Chapitre 2 : 6-5-3-2
L'idée lui semblait grotesque. Qui l'aurait amené ici, pourquoi aurait-on construit cet endroit ? Pourquoi l'enfermer, lui ?
Ça n'avait aucun sens, et pourtant...Et pourtant il était bien là. Coincé entre ces couloirs de métal qui ne semblaient pas avoir de fin.
Quentin dut faire un énorme effort pour se contrôler, ne pas céder à la panique. Il fallait inspirer, expirer profondément. Il trouverait bien une sortie quelque part.
Il continua de marcher, ses jambes lui répondaient de mieux en mieux. Ses tremblements s'arrêtaient.
A droite !
Il bifurqua, parcourant sans relâche le dédale qui s'ouvrait à lui. L'espoir de trouver une sortie à court terme s'échappait peu à peu. Le complexe dans lequel il évoluait semblait immense. Et surtout, uniforme, d'une manière irréelle. Tout était pensé pour se ressembler, partout : tout était gris, partout les mêmes murs, le même sol.
A gauche !
Il était impossible de se repérer. Quentin se savait bien incapable de retrouver l'endroit où il s'était réveillé. Il ne saurait pas retrouver son chemin : il n'avait ni noté ni mémorisé le chemin qu'il avait pris.
Peut être était-il censé le faire ? L'angoisse le saisit à cette idée.
A gauche, à droite, quelle différence ça faisait ? Il n'avait aucune idée d'où aller. Ni d'où il venait. Ni qui il était. Il était seul, perdu, littéralement : il était l'être le plus paumé qui pouvait exister.
Mais il continuait à avancer. C'était son seul espoir pour que son cauchemar s'arrête. Il se souvint qu'il avait lu quelque part qu'il fallait toujours tourner dans la même direction dans un labyrinthe, que cela menait à la sortie plus rapidement.
Il décida de s'accrocher à ce vague souvenir comme un naufragé s'accroche aux débris d'un navire brisé, et s'y tint : il décida de ne prendre qu'à droite à tous les prochains embranchements qui s'offriraient à lui.
Il finirait bien par arriver quelque part !
Quelque chose attira son œil, au fond du passage qui s'ouvrait devant lui. Du mouvement. Quelque chose avait bougé, dans cet océan de gris immobile. Il l'aurait juré !
Et si c'était quelqu'un ?...
"AU SECOURS !" s'époumona t-il d'une voix éraillée, afin d'attirer l'attention de celui qu'il avait vu, qui que ce soit. Il aurait donné n'importe quoi pour croiser quelqu'un, n'importe qui.
Sauf peut-être celui qui l'avait amené ici.
L'hypothèse accentua l'angoisse de Quentin. Le stress le poussa à prendre une décision : courir à toutes jambes vers ce qu'il avait vu. Si c'était le responsable de sa situation, il lui ferait passer un sale quart d'heure. Si c'était un potentiel allié, autant le rejoindre.
Il se lança donc à sa poursuite, la sueur se mit rapidement à couler à grosses gouttes sur son front, mais il tint bon. Il devait avoir entretenu une bonne condition physique, dans son ancienne vie.
Arrivé à l'intersection, il tourna la tête vers le couloir qui s'offrait à sa vue, et put apercevoir au bout du chemin une paroi qui pivotait sur elle-même pour lui barrer la route, se stoppant net sans un bruit.
Frappé par cette vision, Quentin arrêta sa course et parvint jusqu'à la paroi tournante en marchant lentement, comme si le mur aurait pu avoir peur de lui et aurait pu se remettre à bouger à son approche.
Il plaqua la paume de ses mains sur la paroi, lisse comme du verre et tout aussi froide que le reste des murs. Elle semblait ordinaire, identique à tout ce qui l'entourait.
L'idée le frappa alors : les murs bougeaient. Tous les murs étaient réversibles. Et quelqu'un, ou quelque chose, contrôlait leur mouvement.
La rotation de ce mur avait fermé le passage en face de lui, mais lui avait ouvert la voie à sa droite. Il pouvait continuer sa route, mais ce serait s'engager sur le chemin que lui soumettait celui qui venait d'actionner ce mécanisme. Ou rebrousser chemin.
Mais il n'avait aucune envie de revenir sur ses pas.
Alors, il décida de poursuivre son avancée. Au moins, il se passerait quelque chose. Au bout d'une courte minute de marche, il parvint à une impasse. Frustré, il s'approcha du cul-de-sac et constata qu'un boîtier métallique y était accroché, affichant dans des caractères verts un message constitué de quatre chiffres :
"6-5-3-2"
Cette découverte le laissa perplexe. Était-ce un code ? Était-il censé le déchiffrer, énoncer la solution à voix haute ?
Réfléchissant à la logique des chiffres, il se dit que le quatre manquait à l'appel. Alors, il s'éclaircit la gorge et annonça d'une voix claire :
"Quatre."
Rien ne se passa, et il se sentit stupide.
Qui avait affiché ça ici, et pourquoi ? A quoi tout cela servait-il ? Où cela pouvait-il bien mener ?
Quentin n'avait aucune idée de la réponse à ces questions, aucune idée de rien. Il n'avait aucune envie de réfléchir à ces énigmes stupides. Il voulait juste partir, s'enfuir, retrouver sa vie d'avant.
Mais le seul chemin disponible était en arrière. Le cauchemar ne voulait pas se terminer.
A court d'idées, il frappa le mur qui comportait le boîtier le plus fort qu'il put, espérant déclencher quelque chose. La seule chose qui lui parvint fut une douleur fulgurante aux phalanges. Il s'acharna, jusqu'à ce que le sang coule sur ses doigts.
Quentin hurla de désespoir, hurla jusqu'à s'oublier. Il n'en pouvait plus.
Il avait couru, oublié la direction qu'il avait prise, la seule chose qui comptait était de courir.
S'était écroulé sur le sol. Il avait abandonné.
Il attendait que l'oubli s'empare de lui. Quentin n'eut aucune idée du temps qui avait passé alors qu'il était allongé, là, à vouloir que tout s'arrête.
Quelqu'un vint le réveiller, le relever.
Quelqu'un ? Quelqu'un !
"Il faut vous lever, vite ! Il ne faut pas rester ici !"
C'était une voix de femme : levant les yeux, Quentin put l'apercevoir. Elle était jeune, pas bien plus que la vingtaine, et son visage lunaire encadré d'une courte chevelure châtain exprimait une panique primaire. Les yeux écarquillés, elle ressemblait à quelqu'un qui venait de voir un fantôme.
Le choc de trouver une autre personne que lui dans cet endroit maudit passé, Quentin balbutia la seule question qui put monter à ses lèvres :
"Qui êtes-vous ?"
"Sophie.", répondit-elle précipitamment, "Mais ça n'a pas d'importance, suivez-moi tout de suite !"
"Qu'est-ce qui se passe ?" voulut-il savoir, maintenant sur ses jambes.
"Nous sommes traqués."
Bạn đang đọc truyện trên: Truyen247.Pro