Chers beaux-parents
Post-Crooked Kingdom
One-shot
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Inej avait retrouvé ses parents. Et aucun mot ne pouvait décrire sa joie. Bien sûr, elle avait craint leur réaction alors qu'elle racontait ce qu'elle avait subi à la Ménagerie, mais également ce qu'elle avait fait. Elle avait volé, escroqué, fait chanter, menacé, blessé et même tué nombres personnes. Mais si elle devait être tout à fait honnête envers elle-même, elle ne regrettait pas. Elle ne regrettait pas d'avoir intégré les Dregs. Elle ne regrettait pas d'avoir retrouvé sa liberté. Elle ne regrettait pas de ne plus être une victime. Elle ne regrettait pas d'être devenue forte et crainte. Elle ne regrettait pas d'avoir rencontré Nina, Jesper, Wylan et Matthias. Elle ne regrettait pas d'avoir rencontré Kaz.
Elle s'était inquiétée pour rien. Ses parents ne lui en voulaient pas. Ils se contentèrent de la serrer dans leurs bras, en pleurs, et de lui murmurer à quel point ils l'aimaient. S'ils ne lui demandèrent pas plus de détails concernant son travail à la Maison Exotique et les crimes qu'elle avait commis, il n'en fut pas de même concernant sa vie privée. Ils s'intéressaient particulièrement à Kaz.
Le soir de leurs retrouvailles, Inej et ses parents mangèrent, en famille, de délicieuses gaufres kerchs. Inej voulait tout savoir à propos de ses oncles et tantes, de ses cousins, comment allaient-ils, quelles représentations ils avaient faites... La discussion allait bon train, naturelle et chargée de rires.
Ses parents avaient essayé de lui parler de Kaz, mais Inej faisait la sourde oreille, détournant le sujet dès qu'ils prononçaient son nom. Ce qui ne fit qu'exacerber leur curiosité à son propos. Cependant, ils ne voulaient pas braquer leur fille ou la gêner, alors ils gardèrent le silence, ne glissant qu'une ou deux illusions, par ci par là. Hélas, Inej ne put complètement y échapper. Alors qu'elle demandait ce qu'était devenue sa cousine Moori, avec qui elle était très proche, ses parents lui répondirent qu'elle venait de se marier.
— Et toi, tu ne songes pas au mariage ? lança sa mère, innocemment.
— Tu n'as pas quelqu'un en vue, par hasard ? rajouta son père, le visage angélique.
Inej soupira. Ils croyaient vraiment qu'elle n'avait pas vu leur regard complice ? Sans parler de leur sourire entendu.Ses parents ne changeraient jamais. Depuis qu'elle est petite, ils rêvent qu'elle ait un copain, et l'harcèlent pour qu'elle leur dise si elle aime un garçon. Sans succès. Leurs indiscrétions ne la gênaient pas vraiment, ils voulaient simplement s'intéresser à elle, mais, à l'époque, personne ne lui plaisait. Sa relation avec Kaz était suffisamment compliquée comme ça, pas besoin que ses parents s'en mêlent. Elle même ne savait pas où elle en était.
— Non, répondit simplement Inej, d'une voix ferme.
Malheureusement pour elle, alors même qu'elle le disait, elle se rappela brusquement, allez savoir pour quoi, Kaz torse nu dans son bureau. Elle rougit et baissa bêtement ses yeux. Ses parents devinèrent assez aisément l'objet de ses pensées : Kaz était beau garçon, il croyait en elle, ils se faisaient confiance, et semblaient... proches. CQFD.
Cependant, remarquant le malaise de leur fille, ils n'osèrent insister davantage. Mais ils comptaient bien avoir une petite discussion avec Inej et Kaz, espérant secrètement qu'ils se déclareraient leur amour -qui crevait les yeux pour toute personne dotée d'un cerveau et d'yeux-. Le soir venu, dans une chambre que les deux garçons, Wylan et Jesper si leurs souvenirs étaient bons, leur avaient gentiment proposée, ils élaborèrent un plan machiavélique -du moins le pensaient-ils-.
Malheureusement, leur plan se trouva vite compromis. En effet, le lendemain matin, si Inej, Jesper, Wylan et Nina étaient dans le salon, Kaz, lui, manquait à l'appel. Mais les Sulis sont déterminés. Ils attendirent stratégiquement que Inej partent en direction du Cinquième port pour engager la conversation avec Nina, essayant d'en savoir plus sur Kaz.
