7. Faire semblant
« Faire semblant d'aller bien est plus facile que d'expliquer à tout le monde le contraire »
Nous sommes enfin, finalement peut être pas si enfin que ça, vendredi soir autrement dit en vacances. Je suis seule dans mon lit en train de repenser à ma vie et aux changements qu'elle a subit. Moi-même j'ai changé je ne suis plus du tout la même fille, celle qui ne parle pas, que personne ne voit, ne connaît. Aujourd'hui, je parle un peu plus, ce qui n'est pas beaucoup mais qui me coûte beaucoup d'efforts, on me voit je suis plus trop invisible surtout avec mon top rose et violet que Lindsay m'a offert pour notre premier mois d'amitié. De mon côté, je lui ai offert un serre tête avec un petit chapeau violet sur le côté, c'était celui que j'avais dans mon sac, je n'en mets toujours pas, mais ce jour-là j'avais hésité donc je l'avais pris, heureusement car sinon je n'avais rien à lui offrir, c'était la première fois que ça m'arrivait je ne savais même pas qu'on devait compter les jours d'amitié et puis fallait déjà que moi et Lyndsay on soit amis. Et enfin la fille que personne ne connait, celle-là, elle est restée, c'est la seule à être encore là, c'est la seule à être vraie, les autres je me les suis inventées et fabriquées pour les autres. Je fais beaucoup de choses pour et comme les autres, tellement que je ne sais plus qui je suis. J'entends la clé dans la serrure de la porte d'entrée, ma mère rentre, et interromps mon bilan sur ma vie. Qui faits des bilans sur sa vie ? Qui fait des bilans sur sa vie à quatorze ans ?
Je descends accueillir ma mère, bien que notre situation ne soit pas arrangée plus que ça, pourtant j'essaye, elle est têtue et le problème c'est que moi aussi et moi non plus je n'ai pas envie que mon égo en prenne un coup. J'essaye quand même d'arranger les choses, c'est ma mère et la seule personne à laquelle je tiens alors je fais des efforts, elle aussi je crois, mais je n'en suis pas sûre. Peut-être qu'elle fait semblant si c'est le cas elle le fait bien.
- Coucou Maman tu as passé une bonne journée ?
- Non ! J'espère qu'elle va s'arranger ce soir, mais ce n'est pas gagné vu que rien est prêt même pas toi ! Va t'habiller et bien !
- D'accord maman ! répondis-je en baissant le ton, bien que ça me coûte de le dire et après un instant.
- Tu veux que je mette quelque chose de particulier ?
- Je ne sais pas moi, c'est toi qui t'habilles bien, qui a une armoire remplie et qui met toujours les mêmes choses pour que je repasse plus.
Ca ne lui est jamais venu à l'esprit que je ne le faisais non pas pour être méchante mais que j'avais une bonne raison ou du moins une autre explication. En plus vu le nombre de fois où je lui ai demandé si elle avait besoin d'aide pour le repassage ou autre. Ce n'est vraiment pas logique, de toute façon la logique et ma mère ça fait deux voire trois. Ne voulant pas rentrer dans son jeu qui ne va mener à grand-chose je monte les escaliers. Arrivée en haut, ma mère se rendit compte que ça remarque ne m'avait pas plu. Elle aurait plu à qui ? Pour se raviser, elle qui est encore pire que moi pour les excuses tenta de me parler.
- Je ne sais pas rends toi belle, ma chérie !
