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     J'ai eu dix-huit ans le vingt-cinq juin. Pour l'occasion, j'avais invité Sacha et ma bande de potes chez moi. C'était peut-être audacieux de ma part, mais j'étais bien décidé à harmoniser la situation. Je ne m'attendais pas à ce qu'ils deviennent tous les meilleurs potes du monde, seulement j'avais besoin de trouver un terrain d'entente. Je n'avais pas envie de me disputer de nouveau avec mes amis et je n'avais pas envie que les préjugés qu'ils avaient à l'égard de Sacha persistent. Sacha n'en avait peut-être rien à faire de ce que les autres pensaient d'elle, mais moi, si. Et je n'aimais pas que ma copine soit injustement associée à quelqu'un qu'elle n'était pas.

Mes parents nous avaient laissés la maison pour la soirée. Ils me croyaient enfin suffisamment responsable pour organiser ma petite soirée sans qu'il n'y ait d'accidents. Enfin, ils me croyaient presque suffisamment responsable. Ils avaient demandé à Candice de jeter un coup d'oeil à la soirée et de ce fait, s'incruster à ma petite fête. Mes parents pourrait bien me considérer comme un enfant modèle s'ils mettaient un jour les pieds à l'une des soirées de Cole Stevens.

Sacha et Candice s'entendaient à merveilles. Ça avait immédiatement cliqué lorsqu'elles s'étaient rencontrés pour la première fois. Dans les allées du LCBO, ma soeur et ma copine riaient comme des folles. Les deux s'en donnaient à coeur joie et récoltaient des coups d'oeil des gens qui se trouvaient aux alentours. À un certain point, un commis est même venu nous voir pour nous demander de nous calmer un peu. Il a demandé à voir nos cartes d'identité et nous les lui avons montrées fièrement. Dépité de savoir que nous étions en âge légal de boire, il a tourné les talons et s'est tranquillement éloigné dans l'allée des spiritueux.

— Ta copine est géniale, a lancé Candice lorsque nous étions seuls.

J'ai souri.

— Tout à l'heure, vous aviez l'air bien potes toutes les deux.

— Attention, je pourrais te la voler.

J'ai ri, tout en secouant la tête.

— Pas de chance, tu préfères tes vieux professeurs de fac.

Ma soeur a fait mine d'être choquée.

Vieux ? Ils ne sont pas si vieux que ça.

— Trente-six ans, c'est vieux.

Candice a levé les yeux au ciel.

— Lui et moi, c'est fini, m'a-t-elle avoué.

— Ah bon ? Depuis quand ?

— Depuis le mois d'avril.

J'ai arrêté de pousser le panier d'achat.

— Et tu ne m'as rien dit ?

Elle a secoué la tête.

— J'avais besoin d'être seule sur ce coup.

— Et tu as rencontré quelqu'un depuis ?

Ma soeur a haussé les épaules.

— Ici et là... Rien de sérieux.

J'ai acquiescé.

— Je suis désolé.

— Pas moi.

Son regard s'est illuminé.

— C'est un mode de vie qui me plaît, tu sais, a-t-elle admis. Je n'aime pas tant ça la vie de couple. Il y a toujours des règles à respecter et je trouve ça chiant. Vraiment, vraiment chiant. Je veux dire comment quelqu'un peut dédier corps et âme à une seule personne ?

J'ai ri.

— C'est faisable, je t'assure.

Elle a ricané.

— Pour toi, oui. Pas pour moi.

J'ai haussé les sourcils.

— C'est drôle quand on y pense, a-t-elle ajouté. Toi, Logan, tu veux être stable dans tes relations mais tu t'en fiches d'être stable financièrement. C'est vrai, quoi, tu pars faire le tour du monde pour gagner ta vie en faisant de la photographie. C'est très noble. Et risqué, d'ailleurs. Moi, il me faut seulement une stabilité financière et je suis épanouie.

J'ai souri.

— On est différent, c'est tout.

Candice allait ajouter quelque chose, mais Sacha s'est pointée avec une bouteille de vin rouge en sa possession. Elle s'est postée devant le panier d'achat.

