Chào các bạn! Vì nhiều lý do từ nay Truyen2U chính thức đổi tên là Truyen247.Pro. Mong các bạn tiếp tục ủng hộ truy cập tên miền mới này nhé! Mãi yêu... ♥

Chapitre 4 : Confusion

Alès, octobre 2018

Une autre journée se termina. Lucio rangea ses affaires pour rentrer chez lui. Il emprunta pour cela un chemin qu'il connaissait désormais par cœur, croisant toujours les mêmes commerçants le long d'une longue route bétonnée. Sa vie quotidienne aurait pu continuer ainsi éternellement. Les jours se ressemblaient : les cours, l'association, les sorties, les révisions. Tout cela, dans un cycle éternel, sans qu'aucun événement extérieur ne vienne briser ce quotidien monotone.

Il marchait lentement, regardant au loin la mer rougeoyante de ce début de soirée. Dans les airs flottait une douce odeur de pins, accompagnée de la senteur des embruns portée par la fraîche brise du crépuscule. Tout était calme. Seuls les rires des autres étudiants se mêlaient aux bruits des pas sur les pavés et le chant des grillons.

— Lucio ! Attends-moi un peu, s'il te plait !

L'intéressé s'arrêta au milieu du trottoir. Anna accourait vers lui, les bras chargés de rouleaux et d'affiches. Lorsqu'elle arriva à sa hauteur, elle lui tendit la moitié de son fardeau.

— Je peux savoir où tu vas comme ça ? Tu as oublié ? La passation, c'est dans deux semaines, se plaignit la fille aux yeux vairons.

— Et ?

— Et on a prévu un planétarium ! On a besoin de toi pour tout finaliser dans les temps !

Lucio soupira. Il n'avait jamais demandé à occuper ce poste. Il ignorait même pourquoi il avait accepté une telle responsabilité. Il désirait simplement faire plaisir à son ex qui lui reprochait trop souvent d'être isolé depuis qu'ils avaient rompu. Après tout, elle était la seule personne en qui il avait totalement confiance et qu'il ne voulait pas décevoir. Contrairement aux autres, il savait qu'elle ne le trahirait jamais ni ne chercherait à lui nuire.

— C'est bon, j'ai compris... Si vous n'êtes pas capables d'assumer ça tout seuls comme des grands...

— Souris un peu, aussi ! Si tu accueilles les visiteurs du stand avec cette tête, je peux t'assurer qu'on va remporter le prix du flop de l'année !

Cette remarque arracha un rictus amusé à Lucio. Il ne pouvait décidemment rien refuser à Anna. Sans se plaindre davantage, il prit les affiches sous le bras, puis poursuivit son chemin aux côtés de son amie d'enfance, parlant de tout et de rien, dans l'insouciance la plus totale.

Après dix minutes de marche, ils se séparèrent finalement devant le portail du petit pavillon dans lequel logeaient Lucio et sa famille.

— Tu n'oublies pas : demain, soirée observation d'étoiles filantes ! s'exclama Anna sur le pas de sa propre porte. C'est le début des Lyrides, je n'ai vraiment pas envie de rater ça cette année !

— De toute façon, tu m'y traîneras de force, vu que tu n'as personne d'autre avec qui y aller, marmonna le président de l'association, suffisamment bas pour ne pas être entendu.

Sur ces mots, les deux amis rentrèrent chez eux. Cependant, aucun d'eux ne se doutait que cette soirée se déroulerait, non pas sous une pluie de météores vue depuis le toit de l'université, mais sous un déluge de balles, blottis l'un contre l'autre sous une bâche, dans l'attente désespérée d'une aide providentielle.

