Chào các bạn! Vì nhiều lý do từ nay Truyen2U chính thức đổi tên là Truyen247.Pro. Mong các bạn tiếp tục ủng hộ truy cập tên miền mới này nhé! Mãi yêu... ♥

Chapitre 26: Un air de déjà-vu

En cet après-midi du 3 avril 1988, Ryoko faisait les cent pas dans son appartement. Il ne pouvait plus supporter la situation. Après avoir essayé de saboter le projet Hanae pour y mettre un terme, il avait été placé en garde à vue, et se retrouvait désormais assigné à résidence dans l'attente de son jugement. Alors qu'à l'extérieur, un drame se préparait, il était complètement impuissant. Soichiro lui avait promis de tout faire pour empêcher le démarrage du réacteur Kvantiki, quitte à le détruire de l'intérieur si besoin, mais l'enseignant-chercheur n'était pas serein. Il savait que les frères Inagawa avaient dû prévoir le coup. Jamais ils ne laisseraient quiconque s'attaquer à ce qu'ils pensaient être une révolution pour l'humanité.

L'homme tenta de joindre sa femme, Hanae, qui se trouvait sur place et la supplier de rentrer, mais aucune réponse. Elle devait profiter du festival d'ouverture, malgré les avertissements de son mari.

Ryoko, pour se calmer, alluma la télévision qui retransmettait l'événement en direct. Autour du réacteur, une foule immense s'était rassemblée, des civils, mais également des officiels et dirigeants des quatre coins du globe venus assister à l'inauguration de la plus grande avancée dans le domaine de l'énergie. Les frères Inagawa étaient peut-être avides de pouvoir et vénaux, mais n'étaient pas fous non plus. Jamais ils ne prendraient le risque de déclencher un cataclysme par pur égo. Leur réputation était ce qui importait le plus.

Malheureusement, ce maigre espoir auquel le chercheur essayait de se raccrocher vola en éclats lorsque Rikki Inagawa prononça son discours :

— C'est ainsi que, dans un souci de faire évoluer le monde vers un avenir durable, nous déclarons le premier réacteur Kvantiki opérationnel ! Nos associés, Violette Leblanc et Soichiro Namatame, ces deux esprits brillants de l'académie Rikoukei qui sont à l'origine de ce projet vont se faire une joie de vous faire une démonstration du potentiel de la plus grande invention de l'histoire de l'humanité !

Une seconde plus tard, le réacteur s'illumina, sous les regards émerveillés des spectateurs, qui se changèrent rapidement en terreur pure. Un grondement sourd retentit dans toute la ville. Des éclairs jaillirent de la tour. Un sifflement strident résonna, brisant les vitres à plusieurs kilomètres à la ronde. La Terre trembla, comme si un géant endormi s'éveillait. Puis, avec la violence et la rapidité d'une vague de fond, une déferlante d'énergie s'échappa du cœur du réacteur Kvantiki et s'abattit sur Odaiba. Toutes les transmissions furent coupées, mais, à travers sa fenêtre, Ryoko fut aveuglé par un linceul de lumière mauve. Puis plus rien, tout disparut.

— Hanae !

Le professeur, malgré les dix kilomètres qui le séparaient de l'épicentre, fut balayé comme une vulgaire brindille, plaqué contre les murs de son appartement, tandis que tout autour de lui, bouts de verre, meubles, mobiliers, et mêmes les portes se fracassèrent sur le béton. Il eut tout juste le temps de voir les policiers montant la garde devant chez lui se faire écraser par des voitures avant de recevoir un bloc de pierre en pleine tête, qui l'assomma sur le coup.

Ce jour-là, Ryoko Seiu, directeur de l'académie Rikoukei et précurseur du projet Hanae, aurait souhaité que le Purple Requiem fauche la vie en même temps que les dizaines de milliers d'innocents, sacrifiés sur l'autel des ambitions de Rikki et Ryu Inagawa. Car, même s'il avait survécu, il avait tout perdu.

