Chapitre 39.2
Ils passèrent la nuit à faire l'amour, incapables de se rassasier l'un de l'autre. Astrid avait l'impression que tous ses problèmes se dissolvaient dans leurs étreintes. Elle se sentait enfin complète. Au petit matin, ils n'avaient pas fermé l'œil. Daniel somnola un moment dans le bain qu'ils prirent ensemble. Astrid en profita pour l'admirer.
- Comme tu es beau, et comme je t'aime !
Elle entremêla ses doigts aux siens. Daniel finit par ouvrir les yeux.
- Oh, je me suis endormi.
- Oui. Monsieur n'a pas tenu le coup, plaisanta-t-elle.
- J'avais oublié ce que c'était d'aimer de toutes ses forces.
- Dis-moi, non, promets-moi que tu vas divorcer de Mélissa.
- Évidemment ! Je ne l'ai jamais aimé, jamais.
- Comment est-elle ?
- Son père est canadien, sa mère haïtienne. Elle est très belle, c'est vrai. Mais froide. Elle fait tout pour obtenir ce qu'elle veut.
- Comme mentir.
- Oui. Elle savait que je pensais toujours à toi. Un jour, elle m'a dit qu'elle arriverait à me "guérir" de toi. Comme si tu étais une maladie. J'ai failli la frapper.
L'eau clapota autour de lui quand il attira Astrid sur ses genoux.
- Tu étais avec Björn ? demanda-t-il.
- Oui, il était à l'opposé de Lars : joyeux et chaleureux. J'avais besoin d'un peu de chaleur.
- Je comprends.
- Si tu allais te mettre au travail ? Tu as un document mythique à restaurer !
- Tes désirs sont des ordres, trésor.
- Si tu travailles bien, je te laisserai peut-être dormir, cette nuit.
- Je n'ai pas envie de dormir. J'ai toujours envie de toi. Toi, toi, toi !
Il lui fit un baiser esquimau et alla s'habiller en chantonnant. En milieu d'après-midi, il avait bien avancé. Le Pacte de Manfredi reprenait vie peu à peu.
Astrid réfléchit au sujet de la dernière boîte à musique, celle de Vassili. Charles avait dit que ce dernier était retourné en Russie après la mort de Bianca. Elle était donc probablement toujours là-bas. Mais comment en apprendre plus, sans se heurter à Solovine ? La jeune femme appela Charles.
- Que savez-vous à propos de Vassili ?
- Pas grand-chose, à vrai dire. Il ne me parlait presque jamais. Il ne supportait pas de devoir travailler d'égal à égal avec un Noir. Je sais qu'il a eu une fille...
Comme Charles ne put lui en dire plus, elle appela Mikhaïl, puis Fiora, et leur demanda à tous deux de trouver des informations sur Vassili Pazov.
- Maintenant, il ne reste plus qu'à attendre, soupira-t-elle, debout à côté de Daniel qui travaillait toujours.
Il souleva le tee-shirt rouge de la jeune femme pour lui embrasser la hanche.
- Tu vas trouver, mon trésor. Nous allons réussir.
- Oui. Nous deux.
- Si tu appelais Salvatore ? Le connaissant, il doit être mort d'inquiétude.
- Je le ferais quand le Pacte sera entier.
- La boîte de Pazov a peut-être été détruite...
- Non. Je le sens.
Le soir, Daniel avait réuni tous les morceaux disponibles du Pacte. Il manquait un coin gauche. Daniel le recouvrit de la deuxième plaque de verre. Soudain, le téléphone d'Astrid sonna.
- Cavaleri, c'est Mikhaïl. J'ai découvert quelque chose.
- Quoi donc ?
- Vassili a eu une fille, Natalia. Qui a épousé un certain Ivan Solovine.
La jeune femme manqua de lâcher son portable. Mikhaïl reprit d'une voix grave :
- Natalia et Ivan ont eu un fils, qu'ils ont appelé...
- Simon, acheva Astrid à sa place.
***
Je dois aller le voir. Maintenant, il est le seul à pouvoir m'expliquer. Et je suis sûre qu'il possède la dernière boîte. Astrid prit donc la décision d'aller à Moscou. Elle commit l'erreur d'en parler à Daniel :
- Tu ne peux pas y aller, trésor. Tu risques de te faire tuer.
