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64× De Retour


Blake

Depuis déjà plusieurs heures durant, Hadrian et moi galopions à travers les plaines d'herbes fraîches et de cultures agricoles. Souvent je surprenais mon esprit prier le ciel dans le vain espoir d'accélérer nos foulées. Je voulais en avoir le cœur net, voir de mes propres yeux les Lames d'Argent à Xeltos. Mais contrairement à mes attentes, l'animal fatigué perdait en cadence de minutes en minutes. Alors que j'observais les alentours avec intérêt, la brusque exclamation de mon compagnon captura mon attention :

- Chains est en vue !

Je me redressai d'emblée pour confirmer ses dires. La lointaine cité miroitait en une faible tâche qui se détachait des arbres et des champs environnants. Chains... Le bastion qui m'avait à la fois vu naître et mourir. Nous devions y retourner à nouveau. Un pressentiment me dictait que l'ancienne capitale d'Ambrasia et moi étions liées, que nous serions amenées à nous recroiser, telles deux amantes tragiques que le destin ne pouvait séparer.
Au bout de quelques minutes de trajet, le chef du Feu me fit remarquer :

- Regarde. On dirait que des troupes sont réunies à l'entrée de la ville...

Serait-ce des soldats Xilliens qui gardaient la ville ? Non, les points noirs qui grouillaient au loin semblaient m'indiquer le contraire. Je les analysai pour me rendre compte peu à peu qu'il s'agissait de nos frères d'armes. Que faisaient-ils réunis aussi nombreux devant la porte grande ouverte de la ville fortifiée ? Pourquoi les Xilliens ne réagissaient-ils pas à une telle provocation ? Mais plus nous approchions, mieux je comprenais la situation. La plupart de nos compagnons paraissait blessés ou mal en point. Les Lames d'Argent avaient livré bataille. Je sentis le brun se crisper tandis que ses mains, elles, serraient plus fort encore les brides de notre monture.

- Quelle bande d'imbéciles ! pesta-t-il. Pourquoi ont-ils cherché la guerre en venant ici nous récupérer ? Ils savaient que ce genre de scénario arriverait !

Malgré la situation, un sourire parvint à percer les barrières de mon visage. Il s'inquiétait, Hadrian s'inquiétait. Maintenant que le guerrier ne portait plus le poids de sa malédiction, je le sentais prêt à s'ouvrir aux autres. À cet instant, le savoir enfin libre d'exprimer ses sentiments me rendait tout simplement heureuse.

Des Lames d'Argent avaient fini par nous apercevoir à leur tour. Nous galopâmes plus vite que jamais. Quand nous fûmes suffisamment proches, la plupart nous lancèrent des regards à la fois sidérés et comblés. Certains s'approchèrent même pour laisser éclater leur joie renaissante. Lorsqu'Hadrian stoppa la monture, je constatai la présence de mon meilleur ami. Kagami s'était avancé vers nous dès qu'il nous avait vus. Il semblait un peu égaré, chose que je ne lui connaissais pas. Je descendis sur le champ pour m'élancer dans sa direction. Mes bras rencontrèrent les siens et nous nous lovâmes l'un contre l'autre pour laisser tout le stress des derniers jours s'évacuer.

- Qu'est-ce qu'il ne faut pas faire pour vous retrouver... soupira de soulagement le grand jeune homme aux cheveux bordeaux.

Je me libérai de cette étreinte, pourtant peu commune entre nous, et pus alors distinguer mon chef se diriger vers Peter et Saya.

- Que se passe-t-il ici ? Pourquoi siégez-vous au pied de cette ville ? questionna Hadrian en oubliant toutes formes de politesses aux profits de son inéluctable curiosité.

- Tu pourrais dire bonjour au moins... Tu sais que nous nous sommes beaucoup inquiétés pour toi ? affirma Peter en posant une main amicale sur l'épaule de celui-ci.

Le chef du Feu signifia un arrêt en le dévisageant, probablement touché par cette soudaine marque d'affection à son égard. Comment aurait-il pu se douter que, malgré n'avoir tissé aucun lien avec son entourage, ceux-ci se soucieraient de sa disparition ? Et non pas seulement pour son rôle de leader. Saya répondit alors à la question initiale du fameux associable :

- Je suis contente de te savoir à nouveau parmi nous. Tu nous conteras tes mésaventures plus tard, pour l'instant nous devons attendre que Meredin et son peloton reviennent. Nous avons beaucoup de blessés à bord des charrettes. Ils nécessitent des soins efficaces au plus vite.