**

Une catastrophe. Violette ne trouvait aucun autre mot pour décrire ce qu'il venait de se passer sous ses yeux. Lorsqu'elle avait tenté d'intervenir, ces imbéciles de politiciens et publicitaires s'étaient enfuis et l'avaient entraînée avec eux sans qu'elle ne puisse agir, l'empêchant de prendre part à la protection des civils. Heureusement, Elwood, le professeur Ryoko et tous les agents la fédération avaient suivi à la lettre ses ordres de repousser Purple Revolution de leur mieux. Le pari de Séléné d'utiliser Apophis pour créer un chaos encore plus grand que celui engendré par Purple Revolution et ainsi déstabiliser ses adversaires était risqué, mais avait miraculeusement payé. La présidente n'aimait pas impliquer des civils dans des opérations comme celle-ci, mais sans ce risque, les révolutionnaires auraient utilisé les spectateurs comme bouclier humains, ce qu'ils avaient bel et bien tenté de faire avant l'apparition du dieu.

Fort heureusement, par un miracle que Violette ne pouvait expliquer, aucun spectateur n'avait été tué. Certains s'étaient blessés dans leur fuite précipitée, mais les blessures les plus graves n'étaient que des côtes fêlées et des jambes cassées dans la panique.

Assise dans les gradins déserts au milieu des affaires abandonnées dans la précipitation, la fondatrice de la fédération lâcha un soupir. Elle avait finalement réussi à envoyer voir ailleurs les trouillards qui la suppliaient de ne pas s'exposer au danger, et était de retour dans le stade pour porter assistance à ceux qui en avaient besoin. Son majordome avait déjà accompli un travail extraordinaire, si bien qu'il ne restait de la tragédie que des bancs brisés et un terrain de combat en ruines. Elle entendait à l'extérieur les hélicoptères de presse et les médias affluer en masse. Toutefois, elle n'y prêtait aucune attention. Trente-et-un ans auparavant, lorsque le Purple Requiem avait rasé Tokyo, elle s'était sentie totalement dépassée par la situation, incapable de sauver celui qu'elle aimait des diffamations des frères Inagawa. C'était justement parce que tout ce qu'elle venait de vivre avait des airs de déjà-vu qu'elle savait exactement comment réagir.

Même si la réputation de la fédération allait être entachée par cette affaire, Violette était en position de force. Le groupuscule s'était tiré une balle dans le pied après cet attentat raté. Si jusque-là, certains voyaient en Purple Revolution un mouvement juste et légitime contre l'empire d'Ether, il était certain que nul n'allait approuver de telles actions de leur part, à l'exception de quelques dégénérés. Ils avaient voulu montrer les failles du système, mais avaient été incapables de mener leur révolte jusqu'au bout. Si Violette avait mieux évalué la situation, et le danger que représentait le Daitherial d'Aeonis, elle aurait peut-être même pu déployer des moyens de préventions bien plus adaptés... Ou pas. Après tout, existait-il seulement une technologie capable de rivaliser avec un pouvoir quasi-divin ?

Violette s'accouda sur les restes d'un siège à moitié carbonisé, pensive.

— Des seigneurs d'Izrath, hein ? murmura-t-elle tout en tapotant frénétiquement du doigt sur l'accoudoir. Le Purple Requiem en a attiré sur Terre davantage que je ne le pensais. Alice va avoir du travail à son retour.

— Voilà que tu parles toute seule, ma chère élève ?

La présidente sursauta, mais se ressaisit lorsqu'elle constata qu'il ne s'agissait que de son mentor. Ce dernier lui tendit une canette de soda, le visage souriant, puis s'assit à côté d'elle.

— Je suis appelée à l'extérieur, c'est ça ? soupira Violette.

— Oh, ça, depuis longtemps, oui. Elwood a condamné les accès au stade. Si tu n'as pas envie de leur répondre, tu peux rester là jusqu'à ce qu'ils se lassent, déclara simplement Ryoko, amusé.

Un long silence s'installa entre le professeur et son élève pendant lequel chacun était perdu dans ses pensées. Tous deux étaient des rescapés de la plus grande tragédie de l'histoire, mais également des fautifs. Ils avaient travaillé ensemble pour un avenir meilleur, pensant changer la face de l'humanité en lui offrant une source d'énergie illimitée, mais s'étaient brûlé les ailes. L'un comme l'autre était conscient qu'ils ne pouvaient reproduire la même erreur deux fois.

