56× Informations Capitales
Raphaël
Aerin, Alexandre et moi tentions de suivre la fameuse vice-générale Xillienne au gré des mouvements de foule. J'avais failli plusieurs fois la perdre de vue, heureusement, mes compagnons avaient été là pour m'épauler. Plus je l'observais, plus elle me sembla improbable ; au point presque d'en devenir un vrai mystère pour moi. Elle n'avait vraiment pas le profil auquel on pourrait s'attendre de la part d'une femme de son rang. Si bien que j'en vins à imaginer quel parcours elle avait bien pu suivre pour en arriver là où elle se trouvait. Probablement était-elle la fille d'un noble ou d'un grand militaire qui lui avait permis d'atteindre un si haut grade si jeune.
La mage de l'Eau me fit tout à coup sortir de mes pensées en s'exclamant :
- Regardez ! Elle rentre dans un bâtiment !
Une grande porte de bois noir se referma au même moment sur la concernée et le soldat qui l'accompagnait. Nous nous approchâmes lentement de la bâtisse blanc immaculé qui gouvernait la place par sa splendeur. Elle semblait comme flambant neuve. Deux drapeaux bordeaux y étaient accrochés et volaient au rythme de la douce brise, portant fièrement la licorne noire, emblème de l'Empire de Xeltos. C'était un bâtiment militaire, sans aucun doute, même probablement une sorte de quartier général.
- Attendez ! Ne vous approchez pas de trop près. Si quelqu'un vient à sa suite, il trouvera louche de voir des inconnus rôder autour du bâtiment et l'observer avec insistance, nous prévint Alex.
- Et puis de toute manière, regardez. C'est gardé, affirma Aerin en pointant du menton les chevaliers qui trônaient à l'entrée ainsi que ceux qui patrouillaient aux alentours.
- Nous n'avons pas pu faire tout ça pour rien ! m'indignai-je. Non, il y a forcément un moyen de nous renseigner ! Demandons aux habitants à quoi sert cette bâtisse.
- Essayons simplement de ne pas paraître trop louche.
J'interpellai une dame d'âge mûr qui passa à proximité. Lorsque je lui posai la question, elle nous dévisagea comme si nous projetions de faire un coup d'État. Malgré tout, cette dernière nous répondit : le bâtiment était un quartier secondaire de l'armée Xillienne. J'en déduisis qu'il s'agissait probablement d'une base stratégique destinée à contrecarrer les attaques de potentiels envahisseurs. Après avoir interrogé plusieurs personnes et obtenu sensiblement la même réponse, nous décidâmes de revenir sur nos pas. Les habitants n'en savaient assurément pas plus que nous.
- Retournons au point de rendez-vous, nous tournons en rond, conseilla Aerin.
Nous approuvâmes l'idée et partîmes en route sur le champ, le cœur encore battant. Le soleil marquait la fin de l'après-midi quand nos estomacs commencèrent à crier famine. Malheureusement, nous n'avions pas de temps à perdre à nous restaurer, la priorité était tout autre.
- Je me demande si Kagami et Traska y sont déjà, s'interrogea Alexandre.
- Et surtout, s'ils ont, eux aussi, trouvé quelque chose, complétai-je.
Nous atteignîmes finalement la taverne élue comme lieu de rendez-vous par nos camarades. Nous nous installâmes à une grande table en terrasse pour ne pas rater le moment de leur arrivée. Aerin rentra à l'intérieur avec une bourse de pièces afin de passer commande de quelques boissons.
Une brise légère souffla sur mon visage. Je fermai les yeux pour profiter de ce doux instant. Malheureusement celui-ci fut bien vite interrompu par la dure réalité : des soldats patrouillaient dans les environs et me renvoyèrent en pleine face le danger que couraient nos compagnons. Je me mis alors à scruter les alentours sans parvenir pour autant à percevoir ne serait-ce que l'ombre d'un chevalier Alanyien. L'impatience courait dans mes veines. Pitié, je n'en pouvais déjà plus d'attendre en connaissant les risques qu'encouraient les Lames d'Argent !
- J'espère que les autres ont trouvé quelque chose et qu'ils ne nous font pas poireauter en vain, soupirai-je en m'accoudant à la table.