— Je sais qu'on avait dit qu'on achetait que de la bière, mais j'ai horreur de ça. Et puis, mon vin préféré était en rabais... Je ne pouvais pas laisser une occasion pareille me passer sous le nez.

Le visage de ma soeur s'est illuminé. Elle a regardé Sacha, puis moi, puis Sacha.

— Oublie ce que je viens de dire ! s'est-elle exclamée. Je vais marier cette fille.

Sacha a haussé les sourcils et m'a jeté un coup d'oeil, intriguée. Bien entendu, elle n'avait pas eu vent de la conversation que Candice et moi venions d'avoir.

— J'adore le vin rouge, a expliqué ma soeur. Je croyais bien être la seule personne qui détestait les bières bon marché ! Sacha, tu es mon âme soeur.

— Bières bon marché ? Ça coûte une fortune !

Ma copine s'est retournée vers Candice, en ignorant ma remarque.

— Je suis déjà prise, désolée, lui a-t-elle dit.

Et elle m'a adressé un clin d'oeil. J'ai bien cru que j'allais perdre tous mes moyens. Mon coeur s'est emballé et je me suis senti comme un poisson rouge qui se retrouvait hors de son bocal. En vérité, je manquais d'air.

— Alors on le prend ce vin, le fêté ? m'a demandé Sacha.

J'ai acquiescé, sorti de ma transe.

— Je crois bien que je n'ai pas le choix.

Sacha a souri.



Vers vingt-heures, les invités ont commencé à se pointer. Sacha et moi venions tout juste de finaliser les derniers préparatifs, pendant que Candice « inspectait » le bol de chips au ketchup. À vrai dire, son inspection consistait plutôt à toutes les manger.

Alison fût la première à se présenter. À ma grande surprise, elle n'était pas accompagnée de sa copine, Oli. C'est moi qui l'aie accueilli. Elle m'a serré dans ses bras aussi longtemps qu'elle l'a pu.

— Je suis contente que les choses s'arrangent finalement, a-t-elle murmuré.

— Moi aussi.

Et c'était sincère. Je n'avais plus envie de chercher la bagarre, de provoquer mes amis, mais je n'avais pas non plus envie de laisser tomber Sacha et d'ainsi, provoquer ma propre chute. Quelques mois auparavant, j'étais incapable d'envisager que je pourrais trouver un équilibre juste qui me permettrait à la fois de me satisfaire et de ne blesser personne.

J'ai guidé Alison jusque dans la cuisine où Sacha s'amusait à faire des amuse-gueules à base d'olive et de fromage de chèvre. Lorsqu'elles se sont toutes les deux aperçues, il y a eu un silence. Gênant - oui, c'est le mot.

— Hé, a lancé Sacha.

Alison a souri.

— Ça va bien ? lui a demandé mon amie. Tu ne prends pas trop mal le fait d'avoir terminé l'école ?

Sacha a acquiescé.

— En fait, je suis ravie. La Senior High, c'est tellement la période la plus chiante. C'est même pas comme dans les films.

— Toi aussi, tu t'attendais à un remake de High School Musical ?

— Et comment ! s'est exclamée Sacha. Tu imagines ma déception lorsque j'ai compris que personne ne s'arrêtait à l'heure du lunch pour chanter une petite chanson avec une chorégraphie top en arrière-plan ?

Alison a ri. C'était bon signe.

— Tu as prévu quoi pour l'année prochaine ?

Ma copine a fait atterrir une olive pile dans sa bouche.

— Je planifiais de rentrer à McGill pour la rentrée à l'automne prochain, mais il y a eu...

Elle m'a jeté un coup d'oeil.

— Quelques imprévus, disons, a-t-elle repris.

J'ai dégluti. Une personne normale aurait cherché à en savoir plus, à connaître tous les petits détails qui lui échappaient, mais Alison n'était pas une personne normale. Elle savait quand quelqu'un préférait rester évasif. Et elle n'avait aucun problème avec ça, au contraire. Alison respectait les gens et leurs choix et ça, c'était admirable. Parce que soyons honnêtes, à sa place, curieux comme je l'étais, j'aurais tout fait pour obtenir quelques infos croustillantes.

