« Un départ peut être un début et non nécessairement une fin »

Les semaines ont passés toujours la même chose, bien que ce soit un nouveau cycle qui recommence chaque matin. Il y a bientôt quatre semaines que je n'ai pas adressé la parole avec ma mère, et ça fait du changement, avant c'était la seule personne à laquelle, je parlais, je me confiais, j'étais presque heureuse quand j'étais à côté d'elle. Maintenant je parle pour ne rien dire mais parle quand-même à Lindsay et les autres filles mais celle qui me parle le plus et de qui je me sens la plus proche c'est Ambre, la nouvelle, cela fait sept jours qu'elle est arrivé dans le groupe, elle aussi, elle était comme moi, aux pires places en cours et à la cantine, elle trainait avec les garçons, elle faisait du skate-board avec eux donc elle n'était pas toute seule, mais sa côte de popularité devait avoisiner la mienne. Elle aussi ne sait pas comment elle s'est retrouver là ni pourquoi, d'ailleurs personne ne le sait, c'est le grand mystère et encore plus pour les adultes qui ont l'impression de ne plus savoir ce qu'il se passe dans le lycée.

Donc voilà nous sommes une semaine avant les vacances de la toussaint, c'est mes préférés, ce sont les premiers. Je devrais être contente mais cette année en plus des cours que je n'ai pas envie d'arrêter car j'aime ça et ça me fait une occupation, il y a aussi la vie au lycée, d'habitude c'est bien la chose qui me manque le moins, mais c'est différent, bien que je ne suis pas spécialement à l'aise dans mon groupe, je ne sais pas mais je pense que pour la première fois le lycée va me manquer.

Je suis d'autant plus triste que je n'ai pas le droit à des vacances bien méritées, il faut que je fasse visiter ce collège à un gars qui ne doit pas être très intelligent et qui doit s'intéresser qu'aux filles, en plus ça me fait légèrement peur, heureusement ça ne dure qu'une semaine. Il y a aussi une autre raison et pas des moindre pourquoi je n'ai pas envie d'être vendredi soir la veille d'un week-end où je m'avancerais dans mes devoirs, c'est vrai que souvent je dis ça et souvent je ne le fais pas car c'est plus facile à dire qu'à faire. Vendredi soir ma mère a prévu un repas de famille bien que nous ne sommes plus une famille. Cette soi-disant famille comporte moi, ma mère, mais ce n'est pas fini, je ne sais pas si c'est mieux mais comme ça on n'aura pas de silence radio, comme j'ai avec ma mère et qui se coupe pour les incontournables du genre : « bonjour », « bonsoir », « bonne nuit », « je peux avoir de l'eau s'il te plait ».

Mais pour empirer l'ambiance on ajoute mon professeur de maths, mais surtout la personne que j'ai le moins envie de voir sur cette planète, dont j'ai rayé son existence de ma tête, qui tous les soirs appelle maman et à qui ces mêmes soirs je raccroche au nez quand ma mère me donne le téléphone, mon frère. Il a vingt-et-un an, il est à l'université, il est passionné de maths, au moins il pourra parler avec le nouveau petit-ami de sa mère comme si de rien était et qu'il y avait que moi que ça gène, que ma mère sorte avec de nouveau quelqu'un et pas n'importe qui un de mes profs. Oliver a d'après ma mère réussi sa vie, sous-entendu pas comme moi, mais il n'a que vingt-et-un an, ce n'est pas possible, mais elle ne le comprend pas, pour elle son fils c'est le meilleur, comme toutes les mères, mais il y a des limites, je ne sais pas moi, on va éviter de faire une fête à la maison chaque année parce qu'il a été sage, gentil et tout le blablas du fils idéal et parfait, maman la perfection n'existe pas et ton fils n'échappe pas à cette règle. Elle n'a jamais compris pourquoi moi, je ne voulais pas de fête, tout simplement car je n'avais personne à inviter, et si elle le savait elle penserait que je suis malheureuse et je ne le veux pas alors je trouve des excuses comme « maman, je sors déjà avec une amie, ce jour-là », ou « on fait déjà une fête chez une (j'invente tous les ans un nom et je change à chaque fois) et après les parents ne voudront pas qu'on fasse la fête deux fois la même semaine » ça marchait bien mais par contre il y a un truc que j'ai toujours eu droit, la fête d'anniversaire. Déjà en famille, ça va dix minutes et après t'en a marre alors avec des personnes que tu connais à peine mais que tu invites pour faire plaisir à ta mère, c'est, il n'y a pas de mot à part l'enfer.

Ce fabuleux repas m'attend vendredi donc dans cinq jours si on compte aujourd'hui. Aujourd'hui en parlant de nouveau cycle, j'ai encore trainé avec Lyndsay mais je me suis plus rapproché d'Ambre, la petite dernière de comme le dit Lyndsay de notre famille. C'est pas la famille de mes rêves mais en ce moment la mienne ne l'est pas non plus et celle de Lyndsay ressemble plus à une famille que la mienne donc je vais m'en contenter.

