En tant normal, je n'aurai pas pris ce risque vu la ténacité de ce tas de ruines mais c'est plus fort que moi. Je revois encore son regard intriguant et ressens encore cet étrange frisson qui m'a traversé quand ses petits yeux se sont liés aux miens. Et puis cette pauvre bête ne peut tout de même pas rester bloquée sous les briques ! D'un pas assuré j'avance vers la maison. Will, qui était resté planté là m'interrompt :
« Qu'est-ce que tu fabriques ?! Mais tu es folle, s'étouffe-t-il, tu ne vas pas entrer là dedans !
- Et laisser ce pauvre chat sous les briques alors que je peux le sortir de là ? Sûrement pas.
- Quel chat ?
- Celui qui vient d'entrer dans la maison !
- Je n'ai vu aucun chat. Et au pire, on s'en fout ! Justement, c'est qu'un chat après tout.
- Je ne t'ai pas demandé ton avis.
Sur ce, je continue mon chemin mais une grande main m'empoigne le bras et m'arrête. Furieuse, je tourne la tête face à celle de mon voisin. Son inquiétude m'interpelle.
- Attends. Je viens avec toi. Si tu te retrouves sous les pierres ou que tu te pètes une cheville, je pourrai t'aider, bégaie t-il.
- Si tu continues à me tenir le bras comme tu le fait actuellement, je te fais bouffer ta main.
Il me dégage le bras et part devant moi en éclaireur. Lui, m'aider ? Après tout il avait peut-être raison. Le bâtiment dans lequel je m'apprête à pénétrer semble aussi fragile qu'un château de cartes. Mais je suis une vraie tête de mule et je ne permettrai pas de laisser ce pauvre animal en danger.
J'avoue que le fait qu'il m'accompagne me rassure même si je ne peux pas le saquer. Nous nous engouffrons dans l'obscurité.
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