Notre sœur d'arme revint peu après. Nous engageâmes une discussion puis le tavernier se montra ensuite avec nos boissons. Nous le remerciâmes et je me remis dès lors à guetter scrupuleusement les alentours en sirotant le contenu de mon verre.
- Nous n'avons pas fixé d'heure de rendez-vous, ils peuvent très bien arriver maintenant comme à la tombée de la nuit, m'indiqua Aerin en voyant mon attitude nerveuse.
Soudain, à ma grande surprise, je les aperçus apparaître au coin d'une rue. Je me redressai et fis de suite part de la nouvelle à mes amis :
- Apparemment, ce serait plutôt maintenant !
Nous leur fîmes de grands signes, ils nous virent et se dirigèrent de suite à notre rencontre. Ils semblaient de bonne humeur, c'était bon signe.
- Alors comme ça, vous vous la coulez douce ? nous taquina Traska en prenant place autour de la grande table. Je pensais que nous serions les premiers arrivés !
- Il faut croire que tu avais tort ! rétorqua Alexandre.
- Alors ? Vous avez découvert des choses intéressantes ? trépignai-je d'impatience.
- Exact ! s'exclama la brune d'un air malicieux.
Nous restâmes accrochés à leurs lèvres de longues secondes, quand finalement, Kagami prit la parole, excité à l'idée d'avoir enfin trouvé un indice :
- Depuis le début, nous ne cherchons pas au bon endroit ! C'est en lisant la une des journaux de la ville que nous avons entendu parler d'une histoire déroutante qui circule à Chains depuis quelques jours. Les habitants parlent tous d'une survivante au bûcher !
- Qu'est-ce que cela à avoir avec nous ? m'impatientai-je, désireux de connaître le fin mot de l'histoire.
- Cette fille avait les cheveux aussi rouges que les flammes de sa sentence, m'informa Traska
- Et elle avait été condamnée pour sorcellerie ! ajouta le meilleur ami de la concernée.
- Vous pensez qu'il s'agit de Blake ? s'enquit Alexandre.
- Belliqueuse comme elle est, elle a forcément provoqué quelqu'un et utilisé ses pouvoirs... soupira-t-il.
- Ce n'est pas faux... ricana nerveusement Aerin. Mais comment s'en serait-elle sortie ? Elle a beau savoir maîtriser le Feu, je ne pense pas que les Xilliens auraient commis l'erreur de la laisser utiliser ses pouvoirs impunément.
- Tu sous-entends qu'elle devait porter des menottes en Arkaïte ? l'interrogeai-je.
Elle hocha affirmativement la tête et Alex essaya de creuser davantage :
- Je croyais pourtant que rien ne pouvait briser cette pierre et qu'elle ne laissait passer aucune magie !
- Il faut croire qu'elle avait ses failles, ironisa la femme à la peau foncée.
- Une seconde, Hadrian était avec elle, n'est-ce pas ? Peut-être n'était-il pas menotté ? tenta la guerrière aux cheveux bleus.
- S'ils n'étaient pas ensemble à ce moment là, peut-être. Sinon, les gardes lui ont forcément fait enfiler des entraves. Leur peur des mages est telle, qu'ils ne prendraient pas le risque de le laisser en liberté. Ils préfèrent condamner un innocent que de laisser un sorcier circuler librement, exposa le Lame d'Argent originaire de Xeltos.
Nous continuâmes à débattre encore un peu avant que Traska ne nous retournât la question :
- Et vous ? Avez-vous trouvé quelque chose d'intéressant ?
- Oui et c'est pour le moins inquiétant, annonçai-je. Nous sommes tombés sur une vice-générale de Xeltos qui parlaient de nous. Ils savent que nous sommes ici et sont prêts à déployer leur armée sur la nôtre !
- Vraiment ?
- Mais que fait une vice-générale dans cette ville ?
- Elle avait un rendez-vous dans une sorte de quartier secondaire de l'armée. Peut-être que les Xilliens savent que nous sommes ici depuis longtemps, depuis l'instant même où nos montures ont posé le premier sabot sur la montagne qui séparent en deux nos territoires : il y a six jours.
Je me levai de ma chaise et m'exclamai :
- Nous devons nous dépêcher de prévenir les autres ! Le danger guette !
Mes acolytes approuvèrent et nous nous levâmes tous pour nous esquiver promptement. Nous nous dirigeâmes ainsi d'un pas vif vers l'entrée de la ville.
*
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