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Sombre nuit

Post-Crooked Kingdom

One-Shot

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Une grande salle. De délicates tapisseries ornaient les murs. Un énorme lustre en cristal diffusait une lumière tamisée. De la musique, des gloussements, de mauvaises plaisanteries et allusions obscènes fusaient de part et d'autre de la pièce. De jeunes femmes vêtues légèrement étaient assises sur les genoux d'hommes plus riches et plus cruels les uns que les autres, battant des cils et posant leurs mains contre leur torse.
Du flirt et de la séduction. Pourtant, si l'on regardait plus attentivement, on remarquait la tristesse infinie enfouie dans les yeux des filles, leur regard morne, leur sourire perdant de son éclat dès qu'on ne les regardait plus. Elles étaient là sans y être, sans espoir, détruites.
La Ménagerie leur avait enlevé leur innocence, leur joie de vivre. La Ménagerie les avait tuées

Inej, impuissante, redevint le lynx, fille de Tante Heleen, dans son sommeil. Elle s'approcha doucement d'un homme, rejetant ses longs cheveux de jais tressés en arrière, roulant des hanches et l'air avenant, lui susurra quelques mots au creux de l'oreille.

Combien de fois avait-elle fait cela ?
Combien d'hommes avait-elle embrassés, et plus, malgré son dégoût ?
Combien de fois s'était-elle sentie salie par leurs regards et leurs paroles lubriques ?
Combien de fois avait-elle été réduite à une chose, juste là pour satisfaire les désirs des puissants de ce monde ?  

Elle ne saurait le dire. Elle avait perdu la notion du temps, chaque jour était une épreuve, chaque jour elle était un petit peu plus brisée. L'espoir s'était envolé depuis longtemps. Seul restait la honte et l'horreur. Inej en était venue à espérer mourir dans son sommeil, le calvaire prendrait ainsi enfin fin.

Elle avait douloureusement conscience de ses voiles presque transparents qui lui servaient d'habits, dévoilant ainsi son corps, alors qu'elle sentait le regard avide du client s'attarder sur sa poitrine, ses jambes, sa taille... Elle ne voulait qu'une chose, partir, partir en courant pour ne jamais revenir. Mais elle savait ce qui l'attendait si elle essayait. La suli savait qu'elle se ferait rapidement rattraper, qu'on la tirerait par les cheveux jusqu'au bureau de Tante Heleen où celle-ci la battrait jusqu'à qu'elle la supplie, lui implorant son pardon, jusqu'à ce que le sol se teinte de rouge, jusqu'à ce qu'elle n'ait même plus la force de pleurer, entre la vie et la mort.

Elle avait déjà essayé, peu de temps après son arrivée. L'expérience lui avait appris ce qu'il advenait des filles qui refusaient de se soumettre. Son dos avait gardé l'empreinte des coups de fouet. Mais plus que la douleur, le sourire cruel de Tante Heleen l'avait marquée au fer rouge.
Elle avait pris plaisir à la torturer et serait ravie de recommencer. Inej était terrifiée à l'idée de se retrouver de nouveau avec elle dans ce bureau.
La semaine dernière, Nasaki, une Shu récemment arrivée avec qui Inej s'était liée d'amitié, avait renversé une bouilloire de thé fumante sur son client, le brûlant atrocement. Tante Heleen était arrivée, les yeux glacials et le visage dur. Elle l'avait empoignée violemment par le bras puis tirée jusqu'à son bureau, sous le regard diverti des spectateurs. Personne ne revit jamais Nasaki. 

Alors, la jeune fille oublia son désespoir, ravala ses larmes, et se laissa entraîner par le client vers l'une des confortables chambres de la maison close, où elle passerait sa nuit.

Inej se réveilla, en larmes, le souffle court, un cri de détresse, de rage, aux lèvres.
Pas de chambre couverte de coussins. Pas de lumière tamisée ni de bougies parfumées. Pas de lit moelleux à balquin. Pas de grelots aux chevilles. Pas de client. Elle ne rencontra que le regard inquiet de Kaz qu'elle avait dû réveiller avec ses pleurs.
Après tout ce temps, la Ménagerie la hantait encore. Même si celle-ci avait disparu au profit d'une galerie d'art des plus innocentes. Même si Tante Heleen avait quitté précipitamment Ketterdam après la mise en quarantaine de son établissement. Même si Inej était devenue une chasseuse d'esclavagiste des plus talentueuses et qu'elle était crainte dans toute la True Sea.

Kaz ne lui demanda pas si ça allait. Il se contenta de lui effleurer tendrement la joue et de la serrer contre lui. Doucement, Inej se calma, la présence de Kaz l'aidant grandement.