— Kaz ? Qu'est-ce que vous voulez savoir ? demanda Nina.
— Oh, trois fois rien. Son caractère, ses défauts, ses qualités, sa profession, sa situation financière, familiale et amoureuse, ses centres d'intérêts, ses habitudes, son éducation, son enfance, ses fréquentations, son style vestimentaire -il s'habille toujours ainsi ?- , est-ce qu'il aime les animaux, qu'est-ce qu'il aime manger -on pourrait l'inviter au restaurant-, sa couleur préférée... Et que pense-t-il du contexte géopolitique de Ravka ? Et de la place des Sulis dans la société et au sein de la mondialisation ? Et...hum...je crois que se sera tout pour l'instant, on ne voudrait pas être indiscret, débita Marika Ghafa à toute vitesse.
— Euh... Vous pouvez répéter, plus lentement cette fois-ci, s'il vous plait ? demanda Nina, légèrement sonnée par ce flot de paroles.
Marika rougit légèrement, s'excusant de son enthousiasme et répéta, légèrement plus doucement, sa liste, très complète, de questions.
— Eh bien, Kaz est quelqu'un de très secret et ne se confit que très rarement. Je ne sais rien de son passé. Mais si quelqu'un le connait, ce ne peut être qu'Inej, à qui il voue une confiance absolue. D'ailleurs... Vous n'avez pas posé de questions sur son comportement vis-à-vis d'Inej, si ? Bref. Pour son caractère, il est les trois quart du temps complètement imbuvable et le reste du temps détestable. Enfin, selon moi, parce qu'Inej le supporte chaque jour depuis presque deux ans et elle est restée saine d'esprit. Quoi que le fait qu'elle l'aime bien est peut-être signe de folie...
Ses défauts sont trop nombreux pour être tous cités. Sa profession -hésite à leur dire la vérité- est originale puisqu'il est magicien et chef du gang des Dregs. Mais sa situation financière est plus qu'honorable vu qu'il vient de toucher environ quatre millions de kurges. C'est un très bon parti si on arrive à le supporter. Je ne lui connais aucune famille, il est probablement orphelin. Enfance inconnue. Célibataire -les yeux des parents d'Inej pétillent-. Il a une véritable passion pour les kruges et tout ce qui brille, choses qu'il ne peut pas s'empêcher de vol- euh, emprunter. En fait, c'est un niffleur. Et il a l'étrange habitude de faire des déclaration d'amour enflammées à ses billets. Kaz a la chance d'avoir de formidables amis -moi-. Oui, il est toujours en costume, oui, c'est bizarre. Mais le style kerch est bizarre -regard en coin vers Jesper, qui s'est surpassé aujourd'hui-. Comme tous les Kerchs, il aime les gaufres -au passage, je veux bien venir si vous l'invitez à en manger-. Et pour le reste, j'en ai strictement aucune idée. Mais si ça vous intéresse, moi, je peux vous donner mon avis sur la Seconde Armée, sur la dynastie des Lantsov et pourquoi la guerre Fjerda/Ravka est absurde...
Nina, forcée de s'arrêter pour cause d'extinction de voix, leva les yeux. Pour voir les parents d'Inej, penchés sur leur carnet et arborant un large sourire, en train de... prendre des notes ?
— Mais que faites-vous ? demanda Nina, déconcertée.
— Nous ? Oh, nous somme en train de cocher les Critères Obligatoires du Gendre Idéal, communément appelé carnet COGI.
... Psychopathes.
Les parents d'Inej, eux, étaient très contents. Kaz semblait être un drôle d'oiseau. Mais n'étant eux-même pas un modèle de normalité, ils n'y trouvaient rien à redire. Il était riche, mais pour eux c'était plutôt un point négatif. De toute façon, quoi que Nina leur aurait dit, ils auraient bien aimé Kaz. C'est l'homme parfait pour Inej. C'est leur instinct qui l'a dit.
Ils passèrent le reste de la matinée à discuter avec Wylan et Jesper, deux charmants garçons. Ils apprirent ainsi de nombreuses anecdotes sur Kaz et Inej et leur relation, mais entendirent également le récit -très abrégé- de leurs péripéties à Ice Court et l'histoire du jura parem. Ils n'en croyaient pas leurs oreilles. Cela ressemblait à un conte pour enfants tellement cela semblait improbable.
