Chào các bạn! Vì nhiều lý do từ nay Truyen2U chính thức đổi tên là Truyen247.Pro. Mong các bạn tiếp tục ủng hộ truy cập tên miền mới này nhé! Mãi yêu... ♥

02


Sacha nous ignorait. Comment pouvais-je lui en vouloir ? Ce n'était pas comme si après avoir passé le réveillon avec notre bande, elle allait se mettre à traîner avec nous en permanence. Ça, je l'avais déjà compris depuis un moment. La vie n'était pas comme dans les films clichés pour adolescent où la jolie fille populaire se mettait à traîner avec la bande de losers et faisait la découverte qu'elle préférait davantage son nouveau groupe d'amis.

Je ne prétendrais pas que je savais comment la vie fonctionnait, pourquoi certains avaient plus de chance que d'autres, mais j'avais une certitude à ce sujet : la vie était loin d'être une adaptation cinématographique.

Je m'étais déjà demandé ce que ça ferait d'être respecté par tous les élèves de cette école. Je serais probablement invité à toutes les fêtes en ville et je sortirais avec une des filles les plus jolies de l'école. Je serais peut-être même toujours en couple avec Pénélope Brown. N'allez pas croire qu'elle me manquait après tout ce qu'elle m'avait fait subir, mais il m'arrivait de penser qu'elle ne m'aurait peut-être pas laissé si j'avais fait partie des gens populaires. À vrai dire, ça aurait peut-être été moi qui lui aurait brisé le coeur.

Alors, si Sacha Macleod décidait de traîner avec sa bande d'amis habituelle, ça m'était bien égal. Elle avait tous les droits de faire comme si elle ne nous connaissait pas, de nous ignorer comme elle le faisait bien avant. Je ne lui en voulais pas. Je ne me voilerai pas la face en me disant que si j'étais à sa place, ce ne serais pas du tout ce que je ferais. Au contraire, ce serait exactement ce que je ferais. Olivia n'était pas d'accord. Bien entendu, elle n'était pas prête à accepter le fait que Sacha Mcleod nous ignorait. Je ne voyais pas en quoi ça pouvait autant la déranger. Ce n'était pas comme si elle appréciait cette fille et qu'elle souhaitait être son amie.

— Non, mais regarde la ! s'est exclamée mon amie. Elle n'arrête pas de se pavaner et de faire comme si nous n'existions pas.

— C'est un peu le cas, ai-je blagué.

Carter a souri et s'est appuyé sur le casier voisin. J'ai ouvert le mien en espérant l'avoir bien nettoyé avant les vacances. Je n'avais vraiment pas envie de tomber sur de mauvaises surprises.

Heureusement, aucune odeur nauséabonde ne s'en échappait. C'était plutôt bon signe. S'il avait bien une chose que je détestais au retour des vacances, c'était de tomber sur un vieux sandwich oublié datant de plus de deux semaines. La dernière fois que c'était arrivé, ils avaient dû évacuer la moitié du bâtiment. On n'avait pas eu de cours de toute la matinée.

— Si t'as encore un sandwich moisi au fond de ce casier, mec, je te frappe, m'a menacé Carter.

— Je croyais que tu aimais bien manquer les cours.

— Ne te fiche pas de moi. Je fais encore des cauchemars à cause de ton truc. Merde, j'en garde même des séquelles ! Ma mère a dû m'envoyer voir un psy.

— Tu exagères.

J'ai lancé un regard à Olivia, mais à l'expression qu'elle affichait j'ai deviné que l'histoire du sandwich en avait marqué plus d'un. C'était peut-être comme ça que j'allais me faire connaître. Avec un vieux sandwich pourrissant au fond de mon casier.

J'ai inspecté mon casier pendant deux bonnes minutes, histoire de m'assurer qu'il n'y avait rien qui pourrait me faire pousser une troisième bras durant la nuit. J'ai poussé un soupir de soulagement, n'ayant finalement rien rencontré de suspect. Quelques feuilles chiffonnées ici et là, un livre emprunté à la bibliothèque que j'avais oublié de remettre, des manuels scolaires et un vieux tee-shirt d'éduc.

— Bonne nouvelle ! me suis-je exclamé. Il n'y a rien de suspect.

— Je vais enfin pouvoir dormir en paix, sans être tourmenté par tes fichus sandwichs au poulet.

— Il était au jambon la dernière fois.

— Poulet, jambon, kangourou... C'est la même chose !

— Kangourou ? a demandé Olivia, les sourcils froncés.

J'ai refermé mon casier, après avoir récupéré quelques livres pour le cours suivant. Tous les trois, nous nous sommes mis en marche vers le laboratoire, là où se déroulait notre cours de chimie. J'ai écouté d'une oreille distraite la conversation entre Carter et Olivia, un drôle de débat sur la viande de kangourou, mais mes pensées ont vite divagué autre part. Sacha Mcleod était appuyée sur une casier et parlait avec Pénélope Brown. Si je me fiais aux nombreuses gesticulations de Pénélope et à l'expression qu'affichait sa meilleure amie, les deux semblaient être en pleine dispute. C'était à se demander quel pouvait être le sujet de leur altercation. Malheureusement, j'étais beaucoup trop loin pour entendre. Quelques élèves autour de les deux adolescentes ne pouvaient s'empêcher de les regarder avec intérêt.

