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CHAPITRE 4 ◈ Prisonnier des Limbes ✔

    Cela faisait désormais plusieurs semaines que je vivais sur Terre en compagnie des humains. J'ai pu compléter mes connaissances de ce monde grâce à Jack qui m'informait quand il ne travaillait pas et en lisant les livres que me donnait sa femme. La Terre avait beaucoup changé en quatre mille ans et il semblait que les humains ignoraient toujours l'existence des trois cités légendaires d'antan : Atlantis, Mu et Lemuria.

   Je soupirai en chassant les souvenirs de cette époque lointaine. Avec nonchalance, je me dirigeai vers une clairière où j'avais pris l'habitude de travailler mes pouvoirs. Plusieurs fois, j'ai essayé de les refaire fonctionner, mais ma puissance avait régressé jusqu'au summum du ridicule.

   Comme je l'avais déjà fait des centaines de fois, je fermai les yeux et concentrai les particules éthériques de mon corps pour créer une boule de feu, mais seule une flammèche bleutée à l'aspect dérisoire s'échappa de mes doigts.

   Lassé par ces efforts inanes, je m'allongeai sur le sol douillet de la clairière. Je contemplai le ciel en prêtant une oreille attentive aux gazouillements des oiseaux qui se mêlaient aux croassements d'un corbeau. Je sentais le doux souffle du vent se fondre sur ma peau, écoutant les échos de mes pensées. Qu'arriverait-il si je ne retrouvais jamais ma puissance d'antan ? Si je restais cet être prisonnier de ses tourments et de sa condition ?

   Soudain, j'entendis une branche craquer et je me relevai aussitôt. Jack me faisait face et arborait son éternelle casquette d'un air fier. Il était habillé avec beaucoup d'élégance, mais n'hésitait pas à enfouir ses mains dans ses poches, lui donnant une allure étrange.

— C'est une coutume chez certains humains d'aller le dimanche dans une église pour prier, commença-t-il d'un ton calme. J'aimerais que tu m'accompagnes aujourd'hui.

— Hors de question.

— Je ne comprends pas. Tu es un ange, pourquoi cela te dérange-t-il tant ?

— Ma relation avec Dieu est assez conflictuelle..., répondis-je embarrassé.

   Jack ôta sa casquette, ébouriffa ses cheveux puis la replaça sur son crâne. Il soupira et me regarda avec compassion :

— Tu es déchu, n'est-ce pas ?

   Je n'osais pas répondre. Pourquoi confirmer ma décadence après tout ? J'en avais déjà suffisamment honte...

— Viens. Juste une fois, insista-t-il.

— Je ne peux pas. Le dieu que tu pries n'est pas celui que tu penses, celui que les religions terrestres décrivent. C'est un dieu impitoyable qui dirige le monde d'une main de fer et le gouverne grâce à une justice impartiale.

— Tu l'as déjà vu ?

— Oui. Une fois. Le jour où il m'a banni du Paradis. Il fallait bien qu'il sorte de son antre et se montre en personne pour la condamnation du premier ange déchu !

— Tu veux dire que tu ne l'as jamais vu avant ?

   J'expirai un souffle exaspéré en entendant ces mots. Cet humain posait beaucoup trop de questions et cela commençait à m'agacer. Mais c'était notre accord. Je répondais et il m'informait sur ce monde.

— Et comment est-il ? poursuivit Jack, impatient.

— Lumineux, soupirai-je. Mais ce n'était pas sa vraie forme, il ne s'est présenté que derrière le masque d'un vieillard.

— Peut-être est-il âgé ? Un dieu peut-il vieillir au fait ?

   Je haussai les épaules d'un air désintéressé. Qu'est-ce que j'en savais ? Père a donné vie aux anges un beau jour et personne d'autre que lui n'existait avant notre création. Les seuls témoins étaient les milliards de planètes et de galaxies inhabitées...

— Peut-être est-il immortel, peut-être est-il mortel. Lui seul connaît la vérité. Moi-même j'ignore si je peux mourir de vieillesse, ironisai-je.

— Mais si Dieu est mortel et qu'il meurt un jour... Que se passera-t-il ?

— Aucune idée. La fin du monde ?

— Et après quoi ? Rien ? Juste, plus d'âmes, plus de dieu, plus d'univers ?

— Ne pose pas de questions dont tu crains la réponse.

— Mais je ne veux pas qu'il y ait une fin à tout cela, rétorqua-t-il en contemplant le paysage qui nous entourait.

   Soudain, deux ombres surgirent derrière lui. Enfouie dans un manteau en laine, une humaine s'approcha de de leur l'oreille de Jack et lui murmura des paroles que j'entendis sans peine. Ils prirent la main de leur fils et Jack ébaucha un sourire chaleureux :

— Je dois y aller, la messe va bientôt commencer. À tout à l'heure.

   Je hochai la tête et regardai la famille s'en aller. Pourquoi avais-je l'amère sensation que cela sonnait comme un adieu ? Je détournai le regard avec nostalgie, mais ce que je vis me laissa sans voix. Trois lumières dorées se matérialisèrent devant moi. Des anges gardiens... Cela n'augurait rien de bon.