— Dites. Est-ce que j'ai fait ce qu'il fallait cette fois ? demanda la présidente d'une voix éteinte. Ce qu'il s'est passé n'est évidemment pas de l'ampleur du Purple Requiem, mais... est-ce que le destin ne m'a pas fait revivre ce jour pour que je corrige mes fautes ? Pour que je fasse ce que je n'ai pas eu le courage de faire à l'époque, à savoir arrêter avant qu'il ne soit trop tard ?...

Ryoko croisa les bras sur son torse et plongea son regard sur le terrain de combat dont il ne restait de la magnifique pelouse verdoyante que des cendres brunes.

— Tu sais, Violette, être scientifique, c'est aussi se tromper. Seuls les imbéciles ont toujours raison, car il n'existe pas de vérité absolue. Tout n'est que supposition et théorie. Peut-être que, dans vingt, trente, ou cinquante ans, nous découvrirons que tout ce en quoi nous croyions est faux, ou incomplet. C'est le principe même de l'incertitude quantique. Tant que nous n'avons pas de réponse définitive, les deux issues sont possibles. Il n'y avait pas donc de bonne ou de mauvaise décision à prendre.

Le professeur marqua une pause pour lever les yeux vers le ciel, à nouveau d'un bleu limpide.

— Je ne suis plus en position pour te dispenser de grandes leçons de morale puisque tu m'as déjà dépassé depuis longtemps. Sache néanmoins que tout ce que tu as accompli jusqu'ici n'aurait pu être mieux. À partir du moment où nous nous sommes lancés dans ce projet fou de réacteur Kvantiki, le sort de Tokyo était scellé. Ce n'était ni ta faute, ni celle de Soichiro, ni la mienne. Le destin en avait simplement décidé autrement. Malgré ça, tu as trouvé la force de te relever. L'incident d'aujourd'hui n'est qu'une vibration de liaison atomique dans la macromolécule que tu as construite.

Une vague de nostalgie envahit Violette. Elle se revit exactement dans la même situation, plusieurs décennies plus tôt, à se lamenter seule sur la jetée du port d'Odaiba. Elle avait l'habitude de s'y réfugier lorsqu'elle butait sur un problème à première vue insoluble. Et à chaque fois, son enseignant ou Soichiro venaient la réconforter avec des comparaisons plus ou moins compréhensibles. Les années avaient passé et la jeune scientifique était peut-être devenue la femme la plus influente de France, certaines choses semblaient avoir été figées dans le temps.

— Oui. Vous avez certainement raison, sourit la présidente, résignée. Veuillez m'excuser de continuer à me plaindre comme une gamine immature. Merci de me rappeler à l'ordre, professeur. C'est justement grâce à la qualité de vos enseignements que j'en suis arrivée là. Même maintenant, vous acceptez de mes projets, aussi fous soient-ils. Vraiment, je vous suis redevable.

— Oh, c'est le moins que je puisse faire pour la meilleure étudiante que n'ait jamais connue mon académie.

Ryoko descendit les marches du stade pour se diriger vers la sortie. Alors qu'il était sur le point de prendre congé, il s'arrêta sur le pas de la porte défoncée, et lança un dernier regard à son élève.

— Quoiqu'il en soit, ne t'inquiète pas pour la suite. Je compte sur toi pour tirer parti au mieux de la situation. Je sais que tu en es capable, tout comme je savais la première fois que je vous ai vus dans ma classe, Soichiro et toi, que vous seriez destiné à un grand avenir.

Puis l'homme disparut, laissant Violette seule avec son soda dans les gradins dévastés. La présidente but une gorgée de la boisson pétillante, et lâcha un soupir.

— Et toi qui avais toujours une longueur d'avance sur tout le monde, Soichiro, qu'aurais-tu fait à ma place ? murmura-t-elle dans le vent, tout en connaissant pertinemment la réponse à sa question. 

Bạn đang đọc truyện trên: Truyen247.Pro