Chào các bạn! Vì nhiều lý do từ nay Truyen2U chính thức đổi tên là Truyen247.Pro. Mong các bạn tiếp tục ủng hộ truy cập tên miền mới này nhé! Mãi yêu... ♥

Chapitre 07 - Dorian ♛: À visage découvert.

Elle commence à réellement m’énerver avec ses questions à deux cents francs, six sous. En quoi est-ce son problème ? En quoi dois-je être dans l’obligation de lui révéler qui je suis vraiment au plus profond de mes tripes ? Malgré son joli minois, elle me met hors de moi comme jamais quelqu’un n’a osé le faire. Même Tony n’a jamais été à ce stade. Elle, elle me connaît depuis trois jours et elle se permet de monter sur ces grands chevaux. Pourquoi j’apprécie cela ? Je suis complètement masochiste, qu’on me sorte de cet enfer. 

L’univers m’envoie un signe, j’ai l’impression que c’est le moment ou jamais pour lui dire ce qui se trame sous mes petits mensonges que même un enfant ne prendrait pas au sérieux. Que vais-je faire si elle prend ses jambes à son cou ? Qu’elle raconte à tout Glasgow ce qu’elle a vu, dans les tréfonds du Cold Blood Club ?  Ma petite voix me crie pourtant de la faire disparaître de mon quotidien, de lui interdire l'accès même au rez-de-chaussée. De ne plus retourner chez elle, aussi. Mais c’est plus fort que moi, j’ai l’impression d’engueuler un chaton sans défense au milieu des strigoi. Elle me regarde comme un chien battu, ma seule échappatoire est de tout lui dire, quitte à me prendre une rafale de jurons ou une bonne claque dans la gueule, ça ne me tuera pas. 

Sous les yeux attentifs d’Edgar, conscient de ce qu’il va se passer, j’attrape le poignet de Lamia avant de l’emmener avec moi, silencieusement. Au milieu de la foule de vampires, nous contournons le comptoir, tenu par… Personne, en fait. Je réalise que mes clients se servent comme bon leur semble dans le tire-sang loin d'être frais posé à présent juste à notre droite. J’ai un moment de réflexion avant de lâcher la chair que je tenais fermement. C’est la première fois que je la touche, elle a probablement remarqué que j’étais tout aussi froid que du marbre. 

Mon corps s’abaisse pour ainsi ouvrir la trappe que je pose contre une partie du bar avant de commencer à descendre dans mes appartements. Tout en allumant la lumière sur mon passage, j’entends la malade progresser dans les escaliers d’un pas saccadé, presque hésitant. Une fois retournée, je l’observe s’émerveiller devant l’ambiance luxueuse et la clarté de la pièce à vivre. Ses yeux brillent encore plus de curiosité. 

— Pourquoi m’emmènes-tu ici ? me demande-t-elle en quittant la dernière marche, la main toujours sur la rambarde en bois. 

Elle quitte enfin le passage de sortie, mi-réticente, mi-intéressée. Son corps frêle s’avance encore, et je songe une nouvelle fois à laisser tomber et à lui demander de faire demi-tour, mais maintenant c’est un peu tard. 

— Ce sont nos appartements à Edgar et moi. Là, il y a le salon, au bout du vouloir, une autre pièce, lui dis-je en pointant à moitié du doigt un petit passage dans le coin supérieur de la pièce, non loin des escaliers. 

Elle scrute un peu plus son environnement dans un silence bien trop palpable pour que je sois à l’aise, moi qui d’habitude apprécie le silence. Je décide de prendre les devants, peu en confiance. 

— Ne flippe pas, d’accord ? 

Ce n’est peut-être pas la meilleure des solutions…  Plus trop le choix. Elle me détaille, sceptique. Il ne me suffit que d’ouvrir la mâchoire en grand pour la voir effectuer un mouvement de recul et claquer son dos sur la rambarde brunie. La peau de mon artère radiale se perfore dans les secondes suivantes, mais je ne ressens rien, juste le sang qui s’échappe de mon corps. Je tente de lui épargner les bruits ignobles de succions, mais c’est peine perdu. Mon cou se redresse et mon bras se tourne presque inconsciemment vers moi. Sous mes yeux et sous les siens, la plaie guérit et le sang sèche sur ma peau. Les globes de Tara deviennent proéminents, prête à détaler comme un lapin.  

— Toutes les personnes présentes au sous-sol sont comme moi, même Edgar, voilà pourquoi la porte est toujours gardée, pourquoi l’accès est interdit aux ivrognes du rez-de-chaussée. 

Dans un élan de peur, elle commence à grimper les marches, à rebrousser chemin, le corps tendu des pieds à la tête. 

— Attends… Lamia. 

Ce second mot la fait buter. J’ai néanmoins réussi à capter son attention puisque son visage se tourne lentement vers moi avant qu’elle prenne l’initiative de redescendre et reprendre sa position initiale. 

— Lamia ? répète-t-elle d’un chuchotement. 

