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⚘31. Le retard

5 février 2020


          — "ON VERSE DANS UNE CUVE un liquide X de masse volumique 957 kg . m-3, puis on verse dans cette même cuve un liquide Y de masse volumique 865 kg . m-3. Le liquide au fond a une hauteur de 12 cm et l'autre de 23 cm. Malheureusement, une goutte de mercure, de 3,6 mm de rayon, tombe dans la cuve. Calculez la pression à l'intérieur de la goutte". 

Au fil de ma lecture, je m'étais appliquée à reporter les différentes valeurs sur ma feuille de brouillon, tentant du mieux que je le pouvais d'organiser mes idées. Hélas, après avoir travaillé tout un après-midi sur mon polycopié d'hydrostatique, je devais avouer que mon cerveau — de même que mes yeux — commençait à sérieusement fatiguer. Pour autant j'esquissai un rapide schéma dans le coin de ma feuille, indiquant les liquides X et Y et dessinant la goutte de mercure vagabonde en rouge. 

Les rayons du soleil disparaissaient peu à peu derrière les toitures orangées de Saint-Florian, dissimulés par la hauteur des résidences universitaires érigées au loin. Dans la rue, les véhicules roulaient au pas, les uns sur les autres, tentant tant bien que mal de se frayer un passage au travers de cette cohue. Des coups de klaxon fusaient en tous sens, plus ou moins furieux. Une ambulance en provenance du CHU déboula à toute vitesse et plus d'une voiture se pressèrent le long des trottoirs. 

Je soupirai et quittai des yeux la fenêtre de ma chambre, les reposant sur mon polycopié d'UE 3.b). Un rapide coup d'œil à l'énoncé et j'inscris la formule à utiliser près de mon schéma. Je m'emparai de ma calculatrice et tapai mon calcul, priant pour que le résultat trouvé soit correct. Par chance, une des propositions du QCM correspondait et je notai la lettre "B" en face du numéro de la question. 

Un "boum" m'indiqua que Van Gogh venait de descendre de mon lit et je tournai la tête dans sa direction, souriant alors que la boule de poil se faufilait à l'extérieur de ma chambre en s'étirant de tout son long. Malo était parti à la prépa il y avait quelques minutes de cela, laissant quartier libre à Van Gogh qui, le connaissant, allait sans aucun doute somnoler sur son oreiller. 

Je laissai mon dos retomber contre ma chaise et m'emparai de mon téléphone. Mes yeux s'écarquillèrent lorsque j'aperçus l'heure qu'il était et je bondis de mon fauteuil, faisant valser un surligneur et mon crayon à papier. Le tutorat était censé commencer dans une vingtaine de minutes, or, il me fallait presque un quart d'heure pour rejoindre la faculté et ce, sans compter les multiples secondes perdues à attendre que le feu des piétons passe au vert. 

La boule au ventre, les sens exacerbés par cette bouffée d'adrénaline qui coulait désormais dans mes veines, je rangeai prestement ma trousse dans mon sac à main et y glissai mon bloc-note ainsi que mes gants. Pestant contre mon manque de vigilance, je ne prêtai guère attention à mes cheveux emmêlés et encore moins à mes lunettes couvertes de traces de doigts. En outre, je me contentai d'attraper mon manteau ainsi que mon écharpe, enfilai mes bottines en manquant de me tordre la cheville et me ruai finalement vers la porte. 

Pourvu qu'il ne soit pas déjà trop tard, pensai-je en dévalant les escaliers en colimaçon de la résidence. J'avais chaud à force de m'énerver et mon écharpe n'arrêtait pas de glisser de mes épaules. De rage, je la nouai grossièrement autour de mon cou et accélérai un peu plus le pas. Mes talons claquaient contre le carrelage du hall, résonnant le long des murs crèmes et se perdant dans le patio et ses géraniums rouges. 

