1. Abbygail
« La vie est un jeu, elle est courte, fais ou refais ta vie, écris l'histoire de ta vie ».
Toutes ces expressions, utilisées pour tout et rien dans notre quotidien, par n'importe qui, n'importe quand, pour la plupart des gens, elles servent juste à combler une phrase, un discours, un monologue, une punition qui a besoin d'une de ces phrases pour lui donner un sens...
Et au final, cela n'en apporte pas forcément plus.
Pour moi, ces morceaux de phrases sont bien plus que des morceaux, elles sont des phrases à elles seules et surtout des interrogations. Il serait temps que je me présente, moi, c'est Abbygail ou plutôt Abby en fait, j'ai bientôt quinze ans et je suis, comme vous avez pu le constater du genre à réfléchir surtout et sur tout ! La seule chose qui compte dans ma vie c'est réfléchir j'adore ça, je fais ça tout le temps, ce qui me cause parfois des ennuis, par exemple l'autre fois, c'est-à-dire vendredi dernier en cours de maths, bien que j'adore évidemment les maths, j'ai commencé à voyager à l'intérieur de ma tête...
Mais comme c'est beaucoup plus facile de le faire les yeux fermés, le professeur m'a vu et m'a fait une petite remarque du genre : « Abbygail vous qui avez compris depuis longtemps venez expliquez à vos camarades », ce n'était pas bien méchant mais je déteste ça, parce que comme son nom l'indique ça me fait remarquer, et je hais au plus au point que les personnes me regardent et que leurs yeux s'arrêtent sur moi.
Alors évidemment vous vous en doutez, aller au tableau expliquez quelque chose que j'ai sûrement compris, mais qui à l'instant m'était inconnu, même si j'aurais sûrement réussi à le reconstruire dans mon esprit avec les écritures sur le tableau. Il restait un détail, qui pour moi n'en était pas un, mais alors pas du tout, trente élèves fixant le tableau, et soixante paires d'yeux plus une me dévisageant !
Evidemment, même si il y en avait qui ont pour habitude de dormir ou somnoler, d'autres eux qui dessinaient et enfin la plupart qui n'en avaient rien à faire, C'était pour moi impossible, clairement impossible, totalement impossible !
Alors je pensais à toutes les options possibles et finalement seulement deux s'offraient à moi.
La première consistait à aller devant le tableau essayer d'expliquer un cours où je n'avais rien suivis et où la moitié de mes compagnons de classe avaient fait de même... Si j'allais devant ce grand rectangle vert avec de la craie blanche et devant des élèves et un professeur content de lui et de son petit effet j'allais me mettre à trembler au point de tomber et puis même peut être bégayé. Dans ce cas, le bilan est simple, j'aurais tout le reste de l'année, vu qu'on n'est en septembre, à subir des remarques, des rires et quatre fois plus de regards insistants, je disposerai d'encore plus de temps à me faire ridiculiser et humilier par les pestes soi-disant populaires qui certes le sont, mais plus parce que tout le monde a peur d'elles, et enfin je n'aurai plus jamais d'amis et encore moins de petit ami, qui lui se contente de hanter uniquement mes rêves. Même si je sais que c'est seulement dans ce monde onirique que je pourrais en avoir un, j'espère toujours, et de toute façon je ne fais que cela d'espérer, car comme on dit « l'espoir fait vivre... »
Pour faire court, j'ai choisis la seconde option qui n'était pas forcément plus réconfortante car je savais ce qui allait m'en coûter de la faire ! Elle était sûrement voir certainement plus idiote et bête mais je commençais à ne plus trop avoir le temps de réfléchir et même si je le fais plutôt vite, je fis mon choix et je me leva, marcha vers le tableau vert qui me faisait encore plus peur qu'au fond de la salle. Les élèves sortaient de leur sommeil et commençaient à se tourner vers moi, leurs lèvres s'ouvraient elles étaient prêtes à parler, à sourire à rire et à m'humilier alors à la surprise générale je me tourna et me dirigea vers la porte je l'ouvris et sans la refermer je me mis à courir plus vite que jamais. Tant pis pour mes affaires, elles sont restées sur ma table. Je me suis imaginé la classe après mon départ, mon professeur de maths, un de mes préférés, même si en vrai je les aime tous, y compris, la dame qui s'occupe du portail que j'ai salué. Je cours encore plus vite une fois dans la rue parallèle à la mienne, je ralentis et me mis à marcher, je regrettai d'être partie je voulais revenir là-bas, et également remonter le temps.