Je me lis presque d'amitié avec Ambre qui me surprend je ne la pensais pas du tout comme ça mais enfin de compte elle me ressemble beaucoup, mais je n'aime pas comment elle a lâché ses amis, et je ne comprends pas pourquoi elle l'a fait, ce n'est pas ni le mien, ni le sien de traîner avec ce genre de filles, si c'est une personne qui me ressemble, elle doit avoir une bonne raison, sinon je n'aime pas les gens qui abandonne sans raison et les abandon, je sais de quoi je parle. Ca ne m'est jamais venu à l'esprit ce qui est rare que mon père pouvait avoir une bonne raison d'être partie comme ça sans prévenir, sans un au revoir, mais il n'y a pas de bonnes raisons plausibles qu'un père abandonne sa femme, son fils et sa fille, il n'a pas non plus de bonnes raisons pour avoir tout gâcher, rendu ma mère malheureuse, avoir fait partie plus rapidement mon frère et de m'avoir laissé là en plein milieu de tout ça, il a aussi entaché nos relations entre nous et a même arrêter la relation entre ses deux enfants. Ces dernières pensées, je les ai criées dans ma tête, aussi fort que j'ai pu et les larmes ont coulé directement. Je n'ai jamais dit ces paroles à voix haute comme les trois quart de mes pensées mais à qui j'aurais pu le dire à mes amis, on peut rayer ça tout de suite de la liste, de ma mère, pas question, elle souffre assez et je ne veux absolument pas que ce soit assez comme ça. Elle n'étant pas rentrée j'en profite pour pleurer un bon coup pour ne plus jamais le refaire et encore moins devant ma mère qui me croit heureuse car si je ne le suis pas qui le sera pour moi et pour ma famille.

Tout en pleurant je fis mes devoirs, puis j'allume mon ordi et j'écoute de la musique, car c'est une chose qui ne changera jamais, la musique c'est la seule chose qui me rend heureuse. Je danse et chante, ce qui me redonne le sourire, ma mère rentre je fonce devant le miroir, mais mes yeux sont rouges alors je me mouille tout le visage pour faire croire que ce n'est que de l'eau. Après je descends pour dire l'éternel « bonsoir », ma mère me le répond d'un ton sec et je remonte dans ma chambre, super conversation. Mon téléphone sonne, c'est encore bizarre pour moi, je regarde et c'est Ambre, on a passé une heure à parler, moi parler une heure, je l'aime vraiment bien cette fille, mais pourquoi elle a abandonné ses amis, ça me bloque. Je descends dans la cuisine ma mère est au téléphone, je mis la table. Je m'assois et l'attends pour manger mais elle me dit qu'elle a déjà mangé.

- Quand ?

- Tout à l-heure quand tu étais au téléphone, il faut que tu arrêtes de passer ta journée sur ton téléphone et tes amis ne doivent pas remplacer ta mère !

- Dé, désolé maman je ne savais pas et tu m'aurais appelé je serais descendu !

- Je n'ai pas que ça à faire de t'appeler j'ai du travail moi !

- Parce que je n'en ai pas peut-être ?

Ca y est la dispute commence, on aurait dû l'avoir il y a deux semaines.

- Ecoute Abby, je n'ai pas envie de me fâcher !

- Mais tu l'es déjà, alors vas-y lâche toi dis-moi, ce que tu penses.

- C'est bon tu as fini, dans ce cas-là, je peux aller me coucher !

Elle monte directement, sans même un regard vers moi, ou même un « bonne nuit » et si elle croit que moi je vais lui dire et entrer dans son jeu, elle se trompe royalement !

- C'est ça vas-y et ne te retourne pas surtout !

Elle s'arrête, j'ai eu un petit espoir que, mais non elle ne se retourne même pas et va dans sa chambre.

- Bonne nuit !!

Je sais qu'elle a entendu, mais je n'entends pas de réponse, je n'en attendais pas non plus. Je mange puis direction le canapé, je m'enfila des DVD de séries jusqu'à 5h, puis pendant un épisode de ma série préférée mais que j'ai vu au moins quinze fois sans exagération, je me suis endormie puis ma mère arrive, ce qui me réveille.

- Ce n'est pas vrai, tu n'as pas dormi là ?

- Si désolé, j'ai dû m'endormir devant la télé, tellement j'étais fatiguée hier.

La pile de DVD me trahit un peu, mais vu qu'elle était fatiguée, elle n'a pas dû voir.

- On ne peut pas te laisser toute seule, une soirée, on ne peut vraiment pas te faire confiance.

C'est le moment où je dois décider, entre faire attention à, ce que je dis pour ne pas la vexer donc mentir ou sinon je dis ce que je veux et je me lâche mais là, ça risque de mal finir. Dire ce que je pense, ça n'a jamais été mon truc. Alors je peux pas, je me refuse et la laisse partir. Je suis épuisée mais pas le temps de dormir, j'aurais fait presque une nuit blanche avant un jour de cours. Vraiment très sérieux me crie ma conscience. Et je vais en cours habillé avec mon haut rose qui avait tant plus et c'est grâce à lui que tout à changer, si seulement ça pouvait changer encore une fois.