Le Monstre aux yeux verts (2/2)
One-shot
Inej était étrangement calme. Elle devrait pourtant être triste, désespérée, détruite, en colère. Et pourtant, elle ne ressentait rien. Son cœur battait régulièrement, au même rythme que ses pas. Son souffle tranquille créait de la buée sous le froid mordant de Ketterdam. La jeune fille était comme anesthésiée.
La ville de tous les excès elle-même s'accordait un moment de répit : les bordels, bars et salles de jeux fermaient au levé du jour, les rats retournaient dans leurs égouts, tandis que la bonne société dormait encore à poings fermés. Ce moment de répit ne durerait pas. Bientôt, l'animation reviendrait dans les rues, avec ses cris, ses bagarres et ses rires. Bientôt. Mais pour l'instant, la torpeur des ruelles sinueuses était reposante.
Inej passa par les toits, comme à son habitude. Elle aimait sentir les tuiles rouillées et affutées contre ses chaussons de cuir. Elle aimait voir la cité de haut, être à l'écart du brouhaha habituel. Elle aimait atteindre les hauteurs, grimpant toujours plus haut, pour dépasser le brouillard et la bruine qui envahissaient la ville marchande ; peut-être apercevrait-elle un rayon de soleil égaré. Elle aimait voir la mer au loin, tourner la tête vers l'est, en direction de Ravka. Mais plus que tout, elle aimait sentir les puissantes bourrasques du vent maritime, chargé d'embruns et de sel, ce courant d'air violent qui faisait virevolter ses cheveux de jais et qui caressait son visage ; c'était le souffle de la liberté.
Mais pour une fois, Inej ne prêta aucune attention au paysage, elle ne jeta même pas un coup d'oeil à la fenêtre d'un manoir de mercuriens. Ses pensées étaient disparates, tout se mélangeait dans son esprit. Les sourcils froncés et les lèvres pincées, son visage était songeur. Elle était perdue, complètement paumée. La suli ne savait plus quoi penser de ce qu'elle avait vu. Et si Nina avait raison, et que ce n'était qu'un malentendu ? Mais le doute demeurait, il s'était infiltré en elle tel un poison, une substance mortelle, et menaçait de la tuer.
Ce n'est que lorsque ces pieds s'arrêtèrent d'eux-mêmes sur le toit du Slat qu'elle se rendit compte qu'elle était arrivée. Elle n'avait absolument aucun souvenir du trajet. Pourtant, elle était là, debout sur les tuiles glissantes, plantée devant une fenêtre douloureusement familière. Elle entendait son coeur pulser, ses battements étaient toujours aussi réguliers. D'un oeil extérieur, l'acrobate semblait calme, parfaitement sereine. Probablement le calme avant la tempête.
Silencieusement, elle glissa jusqu'au rebord de la lucarne. Inej ne savait pas ce qu'elle voulait voir. Une part d'elle espérait apercevoir Kaz assis à son bureaux, comptant des kurges : tout serait normal, et peut-être avait-elle imaginé la scène de la veille. Mais une autre part souhaitait probablement surprendre Kaz et sa pimbêche, pour pouvoir déverser toute sa colère sur quelqu'un - à raison-. La jeune fille se demanda comment elle réagirait si elle se trouvait nez-à-nez avec la rouquine. Que dire ? L'insulter ? Se comporter normalement ? L'ignorer ? Faire une remarque sarcastique ? Non, elle garderait probablement le silence, incapable d'ouvrir la bouche. Elle aurait l'air parfaitement ridicule.
La suli prit une grande inspiration, et s'hasarda à jeter un coup d'oeil à travers la fenêtre. Devant la pénombre ambiante, elle plissa les yeux, cherchant... Kaz, la fille, quelque chose de suspect, elle ne savait pas elle-même. Elle relâcha rapidement sa respiration : la pièce était heureusement, ou atrocement, vide. Avec souplesse, elle bondit dans la pièce, se réceptionnent avec la légèreté d'une plume. S'il avait été là, Kaz l'aurait toisée, mi-moqueur, mi-heureux de la voir. L'absence du jeune homme lui pesait. Certes, elle avait légèrement envie de le frapper, mais son besoin d'être entourée n'avait pas failli depuis la veille. Et seul le voleur était capable de la réconforter.