« Ma chérie », ça m'a fait bizarre, une étrange sensation, comment dire je ne sais pas, la dernière fois que je l'ai entendu, ce n'était pas n'importe quand, quand elle voulait s'excuser du départ de papa, elle m'a dit simplement « Ma chérie, je suis désolée », et depuis ce jour je n'ai jamais plus entendu ces mots, c'est à partir d'aujourd'hui que j'ai compris que ces mots me manque, et que en plus de mon père ma mère me manque. Je sens des larmes venir, et aussi l'envie de pleurer pour rien et pour tout. Mais surtout pour la découverte que je viens de faire, pour mon ancienne vie qui met une fin à mon bilan de toute à l'heure. Mais surtout j'ai envie de dire à ma mère que ce n'est pas de sa faute, que rien n'est de sa faute et encore moins le départ de papa, que ça ne servait à rien de s'excuser pour ça et ça ne sert à rien non plus de culpabiliser. Mais je ne dis rien, ça attendra, pas aujourd'hui, ni demain. Avant que mes yeux deviennent rouges, je lui envoie un sourire, elle en fait un en retour et je m'enferme dans ma chambre.
J'essaye tous mes habits, mais il y a toujours un truc qui n'e vas pas, de toute façon je trouve toujours un mauvais côté à tout, c'est ma façon de vivre, d'être, et c'est aussi comme ça que je me retrouve seule. Même si je sais très bien que la perfection n'existe pas et qui comme le disait Tiffany « Les personnes parfaites ne sont pas intéressantes », entre le savoir et l'appliquer aux autres il y a une énorme différence et à soi-même, la différence est... il n'y a pas de mot.
Après avoir mis toutes mes affaires par terre et me dirent qu'il faut absolument que je range tout avant qu'il arrive, je opte pour ma minijupe noire et un haut à manche longue en laine violet. La tenue que je mettais avec le serre-tête que j'ai offert à Lyndsay. J'ai rangé tous mes vêtements dans mon armoire, fait mon lit, ce que je fais environ une fois dans l'année et rangé ce qui traine. Je sais qu'il faut que je descende pour aider ma mère en bas, surtout qu'on a fait une sorte de paix, mais je n'en ai pas envie, car je lui en veut toujours, je ne sais pas pourquoi, mais tant que je n'aurais pas trouvé je lui en voudrais et bien sûr je ferais semblant du contraire. Après avoir hésité pendant deux longues minutes, j'ai chronométrer sur mon portable, il faut bien que cette application serve à quelque chose, je descends aider ma mère totalement stressée presque tremblante, je passe le balais, je ne suis pas sûr que ça change tout, mais ma mère me l'a demandé alors je fais, tout en écoutant de la musique bien sûr. Je danse en ayant le balais entre les mains, je respire presque la joie de vivre, mon monde est parfait. Mais, et oui il faut un mais, cette perfection comme toutes les perfections s'est terminé j'en ai l'habitude. Ca va se finir, se terminer et le tout c'est de savoir comment. Et ma mère prenant la parole, ce moment va se finir plus vite que prévue.
- Tu es belle ma fille ! Je sais ça commence bien mais je suis sûr que ça va se gâter et j'ai un très bon instinct pour ce genre de choses.
- Merci toi aussi cette robe te va très bien !
Elle porte une robe noire, trop classique à mon goût, surtout sur ma mère qui aime beaucoup les couleurs chaudes et les jupes longues, je trouve dommage qu'elle porte une simple robe noir, mais à sa décharge, elle lui va plutôt bien. Donc mon mensonge n'en est pas vraiment un. Je sais je joue sur les mots, mais qui ne le fait pas quand ça l'arrange. Moi ça m'arrange souvent, maintenant que vous savez que j'adore jouez sur les mots, je vais vous faire une autre confidence du même style, pour moi que les choses soit claires, ça n'engage que moi, mais mon père était d'accord et ça doit être à cause de lui que je joue sur les mots et que les mensonges par omission ne sont pas des mensonges à proprement parler. Après un instant où je trouve étrange que la situation n'est pas empirer, ma mère repris la parole et là cette fois j'en étais encore plus certaine que tout à l'heure, ça va redevenir horrible.
- Il faut qu'on discute d'un truc.
Ca y est je le savais, c'est une petite variante, mais la fin va être la même.
- Oui de quoi ?
- Tu sais qu'aujourd'hui Nicolas vient manger ce soir ?
- Oui !
