13. Retour à la réalité
« La réalité dépasse la fiction, car la fiction doit contenir la vraisemblance, mais non pas de la réalité. »
[M. Twain]
La réalité recommence, finis la période dans laquelle j'avais envie de vivre. Maintenant place à la routine, je n'aime pas la routine, surtout pas après une semaine comme celle que je viens de passer. Je regrette d'avoir passé une semaine aussi magnifique, je sais ce n'est pas logique, mais maintenant je vais devoir vivre comme avant. Déjà que je n'étais pas dans le bonheur absolu alors que j'avais l'habitude et que je n'avais connu que cette façon de vivre, maintenant que j'ai connu le bonheur de la semaine dernière, je ne sais pas comment régir. Et surtout maintenant, il y a Gabriel.
Heureusement il n'y a plus que sept semaines avant les vacances de Noël, qui sont pour moi les pires vacances car il y a Noël, la fête où toute le famille qu'on voit jamais vient et se croit trop chez elle, la fête où tout le monde est heureux et espère, la fête où je fais semblant de sauter dans les bras de la famille, semblant d'être heureuse et semblant d'espérer, mais ce sont quand même des vacances donc cela peut aller ou du moins passer.
Nicolas n'a pas dormi ici, car il avait beaucoup de copies à corriger dont la mienne, et je préfère qu'il la corrige sans moi, comme ça je ne vois pas ses réactions, c'est pour ça que j'ai peur des oraux, si je me trompe tout le monde est au courant alors que sur ma feuille s'il y a écrit zéro – je ne sais pas à quoi ça ressemble – personne ne le sait à part moi, ma mère et le prof (mon futur beau-père). De toute façon moi aussi j'avais du travail, tous mes devoirs que je n'avais pas faits, et je n'ai pas eu le temps de tout faire à cause de Gabriel, tout est à cause de lui, enfin j'espère que ce n'est pas à cause de moi.
Je ne change pas trop pour les autres, pour ma mère et pour moi, après tout il faut du temps pour s'habituer au changement, et je ne suis pas prête du moins pour l'instant. Je m'imagine Gabriel à côté de moi assis dans ma chambre, bien qu'il ne soit jamais rentré, en train de me dire que si on veut du changement dans la vie, il faut d'abord commencer par soit, je me vois hésitante et enfin accepter sous son regard plus qu'intimidant, je comprends pourquoi toutes les filles le regardent plus de fois dans la journée que je ne regarde une série, c'est-à-dire énormément. Je me lève m'habille normalement mais je rajoute un serre-tête noir, discret, mais qui tire mes cheveux en arrière et ce qui selon ma grand-mère me rend irrésistible, soi-disant.
J'arrive enfin au collège, je me promène dans les couloirs à la recherche de Gabriel, mais il est introuvable. Je déteste me promener seule, tout le monde voit que je n'ai pas d'amis et m'inflige des regards humiliants. Je fouille dans les moindres recoins, je reste devant les toilettes au moins deux minutes, et oui ça peut paraitre long quand des personnes passent devant vous, vous regardent et se moquent. J'étais arrivé en avance contrairement à d'habitude, je préfère arriver pile à l'heure – moi je connais les horaires – pour croiser le minimum de personnes possibles. Et maintenant je reste toute seule devant des toilettes à subir des moqueries de personnes qui ne savent rien de la vie, finalement j'ai peut-être plus changé que je le pense, mais tout ça c'est pour lui.