Jetant un dernier coup d'oeil au bureau désert, elle quitta la pièce. A peine était-elle parvenue au couloir biscornu qu'elle se figea. Un rire, féminin, délicat et distingué, semblait provenir d'une des chambres. La gorge désormais serrée, Inej s'approcha à pas de loup. Une jolie jeune femme, pouffant de rire, sortit de la chambre située la plus à gauche. Difficile de ne pas la reconnaitre.
C'était Petrochka, une des nouvelles recrues des Dregs. Ses cheveux blond cendrés un brin crasseux, sa figure mutine parsemée de tâches de son et ses sublimes yeux bleus translucides, la rendaient reconnaissable entre mille. A sa suite apparut Pim, semblant quelque peu échevelé. La fille se tourna vers lui, la mine audacieuse, elle glissa sa main sur le torse du colosse. Inej ferma les yeux, grimaçante : elle aurait préféré ne jamais voir ça.
La suli se contenta de tourner les talons, à la recherche de Kaz. Elle finit par le trouver dans la salle commune, plongé dans une conversation passionnante. Toujours aussi discrète, elle s'approcha de lui. Son coeur, pourtant si paisible jusque là, rata un battement. Elle était là. Sa beauté était toujours aussi aveuglante. Non seulement elle était canon, mais en plus elle était intelligente ; Kaz semblait boire ses paroles, et hochait la tête d'un air appréciateur. Pas étonnant qu'il ait préféré cette déesse à elle.
Inej les observa de longues minutes, pensive. Malgré sa douleur à leur vue, elle était comme hypnotisée. Kaz n'arborait pas sa perpétuelle expression manipulatrice, loin d'être impassible ou méprisant, un mince sourire ornait ses lèvres fines. Il n'avait jamais semblait aussi détendu, aussi vivant. Ils paraissaient tellement... complices. Le couple parfait. Sur une impulsion dont elle ne comprit le sens, ses jambes se mirent à bouger, la tirant sous la lumière. Ainsi dévoilée aux yeux du duo, elle déglutit, et attendit. On y était.
Kaz tourna la tête dans sa direction, et la surprise se peignit sur son visage. Il ouvrit la bouche, avant de la refermer. Le silence, pesant, se prolongeait. L'autre fille la regardait d'un air perplexe, presque amusée même. Inej préféra ne lui prêter aucune attention, se focalisant sur Kaz.
— Bonjour, Kaz.
— Le Spectre. Tu es rentrée ? fit-il, se raclant la gorge.
— Comme tu peux le voir, oui.
— Quand ça ?
— Hier, répondit-elle calmement.
Kaz savait que quelque chose n'allait pas. Inej était devant lui sans faire mine de se rapprocher, ses épaules étaient tendues, et surtout elle rivait un regard glacial sur lui. Un frisson lui parcourut l'échine. Que se passait-il ?
— Oh. Et tu n'es pas venue ?
Il faisait de son mieux pour ne pas paraitre trop vexé. D'habitude, Inej passait toujours le voir, c'était la première chose qu'elle faisait en rentrant, même si elle devait dormir au manoir. Alors, pourquoi pas cette fois ?
— Non. Tu semblais en bonne compagnie, je ne voulais pas te déranger.
Son calme était bien plus terrifiant que sa colère. Mais le voleur commençait à comprendre. Il ne savait pas vraiment réagir. L'évidente jalousie d'Inej était plutôt mignonne assez yeux, mais la douleur qu'il lisait dans ses yeux le dissuada d'en rire.
— Quoi que tu aies vu, ce n'est pas ce que tu crois...
