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1 - Le message

Mercredi, 16h05 :

L'heure du rendez-vous mystérieux approche, je suis peut-être idiote d'y aller, c'est sûrement une blague de Will ! Mais peu importe, au moins je serai fixée.

J'enfile rapidement mes Converse rouge, mets ma veste de la même couleur, sors mon vélo, sans oublier mon éternel portable, puis pars en quête de réponses.

Le numéro 6bis rue des colombes se situe, d'après Google Maps, un peu plus loin dans la ville à environ un vingt minutes de chez moi, à la lisière de la forêt. C'est sûrement dans les petits chemins puisque je n'arrive pas à poser un gugus sur la rue des colombes, à l'écran.

Je laisse un post-it pour mes parents et écris qu'ils m'appellent si je m'absente trop longtemps. Je franchis le seuil de la maison et prends une grande bouffée de l'air frais du printemps. C'est agréable. A peine mon pied frôle la pédale, que déjà, je suis interpellée. Oh nan, sérieusement... C'est le gogole de service. Il crie :

« Hey ! Salut Chlochlo ! Alors tu fais un tour à vélo pour perdre un peu de cul ? Dommage, j'aime bien les rondeurs chez les meufs. Quoique chez toi c'est quand même bien imposant. »

Je ne devrai pas m'arrêter pour des conneries pareilles, surtout que je ne suis absolument pas complexée, mais ma main a subitement des démangeaisons face à sa vulgarité. L'envie de lui coller une tarte m'envahie.

Je saute de mon vélo et le pose sur les graviers. Adossé contre la carrosserie de la voiture dans sa cour, son sourire narquois joue avec mes nerfs. Je m'avance jusqu'à lui. Il ne bouge pas. Il me dévisage alors que la distance nous séparant diminue. Je m'approche à un demi-mètre de son visage et je lui en colle une.

L'encoignure de ses lèvres s'étend jusqu'à ses oreilles. Il s'amuse bien on dirait. Ce type me tape vraiment sur le système ! Mais je ne vais pas m'attarder sur son cas, je préfère l'ignorer, sinon je serai en retard pour le rendez-vous et je risque d'exploser. Je pars reprendre mon vélo et m'en vais furax.

Mais je rêve ! Ca ne fait même pas deux minutes que je suis partie et voilà qu'il me suit avec son VTT tout en continuant à me bombarder de grossièretés. Il n'a vraiment pas de répit ce gars là !! J'essaie d'ignorer ce qu'il me dit mais c'est impossible. Je lui hurle :

« ARRETE DE PARLER !!

- D'ailleurs où tu vas comme ça ? Tu m'as l'air pressée. C'est ton copain ? Tu vas le retrouver c'est ça ? Il doit être vraiment affreux pour que tu ailles le voir en cachette. Remarque, ça ne m'étonne pas : qui se ressemblent, s'assemblent.

- Pas du tout et ça ne regarde que moi. Lâche-moi.

Je soupire, j'avoue qu'il m'a un peu vexée cette fois. Soudain, mon attention est attirée par autre chose. Je m'arrête. Je suis garée à quelques mètres du 6bis rue des colombes, l'autre con sur mes talons. C'est une vieille maison en ruines ! Pourtant il n'y a aucun doute, l'adresse est la bonne et il est 16h32. Personne. Will pouffe de rire :

« Wow ! Euh... Ton copain, il est pas un peu mort ? T'es nécrophile ou quoi ?

- Mais non, imbécile, je n'ai pas de copain. J'ai un rendez-vous.

- Avec un macchabé ? »

Je roule des yeux et soupire une énième fois. Pourquoi je lui ai dis que j'ai un rendez-vous ! Maintenant je suis sûre qu'il se dit que je suis débile. Il ne cesse jamais de parler. Je ne m'en sortirais pas indemne, il va continuer à me harceler jusqu'à ce que je lui donne le nom de la personne qui m'a convié à la ruine de la ville. Sauf que moi-même je n'en ai aucune foutue idée !

Mais... quand j'y repense... Oh non ! Quelle andouille ! Le message date peut-être de plusieurs jours, semaines, mois ! Il est tombé de mon trieur mais il pourrait être dedans depuis bien longtemps... Le rendez-vous n'était certainement pas pour aujourd'hui. Je suis vraiment nulle. Je me pince l'arrête du nez, exaspérée. Je sens Will me fixer derrière mon dos, il doit encore se moquer de moi.

Mon regard se perd dans les médiocres restes de la maison. L'imbécile casse le blanc qui s'était installé durant quelques instants.

« Chloé ? Qu'est-ce qui se passe ? Tu me fais limite peur là. »

Un bruit m'alerte. Je me retourne surprise.

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