Je le vis acquiescer puis je me focalisai à nouveau sur le plus farceur de mes amis.

- Ça va aller ? Tu es blessée ? me questionna ce dernier en constatant mon teint livide.

- Ça ira. Je ne pense pas être la plus à plaindre ici... déclinai-je en balayant les alentours du regard pour soutenir mes propos.

Mes yeux se posèrent ainsi sur une silhouette longiligne qui s'extirpait tout juste des drapés d'une charrette. Ses prunelles semblaient mordre une affliction sincère. Intriguée par cet état de fait, je saluai brièvement mon ami pour me diriger vers la Lame d'Argent. Lorsque je ne fus plus qu'à quelques mètres, celle-ci releva la tête pour me dévisager d'abord avec incompréhension puis d'un effarement incontrôlé et d'un sourire jaillissant.

- Blake ! C-C'est bien toi ? balbutia Aerin.

J'hochai la tête. La guerrière aux cheveux bleus n'eut pas besoin d'un plus long discours pour me prendre dans ses bras et me serrer fort contre elle.

- C'est si bon de te revoir parmi nous, tu es vivante !

Surprise par ce geste, je lui rendis timidement son étreinte. Elle se décolla néanmoins assez promptement pour s'assurer de ma forme dans une analyse consciencieuse de mon état.

- Tu vas bien ? Qu'est-ce que tu fais ici ? Depuis quand es-tu revenue ? reprit-elle d'une voix encore saccadée par l'haletante stupéfaction.

- Sois sans crainte je n'ai rien, je viens tout juste d'arriver en compagnie d'Hadrian.

Celle-ci s'esclaffa et commenta en s'asseyant sur le rebord de la charrette, d'une bonne humeur retrouvée par ma présence :

- Le pauvre, j'espère que tu n'as pas été trop dure avec lui !

- Tu rigoles ? C'est lui qui est détestable !

Je l'imitai et pris place à ses côtés.

- Et toi de ton côté, que se passe-t-il ? Tu n'avais pas l'air bien avant que je te rejoigne...

Aerin perdit son éclat. Je grimaçai. Pourquoi fallait-il toujours que je mette les pieds dans le plat de la sorte ? Elle répondit tout de même avec abattement :

- Raphaël et Alexandre sont tous les deux mortellement blessés. J'ai peur que les premiers soins ne soient pas suffisants et de les voir succomber si nous n'arrivons pas bientôt à Alanya... Alex a subi de très profondes blessures, quant à Raphaël... il est inconscient. Apparemment, son corps et son énergie vitale ont été profondément touchés par de l'Arkaïte.

Je fronçai les sourcils à sa mention : l'Arkaïte, cette pierre maudite dont j'avais moi-même fait les frais. J'observai la jeune femme en silence. Son visage morose me peinait sérieusement.

- J'aimerais tant pouvoir les aider... ajouta-t-elle.

- Courage, ils vont s'en sortir...

Je n'avais jamais excellé à réconforter les autres. À la place, je préférai lui offrir mon soutien sans la barrière des mots, par le biais de mon plus beau sourire. Je parvins ainsi à lui en arracher un à en retour. Quelqu'un voulut sortir à ce moment-là de la charrette, nous nous levâmes donc d'un même mouvement pour le laisser passer. Des vertiges m'assaillirent aussitôt debout. Je m'agrippai à Aerin pour ne pas perdre l'équilibre ce qui la fit instantanément réagir :

- Que se passe-t-il ? Tu ne te sens pas bien ?

- À vrai dire, Hadrian et moi n'avons pas beaucoup mangé ces derniers temps.

- Ne bouge pas, je vais te chercher mes restes.

Je murmurai un remerciement. Ma sœur d'arme effectua promptement l'allée-retour de sa sacoche à moi sous le regard avide de mon estomac torturée, tiraillée par une horrible faim qui m'arrachait les entrailles. La mage m'offrit une pomme un peu trop mûre ainsi que quelques bouts de viandes séchées, l'éternel repas des voyageurs. Malgré l'aspect peu attrayant de ces aliments, je les dévorai sans en laisser une miette tant j'avais rêvé de me remplir la panse depuis des jours.

