Je le pousse gentiment, ça commençait vraiment à paraître bizarre qu'il me colle ainsi . Il ne bronche pas.

- Il faut détourner l'eau de la cascade !

- Quelle idée géniale.

- Je sais je sais, je suis un génie.

- C'était ironique.

- Méchant.

- Réaliste. Comment tu comptes t'y prendre, je suis toute ouïe.

- Ok, je sèche là, dis-je en riant nerveusement.

Ça a le don de vraiment commencer à me faire paniquer. Merde. Je vais quand même pas rester coincée ici. Will doit partir il ne peut m'attendre éternellement.

- Continue sans moi. Si la sortie est proche je veux pas que tu la loupes à cause de mes conneries et...

- Alors clairement je t'arrête tout de suite. On dirait que t'as pas encore compris le truc. On ne sortira pas d'ici. Tout ce qu'on peut faire c'est se balader de monde en monde et profiter ensemble. C'est tout ce qu'il reste pour notre avenir. Si je t'abandonne, autant me planter direct. Et puis ça n'est pas ta faute si tu es coincée là.

Je reste sans voix. Je n'arrive pas à savoir si ses paroles ont un quelconque lien avec le fait qu'il puisse potentiellement tenir à moi, ou bien sa lucidité, sa maturité cachée. Je ne bouge plus.

- Me regarde pas avec ses yeux on dirait que tu vas me bouffer ! Magne ton cul, réfléchis pour trouver une solution.

Aaah ! Là je reconnais bien Will. Mais malheureusement je n'arrive pas à réfléchir, je suis perdue. Je n'arrive pas à trouver la solution. Will se penche sur le sol pensif, il examine la terre craquelée. Pendant ce temps je mets l'amulette dans la poche de mon jean.

Quelle maladroite ! Je l'ai fait tomber ! L'amulette brille alors au contact du sol. Des plantes commencent à repousser et j'arrive à doucement soulever mes pieds. L'amulette commence à se renfoncer dans la terre désormais molle. Je l'attrape avant mais lorsque je la ressors de la boue tout s'assèche à nouveau.

Oh pinaise !

- Pose l'amulette à la surface Chloé, sans la lâcher.

Je comprends alors ce qui lui traverse l'esprit. Quand j'appose l'amulette celle-ci brille de plus belle, des arbres aux formes étranges commencent à pousser autour de nous. Quelle forêt de toute beauté. Will et moi sommes accroupis sur le sol, nos pieds libres et bien à la surface, nous nous regardons avec complicité.

- A trois ? dit-il.

- Ouais.

- Un ! Deux ! TROIS !

Je récupère l'amulette et cours sur la rive pour ne pas être à nouveau prisonnière de la terre. Will a foncé, il m'attend déjà. En le rejoignant je lui donne l'amulette fière de moi. Je me tourne et vois la belle forêt se faner. Dommage. C'est alors que je sens des bras m'encercler doucement la taille et un souffle chaud chatouiller mon oreille.

- Ne me refais plus jamais peur comme ça, susurre Will.

Je sursaute et me retourne doucement. Des étoiles brillent dans ses yeux. Je ne saisis pas totalement la situation mais mon cœur fait des bonds de géant dans ma poitrine. Mon regard glisse vers ses lèvres pincées. Je n'avais jamais vu ce grain de beauté au coin de sa bouche.

- Peur ? Pourquoi ?

- Que tu restes coincée.

- Mais tu disais...

- Tu étais déjà assez paniquée comme ça.

J'avais beau essayer de ne pas lui montrer mais visiblement il me connait mieux que je ne le pensais. D'habitude les gens n'arrivent pas à me cerner facilement. Mais pas lui. Comment ai-je pu le détester tout ce temps ?

Son visage se rapproche lentement du mien mais je ne dis rien. Ses lèvres viennent doucement s'appuyer contre les miennes. Un bonheur intense m'emplit et une tornade de papillons se déchaine dans mon ventre.

- Tu vois, j'ai gagné, j'ai quand même eu mon bisou, s'exclame t-il victorieux. C'était pas si terrible ?

Je vais le frapper.