Une fois dans la rue, je m'emparai de mon téléphone et envoyai un message à Léopold et un à Alizé, espérant que l'un d'entre eux — voire les deux — m'ait gardée une place. Hélas, alors que j'arrivais aux abords du bâtiment, je n'avais toujours reçu aucune nouvelle d'eux. Mes messages n'étaient peut-être pas passés ? Peut-être que le réseau n'était pas assez bon à l'intérieur de la faculté ? Oui, cela devait être ça : mes amis ne pouvaient décemment pas m'ignorer. Non, pas eux, ils n'étaient pas comme ça. 

Quelques retardataires se pressaient en direction des portes vitrées, esquivant les étudiants sortant du bâtiment allongé. Un trio de filles discutaient près des bancs de pierre, cigarettes à la main. Elles jetèrent un prompt coup d'œil dans ma direction lorsque je les dépassai, mais retournèrent bien vite à leur discussion et leurs bâtonnets incandescents. Dans la fac, les couloirs étaient inondés, les amphithéâtres vomissaient un flux d'étudiants aux regards fatigués, qui se pressait en direction de la sortie, de la bibliothèque ou encore des machines à café.

— Clélie !

Je fis volte-face, mes talons crissant contre le carrelage cendre, à cran. La boule qui pesait au creux de mon ventre depuis plusieurs semaines se faisait de plus en plus lourde. De même, le nœud dans ma gorge se resserrait dangereusement autour de ma trachée. Mes doigts cramponnés autour de la anse de mon sac, je feignis un sourire enjoué lorsque mon regard rencontra deux iris obsidiennes en amande.

— Anh... ! Je... T'aurais pas vu Léo et Alizé ?

J'en oubliai complètement de lui demander comment il allait.

Le brun fronça les sourcils, le nez plissé, réfléchissant à ma question. Ses mèches vagabondes retombaient autour de son visage en cœur en un halo de plumes ébènes. Il avait laissé son manteau en laine ouvert, dévoilant un polo vert sapin qui rehaussait son teint olive. Je me mordis inconsciemment la lèvre, le trouvant fort mignon ainsi et détournai l'espace d'un instant le regard, priant pour ne guère rougir.

— Euh... C'est-à-dire que je viens de sortir de cours là, donc non... Désolé, s'excusa-t-il en s'approchant un peu plus.

Mon cœur rata un battement et cette fois, je ne pouvais blâmer le stress qui grandissait en moi. Les senteurs iodées et citronnées du parfum d'Anh vinrent chatouiller mes narines et j'en inspirai une grande bouffée. On ne sait jamais, peut-être cela me redonnerait-il un peu de courage avant d'affronter le restant de la soirée ?

— Ah merde... Bon... Bah merci quand même. Je vais voir s'ils sont pas du côté de l'amphi 404, repris-je en examinant brièvement le bout de mes bottines.

Un silence s'installa entre nous deux, comme bien souvent depuis ce fameux jour à la BU de droit, où Anh m'avait offert un bracelet serti d'une perle et où je l'avais embrassé. La situation demeurait fortement ambiguë entre nous et ni Anh ni moi ne semblions désireux à clarifier tout cela.

— Hum... Je vais partir... Faudrait pas que j'arrive encore plus en retard..., poursuivis-je en dardant mes orbes ambrés en direction du doux visage d'Anh.

Les lèvres du garçon s'entrouvrirent, laissant penser qu'il s'apprêtait à répondre quelque chose. Néanmoins, il se retint et feignit simplement un sourire, le rouge lui montant aux joues. Je le saluai timidement du revers de la main et me remis en marche. Ce ne fut que lorsque j'eus esquissé un pas qu'Anh s'exclama :

— Tu fais quelque chose le quatorze ?

Un rictus niais se glissa sur mes lèvres et je répondis, d'un ton léger :

— Sûrement la Saint-Valentin.

— Ça te dirait de la faire avec moi ?

Pour toute réponse, je claquai une bise sur la joue du deuxième année et m'enfuis à toutes jambes en direction de l'amphithéâtre, le cœur battant à tout rompre.

