50.
—Il y a une enfant qui sort !
Une policière court dans la direction de la concernée, scrutant le bâtiment presque délabré, tandis que les autres restent sur leurs positions. Elle s'accroupit et se couvre la tête avec ses bras car la chaleur que dégage le feu peut être ressentie même à distance. Les pompiers essaient tant bien que mal d'éteindre les flammes en orientant leur gros tuyau vers l'école.
— Petite, par ici ! crie-t-elle en lui faisant signe de venir dans sa direction, ce que l'enfant fait peu de temps après, toussant et sifflant à cause de l'inhalation excessive de fumée.
Mais au lieu d'appeler à l'aide, la petite se met à taper des mains avec joie.
—J'ai gagné ! Je suis la première ! exulte la petite fille, rayonnante.
La policière, ne comprenant pas, suppose simplement que sa réaction est due au fait qu'elle a réussi à sortir de l'école.
—Euh... Hé, allons là-bas. C'est dangereux ici, lui dit-elle.
—Je suis sortie la première ! s'exclame-t-elle en s'adressant à la policière. Professeur ?
Elle se retourne à demi, mais son sourire disparait juste après avoir réalisé qu'il n'y a personne derrière elle.
—Professeur ?!
Cette fois elle se retourne complètement et tente d'entrer à nouveau dans le bâtiment en feu, mais elle est aussitôt stoppée par l'agent de police. Elle la soulève et l'emmène vers les véhicules loin du bâtiment.
—Nous devons partir, il pourrait y avoir des explosions, dit-elle en déposant Yebin sur le sol.
Une autre personne arrive et enroule une couverture autour de son corps et lui caresse ses cheveux indisciplinés et son visage taché de sang.
L'instant d'après, plusieurs explosions en provenance du bâtiment se font entendre, retentissant simultanément l'une après l'autre.
—Nooooon ! Mlle Ah Reum!
Yebin essaie encore une fois de revenir en courant mais est rattrapée par les personnes derrière elle, ces dernières luttant pour la maintenir immobile.
— Calme-toi, petite ! dit l'une d'entre elles tandis que les autres la soulèvent et la placent à l'intérieur de l'une des ambulances. Nous faisons de notre mieux pour récupérer les personnes qui sont encore à l'intérieur, alors sois gentille et reste là, d'accord ?
Yebin regarde la scène se dérouler sous ses yeux, toujours agrippée à la couverture avec des mains tremblantes. La policière qui est à ses côtés l'observe avec pitié en la détaillant des pieds à la tête.
Son visage est couvert à la fois de sang et de résidus poudreux d'objets brûlés. Des blessures et des contusions sont visibles sur ses bras qui agrippent la couverture.
Après quelques instants, l'un des pompiers sort de l'entrée de l'école, portant une fille inconsciente avec un long objet éclatant enfoncé dans son cœur, du sang jaillissant de sa poitrine, dégoulinant de ses bras et jusqu'au sol. Il se précipite vers les ambulanciers avant de l'allonger sur des civières préparées pour les blessés.
Le regard de Yebin les suit lentement alors qu'ils tâtonnent et se rassemblent autour de la fille avec un équipement médical inhabituel et se crient des mots que Yebin n'arrive pas à comprendre.
Presque toutes les flammes ont été éteintes et les gens commencent à fouiller la zone à la recherche d'autres survivants, mais Yebin sait qu'il n'y en a aucun.
Elle jette un coup d'œil aux personnes qui paniquent à cause de la fille allongée sur la civière avant de se lever de son siège, la couverture tombant d'elle alors qu'elle se met à marcher dans leur direction.
Des images commencent à l'envahir à chaque pas qu'elle fait vers eux, depuis le moment où la panne d'électricité s'est produite jusqu'au moment où elle a finalement échappé au terrible cauchemar.
Tous les événements qui se sont produits inondent son esprit, tous les gens qui sont morts devant elle, ses amis, son professeur préférée, tout le sang qui a coulé et tous les cris qu'elle a entendus. . . tout ça à cause de la fille allongée devant elle.
Les gens qui s'affairent autour de Yoo ma remarquent que Yebin se fraie un chemin entre eux avant d'arriver juste devant elle, fixant l'objet collé sur sa poitrine.
—Ramenez cette fille à l'intérieur du véhicule, elle va-
Soudain, Yebin se précipite sur Yoo ma et enfonce le morceau de verre brisé plus profondément dans son cœur.