**

Le réveil de Lucio fut brutal. Lorsqu'il ouvrit les yeux, il découvrit qu'il se trouvait dans une ruelle étroite et sombre de Paris. La lumière du jour peinait à se frayer un chemin à travers les vitres sales et ébréchées des derniers étages d'immeubles haussmanniens qui l'entouraient. Les murs écaillés témoignaient d'une beauté autrefois admirée par les passants curieux. Les fenêtres brisées laissaient entrevoir des intérieurs délabrés, où les meubles poussiéreux et les rideaux déchirés semblaient attendre en vain un retour qui ne viendrait jamais. De fins filaments violacés et fluorescents étaient visibles sur les façades, comme des toiles d'araignées émettant une faible chaleur.

Le silence oppressant était rompu uniquement par les chuchotements du vent. Même les chats errants, habituellement omniprésents dans les recoins parisiens avaient déserté cet endroit.

Après quelques secondes passées, l'esprit complètement embrumé, la réalité rattrapa le soldat. Il se leva d'un bond et regarda frénétiquement dans toutes les directions, mais il était définitivement seul. Aucun terroriste ne l'avait suivi. Ni Amon, d'ailleurs.

Tout à coup, les images de son mentor transpercé d'une balle en plein cœur lui revinrent en mémoire. Une boule se forma dans sa gorge. Il n'avait jamais apprécié plus que cela son parrain. Il lui était évidemment reconnaissant de s'être occupé de lui, mais il n'avait pas développé de relation plus forte. Encore et toujours à cause de son incapacité à lui accorder une confiance aveugle. Au fond de lui, il ne pouvait s'empêcher de se méfier de cet homme qui ne s'était jamais vraiment intéressé à lui par le passé et qui avait subitement décidé de le prendre sous son aile. Il n'avait aucune raison d'agir ainsi. Par leur faute, le scientifique avait failli mourir plusieurs fois. Toute personne sensée les aurait abandonnés à leur sort, à moins d'avoir quelque chose à gagner en les protégeant... De toute façon, pleurer ne le ramènerait pas.

Lorsque l'étudiant sortit son téléphone, le dernier message affiché sur son écran avant qu'il effectue le grand saut dissipa la seule crainte qu'il avait :

« Sois prudent, j'ai vu des renforts des terroristes en sortant. J'ai réussi à passer inaperçu, mais ils sont nombreux. Si vous n'êtes pas encore partis, ça risque de sentir le roussi... Bonne chance pour la suite, je te soutiens de loin ! »

Un sourire niais fendit ses lèvres. Anna était parvenue à s'échapper. C'était tout ce qu'il avait besoin de savoir pour se rassurer. Avec ou sans Amon, il allait désormais accomplir sa mission : assassiner Violette Leblanc et rétablir la paix dans son monde.

C'était dommage. Si Anna avait dès le départ capitulé comme la plupart des citoyens, cela lui aurait évité toute cette souffrance. Il l'aurait suivie sans hésiter et aurait détruit sa ville lui-même, si besoin. Après tout, seul le bonheur de son amie d'enfance lui importait. Il n'avait que faire de protéger une société dans laquelle il ne se sentait pas à sa place. Malheureusement, la jeune femme avait décidé de rejoindre Amon et veiller sur ses proches, entraînement Lucio dans la résistance. Il était donc obligé de se battre pour sauver des inconnus parmi lesquels se cachaient peut-être des violeurs, des assassins ou des pédophiles. Mais si tel était le souhait d'Anna, il allait le réaliser en faisant tomber la source de tous ses maux : la fédération Ether.

D'un pas empreint d'une méfiance instinctive, Lucio sortit de la ruelle nauséabonde. En posant le pied sur le bitume du boulevard adjacent, il comprit immédiatement que le délire de son mentor concernant l'existence d'une dimension parallèle n'était pas qu'une affabulation. L'explosion de la bombe nucléaire des alliés avait rasé la capitale qu'il connaissait. Mais ici, rien. Il s'agissait là d'une réplique à l'identique de la capitale telle qu'elle était par le passé. Le soldat aurait pu croire que les terroristes avaient tout reconstruit. Toutefois, l'insouciance des badauds qui couraient après un bus ou s'énervaient contre des trottinettes électriques n'avait pas sa place dans une zone occupée en plein conflit.

