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51× Démence


Hadrian

Non. Ce n'était pas possible...

Les yeux écarquillés, je demeurais paralysé. Mon souffle saccadé se faisait suffoquant tant mes émotions me broyaient de l'intérieur.
Un silence morbide gouvernait dorénavant la place. Dans un souffle divin, le brasier avait cessé d'illuminer les ténèbres. Les flammes s'étaient rapidement éteintes d'elles-mêmes peu après que les hurlements de Blake se fussent stoppés. La nuit s'était levée à nouveau.

Certains habitants commençaient déjà à s'en aller en voyant que le spectacle était fini. Je profitai de l'agitation générale pour échapper à la vigilance du garde qui m'escortait. Pour l'une des premières fois depuis longtemps, j'avais écouté ce que me dictait mes sentiments. Je me mis à courir du plus vite que je le pus vers le cadavre calciné de la jeune femme surnommée "la démone aux couettes rouges".
Qu'avais-je fait encore ? Pourquoi étais-je destiné à ne pouvoir apprécier personne ?

Une fois face à elle, le temps sembla s'arrêter. Figé dans une expression de choc irrépressible, je m'agenouillai lentement à sa hauteur. Tout en constatant avec horreur l'ampleur des dégâts, j'ôtai ses menottes pulvérisées, qui de toute manière ne tenaient presque plus autour de ses poignets. Tremblotant, je pris délicatement sa main noircie dans la mienne. Mon souffle était court. J'ignorai la cendre salissante et la serrai finalement toute entière dans mes bras afin de m'assurer de la véracité de cette réalité. Je pus alors constater que je ne rêvais pas, tout était bien réel. Son corps sans vie se trouvait bel et bien là, entre mes bras.

Je m'étais fait de faux espoir... Pendant un instant, j'avais pensé qu'elle parviendrait à s'en sortir, comme à chacun de ses mauvais coups. Blake paraissait si sûre d'elle.
Comment avais-je pu commettre une telle erreur de jugement ? Avec tristesse, je contemplai son visage carbonisé dont les muscles s'étaient relâchés après un tel supplice.
Une larme roula le long de ma joue. À quel jeu avais-je joué ? Elle n'était pas immortelle, l'inéluctable allait forcément finir par arriver !

Et en effet, la mort l'avait inévitablement fauchée.

Comment avais-je pu croire un seul instant que la malédiction l'épargnerait ? Comment avais-je pu être si naïf ? J'aurais pourtant pu éviter que le sort s'acharne. J'avais conscience depuis le début qu'avoir voulu secourir ma subordonnée et qu'être tombé au cœur de l'Empire de Xeltos à ses côtés était une très mauvaise chose. Si seulement je n'avais pas tenté de la récupérer, elle serait encore en vie aujourd'hui. Pourquoi avais-je eu ce stupide réflexe ?

Décidément, j'étais faible. Tellement faible...

Blake s'était montrée si attachante. Mon cœur avait failli. Comment avais-je pu me faire avoir ? Je n'aurais jamais dû me laisser piéger aussi facilement par l'affection d'une amitié naissante.
Pourquoi n'avais-je pas su contrôler mes sentiments comme je l'avais fait durant toutes ces années ? La seule raison qui me maintenait en vie jusqu'à présent était d'aider les autres en tentant de répandre le bien dans Alanya, le Royaume du roi qui m'avait recueilli. Mais si je vivais, c'était à la seule condition de ne pas reproduire les erreurs du passé. Ce que je venais de faire. Comment avais-je pu jouer aussi impunément avec sa vie ? J'étais le plus hideux des hommes.

Tu es faible... résonnait une voix dans ma tête.

Désormais il ne me restait qu'une seule solution pour en finir avec un monstre tel que moi.

- Tuez-moi... murmurai-je faiblement.

Je n'étais qu'une pauvre petite âme corrompue par les ténèbres et possédée par le mal. Une infâme pourriture... Un faible... Un meurtrier... Comment avais-je pu penser un seul instant pouvoir éternellement maintenir mes résolutions ?

Terriblement faible... continua la voix suraiguë de mon inconscient que j'entendais comme un douloureux acouphène.