Enfin, le grand moment arriva. Inej, revenue de son inspection au Cinquième port, voulait aller au Slat et ses parents s'empressèrent de l'accompagner, pour visiter la ville, bien évidemment. Inej n'était pas stupide et se doutait bien que le sourire d'ange de ses parents cachait quelque chose. Elle espérait juste qu'ils ne lui feraient pas trop honte et ne mettraient pas Kaz dans l'embarras avec leurs questions intempestives.
Arrivée au Slat, elle confia ses parents à Anika de peur qu'ils la suivent et monta retrouver Kaz dans son bureau, elle voulait son avis à propos d'un potentiel membre de l'équipage. Bref, ils parlèrent affaires comme d'habitude. Pourtant leur relation était différente, plus ambiguë, peut-être. Kaz admirait Inej dès que celle-ci ne le regardait pas. L'inverse était vrai aussi. La discussion finit trop vite à son goût, alors elle resta, regardant Kaz faire les compte du Crow Club en silence durant de longues minutes.
C'est alors qu'on entendit un bruit sourd derrière la porte suivit d'un cri étouffé. Qui pouvait les espionner ? Un Dregs ? Un membre d'un gang rival ? Silencieusement, Kaz sortit un pistolet tandis que Inej se plaçait devant la porte. Sur un regard de Kaz, elle ouvrit brusquement la porte, poignard dégainé. Elle découvrit ses parents devant le palier, l'air penaud. Ils devaient être postés là depuis au moins une demie-heure. Elle soupira, pas réellement surprise, et leur proposa d'entrer : qu'on en finisse.
Kaz semblait assez perplexe par cet intrusion dans son bureau mais ne dit rien. Les parents d'Inej prirent place devant lui tandis qu'Inej resta debout à ses côtés. Un silence gênant plana quelques instants, chacun se devisageant.
— Bon, qu'est-ce que vous voulez savoir ? fini par demander Inej, résignée.
— Ravie que tu poses la question. Eh bien, tout d'abord, quelle est ta relation avec Kaz ? questionna timidement Marika Ghafa.
— On travaille ensemble depuis maintenant presque deux ans. Nous sommes devenus amis. Mais effectivement, j'apprécie beaucoup Kaz.
Kaz était complètement perdu, il avait juste compris son prénom. Pourquoi diable parlaient-ils de lui ? Inej, remarquant l'air déboussolé du voleur, demanda à ses parents de parler en kerch, Kaz ne parlant pas suli. La conversation repris, cette fois-ci en kerch, malgré le niveau très passable du couple suli.
— Kaz, mon cher, comment considérez-vous Inej ? demanda Haja Ghafa.
La conversation ne plaisait pas du tout à Kaz, mais il était bien obligé de répondre. Et quelque chose lui disait que ce n'était que le début.
— Eh bien, c'est une collègue précieuse, la meilleure araignée du marché : en résumé c'est un excellent investissement, répondit-il très calmement, imperturbable.
— Hum...-si tu n'avais pas les yeux aussi brillants ce serait plus convainquant- Et comment vous êtes-vous rencontrés ?
Silence. Kaz et Inej ne regardèrent, s'interrogeant du regard : fallait-il leur dire la vérité ?
— Nous nous sommes rencontrés alors que je... travaillais à la Ménagerie, finit par répondre Inej, gênée : ses parents allaient s'imaginer n'importe quoi.—- Attends... c'était ton client ? marmonna son père, abasourdi.
— Non, non ! Pas du tout ! s'écrièrent-ils en choeur, paniqués.
— Kaz achetait des informations -à prix d'or- en tout genre à Tante Heleen, la propriétaire de la Ménagerie. Ma propriétaire, expliqua Inej, sa voix se brisant légèrement.
A ces mots ses parents se crispèrent. Leur petite fille adorée avait été vendue comme esclave. Elle avait été forcée de se prostituer. Elle avait dû affronter bien des dangers. Seule. Pourquoi ne l'avaient-ils pas protégée ? Comment pourraient-ils se le pardonner ?
— Je tiens à préciser que je n'approuve en aucun cas ses activités et que je n'ai rien à voir avec elle, intervient Kaz, soucieux de l'opinion des parents d'Inej vis-à-vis de lui.