- Mais non. Il aurait pu le faire bien avant, et je suis toujours là.
- Cet homme est fou. Il a tué Xiu et Georgios. Il s'en prend à tous les criminels, et il considère que tu en es une.
- Son propre grand-père était un criminel, Dan. Je suis certaine qu'il a des explications à me donner...
- Je ne vais pas te laisser mettre ta vie en jeu alors que je viens tout juste de te retrouver ! s'énerva-t-il. Je ne veux plus jamais te perdre.
Astrid poussa un long soupir.
- Je n'ai pas besoin de ton autorisation. J'irai.
- Je t'en empêcherai.
- Comment ?
Il lui attrapa les poignets et l'attira contre lui.
- Je ferai comme Salvatore. Je t'enfermerai. Pour ton bien.
- Toi, Daniel Tremblay ?
Astrid ne put retenir un ricanement moqueur. Elle était sur les nerfs.
- Tu ne feras rien du tout, Dan. Tu ne fais jamais rien.
Il frémit comme si elle venait de le gifler. Des rides se creusèrent autour de sa bouche.
- Tu dis cela pour que je te laisse partir, c'est ça ? Je te connais, Astrid. Fais-moi tous les reproches que tu veux, tu n'iras pas en Russie !
Elle l'avait rarement vu aussi en colère. La jeune femme battit en retraite, pour le moment. Elle comptait appliquer la même technique qu'en France : partir quand il dormirait. Après l'amour, alors qu'il sommeillait tranquillement, elle s'habilla. Astrid prendrait un train pour Madrid et de là, irait à Moscou. Elle traversait le salon quand la lumière s'alluma brusquement.
- Bordel, Astrid ! Tu me croyais aussi stupide ?
Daniel, plus furieux que jamais, se dirigea vers elle et lui prit le bras.
- Arrête ça !
Astrid avisa le tiroir où elle avait trouvé le pistolet et le spray au poivre. Elle bondit sur le côté et l'ouvrit. Elle prit l'arme à feu d'une main un peu tremblante. Daniel ne cilla même pas.
- Tue-moi, vas-y, la provoqua-t-il. Si tu pars, je suis déjà mort.
- Je t'aime, Daniel.
Elle lâcha le pistolet, prit le spray et lui en vaporisa en pleine figure. Il poussa un cri et recula, aveuglé. Elle prit ses jambes à son cou, et courut sans s'arrêter jusqu'à la gare. Hors d'haleine, épuisée physiquement et moralement, elle s'effondra sur son siège, et pleura jusqu'à Madrid.
Quand elle arriva à Moscou, son téléphone portable était saturé de messages affolés. Daniel avait prévenu Salvatore et Mama, qui la suppliaient tous les deux de revenir. Daniel annonçait qu'il allait lui aussi en Russie et qu'il ferait tout pour l'arrêter.
- Essaie, mon amour, murmura-t-elle en se rendant au Kremlin. C'est ma destinée.
Elle se présenta aux gardes, à qui elle montra sa carte d'identité. L'un d'entre eux disparut, et ne revint que trente minutes plus tard. Il lui fit signe de le suivre. La jeune femme avait l'impression d'avoir un métronome déréglé dans la poitrine.
C'est l'heure de la confrontation finale. Solovine contre moi. Vassili contre Bianca.
La première chose qu'elle vit dans le bureau du président, ce fut une boîte à musique blanche incrustée de nacre verte. Solovine posa sa main dessus et leva les yeux vers Astrid.
- Vous avez les quatre autres, n'est-ce pas ? demanda-t-il.
Il portait un costume et une chemise noirs, comme s'il s'apprêtait à aller à un enterrement.
- Oui. Je sais pour le Pacte. Je sais que Vassili est votre grand-père, et que Bianca est mon arrière-grand-mère. Charles Massaba m'a parlé des boîtes à musique.
Solovine s'assit sur une chaise et fit signe à Astrid. La jeune femme prit place face à lui.
- Je suppose que vous voulez que je vous explique ?
Il se frotta le front et prit une grande inspiration.
Qui avait deviné pour Simon ? Levez la main !
Merci <3
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