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Chapitre 24

Björn avait été transporté à l'hôpital de Norilsk, une ville triste à l'odeur de soufre, non loin de Doudinka, où Mikhaïl voulait d'abord faire escale. Le long bâtiment très soviétique était recouvert de neige. Astrid et Mikhaïl patientèrent longtemps à l'accueil. La jeune femme, angoissée, allait et venait entre l'aquarium verdâtre et les sièges en plastique. Derrière la réception se trouvait une grande peinture d'un lac bordé d'arbres et de montagnes sous un beau ciel bleu. Astrid la trouvait déprimante.

Mikhaïl lui rapporta alors un café et une bonne nouvelle :

- J'ai vu le médecin, l'opération s'est bien passée. Il dort encore.

- Quand pourra-t-on le voir ?

- Dans une ou deux heures.

Astrid soupira. Il faudrait attendre ici.

- Quand Vladimir a dit que cela pourrait être dangereux, je n'ai pas du tout pensé à Desmarais, murmura-t-elle.

- Tu veux dire que le type qui nous a tiré dessus...

- C'est un Golem, qui lui obéit au doigt et à l'œil. Il s'appelle Titan.

- Il veut te tuer ?

- Je n'en sais rien. Quand je suis tombée avec Björn dans la neige, il aurait pu me tirer dessus, mais il ne l'a pas fait. Je pense qu'il veut m'empêcher de récupérer l'héritage de Solovine. Alors il essaie de me faire peur.

Mikhaïl réalisa soudain que la fatigue qu'il lisait sur le visage de la jeune femme n'avait rien à voir avec le décalage horaire.

- Il est pire que Solovine, hein ?

- Oh, oui.

Elle but une gorgée de café et le trouva ignoble. Elle le tendit à Mikhaïl qui le vida d'un trait.

- Comment va Maia ? demanda Astrid.

Sa fille avait une maladie orpheline et était soignée aux États-Unis, grâce à l'argent qu'elle versait au Russe.

- Pas beaucoup de progression, soupira Mikhaïl. Pas cela ne s'aggrave pas non plus.

- Les enfants...c'est une source éternelle d'inquiétude, n'est-ce pas ? fit Astrid avec un sourire qui n'avait rien de joyeux.

- Certes, mais cela empêche donc d'être égocentré.

Ils continuèrent à échanger des propos philosophiques sur la vie, l'amour et les enfants jusqu'à ce que Björn se réveille. Le médecin vint les trouver et les emmena dans sa chambre. Le torse bandé, les yeux rougis, le Suédois semblait néanmoins en forme.

- Comment te sens-tu ?

- Ça va. Prêt à repartir, plaisanta-t-il.

Astrid lissa ses mèches cendrées avec tendresse.

- Tu as encore fait l'imbécile. Je t'avais dit de ne pas te pencher.

- Oui, et j'ai à nouveau été injuste avec toi. Excuse-moi.

Björn lui prit la main et la serra.

- Je crois que tu as le don pour choisir des hommes insupportables.

Cette petite remarque apparemment anodine frappa Astrid. Entre Daniel, Lars et lui, c'était totalement vrai. Elle décida d'en rire :

- D'un autre côté, les hommes supportables sont très rares !

Björn joua l'offusqué, puis contre toute attente, déposa un léger baiser sur les lèvres d'Astrid.

- Laisse-moi juste un peu de temps...

De quoi parlait-il ? La jeune femme n'osa pas insister et le laissa se reposer. Ils devaient repartir le plus vite possible.

Malheureusement, le jour du départ, la neige était plus dense que jamais. Le froid engourdissait tout ce qui dépassait des vêtements. Astrid dut remonter son écharpe jusqu'aux yeux. Le 4X4 eut du mal à démarrer mais finit par s'élancer en cahotant.

Le paysage semblait tout droit sorti d'un film apocalyptique où la Terre aurait été transformée en désert glacé. Tout se confondait, les formes se brouillaient sous le manteau blanc. Mikhaïl conduisait lentement, les yeux plissés par la concentration. Astrid, blottie à l'arrière, claquait des dents malgré le chauffage du 4X4.

- Ce n'est pas prudent, souffla-t-elle en voyant de gros flocons se mettre à tomber. Il neige encore plus...c'est peut-être une tempête !

- Nous nous arrêterons au prochain village, promit le Russe.

Astrid jeta un regard par la vitre arrière. Une masse sombre apparut, et la jeune femme poussa un cri de terreur.

- Oh, non ! Il nous suit encore !