Par chance, les portes de l'amphi 404 étaient encore ouvertes, aussi m'y engouffrai-je de justesse, manquant tout de même de me tordre la cheville en glissant sur le sol fraîchement lavé. À peine eus-je posé un pied dans la salle qu'un brouhaha saisissant m'accueillit et je constatai avec horreur que les sièges étaient pratiquement tous occupés. D'un air absent, je me frayai un passage jusqu'au bureau, récupérai mon polycopié d'anatomie tout en détaillant l'assemblée du regard à la recherche de mes amis. 

Ni Alizé ni Léo n'avait répondu à mes "vous êtes où ?!!!", aussi m'attendais-je à ne guère les trouver dans cet amphithéâtre. Or, j'eus à peine le temps de monter la première marche que mes iris se posèrent sur une tignasse blonde en pétard et un chignon serti d'un critérium rose. 

Léo tourna la tête, suivi d'Alizé quelques instants plus tard. Ils me saluèrent d'un geste de la main.

Il n'y avait aucune place à côté d'eux. 

J'eus comme l'impression de dégringoler d'un escalier, de dévaler une montagne sur une luge lancée à pleine vitesse. Je titubai presque et me ressaisis à temps, serrant les dents. Ils ne m'avaient pas gardé de place. Ils avaient reçu mes messages, j'en étais presque sûre désormais, mais ils ne m'avaient pas pour autant gardée de place. 

Le regard vide, une boule dans la gorge, un goût amer dans la bouche, je reculai d'un pas et secouai la tête, détournant le regard des deux blonds, qui d'ailleurs, ne me regardaient même plus. Ils ne m'avaient pas conservée de place, ils savaient très bien que j'allais venir et pourtant ils ne s'étaient même pas donnés la peine de dire que la place à côté de Léo était réservée. 

Je savais que ma réaction paraissait excessive, que ce n'était qu'une chaise et qu'il ne fallait pas que je me mette dans de tels états pour si peu. Mais sachant l'état d'esprit dans lequel je me trouvais depuis quelques temps, sachant que je passais la plupart de mes journées avec la boule au ventre, à angoisser pour mon avenir, le tutorat en compagnie de mes amis était la seule chose qui parvenait à me vider l'esprit. Et ce soir, j'avais comme l'impression d'en être privée. 

C'était comme si je n'avais pas été sage, comme si je n'avais pas assez travaillé, comme si j'étais punie pour une oisiveté dont je n'étais même pas responsable. 

La mâchoire serrée, je pivotai sur mes talons à la recherche d'un endroit libre où m'installer. Les propositions étaient restreintes, aussi jetai-je mon dévolu sur un espace coincé entre deux personnes que je ne connaissais pas et m'y installai après avoir joué des coudes pour l'atteindre. 

Oui. On m'avait vraiment punie.







Sur le chemin du retour, je m'étais retenue plus d'une fois de fondre en larmes, de me laisser tomber sur le trottoir et de me recroqueviller. Mais au lieu de cela, je m'étais contentée d'accélérer le pas, ruminant des pensées anxiogènes sans me retourner, pas une fois.

Je n'avais pas adressé la parole à Alizé et à Léopold, je m'étais contentée de fuir dès que la séance s'était terminée. Ils avaient bien ri pendant les explications, ils avaient bien parlé. Alizé avait gribouillé sur la main de Léo et Léopold l'avait faite rire avec ses blagues futiles et de mauvais goût, celles auxquelles j'avais fini par m'habituer depuis que je le connaissais. Cependant, ils ne s'étaient pas une fois retournés vers moi, ou alors s'ils l'avaient fait, je n'avais pas dû prêter attention à cet instant. 

Je n'arrivais même pas à leur en vouloir totalement. Je me sentais juste comme une bombe à retardement, dont le compte à rebours ne cessait de se mouver et qui attendait avec impatience son apogée, le moment où elle exploserait et ravagerait tout sur son passage. Hélas, cet instant ne venait pas et je me retrouvais à attendre, à ruminer, à garder tout pour moi. 