Les chefs nous signalèrent finalement notre départ. Ils s'assurèrent que tout le monde s'était bien présent afin de n'oublier personne à Chains puis nous nous mîmes en route. Les charrettes pleines à craquer de blessés ralentissaient grandement notre progression, comme si les monts escarpés qui nous séparaient d'Alanya ne suffisaient pas. Nous effectuâmes ainsi une pause à la tombée de la nuit. Nous étions encore à une journée de notre bon vieux royaume adoré et bien plus encore de la capitale. Ce fut pour cette raison que notre convoi ferait une escale à la première grande ville atteinte : Sînor. Les blessés y seraient déposés pour être soignés dans les quartiers militaires. La cité frontalière était en effet un point de ralliement important des armées du pays, car il fallait être prêt à répliquer rapidement dans le cas d'une attaque ennemie.

Autour d'un feu, Hadrian et moi narrâmes nos aventures aux autres en omettant volontairement quelques passages. Le brun ne se sentait pas prêt à révéler sa véritable nature au grand jour, et à vrai dire moi non plus. Je n'osais pas mettre de mots sur ce que j'avais vécu. Malgré tout, quelqu'un nous questionna à propos de la rumeur de "la survivante du bûcher". Un frisson d'horreur me parcourut de toute ma longueur à cette mention. Je tentai de ne pas laisser paraître mon malaise et parai la question d'une fausse assurance, "comment pouvaient-ils brûler une mage de Feu après tout" ?

* * *

Une semaine plus tard, nous voici enfin arrivés à Shardaa après un laborieux voyage. Notre escale dans la grande ville fortifiée n'avait pas été bien longue, du moins pour ceux qui comme moi s'en allaient directement vers la capitale. L'infirmerie militaire de Sînor fut aussi pleine que celle du château au retour de notre bataille contre les Enfants Maudits. Heureusement personne n'avait perdu la vie lors de la traversée. La plupart des Lames d'Argent restèrent sur place pour veiller sur les patients et garder assez de montures pour leur retour à la cour. Seuls les chevaliers indispensables ou détenant des informations qui valaient le coup d'être rapportées au souverain faisait partie du groupe qui retournait sans attendre à Shardaa.

Lorsque nous atteignîmes le domaine royal, j'en contemplai les murs de pierres anciennes avec nostalgie. C'était si bon, d'être de retour chez soi. Je confiai ma monture à un palefrenier avant de grimper avec hâte dans ma chambre puis dans les salles de bain du couloir. J'en rêvais depuis des jours ! Je me déshabillai avant d'enclencher les mécanismes qui semaient la pluie. Les vapeurs chaudes flottèrent tout autour de moi, me piégeant dans les méandres d'un brouillard épais. L'eau roula sur ma peau, sur cette peau neuve et douce exempte de toute trace...
Mais à qui appartenait-elle réellement ? Je me sentais étrangère dans mon propre corps.

Les lancinantes images du bûcher s'imposèrent à moi, les flammes, ma souffrance, ma chair brûlante, les sons stridents, tout ! Je me recroquevillai sur moi-même en espérant ainsi échapper à mes démons. Quittez-moi ! Mes mains capturèrent mes cheveux pour faire pression sur mon crâne dans le vœu de peut-être parvenir à faire cesser tout cela. Tous mes sens étaient en panique, je ne parvenais pas à me calmer, à faire sortir cette terreur de mon esprit. Le souffle haletant, je ne cherchai plus qu'une chose : fuir de la pièce. Je ne voulais plus que m'échapper de la réalité.

Après m'être primairement séchée et habillée, je me mis à arpenter les couloirs, le pas mal assuré, le cœur encore en alerte et le souffle saccadé. Je cherchais désespérément une échappatoire à mes cauchemars éveillés. J'avais besoin de me détendre, de me vider l'esprit, au moins encore un peu avant de me rendre à l'infirmerie, lieu d'auscultation obligatoire après chaque retour de mission. Peut-être qu'Hadrian, lui, y était déjà ? Ou bien s'en était-il déjà allé ? Auquel cas, je me demandais bien où il pouvait être en ce moment même. Peut-être était-il dans les jardins du château en compagnie de la princesse Ariane comme souvent auparavant ?