Cette fois, Titan n'était plus en 4X4 mais juché sur une sorte de motoneige qui ressemblait à un gros insecte noir. Au moment où Astrid distingua la large silhouette emmitouflée, la voiture s'arrêta.

- Mikhaïl ? Qu'est-ce que tu fais ?

- On est bloqué ! gémit le Russe.

Les roues enfouies sous la neige tournaient désespérément sans parvenir à se dégager. Titan gagnait du terrain.

- Non, pas maintenant ! sanglota Astrid.

Björn verrouilla les portières du 4X4 et la rejoignit sur la banquette arrière.

- Calme-toi. Je vais sortir et nous dégager !

- Hors de question ! hurla la jeune femme. Pour qu'il te tire dessus et que cette fois, tu sois tué ? Reste assis !

- Mais il faut faire quelque chose !

Titan venait de sauter de son véhicule. Il marchait, malgré la poudreuse, à grandes enjambées rapides. Il tenait un objet qui ressemblait à une hache. Le colosse se posta devant la portière et fixa Astrid. Cette dernière ne distinguait que ses yeux, bruns et brûlants de haine.

Le Golem abattit son arme contre la vitre, qui se fissura avec un bruit horrible. Mikhaïl écrasait la pédale d'accélérateur, les roues tournaient encore, mais de plus en plus faiblement. Björn récupéra le fusil d'assaut dans le coffre, bien qu'il n'ait plus de munition, et poussa Astrid derrière lui.

Titan assena un second coup : la fissure s'élargit. Astrid remarqua qu'il portait aussi une kalachnikov, qui elle, devait être rechargée...

- C'est moi qu'il veut, murmura-t-elle, la gorge serrée. Je vais me rendre.

- Même pas en rêve ! rugit Björn. Il va te tuer !

- Mieux vaut seulement moi que nous trois, geignit la jeune femme.

- Et Marcus ? explosa le Suédois.

La vision de l'adorable frimousse de son fils rapporta à Astrid un peu d'instinct de survie. Au prochain coup de hache, la vitre allait céder. Titan poussa un cri sauvage et leva son arme encore plus haut. Alors qu'il l'abaissait, le 4X4 émit un sifflement douloureux et se dégagea enfin. Le véhicule démarra, plantant là le Golem furieux. Un énorme soupir de soulagement emplit l'habitacle.

- Tout juste ! s'exclama Björn.

- On l'a échappé belle ! renchérit Mikhaïl.

Astrid n'en revenait pas : à une seconde près, ils étaient tous morts, et elle la première. Sa tête tournait et son cœur menaçait de rompre.

- Je crois que je vais m'évanouir, chuchota-t-elle.

Björn l'attira contre lui.

- C'est fini, ne t'inquiète pas...

- Ce soir, nous serons en sécurité, affirma Mikhaïl.

- Où ça ?

- Chez ma grand-tante. Je ne l'ai pas vue depuis dix ans, mais je l'ai contactée. Elle est prête à nous accueillir cette nuit. Elle a une bonne serrure et un fusil sous son lit.

- Parfait ! fit le Suédois en se frottant les mains. J'espère qu'elle cuisine bien !

- Dans mon souvenir, elle faisait les pelmenis à merveille.

- Je ne sais pas ce que c'est, mais ça a l'air bon !

Astrid, elle, n'avait pas faim. Son estomac accusait le coup comme tout le reste de son organisme. Tant bien que mal, le 4X4 parcourut les derniers kilomètres et s'arrêta une heure plus tard dans un tout un petit village au bord du golfe du fleuve Ienisseï.

La maison de Galina, la grand-tante de Mikhaïl, ressemblait plus à une cabane qu'à une vraie demeure. Tout en bois, elle était peinte de naïves fleurs colorées. Astrid, en voyant l'environnement hostile et glacial où elle se trouvait, se demanda comment une vieille dame pouvait y vivre seule. La fameuse Galina avait en effet près de quatre-vingt-dix ans, et un visage aussi fripé qu'une vieille pomme. Sa tête était entourée d'un foulard bariolé et elle portait un tablier blanc sur sa robe rouge.

Elle ne parlait que russe, et Mikhaïl dut traduire les présentations. L'intérieur du logis était surchauffé par une grosse cheminée au-dessus de laquelle pendaient d'épaisses chaussettes de laine. Sur la table bancale était posée la seule richesse des lieux : un samovar et un service à thé ouvragés. Un lit dans le coin de la pièce ployait sous une large peau de bête qui ressemblait à celle d'un ours.

Galina leur servit un thé brûlant au goût âcre. Astrid se sentait intimidée malgré le sourire de la vieille dame, qui bavassait en russe avec Mikhaïl. Björn, lui, paraissait totalement à l'aise et attendait le repas avec impatience.

