Chapitre 04
Attablé à la terrasse d'un café Kaden discutait avec entrain avec son groupe d'ami. Seth, Kaily et Ozalee s'étaient réunis sur l'invitation de la jeune fille qui avait reçu ses notes d'examen duquel elle avait été admise avec les félicitations du jury. Même Ethan, son frère aîné avec fait exprès le déplacement depuis Rapid City pour venir fêter sa réussite. À la rentrée prochaine Ozalee avait prévu de partir pour New York dans le but de chercher du travail. Kaily avait de la famille là-bas qui avait accepté de les héberger durant quelque temps.
La jeune fille avait tenu à fêter cela dans les formes et remercier Kaden pour toute l'aide qu'il lui avait apportée durant ces deux ans. Kaily avait profité de l'occasion pour faire connaissance avec Kaden. Ce dernier avait découvert que sous son apparence désinvolte, la jeune femme dissimulait une personnalité intéressante et un sens de l'humour aiguisé.
Cependant, les regards appuyés que les deux jeunes filles lui lançaient le mettait mal à l'aise. Aussi s'efforça-t-il de se focaliser sur Seth et Ethan. Le béguin de sa sœur pour Kaden n'était pas un secret pour Ethan et témoin du malaise de son ami, s'adressa à lui :
- Et ton frère ? Comment va-t-il ? Il se fait à sa vie d'homme marié ?
- Il n'a pas l'air de s'en plaindre en tout cas, sourit Kaden. Lui et Logan se sont installés chez nos parents dans le but de reprendre petit à petit les rênes du ranch.
- J'imagine que cela doit grandement soulager tes parents.
- Oui, mais moi aussi. Ça m'inquiétait de savoir mon père seul. Surtout qu'un accident est très vite arrivé et que mine de rien, il vieillit, même s'il refuse de l'admettre.
Ethan approuva d'un signe de tête, comprenant les craintes de son ami. Ce n'est que bien plus tard que le petit groupe se sépara. Alors que Kaden s'éloignait, il fut interpellé par Ozalee :
- Kaden ! Attend !
Intrigué, le jeune homme se retourna pour voir son ancienne élève arriver en courant derrière lui.
- Il y a un problème ?
- Non... Je... Je voulais te remercier, hésita la jeune fille. Si j'en suis là aujourd'hui, c'est grâce à toi. Tu m'as soutenue et aidé comme jamais personne ne l'avait fait avant toi. Je te dois énormément...
- Ozalee... commença Kaden, mal à l'aise, avant d'être interrompu.
- Tiens ! C'est pour toi !
Kaden resta un instant immobile, incapable d'esquisser le moindre geste sous l'effet de la surprise. Puis, l'étonnement passé, il s'empara du paquet tout en remerciant la jeune fille. Délicatement, il déplia le papier pour en sortir un porte-clés en forme d'aigle. À sa vue, il sursauta, manquant de lâcher l'objet. Cependant, Ozalee ne sembla pas s'en apercevoir : les yeux rivés au sol, elle semblait craindre sa réaction. De son côté, Kaden hésitait sur le comportement à adopter. Il se sentait acculé dans une situation qu'il n'avait pas demandée et ne savait pas comment s'en sortir sans trop de dégâts.
Sans compter sur le cadeau de la jeune fille. Pourquoi un aigle ? Celui-ci avait-il une signification particulière ? Avait-il quelque chose à voir avec le cauchemar qui le hantait depuis des semaines ? Il en doutait. Et pourtant, la coïncidence était trop grande. Cependant, cela ne pouvait être que ça. Comment Ozalee aurait-elle pu savoir pour ses rêves ? Il n'en avait parlé à personne... Dissimulant au mieux son trouble, il déclara :
- Merci Ozalee. Mais tu n'aurais pas dû...
- C'est pas grand-chose, mais ça me fait plaisir, sourit la jeune fille. C'est tout ce que j'ai trouvé pour te montrer ma reconnaissance.
- Je n'ai pas besoin de ça, sourit Kaden, touché malgré lui. Mon plus beau cadeau, c'est ta réussite. Je suis fier de toi !
- Kaden, je... commença-t-elle, hésitante. Si j'ai eu la force d'arriver jusque-là, c'est grâce à toi ! Tu as été un véritable ami et je ne l'oublierais jamais. Et je voulais aussi te dire que... En fait, plus le temps passe et plus je me rends compte que les sentiments que j'ai pour toi vont au-delà de la simple amitié... Je suis amoureuse de toi...
Kaden sursauta violemment à l'entente de ces mots qu'il avait tant redoutés. Il n'avait jamais rien fait pour éveiller ainsi les sentiments de la jeune fille et à cet instant précis, il donnerait tout ce qu'il possédait pour disparaître. Il lui devait une réponse tout en sachant qu'il la ferait souffrir d'une manière ou d'une autre. Dans un souffle, terriblement mal à l'aise, il déclara :
- Je suis très touché par tes sentiments... Mais je ne peux pas y répondre... Je suis désolé, Ozalee. Je t'apprécie énormément, n'en doute jamais. Mais pas comme ça, pas comme tu le voudrais...