Je croise Lyndsay suivie d'Ambre, ne pouvant pas me cacher, je m'approche d'elle, en espérant que la sonnerie ne tardera pas. Je ne voulais pas leurs parler tout court, et encore moins de Gabriel, alors quand Lyndsay m'a demandé ce que j'avais fait pendant les vacances et surtout pourquoi j'avais raté leur journée shopping, j'ai dit que j'étais partie en vacances avec mes parents et que ça avait été les meilleures vacances de ma vie, au moins je n'ai menti que sur un point, et puis à vrai dire j'avais surtout oublié. Ambre ne dit rien, elle n'avait pas encore l'habitude de ne parler pour ne rien dire, elle n'est pas à sa place non plus, alors je me pose encore la question pourquoi, elle a laissé tomber ses amis pour au final se retrouver en mauvaise compagnie. La sonnerie retentit enfin, et qui je vois arriver tout juste à l'entrée, Jessica, elle ne veut croiser personne, en même temps, c'est mieux pour elle, tout le monde la déteste, et elle n'a plus sa place privilégiée auprès de Lyndsay, c'est moi qui l'ait, et je voudrais bien échanger mais j'ai trop peur des conséquences. J'espère que Gabriel va pouvoir m'éloigner de Lyndsay après m'abandonner et tout redeviendra comme avant, seul problème à l'horizon, aucun signe de ce dernier.
Assise en cours d'allemand, je n'avais pas la tête à « Deutsch sprechen », je ne l'avais pas vu ce dimanche, il ne m'avait pas prévenu mais je trouvais cela normal, mais bien qu'arriver en retard ne m'étonnait pas de sa part, j'avais un pressentiment, il se passait sans doute quelque chose, j'espère que mon intuition est bonne sinon il va avoir une petite discussion avec le principal qui ne sera peut-être pas aussi courtois qu'avec moi. La professeure essaye de calmer les élèves alors que moi j'essaye de ne plus penser à celui qui occupe ma tête, mon endroit rien qu'à moi, depuis une semaine mais impossible.
Soudain à un moment assez calme, on entend quelqu'un toquer la personne, la professeure qui avait enfin réussi à tenir sa classe, doit encore affronter de nouveau rire dû à la venue de Gabriel.
- Excusez-moi pour le retard...
- Allez-vous asseoir à côté d'Abbygail, elle vous fera rattraper le début du cours.
J'étais toute rouge, et non je ne pouvais pas, je n'avais rien suivi, mais heureusement, vu le temps qu'elle a passé à calmer tout le temps, il n'y a pas grand-chose à rattraper. Les cours se passent jusqu'à la première récréation, je ne savais pas quoi faire, ce qu'il voulait faire. J'ai à peine le temps de ranger mes affaires, qu'il vient me voir.
- Je dois aller voir le principal, ne t'inquiètes pas, je ne vais pas être trop méchant, et après tu me présentes à tes amis.
Je ne peux pas répondre, il est déjà parti. « Le présenter mes amis », je n'ai pas d'amis à moins qu'il veut que je lui présente la dame de l'accueil, je ne suis pas sûr qu'il aime, sinon Lyndsay mais je ne suis pas sûr qu'on peut appeler une fille comme ça, une amie, à la rigueur Ambre, mais je ne la connais pas assez, c'est simple Gaby est mon seul ami, et pour une fille comme moi c'est déjà pas mal.
Je passe devant le bureau du proviseur, je n'arrive pas à entendre ce qu'il se passe, mais je vois leur silhouette et leur conversation n'a pas l'air ni d'être calme ni animée. Je déteste ne pas savoir, et je ne sais plus rien, j'attends indéfiniment dans le couloir qui décidément est le couloir des enfers. Et enfin je le vois sortir avec quelque chose dans les yeux mais je n'arrive pas à savoir ce que c'est alors que lui, il arrive à me déchiffrer. Avant que j'arrive à lui pour enfin lui demander ce qui lui arrive, Lyndsay lui saute littéralement dessus. Je ne veux pas admirer ce spectacle plus longtemps je cours en cours de maths, mais Nicolas était déjà là, et qui dit rentrer, dit lui parler, et je n'avais pas envie de ça. J'attends Gabriel quand je vois que Nicolas me regarde depuis tout à l'heure, je n'ai pas envie de me défiler et comme je ne vois aucune bonne excuse, j'entre et m'assis à ma place du fond, je ne voulais pas être là, il le savait, alors après c'est à lui de voir.
- Tu ne veux pas te mettre devant pour une fois ?
- Je suis bien derrière, je préfère laisser les personnes qui n'arrivent pas à suivre devant...
- Parce que tu crois que tu suis mes cours et que je ne te vois pas dans la lune...