— Oh, Kaz ! Tu aurais au moins pu trouver une réplique moins clichée ! s'écria-t-elle.
Sous le regard médusé du jeune homme, Inej quitta la pièce en trombe, non sans ficher un couteau dans la table au préalable. OK. Qu'est-ce qu'il s'est passé, là ?
— Wow, elle est... explosive, gloussa sa compagne.
Kaz ne répondit rien. Ça ne ressemblait tellement pas à Inej, sa douce et patiente Inej. Quelque chose d'autre avait dû survenir. Mais avant toute chose, il devait la détromper, le plus vite possible. Sans y réfléchir à deux fois, il bondit sur ses pieds sans aucune considération pour sa mauvaise jambe.
— Quel empressement ! Laisse-la se calmer toute seule, elle se rendra bien compte à quel point elle est ridicule.
— Ferme-la, Imogen, répliqua-t-il d'une voix glaciale.
Sans lui accorder une seconde de plus, il partit retrouver Inej. Kaz savait où elle était allée. La suli gagnait toujours cet endroit lorsqu'elle était triste. Boitant, il gagna le grenier, avant de passer maladroitement par la fenêtre, et la jambe peu sûre, il parvint à la corniche jouxtant le Slat. Assise contre la cheminée, un corbeau sur le dos de la main, se tenait Inej. Ses joues étaient barbouillées de larmes. Alors qu'il s'adossait à ses côtés, elle ne lui jeta même pas un regard, les yeux perdu vers l'horizon brumeux.
Ils restèrent longtemps silencieux, l'un à côté de l'autre. Kaz lui jetait parfois de discret coup d'oeil, tentant de voir une ouverture sur ce visage si fermé. Au moins, Inej n'était pas partie à sa vue. Le dialogue était encore possible.
— Qu'est-ce qu'il se passe, le Spectre ?
— Tu oses me poser la question, Dirtyhands ? dit-elle, sans même le regarder.
L'emploi de son surnom n'était pas bon signe. Sa voix légèrement étranglée lui brisa le coeur.
— Je ne peux pas savoir ce que tu as vu. Et il y a autre chose, j'en suis sûr, murmura-t-il.
Inej n'avait pas la force de parler. Elle était vidée, complètement vidée. Elle avait explosé, purement et simplement. Les larmes qu'elle retenait depuis si longtemps dévalaient ses joues, glissant le long de son cou. Elle n'avait pas la force de les cacher.
La présence de Kaz l'insupportait et la réconfortait à la fois. Mais elle avait désespérément besoin de soutien, et seul le jeune homme pouvait la consoler, il la perçait à jour avec une facilité déconcertante. Alors, tant pis pour son orgueil et sa colère : il était temps de se confier.
— Inej... Tu sais, pour Imogen... commença-t-il avec hésitations.
— J'en ai rien à faire de cette fille, siffla la suli. C'est pas ça, le problème.
Kaz haussa les sourcils, d'un air dubitatif.
— Alors qu'est-ce que c'est ?
— Aussi étonnant que cela puisse paraitre, tout ne tourne pas autour de toi, Kaz. C'est à cause de mon équipage...
Le voleur était surpris. Il ne s'y attendait pas du tout. L'équipage du Spectre était fidèle, il aurait suivi sa capitaine jusqu'au bout du monde et ne l'aurait jamais abandonnée. Une mutinerie était chose déroutante. Il fit taire ses suppositions et ses angoisses, laissant Inej continuer.
— Il ne s'est pas retourné contre moi, si c'est ce que tu penses. Mais il aurait dû. S'il avait protesté, on ne serait pas tombé dans ce piège, souffla-t-elle la voix tremblante.
— Quel piège ?