Une réponse idiote à une question idiote, mais évidemment que je le sais sinon pourquoi je me serais bien habillé et pas en pyjama, pourquoi j'ai tout rangé, pourquoi ma mère est hyper méga stressée, et enfin pourquoi je ferais le ménage et que le balais me servirait de cavalier de danse, qui est d'ailleurs un des meilleurs cavaliers que je n'ai jamais eu, vu que mon seule cavalier a été mon père pour le rock et m mère pour la valse. Je reviens là où je voulais en venir, quand je parlais de la logique de ma mère.
- Et tu sais pourquoi il vient ?
- Non ! Ai-je dis alors que j'ai quand même une petite idée de la réponse et en ayant ma réponse à moi : pour que je passe une mauvaise soirée.
- Non ? Je l'ai invitée pour qu'il connaisse notre famille, lui il n'en a pas, il n'a personne.
Déjà elle me repose la question à laquelle je venais de répondre et après elle me raconte sa vie, comme si j'allais le plaindre. Je me contente donc d'un petit geste de tête en signe de compassion, alors que je n'en ai rien à faire. Il y a eu un long blanc et enfin elle reprit le fil de sa discussion.
- Je disais que je voulais qu'il rencontre notre famille !
Comme si j'étais sourde et que je n'avais rien écouté, hors c'est la seule fois où j'ai écouté. Mais son air interrogateur me signale qu'il faut que je réfléchisse. Il faut que je lui explique que je suis en vacances et ce que sont les vacances vu qu'elle n'en prend jamais. Je réfléchis quand même car c'est la seule chose que j'aime et sait faire, et je soutiens en même temps son regard, j'adore faire plusieurs chose en même temps sinon mon cerveau vague vers d'autres choses.
Il ne m'a pas fallu longtemps pour comprendre, surtout qu'elle a insisté sur « notre famille ». Je ne l'avais pas vu venir, pourquoi aujourd'hui, le jour où tout s'arrangeait, tout recommençait.
- Tu n'as pas fait ça ?
- Mon chat écoute moi.
Il n'y a pas de chat qui tienne, je ne veux pas.
- Abby, il va falloir que tu m'expliques certaines choses et que tu en comprennes d'autres.
Je sens son ton montée, la colère venir, et mon envie de pleurer. C'est au-dessus de mes forces, je ne peux pas, je cours dans les escaliers j'ai failli tomber. J'arrive en haut quand ma mère me dit.
- Ecoute s'il te plait, il fallait que je le fasse, je suis désolé mais comprends moi et comprends Oliver...
Elle va arrêter d'utiliser ce verbe, « comprendre », la comprendre elle c'est impossible et je ne veux plus comprendre mon frère, il vient ce soir tant mieux pour lui, mais s'il tente de m'adresser la parole, il va savourer de l'ignorance, ce qu'il n'a jamais connu.
- Maman comprendre, c'est ce que je fais tous les jours.
Sur cette phrase philosophique, j'entre dans ma chambre en attendant cette soirée qui s'annonce vraiment... je ne sais pas, elle n'annonce rien.
J'entends la sonnette de la maison, ça y est, on y est enfin, et puis dans trois heures au maximum ce sera fini et tout redeviendras comme avant, je ne sais pas quel avant, ni si c'est bien ou mal, mais je ne veux pas que ça continue, car de toute façon, cela va mal se terminer comme toutes les relations de ma mère, amoureuses ou non, ma mère n'a plus beaucoup d'ami surtout depuis le départ de papa, on a tous changé ce jour-là et c'est entièrement de sa faute, c'est lui le coupable, mais au lieu d'être emprisonné, ou du moins malheureux, il vit heureux avec sa nouvelle famille, et qu'il nous a complètement oublié. Enfin c'est ce que je m'imagine, car je n'en sais strictement rien, et je ne veux pas le savoir.
- Abby tu sais ce que tu as intérêt à faire ! Il faut qu'il voit qu'on forme une jolie famille tous les trois. A-t-elle crié d'en bas, s'il a sonné, il doit tout entendre, c'est la logique de ma mère. Je ne veux pas l'enfoncé mais j'ai du mal à m'en empêcher.