— Lamia, dans la mythologie grecque, est la rivale amoureuse d’Héra. Elle a perdu son enfant et est rejetée par les siens. Amante de Zeus, Héra trouva une punition particulière pour Lamia, la condamnant à toujours avoir les yeux ouverts, à ne plus baisser les paupières ni à masquer son regard. Lamia devint incapable de trouver le sommeil. 

— Dévorée par la folie, elle finit par tuer des enfants et à les manger, continue-t-elle faiblement. J’en ai déjà entendu parler, à la différence, c’est que je n’ai tué qu’un bambin, le mien, ma chair et mon sang. 

Je marque un moment de silence avant de reprendre tout en faisant attention à ne pas la brusquer.  

— Peu à peu, l’apparence de Lamia devint monstrueuse, des écailles apparaissaient sur sa peau et seuls quelques vestiges de sa beauté persistent. Zeus, épris d’elle, lui donne la faculté d’ôter ses yeux pour pouvoir dormir. Malheureusement, Lamia reste folle et inguérissable. 

— Et continue de se nourrir d’enfants… 

Une larme perle sur sa joue gauche, mais lorsque je tente une approche, elle se tend encore plus. 

— Ouais, Héra m’a bien punie, c’est certain. Est-ce que ça veut dire que je continuerais à tuer des enfants ? s’emporte-t-elle dans un sanglot interminable. 

Je ne peux pas l’approcher plus, parce que plus j’avance, plus elle recule et termine finalement par faire volte-face vers l’accès au sous-sol.  

— Je vais y aller, d’accord ? On verra plus tard, ajoute-t-elle, peu convaincue par ses paroles. 

On verra plus tard, c’est ça… On ne verra jamais, plutôt. Aucune chance qu’elle remette les pieds ici à présent. Je la laisse grimper jusqu’en haut puis disparaître dans le passage de la trappe. Seulement, lorsque je décide de la suivre à mon tour avant de me faire arrêter par l’odeur et la voix d’Edgar : 

— Tu es certaine de ne pas vouloir remettre les pieds ici ? lui demande-t-il, semblant soucieux. 

— Certaine, affirme-t-elle, la voix éraillée. 

Elle l’a toujours, ce timbre de voix, cette particularité. L’ai-je blessé en évoquant le mythe de Lamia ? Probablement. Elle n’est peut-être pas folle, mais elle reste cependant inguérissable et insomniaque. Personne ne peut le nier, ni sur ça, ni sur le fait que son mental va mal, que sa dépression la tue et que son corps est devenu cannibale car tout la bouffe de l’intérieur. 

Malgré son envie de partir, elle est toujours là, en train de converser avec Edgar. 

— Dorian n’est pas quelqu’un qui fait du mal aux autres, sinon il n’aurait pas hésité à égorger Tony ou William s’il en avait eu l’occasion.

J’ai l’impression qu’il tente de la rassurer maladroitement, mais sans les voir, j’ai du mal à cerner la discussion. Je ressens tout de même l’appréhension de Tara, son souffle chaud glisser contre mes tempes alors qu’elle se trouve quelques mètres plus haut, cachée par le plafond de l’appartement. 

— Je verrais plus tard, recommence-t-elle.

— Tente de rester en vie, Lamia.  

Puis, au-dessus de mon visage, je l’entends s’en aller, grimper les escaliers non loin de là et presque claquer la porte derrière elle. Edgar apparait dans les escaliers, accompagné de son conseil de merde. « Tente de rester en vie », il se fout de ma gueule ? 

— T’aurais pu trouver autre chose à dire que ça, je grogne en redescendant les escaliers après qu’il a fermé la trappe derrière lui. 

— Véridique, mais si personne ne pense à elle à sa place, elle s’effondrera.  

— Son mari prend soin d’elle, c’est suffisant, je le rectifie froidement. 

Il finit par s’installer sur la banquette du salon et attrape un des shots posés sur la table basse. 

— Se marier, quelle drôle d’idée.

— Elle fait tout pour réaliser ses souhaits dans un temps limité, maintenant je comprends.

Ouais, je comprends, alors que ce n’est pas ma vie. Ma vie, je l’ai déjà vécu, jusqu’à mourir de la grippe espagnole en mille neuf cent dix-neuf à l’âge de trente-deux ans. Beaucoup sont morts durant cette période, et je faisais partie du lot. Comment j’ai réussi à avoir du sang vampirique dans les veines ? Bonne question. Je n’ai plus de souvenir de ce qu’il s’est passé avant ma mort. Je ne sais pas d’où je viens, si j’avais un autre prénom avant, une vraie famille. Tout ce dont je me rappelais et me réveillant, c’était que les personnes qui m’entouraient devaient m’appeler Dorian, et que j’étais né en mille huit-cent quatre-vingt-sept. Je n’ai jamais cherché à récupérer mes souvenirs, même si j’en suis capable de par ma condition de sang-froid. Je n’en ai pas spécialement besoin, pas pour l’instant, alors ils resteront probablement éternellement plongés dans mon inconscient, dans un trou béant de débris de mémoire. 

Bạn đang đọc truyện trên: Truyen247.Pro