— Le Ménagerie ? demanda à mi-voix Kaz.

Inej hocha la tête pour seule réponse. Elle ne voulait pas en parler, juste oublier tout ce qui avait pu se passer là-bas. Mais jamais elle ne le pourrait.
Et c'est pour cela qu'elle pourchasserait les navires négriers jusqu'à qu'il n'y en ait plus un seul. Elle ne voulait pas que d'autres vivent ce qu'elle avait subi. Et elle se batterait toute sa vie si nécessaire pour cela.

Kaz n'insista pas, il respectait et comprenait son mutisme. Il l'embrassa simplement sur le front avant de lui dire de se rendormir. Cependant, ni l'un ni l'autre ne le fit, restant enlacés en silence. Parce que Inej ne pourrait pas se rendormir. Et parce que Kaz ne le ferait pas tant qu'elle serait éveillée.
Ils fonctionnaient comme ça. Ils n'avaient pas besoin de mots, juste d'être ensemble.

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Il était heureux. Le jeune Wylan, cinq ans, jouait au ballon avec son papa, qu'il admirait et aimait plus que tout. Celui-ci l'encourageait, le poussant à shooter de toutes ses forces et l'acclamait lorsqu'il réussissait à envoyer la balle à l'autre bout du terrain. Sa maman aussi était là, dans le jardin, et les regardait le sourire aux lèvres, resplendissante de santé et de vie. Ils prirent le goûter tous ensemble : brioches, toast, gâteau au chocolat, biscuits en tout genre et limonade. Son père faisait des grimaces, tantôt effrayantes, tantôt amusantes et sa mère chantait une douce mélodie. Leurs rires emplissaient la maisonnée.

Clac.

Alors que Wylan venait de fêter ses six ans, son père lui annonça qu'un précepteur allait dorénavant venir à la maison afin de lui apprendre à lire et à écrire. Wylan vit une drôle de lueur briller dans les yeux de son père, il semblait presque en... colère. Il ne savait pas pourquoi, mais il eut brusquement peur.

Clac.

Rien. Il ne comprenait absolument rien. Il ne voyait que des formes floues, sans sens ni logique, des traits qui partaient dans tous les sens, irréguliers. Une suite incompréhensible, vide de sens.
Et pourtant, le précepteur s'acharnait sur lui depuis maintenant un an afin qu'il sache le faire. Il appelait ça savoir lire.

Wylan, démuni, resta silencieux devant la page qu'il devait lire à haute voix. Le précepteur, M. Kasanova, était à bout de patience. Furieux par le manque de progrès de son élève, il le gifla violemment.
Wylan porta la main à sa joue brûlante, choqué. Des larmes roulèrent lentement sur ses joues, avant de venir s'écraser sur le sol. Il pleurait de douleur mais surtout de honte.
Ce n'était pas normal de ne pas savoir lire à son âge. Il n'était pas normal.
C'était la première fois qu'on portait la main sur lui.

Clac.

La nuit couvrait Ketterdam de son sombre manteau. Il était deux heures du matin, peut-être trois. Tout le monde -de fréquentable- dormait. Non. Dans une chambre du manoir des Van Eck, au premier étage, aile ouest, une lumière était encore allumée.

C'était quelques semaines après l'incident, comme son père l'appelait. Wylan avait dû puiser dans tout son courage pour en parler à sa mère, quelques jours après. Elle était dans une rage folle contre M.Casanova et dénonça son comportement pour le moins inacceptable à son époux. Pourtant, le précepteur ne fut pas renvoyé. C'est le père qui prend ces décisions. Or, Jan Van Eck n'était pas contre l'éducation à l'ancienne.

—  Une ou deux gifles n'a jamais fait de mal à personne. Au contraire, ça leur met du plomb dans la tête, se contenta-t-il d'affirme, estimant que l'affaire était close. 

Marya eut beau protester avec virulence, la décision fut fut sans appel : M.Casanova resterait le précepteur de Wylan.

Le jeune garçon était terrifié à l'idée de recevoir à nouveau une gifle. Pire encore, de ne jamais savoir lire. M.Casanova par son geste et quelques paroles acides, lui avait bien fait comprendre que ce n'était pas normal de ne pas réussir à lire, ce qui ne lui avait jamais effleuré l'esprit avant cela. Et son père semblait partager son avis, Wylan avait surpris une discussion tendue entre celui-ci et sa mère à propos de son handicap.
Alors, le gamin de sept ans, voulant plaire à son père, s'entraîna à lire jour et nuit. Il essaya et réessaya, apprenant et réapprenant son alphabet dans l'espoir de réussir, un jour, à déchiffrer les mots. Il y mit tout son coeur et toute son énergie. Parce que de cette réussite dépendait l'amour et l'estime de son père envers lui.

