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86× Une si Belle Danse


Raphaël

J'observai Alexandre disparaître à l'extérieur en espérant que tout allait bien se passer pour lui avant de réaccorder mon attention à mes amis. Nous discutâmes jusqu'à ce que la soif me pousse à aller chercher à boire. Je me dirigeai vers le buffet le plus proche où des serviteurs s'affairaient inlassablement à remplacer verres et nourritures afin qu'ils ne viennent jamais à manquer. Je remarquais alors la Xillienne aux cheveux gris qui au même moment était venue se servir et m'arrêtai à proximité d'elle pour faire de même. La dénommée Náriel semblait hésiter devant les nombreuses boissons aux différentes couleurs.

- Et celle-ci, à quoi est-elle ? questionna-t-elle le serviteur en charge de cette table.

- À l'ananas d'Érumë, mademoiselle.

Je l'observai discrètement, encore intrigué par les marques de fouet qui parsemaient son dos et ses épaules. Que cela signifiait-il ? Avait-elle aussi été la proie d'esclavagistes cruels ? Ou bien peut-être était-ce autre chose ? À force de questions, je finis même par me surprendre à éprouver une certaine compassion pour elle. Comment le pouvais-je après ce qu'elle m'avait fait ? Je redirigeai mon attention vers les coupes pleines pour mieux chasser la mélancolie impromptue qui venait de se déclarer en moi. Je ne devais pas oublier qui elle était, cette fille était dangereuse.

- Dur de choisir, non ?

Je tressaillis et tournai la tête vers mon interlocutrice. La Vice-Générale m'offrait un visage souriant. Bouche bée, je ne sus que répondre, tout simplement éberluée. C'était à moi qu'elle parlait ?

- Euh... oui, bégayai-je.

Pourquoi m'adressait-elle la parole ? Je la fixai avec incompréhension, en tout cas suffisamment pour être visible sur mes traits. Celle qui avait été à deux doigts de mettre fin à mes jours à Chains haussa un sourcil.

- Qu'y a-t-il, j'ai quelque chose sur le visage ?

- Oh, n-non !

Elle ne semblait pas se rappeler de moi, tant mieux après tout.

- Je pense que je vais prendre ça finalement, conclut-elle pour elle-même en empoignant un verre couleur prune.

Elle le porta à ses lèvres et signifia un râle de contentement. Je remarquai alors que des bandages recouvraient chacun de ses poignées, me confortant dans mes interrogations. Étaient-ce les marques de menottes qu'elle cherchait à recouvrir ?

- C'est bon ! Vous devriez goûter ! s'exclama la Xillienne à mon attention.

J'hochai la tête et obéis sans discuter, trop chamboulé par cette discussion surréaliste pour réfléchir plus longtemps. Comment pouvait-elle se montrer si aimable et polie ? Comment pouvait-elle être si différente du champ de bataille ? Elle avait failli me tuer, bon sang ! Et pourtant aujourd'hui, elle faisait amie-ami avec moi.

J'attrapai une coupe semblable à la sienne et l'avalai à mon tour. Le liquide épais roula sur ma langue avec chaleur. On dirait de la cerise, pourtant sa saveur brûlante m'indiquait autre chose. Une liqueur ? Je grimaçai malgré le bon goût de la boisson.

- Mais y a de l'alcool dedans !

La plus jeune parut étonnée, avait-elle ne serait-ce que l'âge pour en boire ?

- Ah bon ? Il ne faut pas que Nyx me voit avec ça alors, ou bien elle va me passer un savon ! ricana-t-elle en portant à nouveau le breuvage à ses lèvres.

Je la regardai sans pouvoir m'empêcher de me dédouaner mentalement de son comportement, que pouvais-je bien lui dire après tout ? Même moi je ne finirais pas saoul avec un cocktail si peu dosé. Je secouai distraitement le liquide dans mon verre, n'osant malgré tout pas y retoucher pour l'instant. Je me perdis à la place à contempler sa peau ruisselante de balafres. Sa robe dos nu turquoise les mettait d'autant plus en valeur. Je ne pus m'empêcher d'admirer son courage pour les arborer à l'air libre sans la moindre gène. Me concernant, j'avais déjà du mal à regarder mon corps dans un miroir alors montrer mes stigmates au grand jour n'en parlons même pas. Je me sentirais trop humilié d'exhiber mon statut passé de sous-être.

- Qu'est-ce que vous regardez ?

Je relevai la tête, les joues pourpres.

- Ces cicatrices, murmurai-je, qu'est-ce que c'est ?

Náriel porta sa main libre sur son épaule pour caresser distraitement ses vieilles blessures. Elle ne semblait plus faire attention à moi, peut-être m'étais-je montré trop indiscret ? À sa place, je l'aurais plutôt mal pris à vrai dire. Mais il me fallait des réponses et elle paraissait plus encline que moi à me les donner.

- J'ai jadis travaillé dans une mine d'Arkaïte avant d'en être affranchie, finit-elle par révéler.