Plusieurs familles souriantes se promenaient, main dans la main au rythme du rire de leurs enfants. Des couples déambulaient, admirant la beauté de l'architecture parisienne sans se douter qu'il existait un monde où tout ceci n'était plus que des tas de pierres fumants.

Les nombreux restaurants débordaient de clients qui profitaient de cette journée ensoleillée dans une atmosphère détendue et chaleureuse. La variété des odeurs qui flottaient dans l'air — du café fraîchement moulu aux parfums alléchants des cuisines françaises — contrastait avec les relents de la poudre à canon que Lucio inhalait depuis six mois.

Le calme de la destruction avait fait place au vacarme de la vie. Aucune trace de bataille ni même de peur n'était visible.

Cependant, un détail fit tiquer l'étudiant. Sur chaque trottoir, sur chaque façade d'immeuble, sur chaque magasin, des affiches de recrutement recouvraient chaque centimètre carré des panneaux publicitaires.

« Que la science protège le monde », « Pour un futur radieux, rejoignez la fédération », « Maîtrisez le Kvantiki à l'académie Neo Rikoukei ! », étaient quelques-uns des nombreux slogans qui agressaient les yeux de tous ceux qui avaient le malheur de s'arrêter un peu trop longtemps. Comme durant la Seconde Guerre mondiale, ce simple détail, si anodin pour certain, prouvait que la paix n'était que factice. Le monde continuait à tourner en apparence, mais avait besoin de soldats pour mener sa guerre, loin du regard des citoyens ordinaires.

Exactement comme Rikki Inagawa le disait, cet organisme dominait la vie des gens, forcés d'avaler la propagande abjecte de Violette Leblanc à longueur de journée. Et personne ne semblait avoir le courage ni la volonté d'ailleurs, de se rebeller contre ce système. Au moins, cela prouvait que les dires de ce sauveur providentiel avaient une part de vérité. Restait à savoir si cette dimension était réellement celle qui avait envahi la sienne.

Afin de collecter un maximum d'information sur son ennemi, Lucio marcha jusqu'à tomber sur un kiosque à journaux. Là, se fiant aux inscriptions qu'il avait lues plus tôt il demanda au buraliste le meilleur moyen de rejoindre le quartier général de la fédération Ether pour les recrutements. Sans surprise, l'homme afficha un large sourire, comme un escroc ayant trouvé sa prochaine victime.

— Quelle fougue ! Si jeune, et déjà désireux de protéger le monde ! Violette Leblanc a vraiment changé la société. De mon temps, c'était du chacun pour soi. Je suis heureux de voir que les choses évoluent !

De la propagande. Encore. Les habitants de ce monde étaient-ils endoctrinés à un point tel qu'ils en venaient à croire tous les mensonges de Violette Leblanc ? Ou bien cet homme était-il un pion du régime chargé de laver le cerveau des quelques récalcitrants ?

— Pour vous renseigner, rendez vous à la tour Ether avec la ligne 12, arrêt Montparnasse-Bienvenue, sortie 4. Vous ne pouvez pas la louper.

Ainsi, le quartier général se trouvait en plein cœur de la capitale, à l'emplacement exact de la tour Montparnasse ? Lucio nota soigneusement cette information. Si le plan de la ville était identique à celui qu'il connaissait, il pouvait déjà réfléchir à une stratégie d'approche. Chaque seconde comptait pour son univers et Anna. Il devait en finir au plus vite.

Optimiste, le soldat marcha d'un pas décidé dans les rues pentues de Montmartre jusqu'à la station Abbesses. Alors qu'il déambulait, il ne put s'empêcher de s'étonner à nouveau de la nonchalance des habitants. Pour une dictature tyrannique, tout paraissait beaucoup trop normal. Mais Amon l'avait clairement mis en garde. Tout comme en Corée du Nord, tout ceci n'était rien de plus que de la poudre aux yeux, un écran de fumée cachant une réalité si laide qu'elle ne pouvait être montrée aux simples visiteurs comme lui.