- Ça va ? demanda-t-il à la jeune femme.

- Je...oui, je suis encore un peu secouée, c'est tout.

Il l'embrassa sur la tempe et lui caressa le bras. Astrid comprit la signification de ce geste et en fut étonnée. Il a envie de faire l'amour.

Galina revint avec une énorme gamelle. Elle contenait une soupe où flottaient du chou, des carottes, des oignons et une sorte de crème blanche.

- Chtchi, annonça la vieille dame avec son sourire édenté.

Mikhaïl et Björn se servirent généreusement, mais Astrid se contenta d'un fond de bol. La faim l'avait véritablement désertée. Elle se força à avaler quelques cuillerées pour faire plaisir à la grand-tante.

- Est-ce que nous sommes encore loin ? dit-elle à Mikhaïl.

- Une centaine de kilomètres.

Subitement rassurée, Astrid regarda avec un appétit nouveau le plat apporté maintenant par Galina, des sortes de raviolis. Elle en mangea quelques-uns jusqu'à ce que Mikhaïl lui explique innocemment qu'ils étaient à base de viande d'ours. La vue de la peau de bête sur le lit faillit la faire vomir.

- Ce sont ses célèbres pelmenis, sourit le Russe, qui ne s'était rendu compte de rien.

Heureusement, le dessert fut plus normal : des petites crêpes sucrées. Astrid et Björn quittèrent ensuite la table, saluèrent Galina et son petit-neveu et allèrent dans la pièce adjacente qui servait de réserve à la vieille dame. La chaleur y était moins intense. Le Suédois installa un épais duvet sur le sol, avec plusieurs couvertures prêtées par la grand-tante.

Nous allons dormir comme lors de notre première fois, dans un sac de couchage, par terre, songea Astrid.

Ils se blottirent sous le duvet puis Björn vint sur elle. La jeune femme passa les bras autour de son cou et laissa les choses se faire.

Là, c'est notre dernière fois, réalisa-t-elle. Tout fini comme cela a commencé. Elle le sentait au plus profond de son cœur.

Et Björn, en avait-il conscience ?

Au moment du plaisir, elle croisa son regard.

Oui, il en avait conscience.

Le lendemain matin, ils dirent au revoir à Galina la dépeceuse d'ours et parcoururent la distance qui les séparait encore du legs de Simon Solovine.

Ils s'arrêtèrent. Au premier abord, Astrid ne vit rien d'autre que l'immensité glacée de la toundra. Puis Mikhaïl lui indiqua une masse noire qui dépassait légèrement du sol.

- Qu'est-ce que c'est ?

- L'entrée d'un bunker.

Le Russe, la jeune femme et Björn sortirent du 4X4 et se dirigèrent, pliés en deux par le vent épouvantable qui soufflait avec fracas, vers ce bunker.

- Il est souterrain, expliqua Mikhaïl.

Il se plaça devant la paroi inclinée et sombre qui devait être une entrée. Un petit boitier y était inséré. Le Russe sortit de sa poche un papier avec un interminable code de chiffres, et entreprit de le taper sur le clavier. Son doigt glissa et il dut recommencer du début. Enfin, après plus de cinq bonnes minutes, il y eut un « clac » caverneux et la paroi coulissa, révélant un boyau ténébreux. Le trio, armé d'une lampe-torche, s'y glissa.

Leurs pas résonnaient lugubrement. Astrid prit la main de Björn, angoissée. À quoi pouvait-elle s'attendre ?

Ils débouchèrent dans une immense salle. Mikhaïl dénicha un interrupteur et une lumière crue inonda la pièce. Ce qu'ils y virent les laissèrent un moment bouche bée.

Un char d'assaut énorme, gris et rutilant, avec un canon et des roues presque aussi grandes qu'Astrid trônait au plein milieu. Björn fut le premier à s'approcher.

- Waouh ! Je n'en avais jamais vu !

La jeune femme le rejoignit et posa timidement sa main sur la carrosserie.

- Un tank ! Il me lègue un tank ! murmura-t-elle.

- Ce n'est pas tout ! Venez voir !

Mikhaïl se trouvait un peu plus loin, devant une caisse. Astrid y discerna une sorte de grand cône argenté.

- Qu'est-ce que c'est ?

- Je crois...bon sang, on dirait une ogive !

- Une quoi ?

- Un missile !

- Et là, je crois bien que c'est un satellite espion ! s'exclama Björn un peu plus loin.

