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21


Lorsque je me suis réveillé le lendemain matin, Sacha n'était plus dans le lit. J'ai profité de son absence pour enfiler mes vêtements. Je me suis observé dans le miroir. J'avais une tête à faire peur, avec mes cheveux ébouriffés et mes yeux cernés. J'avais eu beaucoup de mal à dormir la nuit passée, en raison de ma médiocre installation. Pour faire court, je n'avais cessé de me retourner et de me retourner dans l'espoir de trouver le confort, en vain. Je me suis brossé les cheveux, puis je suis sorti de la chambre pour regagner la cuisine et la salle à manger. Une forte odeur de gaufres emplissait l'appartement. Sacha était assise au comptoir, une gaufre à moitié mangée dans son assiette et un café à la main. Je me suis assis près d'elle. Elle m'a embrassé la joue.

— C'était pourquoi ça ? ai-je demandé, la voix rauque.

— Parce que je m'excuse de mon comportement de la veille.

J'ai haussé les épaules.

— Je n'avais pas à me mêler de cette histoire.

— C'est pas comme si tu avais eu vraiment le choix, non plus.

J'ai souri.

— Depuis quand tu bois du café, toi ?

— Depuis longtemps, a-t-elle répondu. Tu en veux ?

— Non, merci. Je déteste le café.

Sacha a haussé les sourcils.

— Tu en aurais peut-être besoin, avec la nuit que tu as passée.

— Comment le sais-tu ?

— Je t'ai entendu bouger toute la nuit.

— Désolé.

— Et puis, avec la tête que tu as...

Je lui ai frappé amicalement le bras. Elle a souri.

— Alors, c'est quoi les plans pour aujourd'hui ? l'ai-je questionné.

Je suis allé me servir deux gaufres dans une assiette, la faim me tenaillant l'estomac. Sacha ne m'a pas quitté des yeux.

— Ce soir, on pourrait aller au Vieux-Montréal.

— Et cet après-midi ?

— J'ai prévu de rester ici, a-t-elle admis. Je dois parler à mon père.

J'ai hoché la tête.

— J'irai faire un tour en ville alors.

— Tu es certain que tu pourras te débrouiller seul ?

— Tu me fais confiance ou pas ?

— Bien sûr que je te fais confiance, a-t-elle rétorqué. Je n'ai tout simplement pas envie que tu te perdes dans la ville.

J'ai levé les yeux au ciel.

— Sacha, je sais me débrouiller. Ne t'en fais pas.

Elle a a souri. Holly s'est alors mise à japper. Sacha lui a caressé le pelage et lui a donné le reste de sa gaufre. Je lui ai jeté un coup d'oeil.

— Tu es certaine que tu as le droit de faire ça ?

— Non.

Ça m'a fait rire.

Le père de Sacha est alors entrée dans l'appartement, plusieurs sacs d'épicerie en main. Il les a tous déposés près de l'entrée. Holly s'est précipitée vers lui, la queue battante.

— Salut, les jeunes, nous a-t-il dit.

Je l'ai salué en retour. Quant à Sacha, elle a grommelé quelque chose qui s'apparentait à un bonjour. Le géniteur de mon ami s'est alors mis à ranger son épicerie. Sacha et moi l'avons aidé, même si nous n'étions pas d'une très grande aide. Nous n'étions pas efficaces à chercher l'endroit exact où reposait chacun des aliments. Frederick a fini par nous dire de laisser tomber, le sourire en coin.

— Je me débrouillerai mieux seul.

— Ça, c'est certain, ai-je plaisanté.

— Vous avez des projets pour la journée, tous les deux ?

— Je compte rester ici cet après-midi, a déclaré Sacha.

Son père lui a jeté un coup d'oeil, l'air à la fois surpris et heureux.

— Pourquoi ? Il n'y a pas grand chose à faire dans ce taudis. Je n'ai même pas le câble sur la télévision.

— En fait, je veux te parler, a admis Sacha. C'est possible ?

Le géniteur de mon amie a acquiescé.