- Au fond de moi, je me doutais que tu répondrais ça, souffla la jeune fille avec un rire qui sonnait faux. Je suis contente d'avoir pu te le dire. A présent, je vais pouvoir commencer à t'oublier. Je te remercie pour ta franchise. Tu es un homme bien Kaden ! J'espère que tu finiras par oublier Wicha' et que tu trouveras quelqu'un que tu aimeras.
- Je suis désolé, se contenta de répéta le jeune homme, incapable de trouver les mots justes pour soulager la jeune fille et se faire pardonner.
Ozalee esquissa un sourire gêné avant de faire un pas dans sa direction. Là, avant qu'il n'ait le temps de faire quoi que ce soit, elle referma ses bras autour de lui en une étreinte désespérée. Kaden lui rendit son étreinte, la serrant tendrement contre lui, tentant d'ignorer au mieux les soubresauts de son corps.
C'est un long moment plus tard, une fois ses sanglots taris, qu'Ozalee s'arracha à l'étreinte de l'homme qu'elle aimait. Du revers de sa main, elle s'essuya les yeux avant de plonger son regard dans celui de Kaden :
- Merci, murmura-t-elle, un sourire apaisé dépeint sur le visage en esquissant un pas en arrière.
- Prend soin de toi, souffla Kaden.
Sur ces mots, la jeune fille se retourna et s'éloigna rapidement pour aller rejoindre Kaily qui l'attendait un peu plus loin. Kaden la regarda s'éloigner avant de reporter son attention sur l'aigle qu'il serrait dans son poing. Plongé dans ses pensées, il n'entendit pas Ethan approcher.
- Tout va bien ?
- Je suis désolé pour ta sœur. Je ne voulais pas la faire souffrir, mais je ne pouvais pas non plus accepter au risque de la rendre malheureuse.
- Je sais, le rassura Ethan. Ne t'inquiète pas. Elle est forte, elle s'en remettra.
Kaden ne répondit rien et Ethan enchaîna :
- Je te remercie d'avoir été honnête avec elle et de l'avoir éconduite avec douceur. C'était noble de ta part.
- Au contraire, j'ai l'impression d'être monstrueux...
- Tu n'as pas à te sentir coupable de ne pas ressentir les mêmes sentiments qu'elle, Kaden, rétorqua Ethan. Allez viens ! Ne t'en fais pas pour ça ! Ça fait aussi partie de l'école de la vie.
Kaden se contenta d'un haussement d'épaule et salua son ami avant de s'éloigner. Sur le chemin qui le ramenait chez lui, il ne put s'empêcher de repenser à Ozalee et au porte-clés qu'elle lui avait offert. La signification de l'aigle lui échappait totalement et cela le contrariait. Il détestait cette situation, l'impression d'être dans le flou total et de ne pas comprendre le message qui lui était envoyé. Il avait fait des recherches, mais cela ne l'avait pas avancé pour autant.
D'après ce qu'il avait pu lire, l'aigle était synonyme de spiritualité et d'accomplissement de soi, quant à la noyade, symboliserait la perte d'identité et l'incapacité à différencier la personne que l'on est. Un aigle blessé annoncerait des épreuves à venir dans le domaine sentimental. Par contre, sur l'aigle qui se noie, rien. Pas la moindre allusion.
Kaden soupira longuement en songeant qu'il n'avait d'autre choix que d'attendre et voir venir. Si les esprits étaient cléments, il découvrait bien assez tôt le message qu'ils tentaient de lui faire comprendre.
Arrivé devant chez lui, il sortit ses clés et pénétra dans la petite maison vide. Il alluma la lumière et referma la porte d'un coup de pied avant de filer directement sous la douche.
&
Face au désastre que représentait les étagères désespérément vides de son frigo, Kaden soupira de lassitude. A force de toujours repousser l'échéance, il avait atteint le seuil critique. La situation l'imposait, il allait devoir aller faire les courses ! Tant pis si sa paye n'était toujours pas tombée sur son compte, il ne pouvait pas rester comme ça. Si un jour Kohana l'apprenait, elle ne le lui pardonnerait jamais de se nourrir aussi mal.
Le jeune homme eut un sourire attendrit en pensant à sa mère. Cette semaine, il avait de nombreux rendez-vous de programmés, mais la semaine prochaine s'annonçait plutôt calme. Il referma son frigo et attrapant son téléphone, il composa le numéro de ses parents. Sans grande surprise, ce fut Kohana qui décrocha. Elle prit de ses nouvelles et Kaden en fit de même de son côté. Avant de raccrocher, il demanda à sa mère si elle acceptait de l'héberger la semaine suivante, chose que Kohana accepta avec la plus grande joie, heureuse à l'idée de revoir son fils.