— Oh, Kaz, tout est de ma faute. J'aurais dû comprendre que c'était une illusion ! Kalispera avait des grishas avec lui. Plusieurs... plusieurs d'entre eux ont tissé une "toile", on voyait le bateau couler suite à notre abordage. Bêtement, j'ai ordonné qu'on s'approche pour s'assurer que le navire sombrait dans les abysses, et pour repêcher les quelques prisonniers restant, et, et, fit-elle, les larmes roulant sur ses joues.
Kaz ne disait rien. Il avait compris ce qui était arrivé. Il n'était pas sûr de vouloir entendre la suite, de savoir comment ils étaient tombés dans le piège, comment ils s'étaient faits massacrés. Mais il laissa Inej continuer, malgré ses yeux bruns embués, ses lèvres tremblotantes et sa voix étranglée, elle semblait vouloir aller au bout de son récit.
— En réalité, le bateau n'avait presque aucun dommage. Et surtout, il y avait un autre vaisseau. Il est sorti de la brume, de nulle part, armé jusqu'aux dents. On était trop proche pour espérer prendre la fuite. On s'est fait canardé. Il y avait tant de sangs, d'explosions et de morts...
L'acrobate semblait revivre la scène, les yeux écarquillés et vitreux, fixant un bateau imaginaire. Ses mains tremblaient, tout son corps était tendu, en alerte, horrifié. Maladroitement, Kaz posa sa main sur son coude pour la rassurer, la faire revenir auprès de lui. Inej tourna pour la première fois son regard vers lui, le regardant sans le voir vraiment.
— On a fini par réussir à mettre les voiles et ils ont abandonné leur poursuite, on ne représentait plus aucun danger pour eux. La moitié de mon équipage a été exécutée. Et j'ai... et j'ai abandonné certains de mes compagnons à leur sort, murmura-t-elle avec dégoût.
Kaz ne savait pas quoi répondre. Inej n'avait jamais semblé aussi fragile, il craignait qu'elle s'effrite s'il la touchait, qu'elle disparaisse, réduite en poussière. La suli sentait son coeur battre à tout rompre, elle craignait la réaction de Kaz. Il devait tellement la prendre pour une idiote, la mépriser... Le criminel gardait le silence, pensif. Les minutes passèrent.
— Ce n'est pas de te faute, lâcha-t-il enfin.
Des mots si simple, mais le poids sur ses épaules semblait moins lourd. Sa respiration était plus calme, plus aisée. Sa vision s'agrandissait et devenait plus nette. Inej se sentait mieux, tout simplement.
Avec hésitations, Kaz passa son bras autour des frêles épaules de la jeune fille, et l'attira vers lui. Elle posa sa tête contre son torse, ses cheveux soyeux lui chatouillait le nez. Kaz réalisa à quel point elle lui avait manqué.
— Kaz ?
— Mmm ?
— C'était qui, cette fille ? chuchota l'acrobate.
— Personne d'important. Juste une vieille amie, rajouta-t-il devant le sourcil levé d'Inej.
— Et tu l'aimes ?
Inej craignait la réponse de Kaz, mais elle avait confiance en lui. Peut-être avait-elle tort d'ailleurs, cependant elle croyait en la fidélité du jeune homme. Ce qui n'empêchait pas l'angoisse de lui nouer la gorge.
— Non.
Son ton était catégorique, mais Inej perçut la légère fêlure dans sa voix. Elle avait appris à décoder toutes les nuances de cette voix rocailleuse.
— Menteur, ricana-t-elle.
Kaz garda le silence. Il avait été surpris en voyant Imogen débarquer au Slat, tout sourire. Les Dregs avait écarquillés les yeux lorsqu'elle s'était approchée vers Kaz comme si elle était chez elle ; ils étaient restés bouche-bée quand Kaz l'avait saluée. Son arrivée avait fait courir des rumeurs, il en était conscient. Mais il ne s'en préoccupait guère. La rouquine avait changé, s'était embellie, c'était indéniable. Il avait aimé la voir de nouveau, retrouver son sourire mutin, son franc parler et sa démarche féline. Imogen était jolie, maline, naturelle. Oui, il l'aimait bien.