J'ai terminé ma gaufre en une poignée de secondes, puis je suis retourné dans la chambre d'ami, Holly sur les talons. J'ai attrapé un manteau et mon appareil photo, puis je suis retourné dans le séjour. La chienne me suivait toujours aussi fidèlement. Sacha a souri en nous apercevant.

— On dirait que tu t'es fait une amie.

— J'allais dire la même chose.

J'ai ri.

— Je vais aller promener Holly, si ça ne vous embête pas.

— Tant que tu me la ramènes, ça me va, a blagué Frederick.

— Bien entendu.

Sacha m'a salué d'un geste de la main. Je lui ai souri, tandis que la chienne me poussait vers la porte. Décidément, elle avait bien envie d'une promenade. Tous les deux, nous sommes sortis à l'extérieur de l'appartement. J'ai attaché Holly en laisse et l'ai mené avec moi jusqu'à l'extérieur de l'immeuble. L'air était un peu plus frais que la veille, mais je ne doutais pas que le soleil allait bientôt cessé de se cacher derrière les nuages, ramenant ainsi la belle température. Sans trop savoir où je m'en allais, je me suis promené sur le territoire montréalais. J'avais mon appareil photo au cou et je ne souhaitais qu'une chose : une séance photo avec la métropole. Peu à peu, je me suis mis à reconnaître des rues et des endroits où j'étais venu avec Sacha la veille. Je me suis arrêté à de nombreuses reprises pour photographier l'environnement qui m'entourait. Holly perdait alors patience et tirait sur sa laisse. Forcé de l'écouter, je ne m'éternisais pas beaucoup. Cependant, il y avait un avantage à me promener avec Holly : elle me faisait parcourir de longues distances. Au bout d'une heure j'avais parcouru l'équivalent de ce que j'avais fait en l'espace d'un après-midi avec Sacha. Pour l'instant, la ville n'était pas très animée. Il fallait dire qu'on était le samedi et que midi n'avait pas encore sonnée. Seuls les travailleurs et les lève-tôt occupaient les rues de Montréal à cette heure. Je me suis arrêté à un certain point et j'ai inspiré profondément. Parfois, s'arrêter l'espace de quelques secondes nous aidait à prendre conscience du moment présent. J'avais bien du mal à réaliser que j'étais loin de la maison, occupé à faire ce que j'aimais le plus faire. Je me sentais plus vivant, bel et bien là. Il faisait bon de s'aventurer loin de chez soi. Je me suis dit que l'année suivante, j'allais probablement expérimenté ce même type de moment mais dans une ville différente, dans un pays différent, et ce, quotidiennement. Enfin, si tous mes plans voyaient le jour. Cette pensée m'a fait frissonné de bonheur. C'était le futur que je voulais. Ressentir la passion coulée dans mes veines, alors que je m'arrêtais dans une ville à peine éveillée prête à me faire découvrir ses millions de recoins. Ça, c'était ce que je souhaitais.

Vers midi, je me suis arrêté à un Starbucks. J'ai attaché Holly à un poteau qui se trouvait à l'avant du bâtiment situé sur un coin de rue. Ainsi, j'avais toujours un oeil sur elle. Je suis entré à l'intérieur du café et un commis m'a accueilli. J'ai engloutis deux danoises et un thé, observant une carte de la ville sur mon téléphone. Je cherchais à atteindre le Mont-Royal, mais j'avais bien du mal à saisir par quelle rue je devais passer. Sacha se ficherait bien de moi, en ce moment. Je suis allé au comptoir, demander de l'aide au commis qui m'avait accueilli. Celui-ci m'a souri chaleureusement.

— Il faudrait que tu prennes le bus jusqu'à cette rue, puis que tu montes le reste à pieds, m'a-t-il expliqué.

— Et ils acceptent les chiens dans l'autobus ?

Il s'est mis à rire.

— Non, sauf si c'est un chien de service.

— C'est loin d'être le cas.

— Alors il faudrait que tu fasses tout ça à pied.

— Il n'y a pas de chemins plus court ? ai-je demandé.

Le commis a semblé réfléchir.

— Si tu passes par cette rue-là, au lieu de celle-ci. Ça te raccourcit de quelques minutes, c'est tout.

— D'accord, merci.

— Pas de problème.