- On est que deux et oui je vais faire semblant promis !
J'entends ma mère ouvrir et Nicolas entrer, je connais son prénom depuis seulement cette après-midi, c'est Lyndsay qui me l'a appris, elle sait tout cette fille, enfin tout sur la vie du collège. Il faut que je me décide à descendre mais je sais toujours pas comment m'habiller, j'ai enlevé ma tenue de toute à l'heure, je suis totalement stressé, presque pire que ma mère, je ne sais pas pourquoi, je ne veux juste pas gâcher ce qui donne à ma mère un peu de bonheur. J'ai encore remis mon armoire parterre, et je trouve un ancien jean, entre le gris et le blanc, je l'adorais mais je n'ai plus rien n'à mettre avec. Et soudainement je tombe sur un chemisier noir parfait. Je me suis habillé, me suis regardé dans la glace et j'ai regretté l'instant d'après, je trouve ça trop simple, et je déteste les choses simples. J'essaye tous mes serre-têtes mais ça ne change rien, soit pas accordés soit trop simple, j'ai aussi sorti tous mes gilets, j'en ai aussi un paquet, mais toujours pareil rien, j'essaye tous les rouges à lèvres les fards à paupières mais rien, il me reste que les sacs, mais pourquoi prendre un sac quand on est chez soi. Super maintenant c'est ma logique qui est défaillante. Je n'ai pas le choix, ma mère doit commencer à s'impatienter et plus tôt je serais descendue plus tôt je serai remontée. Un dernier passage devant mon miroir, je crois que je n'ai jamais passé autant de temps devant mon reflet, c'est toujours trop simple. C'est moi qui va encore gâcher le bonheur de ma mère pourtant je fais ce que je peux pour l'éviter, il faut croire que je suis nulle. Je n'ai pas le choix, je déteste ce style la seule personne qui l'aimait c'était mon père, moi j'ai toujours trouvé que ça faisait un peu celle qui avait la flemme de s'habiller.
J'ouvre ma porte respire un grand cou et descends les marches une à une. Ils sont tous les deux devant la porte ils n'ont pas bougé, je dois avouer que c'est trop mignon ils ont tellement de choses à se dire qu'ils n'ont pas le temps d'aller s'asseoir. Ma mère me regarde et me fais un signe que je traduis par « tu es belle, certes mais tu aurais pu venir plus tôt ». Et Nicolas s'approche de moi, il me fait la bise, c'est trop bizarre pour moi, et commence à me parler.
- Tu es très belle !
D'accord un point pour lui, mais il n'a pas encore gagné mon autorisation, certes ma mère n'en a rien à faire que je sois d'accord ou non sinon elle aurait choisi quelqu'un d'autre que mon professeur, mais je me ferais un plaisir de leur donné mon autorisation, mais pour l'avoir il faut la mériter.
- Merci. Ai-je répondu timidement.
Nous allons dans le salon, nous sommes tous assis sur le canapé et ma mère ouvre une bouteille de champagne, moi qui en ait d'habitude le droit, ma mère me foudroie du regard, alors j'ai attendu que ma mère me propose autre chose à boire, mais rien, en réalité je ne serai pas là, ça ne changerait rien. Je pars donc me chercher...un verre d'eau, pour bien montré mon refus.
Ils m'ont regardé étrangement, ma mère plutôt en colère et lui est mort de rire, deux points pour lui. Je m'assoie sur le pouf en face d'eux et les regarde discuter, c'est un vrai film, sauf qu'au lieu de manger du popcorn, je mange toutes les cacahouètes que maman a préparé. De temps en temps, on me parle, et je réponds par la réponse la plus courte et la plus simple possible et après je reprends la vision de mon film.
Ma mère et mon futur beau-père n'arrêtent pas de parler, je ne savais pas que ma mère avait autant de sujets de conversation, c'est dommage qu'avec moi elle n'en ait pas, je ne dis pas que je suis jalouse, mais un peu quand même.