Comme n'importe quel usager, il entra dans le métro, sauta par-dessus les portiques, faute d'argent, et descendit comme indiqué à Montparnasse. Dès qu'il posa un pied à l'extérieur, la première différence notable avec son monde se manifesta. À la place de la tour sombre des années 70 se dressait un gratte-ciel flambant neuf en forme d'aiguille. Entièrement recouverte d'écrans lumineux translucides, de nombreuses vidéos de propagande mettaient en scène des hommes et des femmes en héros volant au secours de la veuve et l'orphelin. Derrière, là où aurait dû se trouver la gare Montparnasse et les jardins atlantiques s'étendaient un gigantesque complexe fermé au public. Il s'agissait, selon les panneaux, de « l'académie Neo Rikoukei », un campus universitaire rattaché à la fédération.

— T'as vu ça, Anna ? C'est impressionnant quand même que...

Lucio s'arrêta net. Il n'était même pas arrivé depuis une heure qu'il commençait déjà à délirer. Il avait passé son existence entière aux côtés de son amie d'enfance. Il avait beau se dire tout ce qu'il voulait, il était incapable d'accepter son absence. Elle qui avait toujours aimé les voyages, elle aurait été folle de joie à l'idée de découvrir ce monde si proche et si différent du sien. Mais elle était restée en arrière, pour le mieux. Car, toute cette beauté factice allait bientôt disparaître, une fois le voile du mensonge déchiré.

L'étudiant franchit d'un pas assuré les portes du building. Il se retrouva dans un immense hall étonnamment vide. À part cinq réceptionnistes et une dizaine de personnes dans les couloirs, c'était le calme plat. Les murs blancs, le sol blanc, et même le plafond blanc donnèrent au soldat une migraine instantanément. Lui qui avait trimé dans la boue et les débris avait l'impression que sa simple présence pouvait salir cette pièce aux allures de terminal d'aéroport désaffecté. Seule une fontaine d'or au centre venait briser la monotonie des lieux.

En s'approchant de l'un des guichets ouverts avec pour intention de postuler en tant qu'agent, il surprit une conversation animée. Une jeune femme aux cheveux blond éclatant — certainement étudiante à en juger par son sac débordant d'affaires de cours en tout genre — discutait avec un vieil homme dont l'uniforme interpela immédiatement Lucio. Lui aussi était entièrement vêtu de blanc de la tête aux pieds. Sur sa poitrine brillait un insigne doré atypique, un η fusionné avec un R.

Un sourire en coin fendit les lèvres du soldat lorsqu'il comprit qu'il avait en face de lui deux agents de la fédération Ether. Étrangement, ils n'avaient rien en commun avec les terroristes qui avaient détruit son monde. Ni dans leur l'apparence presque banale, ni dans leur attitude bien trop calme, ni sur leur visage serein et non assoiffé de sang. Mais Lucio avait appris à ses dépens à ne pas se fier à ses sens. Les véritables dangers n'étaient pas les loups dans la bergerie, mais les bergers eux-mêmes, prêts à dévorer leurs propres troupeaux. C'est pourquoi l'étudiant-soldat redoubla de prudence.

Soudain, la jeune femme tourna la tête en direction du visiteur et ses sourcils se rejoignirent en une expression contrariée. Lucio, qui comprit rapidement que ce n'était pas lui qu'elle fixait, se retourna à son tour.

Son cœur rata un battement. Son corps agit de lui-même par réflexe face à l'homme vêtu d'un manteau orné d'un insigne de tour brisé. L'insigne des terroristes.

Ils l'avaient retrouvé !

Aussi vif que l'éclair, Lucio dégaina le révolver qu'il cachait sous son t-shirt et son doigt appuya sur la détente de son arme.

Bạn đang đọc truyện trên: Truyen247.Pro