J'allais partir, lorsque je me suis souvenu d'une chose.

— C'est quoi ton nom ? l'ai-je interrogé.

— Rémy.

— Enchanté, Rémy.

— Et toi ?

— Quoi, moi ?

— Ton nom.

— Logan.

J'ai souri.

— Merci du coup de main, Rémy.

Avant que je ne sorte, il m'a interpellé. Je me suis retourné de nouveau.

— Tu es photographe ? m'a-t-il demandé. Ou tu n'es qu'un touriste avec une caméra de pro ?

J'aimerais être photographe.

Il a souri.

— Et c'est quoi ton projet du moment ?

— Mon projet ?

— Oui, je croyais que tous les photographes avaient un projet.

— À vrai dire, je compte voyager pour capturer en une image le plus de merveilles possibles.

— Ça m'a l'air d'être un beau projet.

J'ai souri.

Peu de temps après, je suis sorti du café et j'ai rejoint Holly qui m'attendait toujours. Je lui ai caressé le pelage, puis je l'ai détaché pour l'entraîner avec moi. Tous les deux, nous sommes allés en direction du Mont-Royal. Une fois là-bas, je me suis aperçu qu'il y avait beaucoup plus de monde dans les parages qu'en matinée. Les routes étaient achalandées, tout comme le parc situé au pied du mont. J'ai retiré la laisse d'Holly pour lui permettre de se promener plus librement. Heureusement, la chienne me suivait de près. Aucune chance qu'elle ne s'enfuie. J'ai monté jusqu'au belvédère, déterminé à m'y rendre malgré la douleur que ressentait mes pieds. Seule Holly avait l'air immunisé contre cette longue marche. Elle me devançait, enjouée. Finalement, après une demi-heure de marche, nous avons atteint le belvédère. La vue sur la ville était splendide. Ce n'était peut-être pas la tour du CN, mais ça valait tout autant le coup d'oeil. Et puis, ça ne donnait pas le vertige. J'ai profité de ce moment seul à seul avec la nature pour photographier toute la beauté qui m'entourait. Puis, je me suis assis sur un banc de parc, complètement épuisé. Mes jambes connaissaient enfin un peu de repos. Il n'y avait pas de meilleure sensation après une journée pareille. J'avais tellement, tellement marché. Je devais avoir marché une vingtaine kilomètres, sinon plus. Ça a avait été une journée épuisante. Malheureusement, il a bien fallu que je rentre.



Sacha était allongée sur le canapé du salon lorsque je suis rentré à l'appartement. Elle a levé les yeux dans ma direction en me voyant approché.

— Et puis, ça a été ?

— Je ne sens plus mes jambes.

— Viens t'asseoir, alors.

J'ai obéi. Sacha m'a fait un peu de place sur le canapé.

— Heureusement, qu'on va au Vieux-Montréal en auto, ce soir.

— Ton père nous accompagne ?

— Il veut nous emmener à la crèmerie.

— Chouette, ai-je dit. D'ailleurs, vous avez parlé, tous les deux ?

Sacha a refusé de rencontrer mon regard. Elle avait les yeux rivés sur ses mains. J'ai soupiré.

— Non, arrête ça immédiatement, Sacha. Je croyais qu'on avait été clair là-dessus : il fallait que tu cesses de te refermer comme ça aussitôt qu'on abordait les sujets sensibles. Tu dois être honnête avec moi.

— On a parlé. Beaucoup. Je crois même qu'on a réglé certains de nos différends.

— C'est génial, ça !

Mon amie m'a fixé.

— Il s'en veut de ne pas avoir été là pour moi, a-t-elle avoué. Il aurait eu envie d'être toujours là, mais il traversait des moments difficiles. Il n'était pas prêt à être père, sa copine venait de le larguer et il n'avait plus de boulot. Il est tombé en dépression. Et il était incapable de me voir. Ce n'était pas qu'il ne m'aimait pas, mais il m'associait à toutes les erreurs qu'il avait faites pour en venir à ce point. Puis, peu à peu, il a remonté la pente. Seulement, au moment où il a compris qu'il avait été injuste envers moi, c'était trop tard. À chaque fois qu'on se voyait, tous les deux, il avait davantage l'impression qu'en fait, on s'éloignait. Il s'en veut de ne pas avoir fait plus d'efforts. Il n'a cessé de dire qu'il s'en voulait et qu'il m'aimait, que s'il pouvait tout recommencer à zéro, il le ferait. Je ne sais même pas si je peux le croire.