Je stoppai brutalement le fil de mes pensées pour m'interroger. Pourquoi voulais-je le voir tout à coup ? Mon esprit se mit alors à visualiser de lui-même le visage harmonieux du beau brun éclairé d'un sourire si rare et précieux chez lui. Je me perdis avec distraction dans la contemplation de cette chimère. Mon cœur se mit à battre la chamade à cette simple vision. Que m'arrivait-il ? Mon corps échappait à tout contrôle !
Une nouvelle réflexion me traversa l'esprit pour m'offrir les affres du tourment. Peut-être qu'Hadrian ne voudrait plus m'adresser la parole maintenant que nous n'étions plus contraints de survivre ensemble ? Après tout, nous ne nous entendions pas auparavant, et puis, il avait déjà Ariane comme amie...

Sans m'en rendre compte, j'étais déjà parvenue jusqu'aux jardins royaux. En parlant du loup, la princesse d'Alanya lisait au pied d'un arbre. Hadrian n'était pas à ses côtés, ce qui me rassura étrangement à moitié. De toute manière j'avais l'intention de la voir seule à seule à mon retour. Je m'approchai donc timidement. La jolie blonde leva la tête de son bouquin pour m'analyser. Un adorable sourire ne tarda pas à s'y placarder. Je grimaçai intérieurement, une telle perfection devrait être criminelle !

- Blake ! Que me vaut l'honneur de ta visite ? Tu n'es pas trop épuisée par ton voyage ? s'enquit la jolie blonde.

Sa familiarité avec les Lames d'Argent pouvait être déroutante aux premiers abords. Je ne lui avais pas parlé plus de quelques fois pourtant elle avait retenu mon prénom et me traitait comme si j'étais une vieille amie qui venait lui rendre visite.

- Non, ça va, merci. Je voulais te parler d'Hadrian.

La princesse avait toujours insisté pour que l'on ne s'adresse pas à elle avec autant de respect qu'en imposait son statut. Elle détestait qu'on la fasse se sentir supérieure par un titre ou des vouvoiements.

- D'Hadrian ? répéta-t-elle, intriguée.

Je pris une grande bouffée d'oxygène avant de m'élancer :

- Il m'a mise au courant de sa particularité, et de la tienne par la même occasion. Je sais qu'il est un Enfant Maudit et... je voulais te remercier de t'être occupé de lui pendant toutes ces années. Tu as été son seul soutien, Ariane.

Elle me fixa silencieusement, hébétée par ces louanges inattendues. Elle devait se poser tout un tas de questions comme : "Comment pouvait-elle savoir tout cela ?". En effet, Hadrian m'aurait confiée sa véritable nature uniquement si j'avais gagné sa confiance et si je l'avais eu, j'en serais morte. Elle ne savait pas encore tout ce qu'il s'était passé, qu'il n'était plus ce qu'il avait été. Je préférais laisser le chef du Feu lui annoncer lui-même la nouvelle.
La princesse Ariane refoula toutes ses questions pour finalement me répondre :

- C'est normal, si je suis la seule en capacité d'être son amie je ne vais pas me priver de le devenir avec quelqu'un d'aussi intelligent que lui.

Intelligent, oui, il l'était... Pourtant ses éloges m'enserraient le cœur pour une mauvaise raison. L'observer me donner le loisir de réaliser que je n'avais aucune chance de pouvoir au minimum égaler celle qui avait été sa seule amie ici. J'aimerais tant lui être autant utile qu'elle l'avait été... En lisant mon regard attristé, la princesse réagit aussitôt pour m'indiquer :

- Hadrian doit sûrement être en train de discuter avec mon père dans la salle du conseil. Tes yeux me disent que tu meurs d'envie de le voir.

- Qu-qu'est-ce que tu racontes ? Pourquoi voudrais-je le voir ? balbutiai-je hâtivement avec fierté alors que je sentais déjà le rouge me monter aux joues. Enfin, merci quand même.

Je m'apprêtais à me diriger vers l'endroit qu'elle m'avait indiquée quand elle enchaîna :

- Tu sais... Je veux bien te laisser ma place si tu peux prendre soin de lui à ton tour.

Je me retournai vers elle, stupéfaite. Je la fixai bouche bée, les joues plus en feu que jamais. L'héritière au trône en profita pour m'offrir un clin d'œil.

- Allez va le rejoindre !

Je détournai le regard de gêne et m'en allai sans rien ajouter. Qu'insinuait-elle par là ?


*

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