Toutes les personnes présentes se mettent à pousser des cris de surprise, y compris l'homme qui tenait le masque à oxygène contre le visage de Yoo ma. Ce dernier est tellement choqué qu'il sursaute et recule.
Yebin, quant à elle, crie de colère, des larmes coulant en abondance de ses yeux. Il leur faut un certain temps pour l'éloigner de Yoo ma. Une fois qu'ils y sont parvenus, ils doivent, cependant, continuer de lutter pour la garder stable. Elle hurle et donne des coups de pied à quiconque essaie de l'attraper.
—Donnez-moi un tranquillisant! ordonne un homme qui porte une blouse blanche aux gens qui se trouvent derrière lui.
—Mais monsieur... il pourrait y avoir des effets secondaires..., rétorque l'un d'eux tout en regardant Yebin se faire plaquer durement sur le sol en béton par deux hommes.
—Faites ce que je vous dit, commande-t-il d'une voix rauque. Lorsqu'il obtient la chose dont il a besoin, il se dirige vers Yebin. Tenez-la bien, ajoute-t-il.
—Non ! Laissez-moi partir !
Yebin crie, se tortille dans tous les sens pour tenter d'échapper à leur emprise, mais avec sa silhouette minuscule et la quantité d'énergie qu'elle a perdue, les personnes qui la tiennent n'ont aucun problème à la maîtriser.
L'homme tapote légèrement le poignet de Yebin avant de lui injecter le sédatif. La fine aiguille traverse la chaire de la fillette sans effort, libérant une quantité suffisante de liquide dans ses veines et atteignant son système nerveux. Lentement, elle commence à perdre connaissance.
—N-non... P-professeur...
Quelques secondes plus tard, le sommeil la submerge complètement. Ses bras blessés retombent sur le sol.
—Remettez-la dans l'ambulance et assurez-vous de garder un œil sur elle, dit le médecin.
Il a toujours les yeux sur Yebin quand une voix retentit derrière lui:
—Monsieur, elle est morte.
Le docteur se retourne et son regard se pose aussitôt sur Yoo ma, allongée sur la civière, dénuée de vie. Il se dirige vers elle et vérifie son pouls, ignorant ce que son assistant vient de dire à propos de sa mort. Il ne sent aucun battement de cœur.
—Heure du décès, 23h45, déclare-t-il juste après avoir jeté un coup d'œil sur sa montre-bracelet.
—Je te laisse t'occuper d'elle, je vais aller voir la petite fille.
Il fait un signe de la main à son assistant debout à côté de lui avant de se retourner. Il jette un dernier coup d'œil derrière et regarde les autres mettre le corps de Yoo ma dans un sac mortuaire noir. Il soupire et poursuit sa route.
Arrivé devant l'ambulance dans laquelle Yebin dort tranquillement, il salue le policier qui monte la garde devant la porte. Ce dernier s'incline et le laisse passer.
Il ouvre la porte et entre, puis s'assoit à côté de la civière sur laquelle Yebin est allongée. La voir inspirer et expirer est un immense soulagement pour le docteur. Il s'est senti un peu coupable juste après avoir utilisé un tranquillisant sur elle.
—Je suis désolé, petite.
Il passe ses doigts dans ses cheveux qui couvrent son visage, mais s'arrête à mi-chemin lorsqu'il remarque quelque chose sur son cou.
Il hésite un instant, puis finalement repousse tous les cheveux de Yebin et découvre une marque noire de forme étrange, presque rougeoyante. Curieux, il la touche avec son doigt, mais le retire aussitôt en émettant un petit cri de surprise à cause de la quantité excessive et anormale de chaleur qu'elle dégage.
Il fixe prudemment la marque étrange, n'arrivant pas à en croire ses yeux. Lentement, la marque lumineuse disparaît et s'enfonce plus profondément dans la peau de Yebin. Effrayé, le médecin recule jusqu'à ce qu'il heurte la porte de la voiture.
Il a déjà vu cette marque. Elle est très connue et pas pour de bonnes raisons. Sous le choc, il continue de fixer Yebin, à court de mots. Lorsque finalement il parle, sa voix n'est plus qu'un murmure :
—Un. . . Un démon.
Bạn đang đọc truyện trên: Truyen247.Pro