— Bref, un jour je l'ai croisé dans le salon et, sans réfléchir, je l'ai abordé. Je lui est dit que je pouvais lui fournir des informations. Mais il ne m'a pas répondu, ni même vraiment regardée. Le lendemain, Tante Heleen m'annonçait qu'un acquéreur voulait me voir. C'était Kaz. J'ai accepté son offre et j'ai rejoint les Dregs, devenant ainsi le Spectre, raconta-t-elle.
— Pourquoi avoir fait ça ? Pourquoi l'avoir sauvée ? Et à quel prix -on veut vous rembourser- ? questionna Marika, émue.
— Elle t'avait tapé dans l'oeil ? Sa beauté céleste t'avait-elle-charmé ? Ou un coup de foudre, peut-être ? Je comprendrais tout à fait. Comment ne pas succomber devant tant de grâce et de charme ?
Si le ton était blagueur, l'expression sérieuse qu'Haja arborait démentait la légèreté de la situation. Tous les regards, y compris celui d'Inej, étaient rivés sur Kaz. Celui-ci déglutit péniblement, très mal à l'aise.
— Pour ses talents d'espionne, en fait. Elle constituait une recrue de choix pour la gloire des Dregs. Mais, euh... oui, votre fille était mignonne, rajouta Kaz devant le regard noir de Haja.
Attendez... qu'est-ce qui il était train de raconter, là ? Il regretta instantanément ses paroles.
Marika et Haja jubilaient. Kaz venait d'admettre qu'il trouvait leur fille mignonne. Inej avait viré au rouge écarlate et semblait au bord de la syncope, et Kaz-Monsieur-impassible-et-serieux-en-toute-circonstance lui-même avait les joues légèrement roses. On avançait, on avançait...
— Par curiosité, combien avez-vous payé son contrat -vu que tu n'as pas répondu à la question- ?
— Kaz a toujours refusé de me le dire, maman... soupira Inej.
— Alors ? Si vous ne voulez pas donner le prix exact, juste un ordre d'idée ? insista Haja.
Kaz ne répondit pas. Il ne voulait pas parler du prix astronomique du contrat, qu'il avait eu bien du mal à faire accepter à Per Haskell, pour une fille qu'il avait seulement aperçu et à qui il n'avait même pas adressé la parole. Il ne voulait pas penser à ce que ça voudrait dire.
— 500 kruges ? tenta Haja.
500 kruges. Des poussières comparées au véritable prix. Pourtant Marika et Haja semblaient anxieux à la mention d'une telle somme. Kaz se demanda combien ils gagnaient.
— Plus, beaucoup plus, soupira Kaz.
— 10 000 kruges ? hasarda Inej.
Elle avait toujours été curieuse de savoir le montant exact de son contrat. Combien de kurges Kaz était-il prêt à mettre pour l'avoir à ses côtés -même d'un point de vue strictement professionnel- ? Elle ne pouvait s'empêcher de songer à l'aveu de Kaz. Il la trouvait mignonne. Elle savait qu'elle devait être rouge et qu'elle souriait bêtement. Mais Kaz la trouvait mignonne.
— Plus, grommela-t-il.
Les parents d'Inej étaient devenus très pales. Comment pourraient-ils réunir autant d'argent ? Qui était Kaz pour manier des sommes si astronomiques ?
— 15 000 ? murmura Marika, la voix tremblante.
— Plus, grommela-t-il après un silence.
Devant le regard ébahi des parents d'Inej mais également de celle-ci, il n'avait jamais eu aussi conscience de son coup de folie. Il comprenait mieux la réaction explosive de Haskell.
— Je ne comprends pas, Kaz. Sur mon contrat, je devais, en tout, rembourser 9 000 kurges. Comment aurait-il pu être supérieur à 15 000 kurges ?
— Tu devais seulement rembourser l'argent de Per Haskell, finit-il par répondre.
— Tu veux dire que tu as payé une partie de mon contrat de ta propre poche ? murmura Inej après un court silence.
— C'est l'idée, bougonna Kaz, de plus en plus gêné.
Haja et Marika étaient complètement dépassés par la discussion. De quoi parlaient-ils ? Qu'est-ce que cela signifiait ?
— Ghezen... Tu es complètement fou !