Clac.

Alors que Wylan était dans sa chambre en train de faire ses devoirs, Jan Van Eck entra dans celle-ci. Un silence pesant envahit la pièce, l'enfant ne savait plus comment se comporter en présence de son père, alors il se repencha sur ses calculs. Les mathématiques le détendaient, elles obéissaient à des règles fixes, démontrées et véridiques : elles étaient logiques.
Pourtant, Wylan n'arrivait pas à se concentrer, le regard glacial de son père lui transperçant la nuque. Au bout de quelques instants le riche marchand prit la parole.

— Wylan, aurais-tu l'amabilité de bien vouloir lire à haute voix la page 237 de ton manuel de kerch ? demanda-t-il, une étrange lueur luisant dans ses yeux.

Une demande qui semblait tellement anodine. Mais qui était loin de l'être. Cette prière était un ordre pur et simple. Et si monsieur Van Eck gardait le visage impassible, le soupçon se lisait dans ses yeux. C'était une épreuve. De son issue dépendait l'estime d'un père envers son fils.

— Ou-oui, bien sûr, bafouilla le rouquin, terrorisé à cette idée.

Wylan paniquait complètement. Il avait réussi à convaincre son précepteur qu'il savait un peu près lire, mémorisant ce qu'il disait avant de le répéter et devinant la forme de certains mots. Mais il était incapable de lire une seule ligne d'un texte qu'il ne connaissait pas. Et d'après le visage de son père adoré, ce dernier le savait.

L'homme aux cheveux grisonnant attendait. La honte lui brûlait les joues parsemées de tâches de rousseur de Wylan. Il n'avait pas le choix.

— Je- je ne sais pas lire, père. Je suis désolé, fit-il d'une voix brisée.

Le rouquin entendait les battements effrénés de son coeur, la sang battait dans ses tempes. Chaque seconde lui semblait être des heures. Il ne restait plus qu'à attendre la sentence, qui, il le savait pertinemment, était inévitable.

Le calme de façade de son père tomba, remplacé par une colère noire. Sans prononcer une parole, il attira Wylan vers lui et plongea ses yeux glacials dans ceux embués de son fils. Son regard n'était que mépris et haine. 

Puis cédant à la violence, il l'attrapa violemment par le col, le secouant dans tous les sens, lui hurlant à quel point il était un incapable, à quel point il lui faisait honte et était inutile. Il finit par le gifler avec une telle force que Wylan sentit ses dents s'entrechoquer. Enfin, son père quitta la chambre, le visage déformé par la fureur, non sans claquer la porte et marmonner encore quelques insultes et menaces.

Wylan resta prostré à terre, sur le tapis suli rouge, les larmes dévalant ses joues, mais pas une parole, une plainte, ne franchit ses lèvres. Écrasé par la culpabilité et l'horreur, seule une pensée tournait en boucle dans son cerveau. 

Son père avait raison, il ne servait à rien. Inutile. Incapable. Anormal.

Clac.

Un après-midi comme un autre, son père pria Wylan de venir dans son bureau. Il avait huit ans et c'était la première fois qu'il pénétrait dans le repaire du mercurien, vaste pièce sombre et ordonnée couverte de papiers et de livres de compte. Wylan sentit les battements de son coeur s'accélérer devant le visage grave de son père. Depuis la perte de sang froid de son père survenue un mois auparavant, celui-ci l'ignorait, faisant mine d'avoir totalement oublié son existence. Qu'il le fasse appeler dans son bureau était de très mauvaise augure. Qu'allait-il lui arriver ? Son destin lui semblait bien incertain.
Son père lui fit signe de s'asseoir, et, semblant se délecter de la détresse visible de Wylan, laissa flotter un léger silence avant de faire sa déclaration.

— Wylan, comme tu le sais, ta mère est gravement malade depuis un mois, victime de la tuberculose. Je suis au regret de t'annoncer qu'elle est décédée ce matin, après une longue nuit d'agonie durant laquelle nous l'avons amené à l'hôpital Sankt Gribil. Tu ne pourras donc pas la voir, ni faire tes adieux. L'enterrement a lieu après demain. Bonne journée.

