Chapitre 20.2
Mama et Ernesto n'étaient toujours pas rentrés de Sicile : Farid Hazdrah leur filait constamment entre les doigts. Quand Salvatore et Astrid arrivèrent à la Villa, Xiu était dans la cuisine et préparait un véritable festin : canard laqué, nouilles, pâtés impériaux, riz cantonais, porc aux pousses de bambou et poulet à la sauce aigre-douce.
- Je fais des réserves, comme Grace est absente, pour que vous puissiez manger quand je ne serais pas là, expliqua-t-elle du bout des doigts, en langue des signes. Et ce soir, nous avons un invité.
- Qui ?
- Moi.
Lars Wolfgang se tenait appuyé contre le mur juste derrière Astrid et Salvatore. La première sursauta brusquement. La jeune femme hésita longuement, puis se résigna à lui faire la bise.
- Que faîtes-vous ici, Wolfgang ? demanda Salvatore, suspicieux.
- Qui t'a fait ça ? fit le danois à Astrid, l'ignorant.
La jeune femme soupira en touchant son oreille bandée.
- Une longue histoire...
- J'espère que tu me raconteras ça pendant le dîner...si vous voulez bien de moi à votre table. Ça sent divinement bon. Je n'ai pas mangé de bonne nourriture chinoise depuis si longtemps !
Il montrait beaucoup de respect envers Xiu, et Astrid décida que c'était un très bon signe. Seul Salvatore semblait un peu contrarié. Il pense que Lars est ici pour prendre la place de Daniel...et il a sûrement raison.
Pendant le repas, Lars se montra prévenant et poli envers tout le monde. Manifestement, il déployait tout le charme dont il disposait. Astrid se sentait un peu mal à l'aise, mais aussi, elle devait bien l'avouer, rassurée. Il a dit qu'il m'attendrait, et il a tenu parole.
Néanmoins, elle lui fit soigneusement comprendre qu'il dormirait dans la chambre d'amis. En sortant de la salle de bain, il l'attendait devant la porte.
- Alors, Tremblay et toi, c'est fini ? demanda-t-il.
- Oui, Lars, répondit-elle, laconique.
- Je suis désolé.
- Menteur.
Elle attendit qu'il s'écarte pour entrer. Il la retint par la main.
- C'est à cause des roses, n'est-ce pas ?
- Oui, répéta-t-elle. Et de ta carte.
Il la fixa de ses yeux bleus, et ses doigts serrèrent fermement ceux d'Astrid. Puis il lui tint la nuque et se pencha avec l'intention évidente de l'embrasser. Elle préféra l'esquiver.
- Bonne nuit, Lars.
Et elle referma la porte derrière elle.
***
Le commissaire Caramanti était d'une humeur massacrante quand il présenta à Astrid et Salvatore le dernier évadé. Il ne s'était toujours pas remis de la fuite de Madeleine Clarence.
- Aleksandar Varapovic, nationalité serbe. Il était à la P.I.H.S depuis cinq ans. Apparemment, il tenait un cirque qui lui servait de couverture pour du trafic de drogue, d'animaux et même quelques meurtres. Il a vécu près de Bari.
- C'est un clown ? sourit Astrid.
- Pas vraiment, maugréa Caramanti. Vous le connaissez, lui ?
- Vaguement, répondit Salvatore. Encore un fou furieux. Il a des moustaches recourbées, comme Salvador Dali. Et il a essayé plusieurs fois de convaincre Antonio de venir à un de ces spectacles, sans succès.
- Un petit cirque vient justement de s'installer à la périphérie de Bari. Astrid, vous allez...
- Elle ne va rien faire du tout. Hors de question qu'elle risque encore sa vie. Elle a été blessée, la dernière fois, je vous rappelle.
- Vous allez vous y rendre et vous faire engager dans ce cirque. Mes hommes ont déjà enquêté sur son propriétaire et il ne s'appelle pas Aleksandar Varapovic...un faux nom sans doute, mais nous nous devons de vérifier que c'est bien lui, expliqua Caramanti, ignorant superbement Salvatore. Tâchez de trouver des preuves qui puissent le confondre.
- D'accord, acquiesça Astrid.
- Mon amour, ton oreille...
- Va très bien, Salva. Ne t'inquiète pas.
Bari était la plus grande ville des Pouilles. Elle se trouvait à environ deux cents soixante kilomètres de Naples. Astrid y était aussi déjà allée en vacances, il y a deux ans. Elle se souvenait y avoir visité le Musée provincial d'Archéologie et la Pinacothèque.
Salvatore s'entêtant à protester, Caramanti lui rappela subtilement que l'oreille d'Astrid se porterait mieux à Bari qu'à la P.I.H.S. L'aigle ne lâche pas ses proies.
Le petit chapiteau rouge était installé à la périphérie sud de la ville, entre le stade San Nicola et la ville voisine de Modugno, dans un grand champ hérissé d'herbes brunies par le soleil. Plusieurs caravanes étaient éparpillées aux alentours. Astrid remarqua que l'une d'elle abritait un tigre alangui qui la fixa de ses yeux jaunes et sauvages.
- Bonjour, toi, souffla-t-elle.
Un grand homme brun apparut et la rejoignit à grandes enjambées. Il portait un haut-de-forme rose et une veste queue-de-pie rouge. Il semblait sortir tout droit d'un dessin-animé. Malgré qu'il n'ait pas les moustaches mentionnées par Salvatore, Astrid reconnut Aleksandar Varapovic. Elle afficha un sourire respectueux.
- Vous voulez acheter une place pour la représentation ? fit Varapovic d'un ton mielleux.
- Oh, j'adorerais le voir ! Mais je voudrais aussi travailler pour vous. Gratuitement, s'il le faut. Je pourrais nettoyer ou nourrir les animaux...
- Eh bien, je ne refuse jamais de l'aide si gentiment proposée. Votre nom ?
- Angela...Orfei.
- Orfei ? Comme Moira Orfei, la reine du cirque italien ?
C'était le premier nom qui était venu à l'esprit d'Astrid, et elle se sentit un peu stupide. Moira Orfei était une actrice et une artiste de cirque célèbre. C'était un peu comme si elle avait affirmé être Mickey Mouse à un fan de Disney.
- Je suis de sa famille, en effet...mais éloignée.
- C'est tout de même un honneur ! s'exclama Varapovic en battant des mains. Venez !
Espérons que celui-ci ne se doute de rien et qu'il est vraiment naïf !
On en est officiellement à la moitié !
Love <3
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