Chapitre 16 : Sortie
Le choc gifla l'esprit de Quentin.
Florence s'était écroulée au sol comme un pantin auquel on aurait coupé les fils.
Aussitôt qu'elle avait touché terre, la voix artificielle du Maître avait annoncé son décès, le rendant plus réel encore.
Anna l'avait abattue comme un vulgaire animal. Plus que l'horreur, c'était la rage qui montait à ses tripes. Son sang bouillait dans ses veines quand il protesta, hors de lui :
"C'était quoi, ça ?"
"Une exécution." lui répondit la voix froide d'Anna, sans plus d'émotion que si elle lui avait énoncé une liste de courses.
"Non, non, c'était un meurtre !"
Quentin avait hurlé le dernier mot.
"Un meurtre, bordel, on était d'accord ! On était d'accord sur la marche à suivre, il fallait sauver le plus de gens possibles !"
"On savait que Florence était une Gardienne. Si elle avait eu l'occasion, c'est nous qu'elle aurait éliminé, alors on a pris les devants." justifia Julien, resté en retrait.
"Quelles preuves vous aviez ? Le mot qu'on vient de trouver ?"
"Ça, entre autres." évoqua Anna, évasive.
"Vous aviez d'autres infos ? Et pourquoi vous m'en parlez pas ?"
"Parce qu'on n'a pas confiance en toi, ni en Sophie d'ailleurs, et la seule raison pour laquelle tu es encore en vie c'est qu'on la soupçonne aussi." lâcha Julien, comme s'il n'y tenait plus.
"Gardien, moi ? Ça n'a aucun sens, je n'ai rien fait depuis le début contre vous..." se défendit Quentin, avec un regard effrayé vers l'arme encore fumante d'Anna.
Allaient-ils se retourner contre lui ?...
L'idée fit son chemin dans son crâne, et le heurta : ils étaient deux ! Ils pouvaient bien être les deux Gardiens restants depuis le début !
Peut être bien que le Maître était en train de remporter la partie... Ça expliquerait pourquoi Lucien s'en était pris à leur groupe ! Peut être qu'il courait après ces deux-là !
Il eut un mouvement de recul instinctif quand cette réalisation prit forme dans son esprit.
Anna l'avait remarqué, et pouffa :
"On ne te fera rien, si tu ne t'en prends pas à nous."
Elle joignit l'acte à la parole en remettant en place la sécurité de l'arme, puis la rangea dans la poche arrière de son pantalon.
Cet acte de paix finit de semer le trouble dans l'esprit de Quentin : si ces deux-là étaient vraiment Gardiens, ils auraient dû en profiter pour le tuer sur le champ. Alors, ils étaient sûrement innocents et disaient vrai sur leurs soupçons en balance concernant Sophie et lui. Mais quels mensonges avaient-ils pu dénicher au cœur du Labyrinthe qui leur donneraient une telle méfiance envers eux ?
Quentin savait Sophie innocente, son comportement n'aurait aucun sens si elle était Gardienne. La migraine revint pointer le bout de son nez, et il décida de rester avec eux tout en gardant sa méfiance éveillée et en se promettant de surveiller ce que ferait Anna avec son arme.
Ils étaient si proches du but !
Tranquillement, la rousse plaqua le document qu'elle avait récupéré sur la table et le superposa avec une carte du Labyrinthe. Méticuleuse, elle fit coïncider certaines marques et parvint vite au but : les deux feuilles combinées indiquaient l'emplacement de la sortie.
"C'est à une centaine de mètres d'ici, un mécanisme caché sur un mur."
"Sortons d'ici." approuva Julien, tandis qu'ils se mirent en route.
Enfin ! L'enfer laissait entrevoir un petit rayon de lumière ! Ils allaient pouvoir quitter cet endroit. Mais le Maître les laisserait-il faire ? Les Gardiens avaient-ils vraiment tous été mis hors jeu ? Ou interviendraient-ils au dernier moment pour éteindre leurs espoirs ?
Ces questions hantaient Quentin alors qu'il suivait ses deux compagnons de route qu'il était bien forcé de suivre s'il voulait sortir d'ici.
Il surveillait encore l'arme d'Anna, nerveux, quand le gris de sa périphérie éclata pour laisser la place à un vert sombre.
Il réagit comme s'il avait reçu un choc électrique. Le mur à sa gauche était percé de toutes parts. D'épaisses lianes qui se tortillaient comme des serpents en avaient jailli brusquement. Elles poussaient, si vite qu'elles étaient sur le point d'atteindre le petit groupe.
Un petit cri de surprise avait jailli de ses lèvres avant qu'il se mette à accélérer pour se mettre hors de danger. Devant lui, l'une des plantes sauvages avait fauché Julien, qui s'était étalé à terre. Anna avait déjà mis une bonne distance entre elle et le monstre végétal quand elle ressortit son arme à feu pour la pointer sur les lianes qui menaçaient le vieil homme.
Une volée de coup de feu rapprochés retentit, et une des tiges vertes couvertes d'épines se brisa dans un jaillissement de matière visqueuse, mais une autre la remplaça immédiatement.
Quentin s'était éloigné et ne put qu'être spectateur du reste. Julien tenta de se relever mais une liane fondit sur sa jambe restée au sol dans une croissance plus rapide que l'éclair. Ses chairs furent transpercées sur le coup, et une petite flaque de sang s'éparpilla sur le béton.
Son cri de souffrance était aussi déchirant que cette vision d'horreur. Plusieurs autres lignes végétales vinrent entourer son corps et le ramenèrent vers le mur éclaté, afin de l'y emporter, hors de la vue d'Anna et Quentin.
"Qu'est-ce que c'était que ce truc.. ?" haleta t-il, halluciné par ce qui venait d'arriver.
"Un dernier piège du Maître... Je pense... On ne peut plus rien faire pour lui."
Ils étaient en effet forcés de vite faire le deuil de Julien, si brutal qu'il fut. Son décès fut bien vite confirmé par la voix robotique.
"Il faut... Il faut qu'on sorte d'ici avant qu'il y en ait d'autres qui nous tombent dessus..." plaida Quentin.
"D'accord." bégaya t-elle. "On doit sortir d'ici."
Ils finirent leur chemin en courant presque, exténués mais motivés par la peur de mourir à tout instant. Anna activa la commande cachée que le plan lui avait révélé, et le mur face à eux s'ouvrit pour dévoiler un passage qui contenait un escalier. Celui-ci montait vers une ouverture pratiquée dans le plafond opaque... La sortie, enfin !
Impatients, ils l'empruntèrent, et débarquèrent dans une salle étrange, remplie d'écrans qui montraient ce qui se passait à divers endroits du Labyrinthe, exhibant une cuve d'eau baignée d'une douce lumière bleue, et habitée par... Quentin n'en crut pas ses yeux.
Vêtue d'une blouse de scientifique, arborant un léger sourire énigmatique, il reconnut la femme qui se tenait devant eux.
"...Sophie ?"
Bạn đang đọc truyện trên: Truyen247.Pro