— Tu as besoin d'aide pour ces amuse-gueules ? a demandé mon amie.

Sacha a hoché la tête, ravie. Je me suis dit que le moment était parfait pour m'éclipser car maintenant, au moins, j'avais la certitude que tout irait bien. Alison et Sacha pourraient peut-être s'entendent tout compte fait.

J'avais peut-être crié victoire trop vite, parce qu'Ali devait être la personne la plus facilement convaincue qu'il y avait du bon en n'importe qui, incluant Sacha. Les préjugés que mon amie avait envers ma copine n'étaient rien comparés à ce que Lawrence ou Olivia pouvait bien penser d'elle. C'était eux, le véritable obstacle à la réussite de mon plan : mes deux meilleurs amis. Olivia s'est pointé la suivante, en compagnie de Carter. Je les ai invité à entrer chez moi et ils se sont joint à la petite soirée que j'avais organisée. Olivia m'a embrassé la joue et m'a pressé la main, l'air d'être, pour une fois, d'humeur plutôt joviale.

— Joyeux anniversaire ! s'est-elle exclamée.

Je l'ai remerciée. Carter, lui, s'est tenu dans le vestibule, l'air de rien. Depuis ses confessions au sujet de Sacha, il y avait quelque chose d'étrange dans nos conversations. On n'avait jamais vraiment reparlé de ce qu'on s'était dit ce jour-là. Et au fond, je préférais que ça reste ainsi. C'était peut-être cette manière de penser qui rendait nos conversations parfois superficielles, comme si tout était faux. Carter restait mon pote, mais je me doutais bien qu'il y avait quelque chose qui ne serait plus jamais pareil entre nous.

Il m'a serré dans ses bras, un sourire aux lèvres.

— Tu as dix-huit ans, mec ! Félicitations.

Et il m'a montré le nouveau tatou qu'il venait tout juste de se faire faire. Ça représentait un oiseau en origami dans un style plutôt minimaliste.

— J'ignorais que tu avais une passion pour l'origami, ai-je fait remarquer.

Il a ri, tout en laissant retomber la manche de son tee-shirt.

— Je n'aime pas l'origami.

— Alors pourquoi...

— Tu sais, tout n'a pas forcément une signification. Les tatous, c'est juste de l'art. Et l'art, ça n'a pas toujours une explication plausible.

— Je ne me rappelais pas que tu étais philosophe.

Il a levé les yeux au ciel, mais n'a pas répondu.

Je suis allé dans le salon, là où ma soeur, ma copine et Alison discutaient devant une partie de Monopoly, avec mes deux autres invités sur les talons. Je n'avais toujours pas osé dire à Candice et à Ali que jouer n'allait que les humilier : Sacha était la maître du Monopoly. Elle gagnait à tout coup et pas toujours de façon honnête.

Le silence est retombé lorsque j'ai fait mon apparition en compagnie de Carter et d'Olivia. Le regard de mon amie d'enfance a rencontré les yeux bleu cyan de Sacha. Il y avait Candice et Alison qui restait spectateur, Carter qui s'était rangé d'avis qu'il valait mieux ne pas être mêlé à la situation et moi qui était désespérément plein d'espoir.

Les deux jeunes femmes se sont fixés en chien de faïence. Elles avaient toutes les deux l'air de deux bêtes enragées. Bien entendu, je n'avais en aucun cas précisé à Olivia que ma copine serait parmi nous. Mais j'étais persuadée qu'elle l'aurait deviné. Ça allait de soi : j'étais en couple avec Sacha. Comment elle aurait pu manquer ma fête de dix-huit ans ?

Sacha a fait le premier pas. Elle semblait moins sous le choc qu'Olivia, c'était un fait. Mais en même temps, elle, elle était déjà au courant des gens que j'invitais. Elle savait ce qui devait se passer ce soir-là, elle savait ce que je considérais comme le plus beau cadeau d'anniversaire.