Parfois, je me disais que nous n'étions que des figurants dans une énorme série télé. Les gens cool, eux, vivaient leur vie et tout semblait tourner autour d'eux. Nous, nous restions là, nous les regardions, nous leur accordions notre attention. J'aimais bien ma vie tranquille et banale, mais il m'arrivait très souvent de songer à comment ce serait d'être à la place de Pénélope Brown ou de Sacha Macleod. Et puis, je repensais à ce que celle-ci a dit l'autre soir. Ces étiquettes n'allaient plus avoir d'importance dans quelques mois. Sacha avait raison. Nous allions tous devenir adultes et toutes ces gamineries n'allaient plus avoir de signification. Il suffisait d'être patient.

J'ai rangé ce genre de pensée dans un coin de ma tête. Ce n'était pas comme si j'avais besoin d'être au sommet de la pyramide sociale. J'avais de bons amis. J'avais une belle famille. J'avais une très belle vie. Mieux valait voir le positif dans ma vie, sinon je risquais de déprimer pour le reste de la journée. Et puis, je pouvais toujours me consoler en me disant que le garçon qui se faisait toujours choisir en dernier au ballon-chasseur tuerait pour être à ma place.

— Carter, où sont passés tes cahiers ? ai-je demandé.

Mon ami a levé les yeux dans ma direction, un sourire en coin.

— J'ai pas envie d'aller en chimie.

— Alors, tu sèches ?

— Ouaip. Quelqu'un veut venir ?

— Non, merci. Moi je tiens à ma réussite, a rétorqué Olivia.

— Allez, Olivia, s'est moqué Carter. On sait tous que tu meurs d'envie de manquer le cours de M. Robinson. Si ça ne tenais qu'à toi, tu serais déjà en train de fumer une clope avec moi sur le bord de la clôture.

— J'en doute.

Carter a levé les yeux au ciel, mais n'a pas cessé de sourire pour autant.

— Tes parents t'ont trop bien élevé.

— C'est ça. Allez, va jouer au mauvais garçon ailleurs, a-t-elle rétorqué. On se revoit à la cérémonie de diplôme, à moins que tu ne l'obtiennes pas. Ça serait vraiment dommage...

— D'ailleurs, je compte appliquer à la même université que toi. Ce serait vraiment trop chouette qu'on soit ensemble pour les quatre prochaines années. Juste toi et moi !

Olivia s'est tournée vers moi.

— Logan, pitié, tue-moi.

En guise de réponse, j'ai simplement souri. Carter en a profité pour s'éloigner tranquillement.

— Ciao ! s'est-il exclamé.

Nous l'avons regardé tourner à l'angle du couloir, puis disparaître dans la foule d'élèves.

Il m'est arrivé de sécher l'école une seule fois au cours de ma vie. J'avais treize ans et je n'avais pas envie d'aller en cours de français. Non, mais à quoi cette langue pourrait-elle me servir ? Peut importe où j'irais, il y aurait toujours quelqu'un pour parler anglais. Et c'était avec cette pensée en tête que j'avais quitté l'école en compagnie de deux ou trois potes. Le fait de manquer les cours m'avait alors apporté une immense dose d'adrénaline. Pour une fois dans ma vie, je me sentais cool. Vous deviez comprendre qu'à treize ans, nous étions tout boutonneux et les filles ne se gênaient pas pour nous regarder de haut parce qu'elles nous dépassaient de plusieurs centimètres. On se sentait minable. Ce qui faisait que n'importe quoi pour un gars de treize ans pouvait passer pour quelque chose d'excitant. Que ce soit de dessiner des pénis sur les portes des toilettes ou de coller sa gomme sous le pupitre, tout semblait nous donner l'impression d'être rebelle. Les critères pour être « cool » étaient donc légèrement diminués. Malheureusement, comme j'étais Logan Campbell et que le destin ne semblait pas vouloir que je me rebelle, au bout de cinq minutes seulement, un surveillant m'avait surpris à errer autour de l'école. La directrice m'avait donc collé une retenue et mes parents m'avaient sévèrement engueulé. J'avais été privé de télé pour un mois. Aussi triste que cela pouvait sonner, ma phase rebelle s'était commencée et terminée là.

Olivia et moi nous sommes installés à l'avant de la classe, parce que selon elle c'était bien mieux que d'aller à l'arrière et d'écouter les conneries de Cole Stevens et de sa bande. Je devais admettre qu'Olivia n'avait pas tort. J'avais déjà fait l'erreur d'aller m'asseoir au fond et j'étais ressorti du cours avec un peu trop d'informations sur la vie sexuelle de Will Roberts, un gars de l'équipe de hockey. Il y avait une chose à propos des gens cool que j'avais compris au fils du temps : ils se fichaient de ta présence. Ils pouvaient parler de choses méga personnelles et ils se ficheraient que tu les écoutes. C'était à se demander s'ils ne faisaient pas un peu exprès.