— Sacha, ton père t'aime, d'accord ? Il a simplement fait des erreurs. On en fait tous, pas vrai ?

Elle a soupiré.

— J'ai simplement du mal à accepter ça contre dix-huit d'absence.

— C'est normal. Tu en as souffert toute ta vie. Encore maintenant, tu en souffres. Laisse-toi du temps pour lui pardonner.

— Si un jour, je lui pardonne.

— Si un jour, tu lui pardonnes, bien entendu, ai-je répété. Au moins, vous avez eu une conversation honnête tous les deux.

— Oui et je me sens mieux.

— Tu t'es vidé le coeur.

— J'ai surtout eu sa version des faits.

J'ai souri.

— Allez, maintenant, arrête de penser à ça et profite du moment, d'accord ?

Elle a acquiescé. Je l'ai serrée dans mes bras, jusqu'à ce que son père nous interpelle depuis le balcon. J'ai suivi Sacha jusqu'à l'extérieur, intrigué. Frederick avait installé une table suffisamment grande pour trois personnes. C'était tout ce qui rentrait dans le minuscule espace qu'offrait son balcon. Nous nous y sommes installés et le géniteur de mon amie nous a servi à chacun une assiette de pâté chinois.

— Tu dois drôlement t'améliorer en cuisine avec nous dans les parages, a lancé Sacha.

— Attends d'y goûter. C'est peut-être beaucoup moins bon que ça en a l'air.

Mon amie a aussitôt porté sa fourchette jusqu'à sa bouche. Son père et moi l'avons regardée attentivement, à deux doigts de retenir notre souffle. Frederick attendait le verdict patiemment.

— C'est bon, papa, a conclu Sacha. Délicieux, même.

Le regard de son géniteur s'est illuminé. Mais je doutais que c'était en raison des compliments de Sacha vis-à-vis de sa cuisine. À vrai dire, ça devait plutôt être le fait qu'elle l'avait appelée « papa » pour la première fois depuis le début de notre séjour. Le sourire qui flottait sur le visage de Frederick à ce moment-là valait tout l'or du monde. Je n'avais jamais vu quelqu'un d'aussi heureux. Sacha, elle, n'a pas réagi. Ou peut-être faisait-elle semblant. Après tout, elle était douée pour cacher ses émotions. J'ai senti une bouffée de bienveillance prendre le contrôle de mon abdomen. Tout n'était pas parfait, rien n'était réglé, mais l'espace d'un souper, l'ambiance était chaleureuse.

J'ai inspiré profondément. Et j'ai goûté au moment présent.



Le soir même, nous sommes allés au Vieux-Montréal. Il y avait une petite crèmerie près du port et nous nous y sommes arrêtés. Je n'avais pas vraiment faim, mais je voyais bien que le père de mon amie s'efforçait de nous faire plaisir. Sacha me tenait continuellement la main, comme si elle avait peur que je ne m'échappe. Cette simple idée me faisait rire.

— Mon père m'amenait dans des crèmeries de ce genre quand j'étais plus jeune, m'a-t-elle chuchoté à l'oreille.

Sacha est allée commandé, alors que son père et moi étions installées à une table sur la terrasse.

— Merci de prendre soin de Sacha, a-t-il dit.

— Honnêtement, je crois qu'elle prend très bien soin d'elle-même toute seule.

Frederick a ri.

— Oui, c'est bien vrai. Sacha est très indépendante.

Il est soudainement redevenu plus sérieux.

— Seulement, je suis heureux de voir qu'elle peut compter sur quelqu'un comme toi en cas de soucis. Ma fille se débrouille peut-être très bien toute seule, mais elle a bien besoin d'une personne pour la soutenir moralement. Ça marche ainsi pour tout le monde.

— Et vous, sur qui comptez-vous lorsque ça ne va pas ?