— Je n'aime pas Imogen. Pas comme ça. C'est une amie précieuse... elle te ressemble un peu, sur certain aspect. Pour répondre à ta question, oui, je l'ai aimée. C'était il y a longtemps, maintenant.
— Kaz, tu sais, je comprendrais si tu l'aimes encore. Elle est magnifique, elle semble courageuse et intelligente, elle est là pour toi. Alors que moi... je suis juste moi, Inej, pas là la moitié de l'année, même pas foutue de protéger son propre équipage.
— Inej, ne dis plus jamais ça, trancha-t-il. Je ne sais même pas par où commencer tant tes paroles sont absurdes. Tu sais, moi aussi j'ai laissé mourir des compagnons dans des missions. Tu ne peux pas veiller sur eux, seulement les guider. Tu ne peux pas sauver tout le monde, et ils savaient ce qu'ils risquaient. Ne les oublie pas, Inej, mais pardonne-toi. C'est aussi ça, être un leader. Et tu t'en sors à merveille, fais-toi confiance. Inej, tu es vraiment quelqu'un de bien. Tu es un ange, quoi que t'en penses, et ce malgré ton vécu. Tu es courageuse, l'une des personnes les plus braves que je connaisse, tu surmontes les obstacles, garde la tête haute en toute circonstances. Je t'attendrai cinq ans, dix ans, cinquante ans, ou même l'éternité s'il le faut. Et tu es vraiment jolie. J'aime tes cheveux brillants, tes yeux bruns chocolats, tes lèvres, ta peau. J'aime tout chez toi.
Puis, rivant ses yeux à la couleur du thé fort dans ceux d'Inej, finissant ainsi de la déstabiliser, il ajouta :
— Je t'aime, toi. Et n'en doute jamais.
C'était la première fois qu'il le lui disait. Son coeur était trop plein, une unique larme glissa le long de sa joue. Kaz l'arrêta de son pouce, encadrant son visage de ses mains nues.
— Je t'aime aussi, souffla la suli.
Un mince sourire étira les lèvres du jeunes hommes. Lentement, il se pencha vers elle, Inej glissa ses mains dans ses cheveux de jais. Enfin, ils s'embrassèrent.
Légèrement essoufflés, ils se séparèrent enfin, sans se quitter du regard.
— Comment tu as rencontré Imogen ?
— Tu penses à ça dans un moment pareille, toi ? grommela le kerch.
— Je suis juste curieuse.
— Si tu veux vraiment savoir, je l'ai sauvée et elle m'a giflé.
Inej ouvrir des yeux ronds, avant d'éclater d'un rire cristallin.
— Elle a giflé Kaz Brekker ? s'exclama-t-elle. Il faut absolument que j'aille lui parler, rit-elle en bondissant sur ses pieds.
Kaz fronça les sourcils. Il sentait déjà qu'Imogen et elles s'entendraient comme larrons en foire... Il se releva aussi vite qu'il put : il était hors-de-question qu'Imogen raconte des anecdotes gênantes ! Poursuivant le rire d'Inej, il sourit : Saint, qu'il aimait ce son...
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Mini bonus pour répondre à une demande de MissIrisa
Kaz bouillait sur place. Inej venait de rentrer de quatre mois en mer, et tout ce qu'elle trouvait à faire c'était caresser ce stupide chat ! Chat qu'elle avait adopté sur un coup de tête, qui portait un nom des plus ridicules (Biscuit, sérieusement ?), qui n'était même pas mignon, et qui surtout l'accompagnait dans ses voyages. Autrement dit, Inej lui préférait un chat pelé qu'elle voyait tous les jours.
Sa fierté en prenait un coup. Furibond, ses yeux envoyaient des éclairs en direction du pauvre animal. Puisque c'est comme ça, il allait bouder.
