Chapitre 21
Fiora était mal à l'aise. Depuis qu'elle avait traité Axel de « chiure démoniaque » à l'hôpital, ce dernier lui faisait ostensiblement la tête. Et quand il faisait la tête, le regard qu'il daignait poser sur vous était tout simplement terrifiant. De plus, Fiora se sentait seule. Sa mère était toujours enfermée, et quand elle allait voir Daniel, il ne lui parlait que d'Astrid et de Marcus. Erwan était lui partit dieu sait où sans se rendre compte que son vivarium n'existait plus.
Un matin, Fiora se résigna à retourner voir Axel. Dans son bureau surchauffé et encombré de livres, il avait ouvert la fenêtre et un vent glacé bataillait avec l'air brûlant.
- Euh...ça va ? fit timidement Fiora.
- Qu'est-ce que tu fais ici, toi ? répliqua Axel de sa voix la plus méprisante.
- Je me disais que...on pourrait discuter.
- Je ne veux pas discuter avec toi.
- Mais pourquoi ? gémit la jeune femme.
- Tu m'as insulté et tu viens me voir sans même t'excuser.
- Bon...je suis désolée.
Axel fit faire demi-tour à son fauteuil et la contempla avec un air blasé.
- Tu crois vraiment que ça me suffit ?
Fiora ne sut pas quoi répondre. Les yeux réfrigérants d'Axel lui firent baisser les siens comme une petite fille punie.
- Depuis que je suis dans ce fauteuil, tout le monde me regarde de haut, lâcha-t-il brusquement. Même toi. C'est particulièrement humiliant.
- Si tu veux, je peux m'asseoir...
- Tu serais alors à la même hauteur que moi. Or, pour demander pardon, je pense qu'il faut être plus bas.
- Je ne comprends pas.
- Je veux que tu implores mon pardon à genoux.
Fiora ne put s'empêcher de rire. Le visage d'Axel resta impassible.
- Tu rigoles ? Rien que ça ?
Il leva une main et lui fit signe de sortir.
- Dans ce cas, fiche le camp. Et ne remets jamais les pieds ici.
- Oh, Axel ! Je ne vais pas tout de même pas me mettre à genoux comme au Moyen-Âge ! Je te demande pardon, articula-t-elle. Voilà.
- Ce que tu peux être stupide, cracha Axel. J'en viens à me demander pourquoi j'ai accepté de t'aider et surtout de te loger chez nous. À quoi sers-tu ?
Fiora ouvrit la bouche mais il la coupa :
- La réponse est : strictement à rien. Tu échoues et tu bavardes. C'est tout ce que tu sais faire. Pire, tu oses te moquer. Prends tes valises et dégage.
- Hé ! protesta la jeune femme. Ce n'est pas gentil !
- Il est temps que je cesse de m'encombrer avec des choses inutiles.
Axel avait plus que jamais l'air effrayant. Son visage livide semblait gravé dans une pierre froide et sur ses mains crispées saillaient des veines tendues.
- Des choses comme ta mère, comme Salvatore Umberto, comme Astrid Cavaleri et le bébé qui passe son temps à hurler !
Il avait crié. Fiora, pourtant habituée à ces menaces, sentit son cœur s'affoler. Axel roula jusqu'à la fenêtre qu'il ferma d'un coup de coude. La jeune femme comprit qu'il n'y avait plus rien à faire. Ravalant son orgueil et ses larmes, elle s'agenouilla sur le tapis.
- Je suis désolée de t'avoir insulté. Je te demande pardon.
Elle n'osa pas relever la tête jusqu'à ce qu'Axel pousse un soupir.
- Très bien. Je te pardonne.
Dans le bureau, la chaleur étouffante avait enfin repris le dessus sur l'air frais de l'extérieur.