En y repensant le lendemain, qu'est-ce que cette seconde option est idiote, mais qu'est-ce qu'elle était surprenante ! S'en aller, partir et courir aussi vite que son ombre (ah oui j'aime beaucoup les citations d'ailleurs sur le coin de mon bureau, il y a un dictionnaire de proverbes et de citations, je m'étais même amuser à l'apprendre par cœur). Il va falloir que je le relise car après-demain, lundi, à cause de cette stupide option que j'ai prise vendredi et qui m'a permise d'être en week-end plus tôt, je vais avoir le bonheur d'avoir un rendez-vous dans le bureau du principal, ce qui ne m'est encore jamais arrivé, à vrai dire, je ne sais pas même pas où est son bureau, contrairement à certains de mes camarades qui eux y vont une ou deux fois par jour, minimum.
Au moins, ça a le mérite de me faire peur, encore plus que le tableau, comment cela va se passer ? Qu'est-ce qu'il va me dire ? Qu'est-ce que je vais faire ? Ma mère dans tout ça, elle ne sera plus jamais fière de moi, et tout ce que j'ai fait jusqu'à maintenant ça n'aura servi à rien.
Je suis maintenant seule dans mon lit, comme tous les week-ends, mais cette fois les larmes aussi étaient présentes, est-ce des larmes de tristesse, de colère ou de peur ? Je parie pour les trois !
J'entends en bas ma mère rentrer, elle est évidemment au courant, je lui ai dit le soir, et même de toute façon elle l'aurait su, il fallait mieux que ce soit par moi et tout de suite, plutôt qu'après via le site web de l'école, un sms ou un coup de téléphone. De toute façon à qui aurais-je pu le dire à part à ma maman , c'est la seule personne au monde qui m'écoute, c'est ma seule amie, mais que pense-t-elle de tout ça, je ne sais pas quoi faire, elle aurait sûrement une idée, mais elle a sans doute passer une mauvaise journée, assez difficile, je ne vais pas aller en rajouter et si elle m'entend pleurer, elle va pleurer aussi et s'il y a une chose que je ne me pardonnerai jamais c'est bien celle-ci.
Alors je sèche mes larmes, je m'assoie sur la chaise placé devant mon bureau, je prends le dictionnaire, il est ouvert sur des pages thématiques correspondant à la vie, et pour cet instant précis de ma vie, je trouve un proverbe qui correspond parfaitement, et pas uniquement à ce moment, mais en réalité à ma vie entière passé sur cette Terre !
Moi qui réfléchis sans arrêt pour anticiper, mis à part hier. D'habitude je m'en sors toujours très bien, vu que je pense aux risques à éviter et à ceux qui peuvent arriver même avec une probabilité très basse comme une chance sur dix milliards. Il aura fallu finalement attendre presque quinze ans pour prendre un risque, aux conséquences non mesurées.
D'ordinaire, je veux tout éviter aussi bien les peurs, les peines et le bonheur, sans trop savoir pourquoi d'ailleurs... Et même si j'ai bien compris qu'on ne peut pas tout éviter sans se destiner à passer une vie sans aucun sens et bien cela constitue mon plus horrible cauchemar qui me hante certaines nuits, et finalement, cette petite lumière, c'est simple pour moi, ma raison de vivre c'est de la trouver.
Donc une seule phrase qui pourrait changer ma vie, si je l'utilisais, je ne serais plus jamais la même personne, est-ce bien pour autant ? Je ne sais pas... et puis ma vie à déjà changer hier, puis aujourd'hui, elle change tous les jours, mais pour la première fois de ma vie j'ai pris un risque, j'ai connu l'adrénaline, est-ce bien ? Est-ce mal ? Est-ce normal ? Je ne sais toujours pas, je ne sais pas tout et on pourrait même dire que sur l'échelle de la vie je ne sais rien.
C'est ma vie, je n'ai pas envie d'en changer elle me suffit et puis au moins c'est la mienne ! Cette phrase pourra peut-être me servir un jour et puis l'anticipation c'est mon truc et ça n'est pas prévue que ça change alors je vais la garder dans un coin de ma tête avec d'autres citations que j'ai pu lire ou même écrire : « La peur n'empêche pas de vivre bien au contraire ».
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