Ma copine s'est avancée en direction d'Olivia, la main bien tendue.

— Hé, je suis Sacha.

Olivia a levé les yeux au ciel.

— Je sais qui tu es.

— Il semblerait que non, puisque tu t'acharnes à insinuer que je suis quelqu'un que je ne suis pas.

Carter a haussé les sourcils et m'a regardé, l'air de me demander « je peux me tirer d'ici, s'il-te-plaît ? ».

— Je me méfie, tu vois, a répondu Olivia, les bras croisés.

— Tu ne devrais pas.

— Pourtant, les filles dans ton genre...

— Tu ne me connais pas.

Et Sacha avait raison, tellement raison.

— Tu devrais t'installer sur le canapé, a suggéré Sacha. On devrait discuter toutes les deux.

— À propos de quoi ?

— Eh bien, tu as l'air d'aimer dire des vacheries dans mon dos. Alors pourquoi ne prendrais-tu pas ton courage à deux mains pour me les dire en pleine face ?

Ça n'allait pas exactement comme je l'avais prévu. Même si les deux m'avaient assuré être prêtes à faire un effort pour moi, elles semblaient également être déterminées à l'emporter l'une sur l'autre.

Alison a senti la tension emplir l'atmosphère. Elle s'est levée d'un bond pour aller rejoindre sa copine, prête à agir comme distraction.

— Hé, Oli ! Tu as fait bonne route ?

Olivia n'a pas daigné jeter un coup d'oeil à sa copine. Elle fixait toujours Sacha comme s'il n'y avait qu'elle qui l'importait dans cette pièce à cet instant-ci. Alison n'a pourtant pas lâché le morceau, répétant sa question jusqu'à ce que mon amie d'enfance daigne finalement la regarder.

— Ouais, Ali. J'ai fait bonne route.

— Tu as l'air épuisé, a fait remarquer Alison. Viens t'asseoir avec moi sur le canapé.

La blonde n'a pas été en mesure de résister : elle s'est installée aux côtés de sa copine sur le beau divan neuf que mes parents venaient tout juste d'acheter. J'ai fait signe à Carter de s'installer lui aussi et il a obéi. Il s'est assis sur le tapis du salon et a piqué des chips à Alison. Sacha, elle, est restée debout quelques secondes de plus, les traits déformés par le ressentiment. Elle m'a regardé, les bras croisés.

— Vous avez le don de mettre de l'ambiance, a commenté Carter.

Olivia a levé les yeux au ciel.

— Si je vous ai tous réuni ici, c'est pour qu'on mette les choses au claire, ai-je dit. Sacha est ma copine. Vous êtes mes potes. Il faut qu'on se comprenne, d'accord ? J'ai plus envie qu'on se dispute.

J'ai inspiré profondément.

— On a tous commis des erreurs. Tous. Je sais que vos intentions étaient bonnes, au départ. Vous vouliez me protéger de quelqu'un que vous considériez comme une menace.

— Ce que je ne suis pas, sois dit en passant, a murmuré Sacha.

Candice a pouffé. Olivia, elle, a plutôt trouver cette remarque inappropriée. Elle ne s'est donc pas gênée pour dévisager ma copine.

— Mais vous refusiez de m'écouter, vous refusiez de voir plus que ce que Sacha était, et ça m'a beaucoup déplu.

— D'un autre côté, tu refusais de nous écouter, m'a rappelé Olivia.

— Oui et même si je ne partageais pas votre point de vue, j'aurais tout de même dû chercher à comprendre.

— Et moi, je n'ai rien fait, a ajouté Carter. C'est encore pire.

Alison a secoué la tête.

— Bien sûr que non, Carter. Tu as cherché à être en terrain neutre, voilà tout.

— Oui, mais j'ai réalisé que ne rien faire, ça avait autant de conséquences que tout faire.

Cette fois, l'asiatique n'a pas répondu. Elle est restée silencieuse, méditant sans aucun doute sur les paroles de notre ami.

