6.
Le jour suivant, alors que Young Ji traversait le portail du lycée, elle remarqua que tout le monde avait les yeux braqués sur elle. Certains la dévisageaient avec mépris, d'autres allaient même jusqu'à lui jeter des papiers froissés à la figure.
— Hey ! Qu'est ce que vous faites ? dit-elle aux garçons qui venaient de lui jeter ces papiers au visage.
— Pourquoi ne regarderais-tu pas ce qu'ils contiennent ? répondit l'un d'entre eux avant de pouffer de rire.
Young Ji ramassa le papier et lentement le déplia. Elle se figea sur place. C'était une photo d'elle et d'un autre homme, tous deux vêtus de leur simple appareil. Si le visage de Young Ji était parfaitement méconnaissable, celui de l'homme, cependant, avait été barré par une bande noire, de telle sorte que son identité restait inconnue.
Tremblante, Young Ji froissa la photo avec sa main.
— C'est quoi ces conneries ? Je n'ai jamais fait ça ! beugla-t-elle.
Mais personne ne l'écoutait. Ils étaient beaucoup trop occupés à se moquer d'elle pour se soucier de ce qu'elle avait à dire.
— Te voilà enfin ma chère Young Ji.
Fei émergea de la foule, toujours accompagnée de ses acolytes.
— Fei ! Qu'est ce que ça signifie ? Je ne comprends pas !
— Très chère, moi non plus je ne comprends pas. Je ne te savais pas aussi salope. Tu as déjà un petit ami et tu vas quand même coucher avec d'autres garçons ?
Elle fit un bruit avec sa langue pour indiquer sa désapprobation et se mit à tourner autour de Young Ji en la détaillant de la tête aux pieds.
— Je n'ai rien fait ! Je le jure ! se défendit Young Ji.
Mais un coup d'œil dans les environs la ramena vite à la réalité. Éparpillées sur le sol, collées sur les murs avec de la colle, il y avait des photos d'elle partout. Pire, ces photos avaient été prises sous des angles différents, comme pour prouver qu'il s'agissait bien d'elle.
— Qu-Quoi ? Comment...?
Elle avait l'impression de devenir folle. Elle mit ses mains sur sa tête et ferma les yeux, essayant de rassembler ses souvenirs.
Elle se rappela que Fei avait insisté pour qu'elle boive une boisson bizarre et qu'il y avait un garçon qui n'arrêtait pas de lui parler et qui, quelques temps plus tard, l'avait conduite dans une chambre. Elle réalisa que tout ceci était l'œuvre de Fei. Elle ouvrit les yeux et fixa Fei avec un regard chargé de haine.
— C'est ta faute ! cria Young Ji en se précipitant vers elle.
Cependant, avant qu'elle n'ait pu l'atteindre, elle fut stoppée par la voix de leur professeur.
— Que se passe-t-il ici ?
Aussitôt, la foule des élèves se dispersa. Personne n'avait envie de se retrouver impliqué dans une telle histoire.
— Mlle Areum ! Je suis contente de vous voir. Young Ji a essayé de me faire du mal, dit Fei, feignant de pleurer, pendant que ses amies faisaient semblant de la consoler.
Mlle Areum balaya la scène du regard. Ses yeux allèrent des photos à Young Ji et de Young Ji aux photos :
— Dans mon bureau, tout de suite, lui dit-elle d'un ton sans réplique.
Sans rien ajouter, elle se détourna et se dirigea vers son bureau, Young Ji sur ses talons.
Fei sourit. Son plan marchait à merveille. Young Ji vit son sourire moqueur et son regard s'empourpra de colère.
Dès leur arrivée dans son bureau, Mlle Areum s'assit brusquement sur sa chaise. Young Ji fit de même. Pendant quelques instants, le professeur fixa l'élève sans rien dire.
— Alors ? dit-elle enfin. Des explications ?
— C'est un coup monté, je le jure, marmonna Young Ji, faisant de son mieux pour ne pas se laisser submerger par la colère. Fei m'a emmené de force à une fête et m'a fait boire je-ne-sais-quoi. Je ne me souviens de rien d'autre, à part m'être réveillée dans une chambre qui n'était pas la mienne.
— Je vois... Eh bien, coup monté ou pas, il s'agit bien de toi sur la photo. Le proviseur sera informé — s'il ne l'est pas déjà — et très bientôt il te convoquera dans son bureau, sûrement pour te renvoyer. Elle prit un stylo et se mit à écrire sur une feuille de papier. Pour le moment, dis à tes parents de venir ici pour que nous puissions avoir une discussion.