***
À la nuit tombée, une silhouette discrète se glissa jusqu'à la chambre d'amis où Marcus dormait paisiblement. Daniel referma doucement la porte derrière lui et le prit dans ses bras. Il y a deux jours, il avait appris l'existence des parties de jeux vidéo nocturnes qui se déroulaient au rez-de-chaussée avec Madeleine, Salvatore et le Golem Lucien. Daniel comptait donc s'inviter à la réunion clandestine de cette nuit avec Marcus. Ainsi, tout le monde pourrait voir le bébé d'Astrid. Mais c'était une surprise...
Il donna quelques coups ténus contre la porte des appartements de Martin. Quelques minutes plus tard, il y eut un bruit de clés et Lucien ouvrit le battant. Daniel se glissa à l'intérieur.
Salvatore et Madeleine étaient assis dans un grand canapé en cuir devant une télévision, où un zombie se fit exploser le crâne en répandant du sang sur l'écran.
- Encore gagné ! fit Salvatore avec une voix presque réjouie.
Madeleine eut une réplique cinglante que Daniel n'entendit pas. Lucien se racla la gorge et ils se retournèrent. Salvatore bondit en apercevant le bébé. En quelques pas, il rejoignit Daniel et tendit les bras.
- C'est Marcus, murmura le Canadien en voyant que l'Italien n'osait plus bouger. Prenez-le...
Il lui donna le bébé et Salvatore fondit en larmes. Madeleine se leva à son tour et Lucien éteignit la console de jeux. Marcus, réveillé, poussa un babillement et essaya d'attraper le nez de Salvatore qui chuchotait des mots sans suite en italien.
Daniel ne l'avait jamais vu aussi ému.
- Est-ce que je peux le voir moi aussi ? fit la voix timide de Madeleine.
Salvatore consentit à lui passer Marcus qui ouvrait grand ses yeux d'un brun doux devant ces nouveaux visages.
- Il est très beau, lâcha Madeleine d'un ton empreint de gravité. Il lui ressemble.
- Oh, oui !
Lucien s'était approché et paraissait captivé par le bébé.
- Il doit s'ennuyer sans ses parents, dit-il, l'air attristé.
Salvatore reprit Marcus et retourna s'asseoir. Madeleine le suivit de près en faisant des grimaces au bébé qui éclatait de rire. Daniel se sentit soudain exclu. Si tout cela finissait bien, Salvatore et Madeleine pourraient passer avec Marcus autant de temps qu'ils le voudraient. Ils faisaient partie de sa famille, celle d'Astrid. Mais plus lui.
- Venez, Daniel, l'appela pourtant Madeleine. Ne restez pas debout bêtement.
Le Canadien s'assit près d'eux et regarda Salvatore gazouiller avec Marcus. Il l'imagina avec Astrid au même âge et sourit. Qui pouvait croire au premier regard que l'Italien était un papa poule ?
- Il est où le bébé ? chantonna Madeleine en se cachant les yeux.
Et elle, qui avait toujours été odieuse avec sa fille ? Qui penserait qu'elle était capable de jouer à des jeux pareils avec un nourrisson ? Décidemment, Marcus avait un pouvoir d'attraction irrésistible. Comme Astrid.
- Il lui ressemble tellement ! répéta Madeleine. Le même nez, la même bouche !
- Il ressemble aussi beaucoup à Björn, remarqua Daniel d'une voix amère.
Sans se l'avouer, il restait jaloux du Suédois, même si le couple qu'il formait avec Astrid semblait bancal et uniquement basé sur Marcus.
- Je regrette de n'avoir pas pu le voir pousser et naître, soupira Salvatore. Dire que j'ai passé toute la grossesse d'Astrid enfermé dans les appartements du dingue !
Daniel eut envie de lui dire que les fourmis avaient été exterminées, mais il préféra ne pas lui faire de fausse joie. Le temps s'écoula rapidement. Quand le soleil pointa ses premiers rayons, Daniel récupéra Marcus et quitta les appartements de Martin, ni vu, ni connu.