— Écoutez, on a tous nos torts. Mais ce n'est pas ce qu'on a fait qui est important, c'est ce qu'on fera.

— Alors que proposes-tu ? a demandé Olivia.

— On devrait commencer par s'expliquer l'un à l'autre.

— C'est-à-dire ?

Sacha a été plus rapide que moi.

— On devrait arrêter de cracher sur les gens dans leur dos, a-t-elle dit. On devrait prendre notre courage à deux mains et leur dire ce qu'on pense vraiment d'eux. Comme ça, fini les vacheries.

— Ce n'est pas exactement ce que je...

— Très bien ! m'a coupé mon amie d'enfance. Tu préfères que je commence ou pas ?

J'ai soupiré.

— Fais comme tu le sens, a lancé Sacha.

— Je te vois comme une salope écervelée qui s'amuse à jouer avec les sentiments des gens.

— Olivia ! s'est exclamée Alison.

— Quoi ? Elle voulait savoir ce que je pensais d'elle, j'ai été honnête.

Ça n'a pas plu à Alison. Et Olivia a dû le sentir, car ses traits se sont détendus légèrement.

— Excuse-moi, Sacha. Je ne...

— Non, c'est exactement ce que je voulais entendre. Moi, je te vois comme une petite snob qui tente de cacher ses insécurités en faisant preuve d'attitude envers ses pairs.

Olivia a haussé les sourcils.

— Mais j'ai foi en une théorie particulière qui m'incite à toujours voir au-delà des apparences. Je suis convaincue que tu es une bonne personne qui tiens énormément à ses amis au point de vouloir les protéger contre tout. C'est remarquable, je l'admets..

Sacha a marqué une courte pause.

— Et puis, j'ai horreur de voir Logan malheureux. J'imagine que c'est également ton cas. Alors tu ne penses pas qu'on pourrait trouver un terrain d'entente toutes les deux ?

— Comme quoi ? a demandé une voix à l'autre bout de la pièce.

Nous nous sommes tous retournés pour apercevoir Lawrence qui se tenait, le sourire aux lèvres, à l'entrée du salon.

— J'y crois pas ! s'est-il exclamé. Vous ne m'attendez même pas pour la partie drama de la soirée ? Je suis déçu, les mecs. Vraiment.

J'ai souri malgré moi. Incapable de camoufler ma joie, je suis allé le serrer dans mes bras. Il a paru surpris, mais il n'a pas dit un mot. Il s'était pointé et ça, ça valait tous les cadeaux d'anniversaire du monde.

— Tu es venu, ai-je dit.

— Je n'allais quand même pas manqué ton dix-huitième anniversaire.

Il a jeté un coup d'oeil aux gens qui étaient assis en cercle dans le salon.

— Bon, j'avoue que je m'attendais à une petite soirée dans un bar de danseuses... Mais j'imagine que ce petit truc improvisé fera l'affaire.

— Est-ce qu'il est possible d'être plus con que ça ? a demandé Candice.

Lawrence lui a adressé un clin d'oeil.

— Non, désolée, Candy. Je suis le con suprême.

— Oh, pitié, ne recommence pas à m'appeler comme ça.

Il a ri. Ça faisait du bien de voir Lawrence d'aussi bonne humeur. Lui et moi, nous n'avions jamais vraiment reparlé de notre dispute. C'était comme si on avait décidé d'effacer de notre mémoire les derniers mois. À la fête de graduation, lorsque nous avions reparlé pour la première fois depuis notre dispute, il y avait eu un petit malaise. Mais bien vite, il s'était dissipé et nous nous étions comportés comme deux meilleurs amis de nouveau.

Lawrence s'est installé sur le fauteuil en cuir rouge, non loin de Candice qui était assise sur le tapis du salon, le bol de chips rien que pour elle.

— Ne vous arrêtez pas pour moi, a lancé mon ami. Ça avait l'air sérieux votre truc.

Olivia et Sacha se sont regardés.

— Eh bien, on ne faisait que discuter.

— On disait simplement qu'il faudrait peut-être apprendre à se connaître un peu avant de se juger, a dit Sacha.