Il devait bien être minuit mais ce n'était pas pour autant que je dormais. Allongée dans mes draps, la tête enfoncée dans l'oreiller, je fixais le plafond avec intensité. Mes paupières refusaient tout simplement de se fermer et mes pensées tournaient avec encore plus d'ardeur dans ma boîte crânienne, rugissant presque. Je ne parvenais à les faire taire, je ne parvenais à me calmer. 

Je ne cessais de repenser à Alizé et à Léopold, à mon père et ce semblant de dispute concernant mon orientation, à Malo et sa prépa qui avait repris les cours avant nous. Mon esprit divagua vers le classement du premier semestre, vers ce que j'avais raté, comment je m'étais plantée en physique et en biochimie. Puis il fit un bond en avant et je commençai à entrevoir le prochain concours, le prochain classement, définitif cette fois-ci. Celui qui allait tout déterminer, celui qu'il ne fallait absolument pas rater. 

La fin. Le second semestre. Le Boss final. Le grand méchant de l'histoire. 

Je roulai sur mon flanc gauche, attrapant le coin de mon oreiller de ma main droite. Toutefois, une douleur fulgurante naquit au niveau de mon coeur et je grimaçai, lâchant un cri étouffé par mon coussin. J'avais l'impression qu'on me transperçait le coeur, qu'on le pourfendait avec une épée enduite de poison. Je changeai de position, espérant calmer cette étrange sensation mais cette dernière grandit davantage. 

C'était comme si on me comprimait le thorax, comme si un étau s'était refermé autour de ma cage thoracique et qu'il se resserrait au fil des secondes, qu'il m'étouffait un peu plus à chaque inspiration. Je tentai de me redresser mais ce simple geste m'arracha une énième grimace. Instinctivement, je portai mes mains au niveau du cou : lui aussi était douloureux. Mes phalanges glissèrent en direction de mes joues, de mes pommettes, de ma mâchoire. Tout. Tout me faisait souffrir. 

L'épée s'enfonça un peu plus dans mon coeur. 

J'avais du mal à respirer, mon rythme cardiaque s'emballait dans ma poitrine et mes pensées, déjà fort agitées, avaient perdu toute logique. Avec difficulté, haletante, je m'extirpai de mes draps et m'aventurai à l'extérieur de ma chambre. 

La pièce à vivre baignait dans l'obscurité, que seuls les voyants de la console de Malo et du micro-onde parvenaient à perturber. Des stries de lumières s'échouaient sur le parquet en provenance de la chambre de mon meilleur ami et je n'hésitai pas plus d'un instant avant de pousser la porte. Je trébuchai contre le parquet et me rattrapai au mur, la mâchoire serrée, les muscles bandés, n'osant guère toucher mon buste. Ma poitrine se comprima lorsque je tournai la poignée et je laissai échapper une faible plainte. 

Malo sursauta lorsque ma silhouette se découpa dans le chambranle de la porte. Il était assis sur son lit, son ordinateur posé sur ses cuisses, caressant distraitement Van Gogh du bout des doigts. Le brun releva les yeux vers moi et arqua un sourcil. 

— Malo. J'ai... J'ai l'impression que je vais mourir. 




━ ⚘ ━

Mon chapitre préféré parmi tous ceux que compte ce récit. L'un de ceux qui me touchent le plus et de ceux que j'ai eu le plus de mal à écrire.

Je serais vraiment reconnaissante si vous pouviez prendre quelques secondes de votre précieux temps pour me faire part de vos remarques, de votre ressentiment, de ce que vous évoque ce chapitre et tout ce que subie Clélie.

Les crises de paniques ne sont pas anodines, l'accumulation d'événements qui nous contrarie encore moins.

Ce chapitre n'est pas fictif, ce chapitre est bien réel et ce jour-là, j'ai bien cru que mon aventure en PACES allait s'arrêter là.

Prenez soin de vous. Il ne reste que sept petits chapitres avant la fin de La Théorie des Mitochondries.

Bonne journée / soirée !

capu ton cygne

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