— Fou ? Oui. Fou de toi.
— Papa, si c'est toi qui le dis, ça perd complètement sa dimension romantique et son interêt, fit-elle excédée par leur comportement.
— Désolé, pas pu m'en empêcher. Mais du coup, ça change quoi cette histoire de contrat ?
— Ça change qu'en réalité je n'ai pas remboursé ma dette, même si officiellement je suis libre. Ça change que je suis redevable à Kaz à vie.
— Inej, on passe notre temps à se rembourser et à se sauver mutuellement la vie. Tu n'as aucune dette, déclara Kaz, catégorique.
— Super ? Question suivante ! Kaz, quelle est la date de naissance d'Inej ? (C'est pour savoir si vous vous connaissez bien)
— Le 16 mars, répondit Kaz au tac-à-tac.
Inej ne le lui avait jamais dit.
— Attends, comment tu le sais ? demanda-t-elle, les yeux écarquillés.
— Ah, parce que c'est le seul jour où tu vas au restaurent suli de Ketterdam.
— Oh.
A ce moment là, Anika fit irruption de la pièce.
— Dirtyhands ! Y'a du mouv'ment chez les Black Tips, sont en p'eine magouille ! On les zigouille ou tu v'dras les interroger ? Oh, j'vais pas vu que t'étais occupé, boss... Je vous laisse, dit-elle avant de partir précipitamment.
— Dirtyhands ? Attendez, vous êtes Dirtyhands ? Un malfrat de la pire espèce, un voleur et un assassin, la terreur de Ketterdam dont la cruauté n'a pas son pareil. Dirtyhands, dont les méfaits et la réputation ont traversé la True Sea ?
— Inej ne vous l'avez pas dit ? maugréa l'intéressé.
— Non !
Cependant le premier choc et l'horreur passés, ils regardèrent plus attentivement Kaz alias Dirtyhands. Il n'avait pas vraiment l'air méchant. Ils voyaient un garçon plutôt beau d'environ dix-sept ans à la peau très pâle, en costume et qui effectivement, portait des gants. Mais ce garçon avait également une coupe de cheveux assez originale, était légèrement rouge et avait l'air de vouloir partir en courant, ou du moins disparaitre sous terre pour fuir cette discussion. Et surtout il ne regardait et ne voyait qu'Inej. Il y avait pire comme gendre.
— Bien, finit par dire Marika.
— Comment ça, "bien" ? Vous ne partez pas en courant ? Vous ne me méprisez pas ? s'étonna Kaz.
— Non. Avoir comme copain Dirtyhands ne semble pas être une mauvaise chose. En tout cas moins qu'être son ennemi. Et tu pourras protéger Inej.
— Inej n'est pas de celles qui ont besoin d'être protégées, elle le fait très bien toute seule. Votre réaction est comme même bizarre...
-—Nous avons juste entendu des rumeurs. Les rumeurs sont souvent fausses, bien qu'elles contiennent également un fond de vérité. Je pense que vous êtes beaucoup moins cruel que vous vous ne le faites passer. Sinon, Inej ne serait pas amie avec vous. Et nous avons une confiance absolue en son jugement. Je pense également que vous avez commis des erreurs, mais ce qui compte c'est qui vous êtes aujourd'hui. Vous avez commis des crimes, oui, mais Inej aussi, et c'était par nécessité. Vous n'avez fait que survivre, et c'est normal. Si vous ne l'aviez pas fait, vous n'auriez jamais libéré Inej de la Ménagerie. Alors, qui que vous soyez, nous vous en sommes reconnaissants.
Kaz n'y comprenait plus rien. Il s'était attendu à des reproches, des insultes, de la peur, du dégoût et à l'interdiction de s'approcher de leur fille. Pas à une sorte de pardon. Inej avait de qui tenir. Pour la première fois depuis longtemps, il se sentait en paix.
— Bon, retournons à nos moutons. Après ces quelques mises au point, pouvez-vous nous rappeler la nature de votre relation, s'il vous plait -j'espère que vous avez changé de réponse- ?
— Amis.
La réponse avait fusé, sans une hésitation. Ce qui déplaisait au plus haut point aux parents d'Inej.