— Ah ouais ? On parlait de ça ?

— Tu ne crois pas que ça pourrait tous nous faire un bien fou ?

Olivia est restée silencieuse.

— Plus personne n'a envie de se disputer, lui a rappelé Sacha.

Mon amie d'enfance m'a regardé.

— Je veux bien faire un effort, si elle promet de ne jamais te faire de mal.

Je ne voyais pas en quoi Sacha devait faire ce genre de promesse, alors j'étais prêt à lui dire que ce genre de compromis n'avait aucun sens. Mais ma copine, elle, était bien déterminée à avoir le dernier mot. Plus arrogante que moi, Sacha a tout de suite bondi sur l'occasion de gagner une énième bataille.

— Écoute, Olivia, je ne peux pas promettre que je ne ferai jamais de mal à Logan. On ne s'est jamais ce que l'avenir nous réserve. On ne sera peut-être même plus ensemble dans six mois.

J'ai acquiescé.

Mais je peux te promettre qu'aussi longtemps que notre relation durera, je ne lui ferai jamais de mal intentionnellement.

Olivia a semblé réfléchir à ce que disait Sacha. Elle paraissait toujours sur ses gardes, mais au moins, elle semblait enfin prêtre à donner le bénéfice du doute à ma copine.

— C'est d'accord, c'est un marché qui me semble équitable.

J'ai souri, victorieux. J'ai même embrassé la joue de ma copine devant toute la bande, tant j'étais heureux de voir un peu d'espoir se glisser à l'horizon. Sacha avait un don en ce qui concernait la persuasion. Elle savait parfaitement comment défendre ses arguments.

— À ce qu'il paraît, on est toutes les deux très chiantes, donc on devrait bien s'entendre, a plaisanté Sacha.

Olivia a souri timidement. Ce sourire s'est avéré très contagieux, car en une fraction de seconde, tout le monde rigolait. Sacha et Olivia n'en étaient certainement pas au point de se tresser des bracelets d'amitié, mais il y avait un début de quelque chose entre eux deux.



C'est peut-être parce que j'étais nerveux de mélanger ma bande de potes à Sacha, mais j'avais un peu bu ce soir-là. Je n'étais pas soûl, mais je n'avais pas les idées entièrement claires. Candice ne m'avait pas réprimandé, probablement parce qu'elle-même était un peu pompette. La preuve : elle riait à toutes les blagues de Lawrence comme une attardée. Si je n'avais pas ingéré de l'alcool, cette vision de mon meilleur ami et de ma soeur m'aurait probablement dégoûtée à jamais. Heureusement, j'avais une distraction.

Vers vingt-deux heures j'ai eu une affreuse migraine, alors que tout le monde autour de moi riait. Je n'avais pas la force de leur dire de baisser un peu le son et donc, j'ai eu l'idée de m'allonger un peu. J'ai posé ma tête sur les cuisses de Sacha et j'ai fermé les yeux, mais alors, elle s'est mise à me jouer dans les cheveux et j'ai été incapable de m'endormir.

— Qu'est-ce que tu fais ? m'a-t-elle demandé.

— Je dors.

Elle a froncé les sourcils.

— Pourquoi tu fais ça ?

— Pourquoi je fais quoi ?

— Pourquoi tu fronces les sourcils ? ai-je répété. Est-ce que c'est parce que tu me trouves bizarre ?

— Est-ce que tu es soûl ?

— Tu n'as pas répondu à la question.

— Toi non plus, a-t-elle fait remarquer.

J'ai secoué la tête.

— Je ne suis pas soûl.

— D'accord.

— D'accord, quoi ? Tu me crois ou pas ?

Elle a ri.

— Bien sûr que je te crois.

— Je déteste quand tu te moques de moi.

— Je ne me moque pas de toi, Logan.

Du coin de l'oeil, j'ai remarqué qu'Olivia nous observait.

— Est-ce que tu me trouves bizarre ? ai-je demandé à Sacha.

— Non, je te trouve merveilleux.

— Bah, je peux être bizarre et merveilleux.