Une esclave, j'avais raison. Qui plus est une mineuse d'Arkaïte, m'affirmait-elle ? Cette jeune fille avait dû vivre un Enfer pire que le mien. Il n'y avait pas travail plus atroce que l'extraction d'un minerai qui aspirait l'énergie vitale.
Pourtant, son visage n'indiquait pas la moindre peine, ni ressentiment. Elle continuait simplement à me sourire d'un éclat sincère.

- Ne me regarde pas comme ça – on peut se tutoyer maintenant, non ? – Je suis fière de ces traces.

J'écarquillai les yeux, comment pouvait-elle dire cela ? C'était surréaliste !

- Comment peux-tu en être "fière", ces cicatrices ne sont que douleurs et humiliation ! m'emportai-je malgré moi.

Elle me dévisagea avec surprise, étonnée de voir ma face revêtir cette peinture inattendue. Néanmoins ses traits se détendirent à nouveau pour m'exprimer son point de vue :

- Peut-être est-ce les stigmates d'un passé peu glorieux, c'est vrai. Cependant, elles sont capables de prouver à n'importe qui que je me suis battue et que j'ai remporté la victoire ! Peu de personnes pourraient en dire autant.

Náriel avait pris un air triomphant. Au lieu de trouver ces marques dégradantes, elle les arborait comme parure de sa bravoure. Mon cœur battait à toute allure. Ces paroles résonnaient en moi, je n'avais jamais vu les choses sous cet angle.

Secoué, je ne parvins pas à exprimer quoi que ce soit. Alexandre profita de ce moment de répit pour revenir vers moi, une boisson à la main lui-aussi. Il semblait abattu bien qu'un brin éméché. Son entrevue ne s'était probablement pas passée aussi bien qu'escompté.

- Nyx ne veut plus me voir, m'annonça-t-il d'une voix tremblante.

Il porta son verre à ses lèvres et le but cul-sec. Je voudrais lui dire d'arrêter, que se saouler n'était pas la solution, mais la Xillienne intervint au quart de tour :

- Nyx ! Notre Générale ? Que lui vouliez-vous ?

Náriel avait l'air à la fois étonnée et méfiante, prête à défendre bec et ongles les intérêts de sa supérieure.

- Je... Je ne veux pas que ça se passe comme ça, prononça-t-il en se mordant les lèvres de frustration.

Le blond prit une nouvelle coupe qu'il but aussi vite que la précédente.

- Arrête-toi, le secouai-je en lui empoignant les épaules. Boire ne résoudra rien !

- Pourquoi a-t-il fallu que la magie nous sépare ? se lamenta-t-il.

- La magie ? répéta la jeune fille en fronçant des sourcils.

Alexandre leva enfin le nez vers elle. Tout son visage suintait la peine et la désorientation.

- Tu es un mage ? enchaîna-t-elle. Quoi que tu lui aies fait, je t'interdis de t'adresser à nouveau à Nyx !

- Tu es une Xillienne toi aussi ? la questionna-t-il à son tour.

Ses traits se rembrunirent vers la rancœur.

- Je vous hais. Je vous hais tous, chasseurs de mages, pour votre ignorance et votre mépris.

Je tressaillis, je ne l'avais jamais entendu s'exprimer comme cela. Alexandre aimait, aimait chaque chose, et ne haïssait jamais. À ces mots, j'avais la désagréable impression de m'entendre parler et à vrai dire, j'en avais froid dans le dos. Je ne pouvais pas le laisser se faire engloutir par la haine, pas lui.

- Alex, calme-toi et éloignons-nous.

Il voulut prendre un nouveau verre mais je déviai sa main de sa trajectoire en lui jetant un regard contrarié. L'alcool mêlé à la peine faisait ressortir ce qu'il y avait de plus mauvais en lui.

- Tu étais donc venu collecter des informations ? supposa Náriel à mon égard. Pourquoi ne me suis-je pas plus méfiée ? Allez cracher votre poison magique ailleurs !

- C'est plutôt à moi de parler de poison, répliqua le natif de Xeltos. C'est Nyx qui a été empoisonnée par votre stupidité !

- Ne prononce plus son nom, vil mage, le menaça la gradée. Si tu reviens l'importuner, tu peux être sûr que je viendrais personnellement te remettre à ta place ! Règlement ou non.

La fille aux cheveux gris tourna les talons et claqua des pas énervés.

- Va dire à tous tes amis Xilliens que vous n'êtes que de lamentables trouillards !

Je ne l'avais que rarement vu se mettre aussi en colère. Alexandre était incontrôlable, lui qui était habituellement d'un tempérament tranquille et serein. Il se laissait aujourd'hui aller à toute la négativité qu'il enfouissait au fond de lui depuis toujours. Les invités autour de nous nous dévisageaient, curieux à l'entente de ces éclats de voix. Je tirai mon ami par la manche pour le pousser à s'éloigner vers un endroit plus paisible. Je jetai un dernier coup d'œil derrière moi pour voir la Xillienne s'en aller, non sans un incohérent regret de ma part.