Nous passons enfin à table, je m'assis en bout de table, ma mère a mis les rallonges, je ne sais pas pourquoi on est que trois, enfin quatre quand mon frère se décidera à arriver.
J'aide ma mère à faire le service, comme s'il fallait être deux, pour servir trois assiettes. Au bord de l'évier, je vois une quatrième assiette, ma mère est soudain triste, s'il a choisi de ne pas venir, ma mère lui pardonnera de toute façon, comme elle l'a toujours fait, mais moi je serais là pour lui rappeler. A table Nicolas n'arrête pas de parler, pire qu'en cours, je crois qu'avec lui, on a remboursé les trois semaines de silence dans la maison. Je l'aime bien et de plus en plus, ce qui ne me plait pas, j'ai toujours fait en sorte de ne jamais m'attacher à quelqu'un qui va forcément partir un jour ou l'autre.
- Contente d'être en vacances Abby ?
- Oui ! J'ai dit que je faisais des réponses courtes surtout à ce genre de questions comme si j'allais dire que je préférais être en cours et m'ennuyer pendant mon professeur de maths raconte sa vie. Cela avait jeté un froid, et j'avais eu le droit au regard noir de ma mère, alors que lui avait un air amusé. Je fais tout ce que je peux pour lui faire comprendre que je ne l'aime pas et lui la seule chose qui trouve à faire c'est sourire, il ne pourrait pas même un peu se vexer moi je ne sais pas. Il pourrait partir, ne jamais revenir, ma mère serait triste, mais elle le sera forcément, quand il aura décidé de nous abandonner comme papa.
On avait fini l'amuse-bouche, on se croirait vraiment dans un restaurant gastronomique, je ne savais même pas que ma mère savait cuisiner. Mon frère n'a toujours pas décidé de se montrer, ma mère fait tout ce qu'elle peut pour cacher son chagrin, mais je le vois. Et j'ai parlé trop vite, on entend un léger bruit de serrure puis des pas dans le couloir, et ces bruits de pas, je les reconnaîtrais entre mille, je suis très forte à ce jeu-là, j'ai même peut-être un don, enfin bref, c'est ceux de mon frère. Ma mère aussi les a reconnus et c'est parti ma mère court presque comme s'il va s'envoler elle lui saute dans les bras. Moi je ne bouge pas, je reste à table avec Nicolas qui doit se demander pourquoi je ne suis pas contente de retrouver mon frère, c'est une trop longue histoire je lui raconterais plus tard, et dans mon langage plus tard veut dire jamais. Il me regarde droit dans les yeux, je ne sais pas quoi faire, quoi dire, alors je le regarde aussi droit dans les yeux en attendant de savoir. Je le faisais aussi avec mon père quand j'étais petite, c'était notre truc à tous les deux, ma mère ne comprenait pas, je gagnais tout le temps, à moins que mon père ne me laissait gagner, qui sait, et puis vu qu'il détestait perdre on va dire que je gagnais vraiment. Trois points pour lui, je n'en peux plus je vais vraiment m'attacher à lui.
- Désolé mon avion a pris du retard, le Massachussetts subit une énorme tempête depuis trois jours !
Il ne peut pas s'en empêcher faut toujours qu'il se vante d'être parti aux Etats-Unis puis d'être pris au MIT. Moi aussi j'aimerais partir plus tard d'aller faire mes études au canada, mais je ne peux pas, sinon je laisse ma mère toute seule. Lui cela ne l'a pas gêné de laisser sa mère au pire moment de sa vie et sa sœur toute seule parce qu'à cette époque elle perdait ses amis et qu'elle devait s'occuper de sa mère alors qu'elle avait quoi, huit ans.
- C'est pas grave mon chérie, on ne t'en veut pas, je suis tellement contente de te voir tu m'as beaucoup manqué...