— Que voulez-vous ? demandai-je en énochien, la langue des anges.

— Danael, Péché de la Colère et Premier Déchu, nous te demandons de quitter ces humains, déclarèrent-ils en chœur.

   Je me crispai en entendant ces mots. Forcément, il fallait toujours qu'un obstacle se pointe à l'horizon. Je leur lançai un regard noir et adoptai un air sombre, presque menaçant.

— Pourquoi ? Je n'ai rien fait de mal.

— Tu pervertis les humains que nous protégeons. Tu as déjà causé suffisamment de mal il y a quatre mille ans. Avoir ravagé les Cieux ne te suffit pas, tu veux apparemment aussi corrompre le monde des âmes dont nous avons le devoir de protéger.

— Je désire simplement un endroit où poursuivre mon existence loin des conflits célestes, soupirai-je. Au diable le Paradis ! Au diable les Enfers ! Cette guerre n'amènera qu'une pluie de destruction et sèmera le chaos sur le monde, rien d'autre. Il n'y aura même pas de paix, juste des cendres et des cadavres.

   Une des lumières s'assombrit l'espace d'un très bref instant. Avais-je réussi à convaincre un des anges ? L'avais-je touché au travers de mes mots ?

— Tu mens, poursuivit sèchement un des êtres dorés. Partout où tu vas, tu fais des ravages, ton âme respire la puanteur du Mal. Nous t'avons laissé faire jusqu'ici car nous pensions que tu n'irais pas si loin, mais aujourd'hui tu as franchi les limites de notre tolérance. L'humain à qui tu parlais s'est mis à douter de notre Père. Tu les influences !

— Non ! Vous m'avez laissé faire car vous avez peur de moi. Si Lucifer effraie notre Père, je représente les affres des anges, la plus grande terreur des Cieux ! Je peux lire dans vos âmes l'épouvante qui abrite vos cœurs !

   Des nuances grises troublèrent aussitôt la couleur de l'âme des anges gardiens. Oui, tremblez de peur, pauvres fous... Toutes les créatures qui connaissaient mon existence me craignaient et me redoutaient. J'observai l'éclat pathétique des trois êtres de lumière. Leur conviction s'était écroulée à cause de l'effroi qui les rongeait. J'esquissai un sourire narquois et fis quelques pas dans la direction opposée, jugeant inutile de poursuivre cette conversation. Mais un des anges, déterminé à protéger l'humain dont il avait la charge, s'exclama :

— Nous te laissons quinze secondes pour te décider. Pars et survis, ou reste et subis ton châtiment.

— Mon châtiment ? répétai-je en me tournant vers lui. Vous n'êtes que trois anges gardiens dérisoires face à un Séraphin. La poussière ne peut pas confronter un ouragan. Un claquement de doigts et vos âmes prennent un aller direct vers le Néant.

— Nous savons que Lucifer t'a jadis libéré des Limbes, mais que tu as refusé et que t'affaiblis ici sur Amathìs. Chaque jour, tu deviens un peu plus humain. Tu es actuellement si faible que tu peux à peine allumer un feu !

   Je ne pouvais donc pas bluffer. Ils savaient toute la vérité. Les nouvelles semblaient aller bien vite, là-haut. J'esquissai un sourire fatigué et levai les yeux vers le ciel assombri, à la recherche d'une aide miraculeuse. Mais rien ne vint. J'étais seul. Totalement seul.

— Nous exigeons ta réponse ! s'empressa l'ange le plus résolu.

— Si je suis exclu de tous les mondes, où puis-je aller ? murmurai-je le regard perdu dans le vide.

— Les déchus n'ont leur place nulle part.

— Vous rêvez que je retourne en Enfer, n'est-ce pas ?

   Les anges ne répondirent pas. Je les regardai à tour de rôle, toisant ces êtres trop lâches pour oser me contredire. Finalement, l'un d'entre eux brisa le silence, mais avec pour seule intention celle de me condamner :

— Tu ne nous as pas donné ta réponse. Nous considérons cela comme un refus. Tu vas désormais recevoir ton châtiment.

   Dans une concentration absolue, les anges gardiens unirent leurs forces pour former un étrange cube violacé qui semblait abriter un cauchemar. Quelque chose cognait à l'intérieur, tandis que l'objet devenait de plus en plus grand et imposant. Inquiet, je l'observais s'approcher de moi.

   J'aurais voulu bouger, lutter de toutes mes forces pour échapper à ce cauchemar. Mais mon corps était paralysé par la terreur grandissante. J'entendais mon cœur tambouriner jusque dans mes tympans et ma respiration s'accélérer à un rythme inquiétant. L'angoisse envahissait tout mon esprit.

   Lorsque que le cube de lumière me frappa, le sol se mit aussitôt à trembler sauvagement. De violentes secousses me firent perdre mon équilibre et des chaînes flamboyantes sortir des entrailles de la terre pour emprisonner mon corps. Les flammes sombres s'enroulèrent autour de mes jambes et les traversèrent de part en part, se délectant de ma chair.