Heureusement d'autres élèves passent lui demander de l'aide pour un devoir et la classe entre dont Gabriel qui a retrouvé le sourire, ce n'est pas grâce à moi c'est grâce à Lyndsay, je ne sers à rien. Mais il vient me voir, moi !
- Où y a-t-il de la place ?
Il n'y en avait pas à côté de moi, la seule place qui reste était au premier rang, je la lui désigne.
- D'accord mais je ne veux pas être tout seul, tu ne peux pas demander à quelqu'un de se déplacer, personne doit oser te dire non.
Il avait tout faux, mais ce n'était pas le moment d'avoir cette conversation, et puis Nicolas est dehors et j'ai une revanche à prendre, on va voir qui suit son cours. Je m'avance et demande à Jessica de partir au fond, tellement surprise que quelqu'un lui parle elle accepte, et qui ne rêve as d'aller à ma place douillette près du radiateur.
Il revient et est surpris, moi je lui rends un sourire bien mérité. Il commence son cours par rendre les copies, et c'est le genre de prof qui ne peut pas rendre une copie sans l'assortir d'une remarque, ce qui me fait stresser encore plus. J'ai attendu toutes les vacances cette copie tout ça parce qu'il avait la flemme de corriger, il préférait passer du temps avec ma mère, et soudain elle allait arriver entre mes mains. Il arrive vers moi...
- Il ne manque plus qu'à suivre le cours.
Qu'est-ce que cela voulait dire, c'est bien ou mal, en tout cas faut qu'il arrête, je suis après ce n'est pas de ma faute si je trouve qu'un intérêt limité. Gabriel m'a pris la feuille avant que j'ai eu le temps de lire la note.
- Je suis déçu de toi, me dit-il, je m'attendais à mieux de ta part.
Il ne m'en faut pas plus, je suis assez énervé pour arracher MA feuille de ses mains presque au point de tomber de ma chaise et je lis « vingt sur vingt ». Je dois avouer que j'ai eu peur. Mais le deuxième degré de Gabriel me rassure un peu, il va assez bien pour me faire sentir mal, ce qui est son but dans sa vie. On passe le cours à corriger ce contrôle, et même avec un vingt je suivais, après la participation fallait pas abuser.
L'après-midi suit son cours et dans toutes les matières je me retrouve au premier rang, ce qui me plait finalement. Il me reste encore le latin mais Gabriel ne faisait pas et lui était libre.
- Bonne soirée, tu es libre, à demain et j'espère que ton premier jour s'est bien passé. Lui ai-je dit.
- Merci.
Il part, je reste là, les bras ballants, je m'attendais à une remarque venant de sa part, ça me paraissait une obligation, mais je ne l'ai pas eu, et je repense qui se passe un truc. Vincent arrive ce qui me sort de mes pensées, nous discutons tous les deux en allant au cours, pendant le cours et après le cours.
J'avance sur le chemin direction la maison, quand une voiture s'arrête, et Nicolas au volant, il faudrait que je reconnaisse sa voiture maintenant que selon ma mère fait partie de la famille, j'ai dit que je ferais des efforts c'est vraiment la journée des changements.
- Tu veux que je te ramène ?
Est-ce vraiment une question, il va à la maison, moi aussi, ce serait bête et malpolie de refuser.
- Question rhétorique !
J'ouvre la portière et m'assois, nous roulons dans le silence le plus silencieux. Rentrés à la maison, le diner est prêt, nous sommes tous à table mais moi je n'étais pas vraiment là. Nicolas va croire que c'est une habitude chez moi. Une seule pensée me traverse l'esprit pourquoi avoir passé une pas trop mauvaise journée, et une meilleure au collège depuis longtemps, je me sens aussi mal. Est-ce cela se faire du souci pour les gens qu'on aime ?
C'est la première fois que je m'attache à quelqu'un, et si c'est fait pour souffrir, j'avais raison de ne pas m'attacher aux gens mais j'ai quand même passé de magnifiques moments avec lui. Mais si quand les autres souffrent, alors pourquoi papa est parti ?
Bạn đang đọc truyện trên: Truyen247.Pro