Astrid ne savait plus où donner de la tête. Elle s'approcha de l'appareil rond avec deux grandes ailes en métal.

- Un satellite ? Comme...comme dans l'espace ?

- Oui ! Mais attends, il y a encore mieux !

Le Suédois lui lança un clin d'œil, puis lui colla sur la tête une casquette militaire kaki ornée d'une étoile rouge. Il lui enfila dans la foulée une veste assortie beaucoup trop grande.

- C'est un uniforme de l'armée Rouge, commenta Mikhaïl. Il a l'air ancien : il doit dater de la Guerre Froide...

Ils trouvèrent des armes flambant neuves empilées dans un coin, une photographie de Lénine authentique et une carte du monde annotée. En la soulevant, Astrid tomba sur une lettre. Même si elle l'avait rarement vue, elle reconnut l'écriture de Solovine :

« À Astrid Cavaleri,

J'ose espérer que cela suffira à vous défendre en cas de besoin et à me permettre de tenir la promesse faîte à mon grand-père. N'oubliez pas que ce ne sont pas des jouets. Je vous fais confiance. La veste et la casquette ont été portées par Staline. Ne les abîmez pas.

Bien à vous, Simon. »

La jeune femme retira avec horreur le vêtement et le couvre-chef, et les tendit à Björn. Il avait lu par-dessus son épaule et était hilare.

- Je le reconnais bien là, soupira Astrid en glissa le mot dans sa poche. Il m'offre un véritable arsenal pour protéger ma petite personne, mais me laisse un mot très peu aimable.

- Tu devrais garder la casquette, elle te va bien.

- Ce n'est pas drôle, Björn ! Qu'est-ce que je vais faire de tout ça ?

- Tu vas tout laisser ici, lui répondit Mikhaïl en posant une main sur son épaule. Et garder le code de l'entrée... « en cas de besoin ».

Astrid hocha la tête. Ils restèrent un moment encore dans le bunker. La jeune femme s'imagina ressortir des lieux dans le tank, rouler jusqu'en Bretagne et détruire le manoir de Garanec jusqu'à la dernière pierre après en avoir extirpé son fils, Salvatore, Madeleine et peut-être Daniel. Mais malheureusement, ce n'était pas la méthode la plus discrète.

Elle ferma les yeux et prit une grande inspiration. Un bref instant, elle eut l'image de Solovine derrière les paupières.

Ce n'est peut-être pas le cadeau le plus pratique, mais merci, Simon.

- On y va ? lança Björn.

- Oui.

Astrid prit la tête du trio et se dirigea vers la porte. Mais là encore, il fallait taper le long code. Mikhaïl s'en occupa et sortit le premier. La neige tombait à nouveau et elle était si dense qu'un moment, la silhouette du Russe s'effaça complètement. La jeune femme et Björn regagnèrent le 4X4 mais ne l'y trouvèrent pas.

- Mikhaïl ?

Il y eut soudain le déclic sinistre d'une arme à quelques mètres d'eux. Titan tenait le Russe contre lui, kalachnikov sur la tempe.

- Toi ! fit le Golem en indiquant Astrid du menton. Tu me suis !

- D'accord, mais relâche-le tout de suite !

Titan montra sa motoneige.

- Quand tu seras montée là-dessus uniquement.

Björn referma sa main sur le bras d'Astrid. Ses yeux bleus brillaient d'angoisse et de peur.

- Astrid...

- Ça va aller, Björn. De toute façon...cela devait arriver un jour.

Elle lui lança un dernier regard, passa devant Titan qui serrait toujours Mikhaïl, et s'installa à l'arrière de la motoneige.

- Mets ta main dans la menotte ! ordonna le Golem.

En effet, un bracelet métallique pendait sur le côté, relié solidement à la carrosserie. La jeune femme s'exécuta en silence. Titan repoussa violemment Mikhaïl qui tomba dans la neige, et la rejoignit à grands pas. Il démarra le véhicule et, sous les yeux larmoyants de Björn, le colosse et la mère de son fils disparurent dans un tourbillon blanc.

Chère Edna,

Pardonne-moi. Ces derniers temps, je n'ai pas pensé suffisamment à toi. Pire : j'ai appris ta mort dans ma cave. Toi, la brillante, tu es morte dans l'obscurité. Je n'arrive pas à y croire. Tu paraissais éternelle, comme ces stars en noir et blanc des films d'Hollywood. Un visage parfait, un cœur parfait. Courageuse, forte, drôle, altruiste. Tu es sans doute la personne qui possédait la plus longue liste de qualités ! Dire que tu as séduite cette folle de Madeleine !

