Fausses Jumelles
"C'est ridicule. Tu n'arriveras jamais à convaincre les Jedi de te donner ce corps. Sois sérieux, Mon.
Esdace avait été très claire à ce sujet. Mon Cat n'obtiendrait rien de bon de cela. Lude, sa fausse jumelle, acquiesça d'un air absent.
Esdace était grande, malgré le jeune âge qu'on pouvait lui donner sans difficulté. Elle ne devait pas avoir 18 ans; pourtant, tout en elle était prestance et supériorité. Elle avait de long cheveux à la limite entre le blanc et le bleu, cascadant dans son dos jusqu'à ses pieds. Elle portait une tenue légère aux aspects militaire, entièrement blanche, avec un décolleté largement ouvert sur une poitrine plus que généreuse. Elle était sublime, mais son regard évoquait la glace et la violence. Elle n'était pas une de ces douces beauté, mais une beauté dure, sauvage, originaire d'un monde hostile et recouvert de glace. L'ambition n'était pas ce qui l'animait. C'était la perspective des batailles acharnées qui la faisait rêver.
Assise à côté d'elle, Lude contemplait sa manucure. Elle était grande, elle aussi, mais n'avait pas une prestance aussi importante que sa jumelle. Ses cheveux noirs et raides lui descendaient dans le dos, jusqu'à mi hauteur, et étaient parfaitement lisses. Ses yeux froids étaient marqués d'eye liner noir, un l'un d'eux était perpétuellement caché par une mèche placée la volontairement. Si Esdace était la lumière, Lude était l'ombre. Elle semblait ne jamais s'intéresser aux soucis de ce bas monde, toujours plongée dans d'étranges discussions avec elle même. Elle était sans doute la seule personne comptant vraiment pour sa sœur. Et son amour de la découpe de cadavre était sans doute la seule raison pour laquelle les deux sœurs devaient toujours rester cachées. C'était ainsi, depuis que Mon Cat les avaient recueillies : la curiosité de Lude pour le fonctionnement du corps était sans limite. Elle dérobait des corps dans les morgues de la ville-planète pour pouvoir les étudier, et comparer les anatomies des différentes espèces. Le sénateur avait tenté de l'en empêcher ; sans succès... alors il avait prévu de l'envoyer dans une escouade de médecins légiste : ses connaissances en anatomie devaient suffire à assurer l'entrée de la jeune fille.
"Je ne vous demande pas de vous occuper de la récupération du corps. Je vous demande seulement une mise en carbonite. Se défendit le sénateur.
-Dans quelles affaires louches traînes tu, Mon? Demanda Esdace, le regard amusé.
Mon Cat déglutit. Il détestait quand elle jouait de ses charmes ainsi. Il les considérait toutes les deux comme ses filles, seule raison pour laquelle il ne les avait jamais dénoncées, malgré leurs affaires louches dans les bas quartiers.
"Quelqu'un m'a sauvé la vie. Plusieurs fois. Et son unique demande est de conserver le corps d'un de ses amis décédé il y a peu. J'ai une dette, je dois la rembourser. Comme vous.
Esdace eut une moue de mécontentement.
"Tout ça pour cette petite aspirante... tu n'as jamais eu une telle confiance en qui que ce soit en dehors de nous. Pourquoi en faire autant pour une gamine, tout d'un coup, au risque de ruiner ta réputation et tout ce que cela implique : ton combat contre la névrose qui hante le sénat?
-Elle est... spéciale. Confessa le sénateur. Je sens une force, une énergie en elle. Elle est peut être celle qui pourra faire ce que je suis incapable de faire : changer le sénat, changer les Jedi, changer ce système corrompu jusqu'à la moelle.
Mon Cat releva les yeux vers celle qui lui faisait face, fière.
"Je dois t'avouer quelque chose, Es. Avant, je pensais que c'était vous deux, vous et votre volonté de vivre, qui seriez les artisans de ce changement.
Son sourire se fit plus amer.
"Mais vous continuez à rester dans l'ombre. A tremper dans des affaires louches, qui se rapprochent de ce que je combat. J'ai... j'ai placé beaucoup d'espoir en vous deux. Mais j'ai l'impression... qu'aucun ne se verra réalisé.
Il l'avait dit. Ce qu'il avait sur le cœur depuis si longtemps, et qu'il n'avait jamais pu mettre en mot devant ses deux filles adoptives. Il sentit qu'il avait touché juste. Le regard d'Esdace se fit plus froid, et même Lude releva légèrement la tête, et lui lança un regard courroucé.
"Je n'ai aucune raison de jouer selon les règles de cette organisation qu'est la République. Elle n'a jamais été là, pour nous. Cracha Esdace, amère. Si je choisis d'entrer dans ce jeu, ce sera pour appliquer mes propres règles!
-C'est ça que j'admirais chez toi, Esdace! Ta hargne! Ta combativité! Mais en restant dans l'ombre comme cela, tu ne changeras jamais ce système corrompu. Au contraire, tu aide à sa survie!