Erwan rentra quelques heures plus tard de Paris. Il y avait passé des jours délicieux, dans le plus grand palace et les meilleurs restaurants, en compagnie de garçons charmants. Le Breton était revenu avec Isaac Fox, un membre de l'ONU corrompu. Ce grand homme maigre aux cheveux blancs lui plaisait beaucoup : pas physiquement, oh non, mais ils partageaient la même passion pour les tableaux du seizième siècle et les tortures médiévales.
- Voici donc l'endroit où vous vivez, fit Isaac en admirant la façade du manoir.
- La demeure des marquis de Garanec jusqu'à la Révolution...
Erwan sourit et poussa la porte de la grande pièce. Il montra à Isaac le portrait de son aïeul Roland Alexandre, les fauteuils Louis XV, la maquette réalisée par ses soins du bateau l'Hermione, et le buste de Diane chasseresse récupérée dans un château de la Loire après quelques magouilles.
- Très beaux objets, commenta le membre de l'ONU.
- Mais qui n'empêche pas la modernité ! répliqua le Breton qui sentait un certain scepticisme dans la voix de son ami. Mon manoir recèle de nouveautés technologiques.
- Ah, vraiment ?
- Mais oui ! Savez-vous qu'il est muni d'un système d'autodestruction ?
Cette fois, Isaac Fox fronça les sourcils.
- Comment ça ?
Erwan se posta devant la fenêtre comme une princesse qui guette son chevalier, très théâtral.
- Imaginez : nous sommes encerclés par des ennemis, qui en veulent à notre dignité et à notre vie. Allons-nous nous laisser prendre et abattre comme des animaux ? Non ! Les Cavaliers de l'Apocalypse meurent dans l'honneur, selon leur bon vouloir, leur propre choix. Alors, nous appuyons sur le bouton rouge...et nous partons avec panache !
- Où est-il, ce bouton ?
- Je vais vous le montrer...mais avant, laissez-moi vous présenter nos fameux Golems !
Isaac s'était montré très intéressé par l'armée fondée par McRaven. Elle lui paraissait beaucoup plus percutante et efficace que les Casques Bleus.
Erwan introduit Lucien, Okami et Tahmil. Tous les trois de haute taille et musculeux, ils étaient pourtant différents. Le premier, pâle et roux, était le seul à sembler mal à l'aise.
- C'est une jeune recrue, expliqua le Breton. Il est encore émotif.
Le second, un Asiatique avec un tatouage de dragon dans le cou, plut énormément à Isaac. Le dernier, le teint mat et les yeux très noirs, regardait droit devant lui. Pour attirer son attention, Erwan lui donna une gifle. Il ne réagit pas mais consentit à les regarder. Isaac apprécia voir ces êtres bien dressés, insensibles et probablement morts à l'intérieur.
- Je peux en acheter un ? demanda-t-il.
- Si notre plan fonctionne, ils seront à votre service, et gratuitement.
- Le plan fonctionnera. L'ONU ne tiendra pas longtemps avec moi. Je sais où frapper pour que tout s'effondre.
Erwan, ravi, fit un geste et les trois Golems s'éloignèrent. Le Breton et son ami ne virent pas les colosses échanger quelques mots à voix basse.
- C'est l'heure du bouton rouge !
Erwan ouvrit une porte et poussa un hurlement. Son vivarium était rempli d'eau et ses fourmis chéries toutes noyées.
- Que se passe-t-il ? questionna Isaac.
Le Breton prit une grande inspiration et retrouva son calme le temps de le mettre poliment dehors. Puis, dans un état second, il appela les Golems à grands cris. Une dizaine de gaillards répondit à son appel et Erwan, en vociférant, demanda qui avait osé assassiner ses meilleures amies.
- Ce n'est pas nous ! protesta aussitôt Lucien, qui avait encore un peu de spontanéité.
- Encore heureux ! cracha Erwan. Espèce d'imbécile !