La réaction de Wylan face à ces mots fut indescriptible, mélange de stupéfaction, de colère, de rage devant son impuissance, mais la tristesse fut la plus forte. Incapable de prononcer un mot, il s'enfuit en courant du bureau et partit s'enfermer dans la salle de musique. C'est là qu'il trouvait refuge dès qu'il se sentait triste ou incompris, jouant du piano jusqu'à qu'il s'appaise. Mais cette fois-ci la musique elle-même ne fut pas suffisante pour lui faire oublier ses malheurs. Aveuglé par les larmes, il ne voyait même plus la partition. Alors, terrassé par le chagrin, il se laissa tomber par terre dans un mélange de pleurs et de cris.

Clac.

L'enterrement eut lieu dans la plus stricte intimité. Son paternel, le notaire, deux domestiques et lui. Le froid Jan Van Eck ne versa pas une larme, semblant juste ennuyé de se trouver là plutôt que dans son bureau à faire fluctuer l'argent.
Face à l'indifférence de son père, Wylan sentit une rage dévastatrice monter en lui. Il le détestait. Mais il ferait encore tout ce dont il était capable afin d'obtenir l'affection de son père. Il en avait désespérément besoin.

Clac.

Les années ont passé. Sa relation avec son père empira. Wylan ne savait toujours pas lire, et il ne le saurait probablement jamais. Lorsque son père lui parlait, ce n'est que pour lui rappeler qu'il ne devrait pas exister, quand il ne le frappait pas. Il n'y avait plus de précepteur depuis longtemps, Jan Van Eck estimant que son fils débile n'en avait pas besoin. Alors l'adolescent se renferma de plus en plus, il se plongea dans la musique et le dessin, oubliant ainsi le reste du monde. Il était profondément seul.

Clac.

Wylan n'en croyait juste pas ses oreilles. Son père l'avait inscrit à l'université, son plus grand rêve ! Alors, Wylan se permit d'aspirer à une amélioration de leur relation, peut-être même une sorte de pardon pour ne pas être le fils dont il avait toujours rêvé. Depuis que son père s'était remarié, avec la jeune, très jeune Alys, il était devenu un peu plus doux, s'adressant même parfois à son fils lors des repas quand il était de bonne humeur. Alors oui, Wylan se permit d'espérer.

Il partait le lendemain. Le lendemain. Il ne tenait pas en place, remercia une centaine de fois son père et courut préparer ses bagages en sautillant.
Il prit le bateau accompagné de deux hommes chargés par son père de le protéger jusqu'à son arrivée à l'université, "parce que se serait bête que tu tombes à l'eau, Wylan", avait sourit son paternel.

Accoudé sur la balustrade, légèrement penché en avant, il observait l'eau, le sourire aux lèvres et la tête pleine de rêves. Soudain, il sentit des mains l'empoigner, le poussant en avant. Il tenta de se retourner, de se débattre, gesticulant dans tous les sens... en vain. Alors qu'il chutait vers l'eau tumultueuse dans un dernier cri, il aperçut les deux hommes chargés de sa protection le regarder, le sourire en coin. 

Son père avait tenté de l'assassiner. À cette pensée, Wylan sentit son coeur se briser, et perdit l'une de ses plus grandes illusions alors qu'il plongeait dans l'eau glaciale.

Wylan ouvrit brusquement les yeux, suffocant, persuadé d'être en train de se noyer. Le jeune homme reprit doucement ses esprits, tentant de calmer son souffle erratique. Ce n'était qu'un rêve. Mais alors... Pourquoi, par Ghezen, était-il trempé ? Il avait également un terrible mal de crâne. Il vit alors Jesper, debout, qui le regardait d'un air épouvanté, semblant essoufflé.

— Je- je ne savais pas quoi faire, tu criais, tu te débattais et tu pleurais... Je n'arrivais pas à te réveiller. J'ai- j'ai eu tellement peur, dit son aimé, la voix brisée.

— Et donc tu m'as balancé à la figure un sceau d'eau glaciale, en oubliant de retenir le seau, complèta le rouquin atterré.

— Voilà, c'est ça... J'espère que je ne t'ai pas fait mal.

Jesper était écarlate mais il regardait Wylan les yeux brillants. Ce dernier soupira et finit par sourire, le visage apaisé. Son amoureux était vraiment trop mignon. Celui-ci le prit dans ses bras avant de l'embrasser tendrement sur le front.

— Aïe, geignit l'adolescent.

— Oups, tu as un énorme bleu au milieu du front, ainsi qu'une bosse, fit-il, légèrement penaud.

Ce fut plus fort que lui, devant l'absurdité de la situation, Wylan partit d'un rire clair, bientôt suivi par Jesper. Sa terreur nocturne était oubliée.

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