Chapitre 40

- Mes parents, Ivan et Natalia, sont morts quand j'avais quatre ans, massacrés par un gang dans une rue de Saint-Pétersbourg. Ils étaient simplement au mauvais endroit au mauvais moment. Voilà d'où vient ma haine envers ceux qui ne respectent ni les lois ni la vie humaine.

Simon Solovine plongea ses yeux étranges dans ceux d'Astrid.

- Nous avons été élevés par mon grand-père, Vassili, mon frère et moi. C'était un ancien meurtrier, mais je l'adorais. Vous comprenez alors ma déchirure intérieure. Vivre avec cette contradiction...

Il secoua la tête et Astrid eut l'impression de voir une fissure dans ses prunelles.

- Grand-Père aimait Bianca, vous le saviez ?

- Oui.

- Il m'en parlait sans arrêt. Il ne s'est jamais remis de ne pas avoir été le père de sa fille, Carmen. Votre grand-mère. Vous connaissez les termes du Pacte ? "Je protégerai ton existence ainsi que celle de tes descendants". Bianca a ajouté cette dernière phrase pour être sûre que Grand-Père, par rage ou par jalousie, ne s'en prenne pas à Carmen. Il était un peu impulsif.

Cette litote le fit rire lui-même.

- Il y a quatre ans, Grand-Père m'a fait jurer, sur son lit de mort, de veiller sur vous. Comme j'étais son héritier, je devais moi-même respecter le Pacte, selon lui. J'ai promis.

Solovine caressa la boîte à musique avec son pouce.

- Vous étiez le dernier être à avoir le sang de Bianca dans les veines... J'ai donc commencé à enquêter sur vous. J'ai découvert que vous aviez été élevée par une des pires ordures du monde : Antonio Cavaleri, et ses laquais, Salvatore Umberto, Grace LaFonte, Ernesto Mensueda et Xiu Wang. Des mafieux, des proxénètes, des voleurs, des trafiquants...

- Xiu...vous l'avez tuée, chuchota Astrid.

- J'avais honte de devoir veiller sur vous. Vivre avec ces gens vous avait forcément corrompue, empoisonnée, pourrie. Mais j'avais promis. Alors, j'ai décidé de vous tester. Se débrouiller seule, en milieu hostile, faire face à la mort, réagir aux menaces, ne jamais abandonner ses amis...vous avez tout réussi. Même le dernier test, le plus difficile : découvrir le lien qu'il y a entre nous. J'ai pourtant tout fait pour vous en empêcher. Mais je ne m'attendais pas à ce que Charles Massaba vous apporte un coup de pouce...je le croyais mort. Enfin, j'avoue m'être bien amusé.

Solovine lui adressa un sourire bizarrement admiratif.

- Vous m'avez surpris...avec ce diamant, notamment.

Il sortit de la poche de sa veste la pierre précieuse qu'Astrid lui avait envoyée.

- Indestructible...

- Dîtes-moi pourquoi vous avez tué Xiu et Georgios.

- Xiu Wang possédait la boîte à musique de Twen-Chang. Je ne sais pas comment elle l'a obtenue, ni ce qu'elle savait exactement sur le Pacte, sur moi, sur Grand-Père, sur Bianca...bref, je ne pouvais pas prendre le risque qu'elle soit au courant de quelque chose et qu'elle vous le révèle.

- Et Georgios ?

- Il a connu votre grand-mère de...très près. Elle aurait pu lui parler de sa mère...mais apparemment, Carmen ne parlait jamais de Bianca. Georgios ne savait rien. Ou alors, il est mort sans avouer.

- Vous l'avez torturé ! s'exclama Astrid.

Il avait déjà vécu ça. Avec son ami Konstantinos.

- J'ai fait ce que je devais faire. Mais en contrepartie, j'ai épargné votre ami Claudiu Popa et votre amant, Daniel.

- Vous êtes un homme de cœur, ironisa Astrid.

- Y a-t-il quelque chose d'autre que vous aimeriez savoir, mademoiselle Cavaleri ?

- Saviez-vous, pour la vente aux enchères de la boîte à musique de Miguel Vargas ?

- Oui. J'ai corrompu le commissaire-priseur pour ne pas qu'il parle du tiroir secret, et j'ai envoyé un de mes hommes pour aller l'acheter. Mais pendant la vente, j'ai décidé d'abandonner. J'ai senti que...vous aviez déjà gagné. Il ne vous manque donc que la dernière...

Solovine poussa vers elle la boîte à musique de Vassili.

- Prenez-la. Et ça, aussi.

Il sortit d'un tiroir une toute petite araignée, taillée dans un rubis. Astrid la prit doucement. C'était le travail d'un orfèvre hors pair.

- Pour vous souvenir de moi. Je vous dis adieu, ma chère. Ma mission est terminée. Sortez, je vous en prie.

Astrid s'exécuta, déconcertée. Ensuite, Simon Solovine, le président russe, se leva lentement, ramassa un pistolet niché dans une coupole en argent, et se tira une balle dans la tête.

"La principale information de notre journal, c'est évidemment le suicide du président russe Simon Solovine... Il se serait tiré une balle dans la tête à dix-sept heures et trente-deux minutes, heure locale...notre envoyé spécial à Moscou..."

Votre réaction devant cette annonce (et moi je suis l'oiseau lol)

Alors pas la peine de demander : "Mais pourquoi il s'est suicidé, Simon ?" parce que vous ne le saurez que dans le TOME 4 ! Eh oui ! Carrément !

Merci <3