Un Golem brun intervint alors :
- Si je peux me permettre...j'ai croisé le fils de monsieur Desmarais qui sortait de cette pièce, juste avant que vous ne partiez. Il m'a dit qu'il avait fait « un peu de ménage ».
- Du ménage ? s'étrangla Erwan. Comment a-t-il osé ?
Il planta là les Golems et monta les escaliers quatre à quatre jusqu'à la chambre de Daniel, qui s'y trouvait, debout devant sa bibliothèque.
- Qu'as-tu fait ? siffla le Breton.
- Je ne vois pas de quoi vous voulez par...
Daniel ne put terminer : il reçut en plein visage un objet qu'il ne distingua pas, et qui l'envoya à plat ventre sur le tapis, la bouche pleine de sang. Quand il put rouler sur le dos, Erwan tournait autour de lui comme un vautour. Il tenait à la main ce qui ressemblait à une chaîne en métal, qu'il faisait claquer contre sa paume.
- Comment as-tu osé, idiot, me défier ainsi ? Je sais que c'est toi !
- Moi ?
- Toi ! répéta Erwan, aussi vert de rage que ses yeux de serpent. Tu as tué mes fourmis !
Daniel se redressa. Il était particulièrement fier de cet acte et prêt à affronter la colère du Breton avec dignité. Sauf qu'un deuxième coup de chaîne le força à se rallonger, les bras repliés sur le visage.
- Vous n'avez pas le droit de me frapper ! Je suis le fils d'Ax...
- Seulement quand ça t'arrange, ingrat ! En réalité, il ne sait plus quoi faire de toi. Tu le désespères. À vrai dire, je crois que tu désespères tout le monde ! Même la Cavaleri, ce petit animal en chaleur, n'a pas voulu de toi !
Daniel ne s'attendait pas à une telle méchanceté. Mais ce qui le mit le plus en rage, c'est l'insulte proférée contre Astrid. Il se releva et saisit le poignet d'Erwan, qui s'apprêtait à le frapper à nouveau.
- Oui, j'ai tué vos sales bestioles ! Et j'ai pris énormément de plaisir à les voir agoniser !
- Tu sais qui agonisera et me donnera du plaisir, à moi ?
Le visage d'Erwan avait retrouvé sa couleur habituelle et un sourire horrible déforma ses lèvres. Daniel eut des envies de meurtres. S'il avait eu un couteau, il lui aurait planté en pleine tête, encore et encore, jusqu'à ce que son visage de bellâtre pervers ne soit plus que de la bouillie.
- Salvatore ! Je commencerai par prendre ce qu'il a toujours refusé de me donner, puis je le jetterai par la falaise, et le bébé brailleur après lui ! Et ils finiront grignotés par les mouettes !
- Je vous en empêcherai, siffla Daniel.
- Qu'est-ce que tu vas faire, mon grand ? En parler à papa ? Mais Axel me choisira ! Moi, je ne l'ai jamais déçu ni trahi !
- Si vous saviez comme je me fiche qu'il vous choisisse ou non !
- Tu es pitoyable, mon garçon. Lâche, stupide et dégoulinant de mièvrerie. Comment Axel a-t-il pu t'engendrer ? Je ne vois qu'une seule solution : tu as tout pris de ta salope de mère !
Daniel arracha la chaîne de métal des mains d'Erwan et le frappa de toutes ses forces. Le sang gicla mais il recommença jusqu'à ce qu'un bras puissant l'arrête. Un Golem le repoussa sèchement et aida le Breton à se relever. Ce dernier, malheureusement, était bien en vie mais arborait une plaie sur la joue qui, Daniel l'espérait ardemment, lui ferait une affreuse cicatrice.
- Tu paieras ça ! rugit Erwan.
- Vous aussi, vous paierez pour tout ce que vous avez dit !