— Permettez-moi de récapituler tout ce que l'on sait sur vous deux. Kaz t'a libérée de la Ménagerie alors que rien ne l'y obligeait. Il a payé ton contrat à prix d'or et n'a pas demandé à ce que tu rembourses sa partie. Vous avez travaillé ensemble pendant deux ans, toujours l'un avec l'autre. Tu es devenue le Spectre, espionne hors pair crainte dans tout Ketterdam grâce à lui. Kaz t'a formée, appris à te battre, à te servir des couteaux et à crocheter des serrures. Vous vous sauvez mutuellement la vie. Vous vous inquiétez l'un pour l'autre. Kaz est reparti te chercher lorsque votre bateau a explosé. Kaz connait ton anniversaire juste en t'observant. Vous n'avez pas besoin de parler pour vous comprendre -on les a remarqués, vos longs regards !-. Kaz te voue une confiance absolue -d'après Nina- et l'inverse est vrai aussi. Tu souris plus en sa présence. Kaz aime t'embêter -d'après Jesper-. Lorsque tu as été kidnappée, il a tout fait pour te sortir de là même si tu n'étais plus "utile" pour la mission. Tu lui apprends des proverbes sulis normalement propres à notre peuple . Vous allez parfois manger des gaufres que tous les deux -Jesper semblait jaloux-. Quand tu n'es pas là Kaz est sur les nerfs. Tu supportes remarquablement bien Kaz -d'après Nina-. Tu l'obliges à dormir de temps en temps. Tu lui apportes chaque jour son café. Il a négocié avec le dénommé Sturmhond de nous retrouver à Ravka et de nous amener à Kerch. Il aime l'argent mais il t'a payé ton contrat. Il t'a acheté un bateau pour que tu accomplisses ton rêve. Vous vous dévorez du regard. Vous rougissez. Vous souhaitait plus que tout le bonheur de l'autre. Vous vous soutenez. Vous souriez d'un air complètement stupide. MAIS NON, VOUS ÊTES AMIS ! VOUS VOUS NE FOUTREZ PAS UN PEU DE MA GUEULE, LES D'JEUNES ? débita Haja, quelque peu emporté par son discours.
— Bon, on va vous laissez réfléchir, je suis sûre que vous avez plein de choses à vous dire, dit Marika avant de se lever. Oh, et Inej, tu peux le ramener à la maison, si tu veux, tu sais ? ajouta-t-elle en suli.
Les parents d'Inej sortirent de la pièce d'un air digne. Mais Kaz aurait juré avoir entendu des rire étouffés dès qu'ils franchirent la porte.
Le silence retomba. Kaz et Inej évitait chacun le regard de l'autre, cramoisis, n'osant même pas lever la tête. Chacun repassait en boucle dans son esprit les paroles de Haja, bien trop véridiques à leur goût. Ils oscillaient entre bonheur et honte suprême. Le silence était lourd, rempli de malaise. Finalement Kaz prit la parole.
— Ils sont plutôt directs, tes parents -mais très gentils-. Cependant, ils ont raison. On ne peut plus faire comme si de rien n'était.
— Serais-tu en train de me déclarer tes sentiments, Kaz Brekker ?
— Tu les connaissais déjà, non ? Donc techniquement, je ne fais rien du tout.
Inej sourit simplement. Ils levèrent le tête pour se regarder. Les deux semblaient extrêmement gênés, n'étant pas très doués pour les sentiments. Cependant, ils échangèrent un long regard avant de se sourire tendrement. Ce n'étaient pas des sentimentaux. Pourtant, ils étaient tombés amoureux l'un de l'autre. Et il fallait faire avec. Ils avaient peur. Pas vraiment de l'amour en lui-même, mais du fait de se livrer, de se mettre à nu, d'exposer leurs faiblesses et leurs doutes. Cela prendrait du temps et demanderait des efforts, mais ils y arriveraient. Ils arriveraient à être heureux. Mais, ne l'étaient-ils pas déjà ?
Ils étaient bien, dans ce bureau silencieux où ils avaient passé tellement de temps ensemble à concocter des plans improbables. Ils étaient chez eux. Et la présence de l'autre leur suffisait. Aucun mot ne fut prononcé, pourtant chacun avait l'impression de comprendre l'autre, de lire dans ses pensées. Et si aucun d'eux ne le dit, trois mots flottaient dans l'air : Je t'aime.
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Merci beaucoup beaucoup beaucoup pour les 1,1k de lectures !!!!!
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