Satisfait, Kaden raccrocha et après avoir enfilé un t-shirt il attrapa son portefeuille et ses clés de voiture. Sur ce, il grimpa en voiture et prit la direction du Sioux Nation Superstore.
Il avait terminé ses courses et retournait auprès de son chariot, chargé de deux packs de Coca, lorsqu'un inconnu déboula de l'allée perpendiculaire. Caché par l'angle que formait le rayon réfrigérant, aucun des deux hommes n'avait vu l'autre arriver et ils entrèrent en collision.
Kaden eut tout juste le temps de lâcher un des packs qu'il tenait pour rattraper l'inconnu qui manqua de tomber à la renverse. Lorsque l'inconnu, qui s'avérait être un jeune homme, releva la tête dans le but à la fois de s'excuser et de remercier Kaden, il resta sans voix en réalisant à qui il avait à faire.
- Je suis désolé, s'excusa Kaden en relevant la tête. Oh ! s'exclama-t-il en reconnaissant le jeune homme. Mais je te connais ! Tu es mon nouveau voisin, c'est bien ça ?
Désarmé face à la réaction de Kaden et au sourire qu'il lui adressait, le jeune homme resta un instant silencieux avant de bafouiller lamentablement :
- Je... Oui... Enchanté, je... Je m'appelle A... Anunkhasan.
À ces mots, le sourire de Kaden se fana pour laisser place à une expression emplie de stupeur et une pointe de ce qui ressemblait à de l'effroi. Cependant, il se reprit bien vite, priant pour que le jeune homme n'ait rien remarqué de son trouble.
- Salut, moi c'est Kaden ! Enchanté ! répondit-il avec un sourire qui se voulait engageant.
Au grand soulagement de Kaden, le jeune homme ne sembla pas avoir remarqué son trouble à l'entente de son prénom. Curieux, il l'observa avec attention et réalisa qu'il l'avait déjà vu une première fois à la boutique de Seth. Cette fois-ci, il avait relevé ses cheveux en queue de cheval qui laissait apparaître la partie rasée sur la gauche de son crâne. Cela le faisait paraître plus vieux qu'il ne semblait au premier abord. Il se rappelait lui avoir donné une vingtaine d'année, à présent qu'il le détaillait avec plus d'attention, il lui en donnerait facilement dix de plus.
Le dénommé Anunkhasan ne semblait plus savoir ou se mettre face au regard que Kaden posait sur lui avec insistance. Réalisant cela, il se détourna et demanda, afin de détendre l'atmosphère :
- Je ne t'avais encore jamais vu en ville, tu viens d'où ?
- De McLaughlin de la réserve de Cheyenne River.
- C'est carrément à l'autre bout de l'Etat ça. Qu'est-ce que tu es venu faire ici ?
- Disons que j'avais besoin de changer d'air, répondit vaguement Anunkhasan.
Face à la gêne évidente de son interlocuteur, Kaden n'insista pas. Il salua le jeune homme et s'éloigna. Étrangement, malgré son malaise, il n'en ressentit pas moins son regard posé sur lui avec insistance. Cependant, il ne se retourna pas et continua son chemin, ne sachant pas quoi penser de cette attitude déroutante.
Et malgré ça, il ne pouvait s'empêcher de penser à lui. Cela ne pouvait pas être une coïncidence... Anunkhasan... Encore un aigle... Cette fois-ci, il s'agissait bel et bien de l'aigle de son rêve, il en était certain. Anunkhasan, aigle pêcheur, autrement appelé Pygargue à tête blanche, l'aigle de ses visions. Aussi étrange que cela puisse paraître, ça ne pouvait être que lui.
Mettant ses réflexions de côté, il attrapa son portable qui vibrait dans sa poche arrière, annonçant l'arrivée d'un message. Il le lu rapidement avant de rappeler l'émetteur. La sonnerie retentie deux fois avant que la voix de Zach ne s'élève dans le combiné.
- Zach, c'est Kaden. Comment vas-tu ?
- Bonjour, répondit l'adolescent. Je vais bien et toi ?
- Ça va. Dis, je t'appelle parce que j'ai une bonne nouvelle pour toi. J'ai eu mon père au téléphone et je lui ai parlé de toi. Je lui ai dit que tu aimais les chevaux et que tu souhaiterais découvrir le métier.
- Oh... Et il a dit quoi ?
- Comme tu es mineur tu dois d'abord demander l'autorisation de tes parents, mais lui est d'accord pour te prendre à l'essai une semaine et te montrer le métier.
- C'est vrai ? s'exclama le garçon.
La joie teintée d'incrédulité dans la voix de Zachary fit sourire Kaden qui reprit :
- Oui c'est vrai ! Je descends chez mes parents la semaine prochaine. D'ici là, vois avec les tiens s'ils acceptent que tu m'accompagne et demande-leur une autorisation écrite. Rappelle-moi dès que tu as la réponse, d'accord ?
- D'accord ! Merci Kaden !
- Allez, à plus tard, sourit l'adulte avant de raccrocher.
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