-Tu m'ennuies! Tu es un idéaliste qui crois que légiférer va suffire à changer les choses!
-Il a raison.
La voix coupante de Lude mit fin à la joute verbale. Les deux opposants se regardèrent, effarés. Entendre cette voix parler à une autre personne était si rare!
"On ne changera rien en continuant comme ça, Es.
-Lude...
-Faisons ce qu'il dit. Ensuite, on ira briguer les plus hauts postes de la république, puisque c'est là qu'il faut être pour avoir de l'influence.
-Mais...
-En échange...
Le regard de la jeune fille fixa longuement le sénateur, jusqu'à ce que celui-ci détourne les yeux.
"Tu vas nous y aider... nous soutenir dans cette quête. N'est-ce pas... père?
Mon Cat tressaillit à ce mot. Esdace aussi. Visiblement, appeler leur sauveur père ne lui était jamais venu à l'esprit. Mais le sénateur sentit son cœur se serrer. Oui. Il avait été reconnu comme parent. Et ses deux filles allaient au final s'engager dans la voie qu'il avait désiré si longtemps qu'elles suivent, mais qu'elles avaient tant ignorée. Ne manquait plus que l'ascendant d'Esdace, mais elle suivait presque toujours les conseils de sa sœur, quand celle ci en prodiguait, tout du moins. Elle soupira.
"Très bien, très bien... ma place dans ce microcosme va me manquer, mais je suppose que je ne peux rien y faire. Mon, nous allons accéder à ta requête, aussi étrange soit elle, de récupérer ce corps. Puis nous irons tracer notre propre voie dans les hautes sphères de la République. Mais j'y met une condition - une autre que celle de ma sœur.
Elle le fixa un peu, puis lâcha en fermant les yeux :
"Tu nous laisse tout faire.
-Pardon?
-Tu nous laisse tout gérer, du début à la fin de l'opération de récupération. Disons que ce sera notre au revoir au monde de l'illégalité, et puis... si jamais ils refusent - et ils refuseront - ça ne fera que nous compliquer la tache. Mieux vaut qu'ils ne soient au courant de rien...
-Vous pensez pouvoir duper les Jedi? Demanda Mon Cat, effaré.
-Bien sûr. Ils sont imbus d'eux même et trop sûrs de leur puissance. N'est ce pas comme cela que tu les décris toi même?
Mon Cat sourit. Oui. Elles en étaient capable. Venues d'une planètes glaciaire perdue, obligées de se battre dès leur plus jeune âge pour survivre dans un monde où régnait la loi du plus fort. Ayant atterri sur la ville-planète sans rien connaitre de ses côtés sombres, et ayant failli être victime d'esclavagistes. Elles étaient définitivement assez fortes pour se passer de lui, désormais. Il les regarda, attendri, en pensant que c'était peut être la dernière fois qu'il les voyait ainsi ensembles. Mais cela n'assombrit pas son humeur, au contraire. Enfin, elles allaient de l'avant. Et cela, grâce, indirectement, à la petite Eli. Sa petite faiseuse de miracles.
***
Le corps de Dan se consumait sur le bûcher. Autour d'elle, Eli voyait tous ses camarades tristes, l'air sombre, faisant un ultime adieu à leur ami. Aucun ne l'avait considérée comme responsable de la mort du Duro. Mais Eli sentait toujours ce poids insupportable sur ses épaules. Et elle regardait le corps brûler, impuissante. Au final, Mon Cat n'avait pas tenu sa promesse. Elle lui en voulait un peu pour cela. Elle remarqua soudain, de l'autre côté du feu, une jeune femme à la grande beauté, accompagnant les délégués du sénat à la cérémonie crématoire de Dan. Elle était grande, avait de longs cheveux entre blanc et bleu, des yeux froids comme la glace, et sa tenue militaire était... très voyante, au vue du décolleté qu'elle portait. Une soldat plutôt atypique. Qui la fixait dans les yeux. Et sourit lorsque leurs regards se croisèrent. Eli écarquilla les yeux. La femme se retourna et quitta la salle en ajustant son képi sur ses longs cheveux, toujours avec un léger sourire. Eli la fixa longuement, alors que le bûcher finissait de se consumer. Et elle sourit. A nouveau. Cela lui fit du bien.
Elle était certaine que le corps venant de brûler n'était pas celui de Dan. Mon Cat avait bien tenu sa promesse.
"On dit que le seigneur Sand a commencé à bouger.
-C'est vrai? On m'a pourtant dit qu'il avait été placé ici justement pour l'empêcher d'agir.
-Il parait que son apprenti Ran a été choisi par l'empereur lui même pour le surveiller.
-Peut être va-t-il tenter quelque chose... mais l'empire ne restera pas sans rien faire si c'est le cas.
Bạn đang đọc truyện trên: Truyen247.Pro