Je regrette tant de n'avoir rien fait pour toi. De n'avoir pas essayé de t'arracher aux griffes de ce bouffon répugnant de McRaven. J'ai été égoïste. Je n'ai pensé qu'à Lars quand tu étais à la Villa, puis seulement à mon fils. Excuse-moi encore, Edna. Tu as perdu une guerre qui n'était pas la tienne. Mais McRaven est mort, lentement et douloureusement de surcroît. Il le méritait. Tu es un peu vengée.

Je n'imagine même pas comment doit se porter Madeleine. J'espère qu'elle va se remettre, continuer à plaisanter sur tout, avec son ton désinvolte. Je pense que toi aussi, c'est ce que tu veux. Je crois que tu étais l'amour de sa vie. Parce que oui, Madeleine est capable d'aimer, tu le savais comme moi.

Oh, et ne t'inquiète pas pour ton chien, Citrus. Si Madeleine refuse de le prendre, je le ferais venir à la Villa. Il pourra jouer avec Marcus.

Quant à tes casinos, je vais aussi en prendre soin. Je vais engager quelqu'un de bien pour les gérer. Quelqu'un en qui j'aurais profondément confiance.

Je me sens perdue, Edna. Je vois les miens disparaître un par un. Ceux que j'aime sont en danger à cause de moi. Desmarais et sa bande arrivent à foudroyer les personnes les plus pures, comme toi. Rien ne peut les arrêter...j'ai peur pour tout le monde, et particulièrement pour mon bébé. Tu n'as pas eu d'enfant, mais je crois que tu comprends ce que je ressens.

Repose en paix, mon Edna, mon amie. Repose au jardin des étoiles. Nous ne t'oublierons jamais. Je m'occuperai de Madeleine et de Citrus. Compte sur moi.

Astrid.

Cher Naranbaatar,

Tu as eu tant de noms que quelqu'un d'autre que moi pourrait s'y perdre. D'abord, Le Métis. Ce nom stupide que t'a donné McRaven parce que tu n'as pas su t'exprimer et lui faire comprendre que non, tu n'étais pas un enfant perdu sans terre ni identité. Quand je t'ai connu, c'est ce nom que tu portais. Et puis je t'ai vu devant ma fenêtre, le regard plongé dans les étoiles du ciel de Saint-Pétersbourg. À cette époque, « l'ère Solovine », j'étais enfermée dans son palais avec des criminels qui me faisaient peur. Je n'ai plus vraiment peur d'eux, aujourd'hui, rassure-toi. Gonzalo et Abu sont des amis. Des amis très bizarres, certes.

Alors, comme j'avais désespérément besoin de compagnie, j'ai tenté de te parler. Comme tu ne répondais pas, j'ai parlé toute seule. Je me suis citée le nom des planètes, et là, tu as réagi. Je t'ai donc baptisé Urano. C'est ma planète préférée, je trouve qu'elle a une couleur magnifique.

Ensuite, Solovine m'a envoyée en Russie avec Björn. Nous avons suivi les bikers Anarkhisty pour trouver ceux qui leur fournissaient de la drogue. Et...c'était toi et ton frère, Al ! J'ai été tellement surprise ! Là, j'ai appris ton vrai nom de naissance : Naranbaatar. Cela signifie « héros du soleil » ou même « dieu du soleil ». Magnifique aussi.

Je réalise que je ne t'ai vraiment connu que quand tu es venu à la Villa. Avant, je ne savais rien de ton passé, de ta condition de Golem, de la raison pour laquelle tu as fini à la P.I.H.S. Je ne savais pas non plus à quel point tu avais un cœur tendre. Je me souviendrai toujours de ta gentillesse avec Marcus. Et surtout, de ton sacrifice. Tu as tué McRaven pour le protéger, sans réfléchir, simplement parce que tu l'avais choisi.

J'ai appelé ton frère, Al. Il n'a pas pleuré, il n'a rien dit. Mais il y a des silences qui disent beaucoup plus long que des mots. Je lui ai proposé de s'installer à la Villa (il y a tellement de place !) mais il a refusé. Il veut rester dans votre pays. Il m'a simplement réclamé tes os, pour qu'ils reposent sous votre terre. J'ai voulu les lui envoyer moi-même, mais excuse-moi, je n'ai rien d'une fossoyeuse. Alors il a accepté de venir les chercher en personne. Il est aussi adorable que tu l'étais.

Toi aussi, repose en paix, mon ami, avec le soleil, les planètes et le silence.

Astrid, la minuscule gamine que tu prenais sur tes épaules.

Merci <3

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