Frederick m'a fixé pendant un instant, incapable de dire quoi que ce soit.

— Tu m'as eu, là.

J'a souri.

— J'imagine que c'est pour ça que je suis tombée en dépression. Je n'avais personne sur qui compter pour me sortir de la misère dans laquelle je m'étais mis.

— Pourtant, vous vous en êtes sortis.

— Grâce aux médocs. Et au médecin.

Il a inspiré profondément.

— Même si ça ne vaut pas grand chose, je pouvais compter sur un médecin pour m'en sortir. Et puis, mes frères ont réapparu dans ma vie durant cette période. Ils ont vu que ça n'allait pas et ils m'ont aidé.

Le quarantenaire a marqué une pause.

— Mais vois-tu, j'ai eu peur pour Sacha pendant longtemps, a-t-il admis. Lorsque Denise - sa mère - m'a appris qu'elle avait cette fichue rétinite pigmentaire, j'ai eu peur pour ma fille. Je craignais qu'elle finisse par se retrouver dans la même situation que moi.

— Sacha est forte.

Il a souri.

— On l'est tous, a-t-il dit. Seulement, la dépression peut frapper n'importe qui. Il ne s'agit pas que d'être fort mentalement, il s'agit d'être bien entouré.

J'ai acquiescé.

Étrangement, Sacha prenait beaucoup de temps pour commander, alors que la file était pratiquement inexistante. Je suis allée à l'intérieur pour voir ce qui la retardait à ce point. Je me suis figé en remarquant qu'elle flirtait avec le commis derrière le comptoir. Elle était appuyée sur la surface et le regardait, comme j'aurais aimé qu'elle me regarde. Lorsqu'elle a remarqué que je la fixais, elle a cessé tout mouvement. Je me suis tranquillement approché, alors qu'elle s'empressait de saluer le commis pour venir me rejoindre. Je n'ai rien dit et je me suis contenté de prendre la moitié de sa commande. Nous sommes retournés à la table, sans dire un mot. Sacha et moi avons partagé une banane royale, tout en écoutant Frederick nous raconter des histoires de son enfance. En aucun cas, je n'ai adressé la parole à Sacha. La jalousie coulait dans mes veines, même si je savais que c'était mal. Je ne contrôlais pas les actions de Sacha, femme indépendante. Ce n'était même pas quelque chose de possible. Aussi bien tenter d'enfermer un lion dans une boîte à chaussure. Et non, je n'avais pas envie d'être ce type de gars jaloux et possessif. Je me sentais mal de réagir ainsi et pourtant, j'étais incapable de refouler ce sentiment.

À un certain point, le père de mon amie est parti aux toilettes. Il ne restait plus que Sacha et moi. J'ai aussitôt remarqué qu'elle me fixait depuis un bon moment derrière ses lunettes de soleil.

— Pourquoi tu boudes ? a-t-elle demandé.

— Je ne boude pas.

— Si, tu boudes.

J'ai levé les yeux au ciel.

— Pourquoi tu flirtais avec ce type ?

— Je voulais avoir une banane royale gratuite.

Elle m'a souri. D'accord, là, elle se moquait de moi.

— Tu te fiches de moi.

— Ouais.

— Tu n'es pas drôle, Sacha.

— Est-ce que tu es en train de me piquer une crise de jalousie ?

— Non.

— Oui, t'es jaloux. Logan, t'es jaloux.

— Arrête ça !

Elle s'est mise à rire.

— Après tout ce qu'on a traversé tous les deux, tu crois que tu as besoin d'être jaloux ? Tu n'as rien à envier aux autres gars, Logan.

— Oui, ai-je rétorqué. Eux, ils ont une chance avec toi.

Ses joues ont pris une jolie teinte rougeâtre.

— Je croyais qu'on avait déjà parlé de ça.

J'ai pris une bouchée de notre banane royale. L'espace d'un instant, aucun de nous deux n'a parlé. Puis, Sacha a levé les yeux vers moi.

— Je ne flirtais pas avec ce gars, si ça peut te rassurer. Ce n'est pas mon type, de toute manière.

— Et c'est quoi ton type ?

Elle n'a pas répondu à ma question.