La porte claqua et Daniel resta seul. Il essuya le sang sur son visage, puis rassembla ses affaires. À partir de maintenant, il dormirait dans la chambre d'amis avec Marcus et veillerait sur Salvatore vingt-quatre heures sur vingt-quatre. Peut-être que certains Golems l'aideraient...
Le lendemain, Axel vint le trouver. Il semblait calme et même détendu.
- Cela te plairait de venir te promener avec moi ?
Daniel ouvrit la bouche pour dire qu'il ne voulait pas laisser Marcus seul, mais son père l'interrompit :
- Erwan est parti ce matin en voyage. Il ne revient que la semaine prochaine.
Rassuré, il consentit à suivre Axel. Sortir lui ferait du bien. Un Golem aida à transporter le fauteuil roulant jusqu'à la longue plage, puis les quitta.
- Le sable est un peu mouillé, remarqua Axel. Il faudra ensuite qu'il nettoie les roues. Mais tant pis. Sois gentil et pousse-moi. J'ai les bras fatigués.
La marée était basse et on distinguait à peine la mer, au loin. Dépourvue de végétation, la plage s'étendait à perte de vue. Des rigoles creusées par l'eau et de petits tas de coquillages ponctuaient le sable. Parfois aussi, un cadavre de crabe.
- Où est parti Erwan ? demanda Daniel d'une voix tendue.
- Au Japon, voir notre ami Kidokoro. Mais il fait escale à Dubaï.
Il y eut un long silence. Axel reprit :
- J'ai bien compris qu'il y avait eu un gros conflit entre vous.
- Le mot est faible, grinça Daniel.
- Erwan est spécial.
- Spécial ? C'est un...un...
Il ne trouva pas de mot adapté. Son père soupira.
- Cessons de parler de lui.
L'air était frais et même froid. Daniel resserra son écharpe. En Bretagne, le vent était impitoyable et fouettait le visage aussi bien que la chaîne d'Erwan. Par bonheur, Daniel n'avait plus qu'une cicatrice mauve qui disparaîtrait bientôt. S'il avait été marqué à vie, il aurait préféré s'amputer la joue.
- Vous avez trouvé un remplaçant pour McRaven ?
- Titan fera largement l'affaire. Il est très fidèle et connaît aussi bien notre plan, et peut-être même mieux, que Philip.
- Où est-il, en ce moment ?
- Titan ? Je l'ai envoyé en Russie pour une mission très importante.
- Quel genre de mission ?
- Tu le sauras bientôt.
Daniel fixa une mouette qui avait déniché des restes de crabe. L'animal releva la tête, la pencha sur le côté avec un air stupide et s'envola. Un instant, il l'envia. En voyant que le regard d'Axel suivait aussi le vol de l'oiseau, Daniel se dit qu'il n'était pas le seul.
- Tu connais le poème « L'Albatros » de Baudelaire, je suppose ?
- Bien sûr.
- Je suis comme lui. Cloué par terre, humilié.
Daniel n'osa rien dire.
- J'aurais voulu que tu me connaisses sur mes deux jambes, murmura Axel.
- Cela n'aurait rien changé. Ce ne sont pas les jambes qui font une personne.
- C'est ce que disent ceux qui peuvent s'en servir. Profite bien de tout ce que tu as. Cela ne dure pas.
Il est d'humeur mélancolique. C'est étrange.
Ils venaient d'arriver au bout de la plage. Daniel, avec difficulté, fit virer le fauteuil roulant. Ce dernier avait laissé deux longs sillons qui s'étendaient jusqu'au manoir, à l'autre bout de là. Le ciel plombé menaçait de pleuvoir.
- Rentrons.
Ils n'avaient même pas parcouru dix mètres qu'une pluie froide s'abattit sur eux. Axel leva le menton :
- Ce sera bientôt fini, déclara-t-il en observant les nuages.
Daniel hocha la tête : ce n'était qu'une averse. Son père répéta alors tout bas, pour lui-même :
- Ce sera bientôt fini.
Merci <3
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