Je suis toujours en plein défi de regard, mais je n'ai pas pu m'empêcher de me moquer en mimant sur mes lèvres la phrase de ma mère. Autant d'amour dans une même phrase, cela me fait froid dans le dos, en général on dit ça à une personne qui va mourir et même si je le déteste je n'ai pas envie que mon frère meure. Nicolas a souri encore une fois, sa bonne humeur ne l'a pas quitté depuis le début de la soirée, elle a rempli la maison qui n'a pas vu de sourire depuis longtemps, à part le mien que je m'efforce à faire pour que ma mère en fasse un en retour mais mes tentatives sont vaines. Je le vois commencer à en avoir, marre, il cligne presque, je sentais la victoire arrivée mais ma mère me coupa dans mon élan.
- Oli, tu dois avoir faim ? Abby, sert lui son assiette.
Je me lève direct, j'ai perdu, mais j'ai une bonne excuse, je vais chercher son assiette sans rechigner, mais dans ma tête je lui dis « Attends si ça se trouve il n'a pas faim, et puis si oui il n'avait qu'à arriver à l'heure, je suis sûr que son excuse est bidon, et de toute façon, il doit attendre tout le monde pourquoi, il aurait un traitement de faveur ». Mais tout est seulement dans ma tête rien ne sortira de ma bouche, du moins pas ce soir, ou même peut-être jamais. C'est le grand truc à ma mère, les traitements de faveur, pour elle ses enfants doivent être différents mais moi j'ai toujours refusé, ma mère ne le comprend pas mais moi je veux être comme tout le monde. Oli, est assis sur la chaise juste à côté de la mienne, je n'ai pas le choix et je n'ai pas envie de faire un scandale, mais si je pourrais, je le virais de la maison. Je m'approche de lui, je lui pose son assiette pas très délicatement.
- Bon appétit. Ai-je dit d'un ton glacial, qui comme son nom l'indique a jeté un froid.
- Salut Sœur !
- Salut Frère ! C'est comme ça qu'on se parlait quand on était petit, je suis surprise qu'il ne l'ait pas oublié. Mais ma colère et une pointe de jalousie ont repris le dessus et la conversation ne va pas plus loin.
Ma mère et moi faisons le service assiette par assiette le reste du temps, je suis au bout de table à côté de mon frère qui parle avec Nicolas, et, quelques fois ils ajoutent ma mère à la conversation, de mon côté après quelques tentatives de leur part pour m'incruster, ils ont compris que je ne désirait pas parler avec eux de mathématiques et de théories, auxquelles ma mère ne comprend rien. Je préfère rester là invisible, sans que personne ne me prête attention, je ris à chaque fois que ma mère parle sans savoir de quoi, je trouve ça drôle et tout le monde sait qu'elle ne comprend rien sauf elle. Une fois le repas terminé, on repasse au salon, puis enfin j'ai le droit de me retirer dans ma chambre, en prétextant que je suis fatiguée, excuse tout à fait plausible, vu que j'ai dormis pendant le cours de maths et que Nicolas l'a vu. Mais du coup je ne peux pas prendre de DVD, alors je me demande ce que je vais faire. Tout le monde sait ce qu'il fait un vendredi soir non ?
Je me faufile dans ma chambre, je m'installe sur mon bureau, et regarde ma réserve de DVD, je les ai déjà vu des centaines de fois – Je n'exagère pas – Mais sinon je n'ai rien à faire alors je mets un des premiers disques dans mon ordinateur puis je mets les sous-titres en anglais et je coupe le son, je sais déjà très bien ce qu'il se passe, comme ça personne ne m'entends, et on peut même dire que ça me fait travailler mon anglais. C'est stratégique, mais c'est aussi une question d'habitude, je fais souvent semblant de dormir ou de réviser. A ma grande surprise je sais très bien faire semblant, comme on a pu le voir ce soir, pendant cette fameuse soirée qui ne sait pas révélée si catastrophique que je l'avais prévue, c'était même une bonne soirée, et j'aime de plus en plus Nicolas mais est-ce une bonne chose...
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