Sacha a ri.

— Est-ce que tu te moques encore de moi ?

Elle a secoué la tête.

— Je n'oserais pas.

— Menteuse.

Ma copine a souri.

— On taquine ceux qu'on aime, tu sais.

J'ai souri à mon tour.

— Tu sais, je ne suis pas si soûl que ça.

— Ah bon ?

— Je n'ai pris qu'une petite coupe de vin et une bière et demi.

— Une bière et demi ? Qui a bu l'autre moitié ?

Il y a eu un silence.

— Ah merde, ça aussi je l'ai bu.

Elle a éclaté de rire.

J'ai appuyé mon front contre son ventre, pour lui donner l'impression que je dormais, mais elle ne m'a pas cru une seule seconde. Au lieu de quoi, elle s'est remise à me jouer dans les cheveux et a déposé un baiser sur mes lèvres.

— Bon anniversaire, Logan, a-t-elle murmuré.

J'ai souri.

Et au moment, où elle s'apprêtait à m'embrasser de nouveau, j'ai croisé le regard de Lawrence. Il a aussitôt détourné les yeux et s'est remis à discuter avec ma soeur aînée.



Je me suis réveillé au beau milieu de la nuit, suite à une nouvelle vague de migraine. J'ignore comment j'étais arrivé dans cette pièce, peut-être avais-je été en mesure de me traîner jusqu'ici ou bien quelques-uns de mes amis avaient été suffisamment généreux pour me porter jusqu'à mon lit.

En me levant, j'ai fait bien attention à ne pas réveiller Sacha qui dormait comme un bébé de l'autre côté du lit (elle ronfle, soit dit en passant). J'ai grimacé lorsque la porte de ma chambre s'est ouverte en grinçant. J'ai fait mon chemin jusque dans la cuisine à pas feutrés, la tête lourde.

— Hé, tu es debout.

J'ai sursauté, puis je me suis détendu en reconnaissant Lawrence. Il était appuyé contre le comptoir, un verre d'eau en main.

— Tu n'arrives pas à dormir ? ai-je demandé.

— J'ai mal à la tête.

— Moi aussi, merde.

Et comme pour appuyer mes propos, je me suis massé les tempes. Il a souri.

— Tu n'aurais pas dû boire à ce point, a-t-il dit.

— Toi non plus.

Il a grimacé.

— On a eu ce qu'on méritais.

J'ai ouvert le réfrigérateur et je me suis servi un verre d'eau.

— Tu sais, je crois que je te dois quelques excuses, a marmonné Lawrence.

Je me suis retourné.

— Tu t'es dit qu'à trois heures du matin, c'était le moment idéal ?

Il a ri malgré lui.

— Ouaip, ça me semblait être l'occasion et l'endroit idéal.

— Pour t'excuser d'avoir été stupide ?

Il a secoué la tête.

— Non, pour avoir été un aussi mauvais meilleur ami.

J'ai soupiré.

— Écoute, moi aussi, je m'excuse. Je n'ai pas non plus été l'ami dont tu avais besoin.

— Arrête ces conneries, d'accord ? a-t-il dit. Tu as été l'ami idéal. J'étais juste trop obnubilé par toute cette histoire avec Drew... Cette fille se reflétait partout autour de moi. Elle m'a presque rendu fou. Vois-tu, je la voyais dans Sacha et ça ne me plaisait pas.

— Sacha n'est ni comme Drew, ni comme Pénélope.

Il a acquiescé.   

— Je veux bien te croire, a-t-il dit. Tu as toujours su quoi faire de toute manière, Logan.

J'ai ri.

— Pas vraiment, non.

De là, où je me trouvais j'entendais le climatiseur de Candice marché à fond, les ronflements de Sacha et le chant des criquets provenant de l'extérieur. C'était une vraie nuit d'été, avec l'humidité dans l'air et les bruits ambiants.

— Je t'assure, Lawrence : je suis tout aussi perdu que le reste de la planète.

Et je le pensais vraiment. Mais pour une fois, ça ne me dérangeait pas.

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