« Ma vraie vie commence vraiment ce jour-ci. Le reste, je n'en ai que très peu de souvenirs. Pour ceux dont je me rappelle, ils sont futiles et ne font pas partie de ce que j'appelle « ma vraie vie ».
Cette « histoire » commence donc bien ce lundi là, ce lundi de mon année de troisième. Parce que c'est ce jour-là que tu es entré dans ma vie, Jules Khuran. Tu étais si timide, si fragile... Si beau... Je t'ai tout de suite apprécié. Mais je n'étais pas la seule...
D'autres ont commencé à élaborer des plans pour te séduire. Mais moi, je ne voulais pas te séduire, je voulais seulement être ton amie. Tu te souviens de ce que tu m'as dit ? Moi, oui. Tu es venu t'asseoir à mes côtés.
–Salut.
–Salut.
–C'est quoi ton nom à toi ?
–Je m'appelle Emma. Emma Jain.
–Sympa comme nom. Moi c'est Jules.
–Je sais, crétin. Le prof t'a présenté, tu te rappelles ?
–Ah. Oui. Merde.

J'ai ris. Toi aussi. Et puis, c'est là que tu m'as sorti un truc tout à fait inattendu.

–Au fait, Emma, elles sont sympas tes fringues. Ça te va bien. Si j'osais, je te dirais que t'es canon comme ça. Mais, je ne sais pas si je vais oser, hein !

J'ai rougis. Et ri aussi. Encore.
Mais si j'ai rougis, c'est parce que je ne m'attendais pas à ce que tu me dises ça. Parce que franchement, mes fringues sortaient vraiment de l'ordinaire, étant donné que j'étais–et que je suis toujours–gothique. Alors c'est sûr, que quand une fille est habillée avec des fringues toutes noires, comprenant une jupe très courte, un haut bustier avec un décolleté profond refermé par des lacets, des collants résilles et des chaussures type doc Martens mais compensées, la dernière chose que vous pensez qu'il vous arrive est qu'un garçon vous dise que vous êtes canon. Et pourtant, toi, tu l'as fait.

–Et puis ton vernis et des bagues, j'aime bien aussi !
–Tu vas arrêter espèce de sale dragueur ?
–Rooh...

Tu m'as souri.

–Ça te dirait qu'on aille manger un chocolat liégeois après les cours ? Je connais l'endroit où ils en font des tueries !
–Hm, pourquoi pas.
–Cool !

La journée est passée comme un rêve. Je crois que tu me comprenais. Et ça me faisait du bien. Et ce « rencard » que tu m'as donné après les cours... Tu te souviens comment il s'est fini ?
Tu m'as dit que tu te sentais bien avec moi. Que tu te sentais toi-même. Et à ce moment-là, je ressentais exactement la même chose. Mais tu dois sûrement te demander pourquoi j'ai dégénéré. »