   Une nuée de ténèbres dévora finalement tout ce qui se trouvait autour de moi, tel le plus cruel des orages qui faisait sombrer le monde dans le chaos. Je me retrouvai dans le noir complet, tandis que mes paupières se fermèrent lentement, sans aucune lutte possible.

*****

   Lorsque je rouvris les yeux, je constatai avec stupeur que j'avais changé d'endroit. Une forêt sombre, lugubre et brumeuse avait remplacé la clairière. Les arbres, tous identiques, sans feuilles et sans nuances, peuplaient le lieu jusqu'à l'infini. Leurs branches semblaient s'allonger, s'étirant telles de longues et menaçantes pattes d'araignées.

   Je n'entendais rien, car il n'y avait rien à entendre. Le silence était roi. Le brouillard qui recouvrait le sol étouffait même l'écho de mes pas, me plongeant dans une atmosphère sépulcrale. La forêt était sombre, immobile et sans voix. Pas un bruit, pas un son.

   Je levai les yeux pour essayer de définir l'heure, mais je ne vis aucun astre dans le ciel. Ni la lune, ni le soleil. Juste un tapis de nuages infinis. J'avais l'impression d'être figé dans le temps, noyé dans la solitude. Il n'y avait aucun bruit, aucune odeur, aucun mouvement. Seule la légion d'arbres me portait compagnie.

   Je mis un certain temps avant de comprendre, mais lorsque la réalité frappa enfin mon esprit, je fus immédiatement pris de terreur. Il n'existait qu'un seul endroit comme celui-ci : les Limbes. Aussitôt, je m'effondrai sur le sol et hurlai de désespoir :

— Non ! Non ! Non, vous n'avez pas le droit ! Libérez-moi !

   Je courus désespérément dans tous les sens à la recherche d'une échappatoire. Je savais pourtant qu'il n'en existait aucune, mais les Limbes jouaient avec votre esprit en vous donnant l'espoir que vous pourriez vous évader, alors qu'au fond de vous, vous saviez pertinemment que vous ne pourriez jamais vous échapper.

   J'avais jadis passé trois mille ans dans cet enfer. Ce fut assez pour me faire perdre la raison. Il s'agissait là d'une prison parfaite et éternelle pour les êtres célestes aux péchés les plus exécrables. Chaque créature était enfermée dans une forêt infinie, recouverte d'une brume obscure qui empêchait de pouvoir s'orienter.

   Mais je refusais d'y retourner ! De simples anges gardiens ne pouvaient simplement m'y renvoyer ! Je hurlai dans le vide, suppliant pour qu'on me libère :

— Sortez-moi de là ! Je vous en conjure !

   Je m'effondrai au sol, seul, laissant les larmes de désespoir couler sur mes joues. Je me recroquevillai dans le tapis de brume, hurlant à m'en briser la voix et à m'en déchirer la gorge pour demander de l'aide. Mais seul l'écho sinistre de mes hurlements désespérés me répondit.

   Je relevai finalement mon visage couvert de poussière et sillonné par les larmes. D'une voix éraillée, je tonitruai à l'intention des anges gardiens :

— D'accord ! Vous avez gagné, je partirai !

   La forêt de brume s'effaça sous mes yeux embués et je sentis alors une vague de libération se propager dans mon cœur. Les chaînes qui entravaient mon corps se dissipèrent en même temps que les ténèbres autour de moi. Je repris lentement conscience et redécouvris la clarté du jour. Je fermai les yeux et savourai la douce chaleur du soleil qui réchauffait mes membres endoloris.

— Ce... Ce n'était qu'une illusion, mais tout cela semblait si réel..., bredouillai-je encore sous le choc. Les Limbes sont tellement pires que les Enfers, c'est un cauchemar vivant...

   Les anges ne répondirent pas, mais leurs âmes se teintèrent d'une nuance verdâtre, me laissant penser à un sentiment d'empathie. Cette vision me répugnait. Comment osaient-ils faire preuve de compassion alors qu'ils étaient les responsables de mon malheur ? L'ange qui m'avait fait prisonnier de cette illusion un peu plus tôt prit finalement la parole d'un ton solennel :

— Consens-tu à quitter ces humains et à ne plus jamais revenir les revoir ?

— Oui, je consentis..., soufflai-je docile.

— Nous ne pouvons t'interdire de parcourir cette planète, mais tiens-toi à l'écart des humains. Les anges gardiens sont partout et ne te laisseront pas corrompre leurs protégés. Nous t'avons libéré de l'illusion, mais tous ne le feront pas.

   J'acceptai son conseil et partis dans la direction opposée. Je regrettai avec amertume de ne pas pouvoir dire adieu à Jack qui m'avait pourtant bien aidé. D'une démarche apathique, je foulai la terre sans conviction. Si même Amathìs, ce sombre monde dépravé, me rejetait, peut-être était-ce tout simplement préférable d'agir dans mon unique intérêt et d'oublier les autres. Après tout, je semblais être touché par la malédiction de l'errance éternelle, condamné à trouver ma place dans cet univers.  

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