Sa stratégie était un échec cuisant. Inej n'avait rien remarqué, même quand il avait quitté la pièce à grandes enjambées. Il s'affala dans son fauteuil, maudissant ce fichu chat. Il devait bien y avoir un moyen de s'en débarrasser sans que la jeune fille s'en aperçoive, ou du moins qu'elle ne remonte pas jusqu'à lui. Il pourrait peut-être l'empoisonner...
— Kaz ?
L'interpellé leva les yeux. La jeune fille, enveloppée d'une douce lumière, se tenait devant lui. Il rattrapa le sourire qui lui montait aux lèvres à sa vue, et fronça les sourcils d'un air agacé.
— Tu es ridicule, tu sais ? rit doucement Inej.
Pour toute réponse, Kaz renifla d'un air digne, tournant la tête sur le côté.
— Allez, viens avec nous, on mange des gaufres. Regarde, je t'ai apporté ta préférée.
Alléché par la délicieuse odeur qui s'en dégageait, il se retourna pour évaluer la gaufre croustillante surmontée de chocolat, de caramel, et de chantilly. L'eau lui monta à la bouche. Mais il devait rester fort, et ne pas se laisser amadouer par de telles futilités ! Il se contenta de toiser la jeune fille d'un air impassible.
— Arrête de faire la tête, Kaz, on dirait un enfant de huit ans ! s'exaspéra-t-elle. Continue de bouder dans ton coin, moi je vais retourner voir les autres.
Le voleur la suivit du regard jusqu'à ce qu'elle disparaisse. En plus, elle avait rapporté la gaufre avec elle... Mais il tenait à sa fierté, il n'irait pas.
Deux heures s'étaient écoulées, il entendait les rires de la pièce d'à côté. Il commençait à se sentir ridicule, tout seul dans son fauteuil à broyer du noir. La porte s'ouvrit alors lentement dans un grincement.
— Inej ? demanda-t-il avec une note d'espoir.
Aucune réponse. Un petit chat tigré apparut alors. Super, il manquait plus que ce galeux félin...
Puisqu'il n'avait rien d'autre à faire, Kaz l'observa. Ce chat était définitivement moche, avec son oreille droite abimée, son pelage crasseux et son museau écrasé. Il devenait juste un peu moins répugnant lorsqu'il se roulait en boule. D'anciennes blessures parcouraient son corps. C'était un survivant. Comme moi, songea le voleur.
Lentement, il se pencha et du bout des doigts, toucha la tête du chat. C'était moins répugnant que prévu. C'était même assez doux, tout compte fait...
— Kaz, qu'est-ce que tu fabriques ?
— Hein ? Euh... je regardais s'il n'avait pas de puces, marmonna-t-il.
La scène était cocasse. Le grand, cruel et inquiétant Dirtyhands était agenouillé sur la moquette, les yeux pétillants, en train de papouiller un chat ronronnant.
— Vu que tu as arrêté de bouder, tu comptes m'embrasser, un jour ? Cela fait quatre mois qu'on s'est pas vus ! Et lâche ce chat, on dirait que tu ne vois que lui !
Kaz haussa un sourcil, moqueur : maintenant elle comprenait ce que ça faisait... A regret, il retira sa main de cette boule de poils adorable, et rejoignit Inej.
— Je suis quand même plus important que ce chat, hein ? murmura-t-il.
— Mais oui, dit-elle en se hissant sur la pointe des pieds avant de l'embrasser.
..................
Je suis désolé, j'ai dû faire une pause Wattpad pour plusieurs raisons... La suite a tardé.
J'espère que cela vous plait quand même, je ne suis pour ma part pas totalement convaincu, je réécrirai probablement ce chapitre.
Tous les titres de chapitres ou presque vont être changés ces prochains jours, ne soyez pas surpris, et je vais poster trois chapitres de transition entre les différentes parties.
N'hésitez pas à me commenter et/ou à voter, et je vous souhaite une bonne journée (voire de bonnes vacances pour certains).
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