- Tuez-moi ! hurlai-je soudain à l'intention de tous. Je ne suis qu'un monstre ! Pire que les mages que vous traquez sans relâche !

Alors qu'ils quittaient la place, les quelques habitants qui m'entendirent s'arrêtèrent pour me prêter attention, intrigués. La vie avait repris son cours comme si de rien était pourtant je restais enchaîné à la mort, comme prisonnier de ses maléfices. Aveuglé par une haine sans merci qui commençait à grimper en moi, je m'époumonai à nouveau :

- Tuez-moi je vous dis !

Personne n'osa pourtant m'approcher.
Avaient-ils peur de moi ? Stupides êtres... Je les haïssais... Je les haïssais tous... Eux et le monde entier...

Je posai mes mains sur mon crâne, tirant de douloureuses touffes de cheveux pour tenter d'échapper à mon sort et à la voix de ma folie. J'avais mal, j'avais si mal...

Pitoyable créature... Misérable vermine...

Que la foudre s'abatte sur moi s'il le fallait, mais tuez-moi... Par pitié... Je voulais juste mourir...

Comment as-tu pu l'assassiner...? Tu avais le pouvoir de la sauver... Mais tu n'as rien fait... Tu as préféré faire passer ton petit bonheur misérable avant sa vie... Tu l'as supprimée comme tous ces innocents avant elle ! m'accusa la voix démoniaque de mes péchés.

J'observai le cadavre carbonisée de Blake. Ceci était mon œuvre ; comment ne pouvais-je pas en ressentir la plus terrible des culpabilités ? Je serrai les dents. Pourquoi ? Pourquoi avait-elle croisé mon chemin destructeur ? Je me dégoûtais moi-même.

- Cesse de t'en vouloir, prononça soudain un timbre féminin à la pureté inconcevable.

Surpris, je tressautai et cherchai la provenance de cette nouvelle voix. Je découvris alors qu'une fillette d'à peine dix ans se tenait devant moi. Mais plus étonnant encore, elle semblait être à demi faite d'un filet de lumière, comme si son esprit s'échappait de son corps. Malgré l'obscurité, elle brillait de mille feux. Interloqué par l'improbabilité de cette apparition, je fronçai les sourcils d'incompréhension. Était-ce la manifestation de la démence grandissante dans laquelle je sombrais peu à peu ?

- Qui es-tu ?

La gamine me fixait de ses deux grands yeux d'un violet pâle, presque translucide, aux allures étranges : ils n'avaient pas de pupilles. Elle me portait un regard bienveillance malgré la pointe de tristesse compatissante que je pus y lire.

- Je me nomme Lévanah, déclara-t-elle.

Lévanah. Lévanah, comme la Déesse de l'Esprit ? Était-ce réel ? Se trouvait-elle vraiment devant moi ? Je demeurai paralysé en réalisant enfin avoir à faire à une scène des plus improbables. Je la contemplai de haut en bas, prenant grand soin de la détailler avec attention. Lévanah était comme décrite par le Livre des Ascendants. Elle avait l'apparence d'une enfant mais n'en demeurait pas moins presque aussi vieille que le monde. Vêtue d'une longue toge blanche, elle possédait un carré long de la même couleur. La divinité continua :

- Je veille sur chaque être vivant depuis la nuit des temps, j'ai ainsi toujours été témoin de ta tristesse. Seulement cette fois, je n'ai pas pu résister à l'appel au secours que me criait ton cœur... Un cœur vaillant pourtant rongé par l'un des plus profonds gouffres de folie et de désespoir que ce monde ait porté.

Une déesse était réellement venue rien que pour moi ? Croyait-elle vraiment que j'en valais encore la peine ?
Toujours immobile, celle-ci m'annonça alors sa décision :

- Je lève ta malédiction en récompense à la détermination et au courage dont tu as fait preuve toutes ces années.