Je dirigeai à nouveau mon attention vers le blond. L'orage qui l'avait traversé semblait s'être calmé, sans pour autant voir sa peine s'amoindrir. Je passai un bras réconfortant derrière ses épaules, je ne savais pas trop quoi lui dire pour l'aider à aller mieux alors je tentai un brin d'humour comme lui-même aurait pu le faire :

- Décidément, Nyx ne sait pas ce qu'elle rate !

Le mage de la Terre émit un petit rire forcé, sans pour autant quitter sa posture accablée.

- Allez ressaisis-toi mon vieux, ce n'est pas ton genre de te laisser abattre si facilement !

Il ne répondit rien et j'aperçus au même instant Aerin se diriger vers nous.

- Je vais me coucher, je veux être en forme pour demain, prétexta-t-il subitement. Bonne soirée.

Je le regardai s'éloigner, impuissant. Lui qui aimait tant profiter des soirées d'habitude était aujourd'hui le premier d'entre nous à s'en aller des festivités. Aerin arriva à ma hauteur peu après et m'interrogea :

- Un problème ?

Je secouai la tête pour éluder sa question et reportai mon attention sur elle après avoir longuement observé le départ de mon ami. Sa vision me remémora la scène de tout à l'heure et le visage de Gabriel que j'avais oublié jusqu'à présent me revint en tête.

- Qu'est que ce malfrat te voulait ?

- Pas grand chose, affirma-t-elle en prenant une coupe que lui tendait un serviteur.

Je déclinai l'offre, le verre de tout à l'heure encore dans les mains, et l'homme repartit aussitôt proposer ses services à d'autres convives. Deux heures s'écoulèrent et les mélodies mondaines finirent par laisser place à des notes plus douces et langoureuses qui marquaient le dernier tiers des festivités. Le regard perdu dans le vide, j'observai distraitement les couples danser au milieu de la grande salle quand soudain une main vint se glisser dans la mienne. Je dévisageai sa propriétaire avec confusion. Comme toute réponse, Aerin commença à me tirer doucement vers elle en reculant de quelques pas qui me poussèrent à la suivre. Avant que je n'eusse le temps de me poser plus de questions, elle accomplit une révérence et dans un sourire malicieux, amusée à l'idée de mimer les plus maniérés, elle me demanda :

- M'accorderiez-vous cette danse, mon cher Raphaël ?

Je la fixai un instant, stupéfait par son initiative. Cependant, je me repris bien vite et répliquai de la même façon :

- J'accepte volontiers de suivre votre appel de courtoisie, ma chère Aerin.

Après quelques foulées de plus, nous nous retrouvâmes au beau milieu des danseurs. Alors que la guerrière aux cheveux bleus posa sa main libre sur mon épaule, je plaçai timidement la mienne à sa taille, le cœur battant. Nous effectuâmes un premier pas hésitant, puis d'autres, jusqu'à finalement former le début d'une valse. Mes muscles se détendirent progressivement.

- Tu aurais dû me laisser te demander cette danse, murmurai-je.

- Tu ne l'aurais jamais fait, je te connais, ricana-t-elle doucement. J'ai préféré prendre les devants.

- Que peux-tu en savoir ? Tu ne m'as pas laissé le temps de te prouver le contraire.

- C'est vrai...

Nos pas s'emboîtèrent les uns dans les autres au rythme de la mélodie. Nous nous fixâmes tous deux dans une joie et un amusement partagés auxquels s'ajoutèrent tout un tas d'autres charmants sentiments. Petit à petit, je fis abstraction du monde extérieur pour mieux m'enfermer dans notre bulle de musique et de danse. Désormais, je n'accordais plus que mon attention aux déplacements de nos deux corps qui se mouvaient ensemble. C'était comme si le temps s'était arrêté autour de nous mais que seules la musique et nos âmes résonnaient encore à l'unisson dans la trame temporelle. Je n'aurais jamais pensé qu'une danse pût être si enivrante.

Plus notre valse se poursuivait, plus nous nous regardions intensément, dans une ambiguïté assumée et insouciante. Nos mouvements étaient simplement envoûtants. Les dernières notes s'achevèrent aux rythmes de nos pas. Nous étions désormais si proches que je pouvais sentir son souffle chaud s'entremêlait au mien. Une autre musique plus endiablée reprit à sa suite la précédente qui avait été d'une douceur divine. Tout élan stoppé, nos corps se décollèrent dans un amer regret. Mes joues étaient devenues brûlantes, non, je cuisais tout entier.

- Je-J'ai chaud, je vais me chercher à boire, lançai-je soudain, la gorge sèche.

Je me retournai pour m'éloigner de la piste. Mon cœur cognait dans ma poitrine si fort qu'il résonnait jusqu'à mes oreilles. Aerin me rattrapa pour m'offrir un sourire une fois à ma hauteur. À la voir, je le compris aussitôt. Nos deux êtres réclamaient la même chose : Recommençons. Recommençons jusqu'à ce que le jour nous sépare.

*

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