— Écoute, je souhaitais simplement avoir une banane royale gratuite. Ce n'était rien de très sérieux.

— Ça n'a pas marché ?

— Non, il n'y a que dans les films que ça marche.

J'ai ri. Sacha aussi. Notre complicité était de retour. Et en un claquement de doigts, il n'y avait plus aucune trace de jalousie qui circulait dans mon corps.

— Pourquoi tu as toujours tes lunettes de soleil ? ai-je demandé. Il fait pratiquement nuit.

— Il y a quelque chose qui vient avec la rétinite pigmentaire. Ça s'appelle la photophobie. En gros, je peux avoir des migraines et un mal intense aux yeux lorsque je regarde une source lumineuse. Ça peut-être autant le reflet d'une lampe, que les rayons du soleil.

— Tu es un vampire alors.

Elle a souri.

— Et ça fait longtemps que tu as ça ?

— Ça fait un moment déjà. Seulement, c'est devenu de pire en pire depuis notre arrivée à Montréal.

— Pourquoi ne m'as-tu rien dit ?

— Je viens de te le dire.

J'ai secoué la tête.

— Arrête de faire ta maligne.

Elle a ri.

Nous sommes rentrés assez tard, parce qu'il y avait tant de choses que Sacha souhaitait me montrer dans le Vieux-Montréal. Et puis, il y avait tant de trucs que je souhaitais photographier. À son insu, je suis même parvenu à prendre quelques clichés de mon amie. Lorsque nous sommes revenus à l'appartement, Sacha a été la première à se précipiter dans la douche. J'ai attendu patiemment mon tour devant un feuilleton télévisé qui passait sur la chaîne principale. Puis, lorsque Sacha est ressortie de la salle de bain, j'y suis allé. Cette douche était largement méritée, surtout après une journée aussi épuisante physiquement. Je me sentais crasseux, résultat d'une accumulation de sueur. Sacha avait laissé son savon dans la douche et comme je n'avais rien d'autre à porter de main, j'ai utilisé le sien. J'ai mis au moins une quinzaine de minutes à me nettoyer, cheveux y compris. Puis, j'ai enfilé un pyjama et je suis retourné dans la chambre d'ami. Sacha était déjà allongée dans son lit, mais ne dormait pas. J'ai fait un peu de bruit, histoire qu'elle sache que j'étais dans la pièce.

— Logan ? a-t-elle murmuré.

— Salut.

J'allais m'allonger sur mon matelas de fortune, lorsque Sacha m'a interpellé de nouveau.

— Viens me rejoindre.

— Pourquoi ? ai-je demandé.

— Pas question que tu dormes une fois de plus là-dessus ! Viens dans le lit, c'est beaucoup plus confortable.

Seulement, je n'ai pas bougé. Sacha a dû le sentir, car elle a aussitôt soupiré.

— Arrête d'avoir peur. Ce n'est pas comme si nous n'avions jamais partagé un lit auparavant.

Elle marquait un point. Et pourtant, j'étais tout hésitant. Peut-être était-ce parce que le père de mon amie était dans les parages. Je n'avais pas envie qu'il s'imagine des choses. Au final, j'ai décidé d'aller la rejoindre sur le lit. Je me suis allongé à ses côtés. Je n'avais pas à m'en faire, après tout, ce n'était pas comme si le père de Sacha était du genre à nous surveiller. Il nous avait bien mis dans la même chambre, alors soit il s'en foutait, soit il nous faisait confiance.

Sacha s'est retournée pour me faire face.

— Ça ne veut rien dire.

J'ai hoché la tête, tout en sachant qu'elle ne pouvait pas me voir.

— Ça ne veut rien dire, ai-je répété.

Elle s'est blottie contre moi et je l'ai serrée dans mes bras. Soudain, elle s'est mise à renifler.

— Pourquoi tu sens la pêche ?

— J'ai pris ton savon. Tu m'en veux ?

— Pas du tout, a-t-elle dit. Tu es très viril avec cette odeur.

— Je croyais que je n'avais jamais été viril.

Sacha s'est mise à rire.

Cette nuit, j'ai réussi à trouver le sommeil sans trop de difficulté.

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