J'écarquillai les yeux, avais-je bien entendu ? Voulait-elle réellement m'offrir...? Mais pourquoi ? C'était contre-nature ! J'avais vu le jour ainsi et étais destiné à le rester. Elle n'avait pas le droit de faire une chose pareille !
À la fois indigné et estomaqué, je sortis de mon mutisme pour protester :

- C'est impossible, le monde doit être régulé ! Si je perds ma malédiction quelqu'un la gagnera à ma place. Je ne veux pas faire souffrir un autre ! Je suis né Enfant Maudit et le resterai !

- Comme tu le dis, le monde doit être régulé. Je ne peux empêcher les Maudits de naître comme tels. Tu as bon cœur, tu as tenté de résister au Mal au lieu d'en succomber comme tous tes semblables.

- Et bien justement, ne me retirez pas ma malédiction ! Laissez-moi souffrir en paix ! Je ne vous ai jamais demandée d'apparaître devant moi !

- Tu en as déjà assez fait, ta mission s'arrête là Hadrian, trancha-t-elle.

- Non... Je ne veux pas... murmurai-je faiblement, scindé entre la possibilité que mon vœu égoïste soit enfin exaucé et le mal que j'allais infliger à un nouveau né.

La déité quitta son regard du mien et observa Blake restée dans mes bras avec intensité. Elle tendit la paume vers l'avant et une lumière vive en jaillit. Celle-ci fut si éblouissante qu'elle m'aveugla totalement. Avant que je n'eusse le temps de me demander ce qu'il s'était passé, le rayonnement s'atténua progressivement. Je pus alors rouvrir les paupières pour découvrir les changements qui avaient opéré. Sous mes yeux ébahis, la peau, les cheveux et les vêtements de Blake étaient en train de se régénérer et de se reconstruire. La renaissance parcourut rapidement sa chair pour rendre à son apparence toute la vie qui s'était échappée d'elle.

Je levai la tête vers Lévanah afin de la remercier mais celle-ci se désagrégea en une multitude de filaments lumineux. Ses lèvres harmonieuses affichaient un sourire bienveillant, quoique légèrement mélancolique. Ce fut la dernière chose que je pus percevoir d'elle avant de la voir définitivement quitter les lieux.

Soudain, j'eus l'étrange impression d'atterrir dans mon corps comme si celui-ci revenait d'une longue chute libre. J'étais revenu brusquement à la réalité. La place et ses passants nous observaient désormais en silence. Les spectateurs semblaient être en état de choc, personne n'osait bouger ne serait-ce que le petit doigt.

Alors que je retrouvais peu à peu mes esprits, je sentis un corps commencer à se mouvoir dans mes bras, battant comme s'il n'était plus qu'un immense cœur. Je penchai la tête vers Blake et pus la voir miraculeusement ouvrir les yeux alors qu'elle émergeait doucement d'un songe qui n'avait que trop duré. Mon souffle se coupa à cette vision. Je fus assailli et partagé entre une multitude de sentiments néanmoins le soulagement prôna à cet instant sur les autres. Les immenses pouvoirs de Lévanah avait fait revenir la jeune femme d'entre les morts. La Déesse avait abusé de ses dons merveilleux pour simplement réparer mes erreurs. Je peinais encore à le croire ; elle était venue pour nous, juste pour nous...

La fille aux cheveux rouges m'observait, désorientée. Elle n'avait pas l'air de comprendre ce qu'il se passait, pourquoi elle était vivante, pourquoi je la tenais dans mes bras. De peur d'être submergé, je retins toutes les émotions qui me traversaient de part en part comme je savais si bien le faire. J'avais besoin de garder ma capacité à prendre des décisions la tête froide pour nous sortir d'ici. Je me levai en soutenant une Blake encore sonnée par l'épaule.

- Quittons ces lieux.

Elle hocha faiblement la tête et je la contraignis à avancer pour enfin pouvoir partir de cette ville de cauchemars. Les regards apeurés des Xilliens nous suivirent durant notre traversée de la place. Étrangement ni militaires ni civils n'osèrent se manifester, comme paralysés par une force extérieure. À leurs yeux, nous étions pourtant des "criminels" en train de nous évader, sans compter que mes menottes étaient toujours attachées à mes poignets. Nous étions sans défense et pourtant, nous pûmes tout de même traverser la place sans que personne ne tentât de nous arrêter.




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