— Mais Mlle Areum, je vous jure, je n'ai jamais voulu faire ces choses ! Fei m'y a obligée ! Elle avait sûrement déjà tout préparé à l'avance, jusqu'au fait de me prendre en photo et de les faire circuler dans tout le lycée ! cria Young Ji en se levant et en tapant du poing sur le bureau du professeur.
— Calme-toi Young Ji, dit l'enseignante en tapotant le dos de son élève et en lui intimant tout doucement de se rassoir. Si ce sont ces photos qui t'inquiètent, j'ai déjà demandé aux concierges du lycée de s'assurer que pas une seule d'entre elles ne soit retrouvée ni sur les murs ni sur le sol. J'ai également ordonné au conseil des étudiants de confisquer les téléphones de Fei et de tous les étudiants qui ont pris des photos afin de les supprimer.
— V-Vraiment ? Merci Mlle Areum, dit Young Ji avec un sourire de satisfaction.
— Ce n'est pas moi que tu devrais remercier, dit Mlle Areum en lui rendant son sourire. Bref, je dois quand même parler à tes parents. Fais en sorte qu'ils viennent dès que possible. Ainsi, nous n'aurons pas à impliquer le proviseur. Tu sais combien il est terrifiant lorsqu'il se met en colère.
— Mais...Mais je ne peux pas, répondit la jeune fille, la tête baissée.
— Comment ça tu ne peux pas ? rétorqua l'enseignante, les sourcils froncés.
— Je... Je n'ai pas de parents.
— Quoi ? Bon, dans ce cas, tu peux le dire à un de tes oncles ou une de tes tantes. Ils feront l'affaire.
— Je n'ai ni tantes ni oncles. Et même si j'en avais, ils n'en auraient rien à faire de moi.
— Un tuteur, alors. Tu dois forcément avoir un tuteur.
— Il n'y a personne. J'ai été abandonnée en quelque sorte, dit Young Ji en triturant ses doigts, honteuse à l'idée qu'on sût qu'elle vivait seule.
— Dans ce cas... comment fais-tu pour vivre ? Est-ce que tu travailles ? Les frais de scolarité dans ce lycée ne sont pas très élevés mais tu dois quand même te nourrir. Ne me dis pas que ton emploi est illégal?
L'enseignante se rongeait les sangs à l'idée que l'une de ses élèves pût vivre dans des conditions aussi misérables.
— Mlle Areum, calmez-vous, dit Young Ji, agréablement surprise par la réaction de son professeur. Je travaille à temps partiel dans un karaoke. Mon patron est très gentil. Il me permet souvent d'y manger et mon salaire est suffisant pour mes charges. Parfois j'ai même encore assez d'argent pour m'acheter du riz. De plus, j'ai une amie qui vient souvent me rendre visite avec des pizza et autres. Je ne suis pas toute seule.
— Oh ma pauvre enfant, dit Mlle Areum les yeux brillants de larmes. Ne t'en fais pas ma chère Young Ji, à compter de maintenant, je viendrai te rendre visite également. Et je ne laisserai personne te martyriser. D'ailleurs, j'emmerde le proviseur, il n'est pas question que tu sois renvoyée.
Aussitôt dit, elle se leva et prit Young Ji dans ses bras et maintînt le visage de la jeune fille sur sa poitrine.
— Merci beaucoup Mlle Areum, mais je m'en sors très bien toute seule, murmura Young Ji en souriant, essayant tout doucement de se dégager de l'embrassade étouffante de son professeur.
— Ok ok. Mais si jamais tu as des problèmes, préviens moi. Je m'occuperai personnellement de ceux qui essaieraient de te faire du mal, ajouta l'enseignante avec un sourire en caressant le visage de son élève.
— Je crois que je vais retourner en classe maintenant.
La jeune fille se leva, s'inclina devant son professeur et se dirigea vers la porte.
— Laisse moi t'accompagner, je suis sûre que les autres élèves vont encore essayer de se moquer de toi.
Déjà Mlle Areum se levait, prête à tout pour défendre sa nouvelle élève préférée. Mais Young Ji l'arrêta d'un geste de la main.
— Non ça ira Mlle Areum, merci beaucoup de vous inquiéter pour moi, lui dit-elle en souriant.
— O-Ok. Prends soin de toi.
Mlle Areum s'en retourna se mettre sur son séant, et se parlant à elle-même dit :
— Bon... je dois absolument régler ce problème avant qu'il n'atteigne les oreilles du proviseur.
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