Sacha Macleod est passée devant nous pour aller rejoindre son petit ami. Peut-être n'était-ce que mon imagination, mais l'espace d'une seconde j'ai cru qu'elle me souriait.

— Sacha m'énerve, a murmuré Olivia.

Je n'ai rien répondu. De toute manière, tous mes arguments seraient impuissants face à mon amie. Lorsque Olivia avait une idée en tête, il était impossible de la faire changer d'avis.

— Nous n'aurions pas dû l'inviter au Nouvel An, a-t-elle dit. C'était notre dernier réveillon tous les cinq ensemble. Elle n'avait rien à faire avec nous.

— Si je me souviens bien, elle n'a rien fait de dérangeant. Pourquoi tu la détestes ? Qu'est-ce qu'elle t'a fait ?

— Rien, mais je déteste qu'elle s'imagine qu'elle peut nous utiliser l'espace d'une soirée, puis nous jeter le lendemain.

— Alors, quoi ? Tu voudrais qu'elle fasse partie de notre bande ? Qu'elle soit notre amie ? je demande, interloqué. Je croyais que tu détestais ce genre de filles.

Olivia a plissé les yeux et m'a regardé. Je détestais quand elle faisait ça, ça me donnait l'impression qu'elle arrivait à percer tous mes secrets d'un simple coup d'oeil.

— Logan, je crois qu'en ce moment tu ne penses pas avec ton cerveau, mais avec ce que tu as entre les jambes, m'a-t-elle lancé de manière accusatrice.

J'ai levé les yeux au ciel.

— Arrête tes conneries ! ai-je rétorqué. Ce que je cherche à dire c'est que nous n'avons pas besoin d'elle comme amie. Inutile de se disputer pour ça. Elle nous ignore, on l'ignore.

— Les gars, vous êtes tous pareils.

— C'est une insulte, je suppose ?

— Tu es complètement tombé sous le charme de cette fille, a dit Olivia. Logan, ne te fais pas d'illusion, d'accord ?

— Premièrement, je ne suis pas tombé sous le charme de Sacha. Oui, elle est jolie, mais ça ne veut pas dire qu'elle me plaît. Et deuxièmement, je crois que je suis un grand garçon. Tu n'as pas à t'inquiéter pour moi.

— Tant mieux, parce que je n'ai pas envie de te ramasser à la petite cuillère comme j'ai dû le faire après ta rupture avec Pénélope Brown.

Au moment où j'étais sur le point de lui répondre, la cloche annonçant le début des cours a sonné. C'était un son strident que les professeurs s'amusaient parfois à changer pour de drôle de version de Jingle Bell ou d'Amazing Grace. Ils croyaient peut-être qu'en faisant ça, les élèves allaient être plus motivés à aller en cours. En fait, ça nous paraissait plutôt comme une manière pathétique de nous casser les oreilles. À force d'entendre Amazing Grace dix fois par jour, on en venait à la fredonner partout où on allait. Ça avait le don de taper sur les nerfs de mon entourage.

— Un jour, je vais me glisser dans le bureau de la directrice et je vais démolir cette fichue cloche, a grimacé Olivia, les dents serrés.

— Compte sur moi pour t'accompagner.

— Ça marche.

J'ai souri. Elle a souri. C'était tout ce qu'il me fallait pour comprendre que tout allait bien entre nous. En ce moment, c'était tout sauf d'un drame dont j'avais besoin.



Sacha est venue me trouver après les cours. Je fermais mon casier au moment où elle est apparue derrière moi. J'ai sursauté en la voyant débarquer de nulle part.

— Ça t'arrive toujours de débarquer à l'improviste ? ai-je demandé.

Elle a éclaté de rire. Pendant un instant, j'ai cru être en train de rêver. Sacha m'avait ignoré toute la journée et maintenant elle se tenait devant moi, prête à me parler comme si nous étions potes depuis toujours. Olivia serait jalouse !

— Non, mais ça commence à devenir une fâcheuse habitude, a plaisanté Sacha.

Je n'ai rien dit pendant un moment. J'avais envie de lui parler, mais j'ignorais par où commencer. Habituellement, j'arrivais à être assez à l'aise pour débuter une conversation, mais face à cette fille, je perdais mes moyens. Je ne saurais dire s'il s'agissait d'une bonne ou d'une mauvaise chose.

Sacha s'est avancée face à moi. Si près que j'ai pu apercevoir les quelques tâches de rousseur qui se trouvaient sur son nez et sur ses joues.

— Ça te dit d'aller dans un endroit spécial ?

J'ai plissé les yeux, suspicieux.

— C'est-à-dire ?

— Rassure-toi, Logan, a-t-elle dit. Je ne compte ni te kidnapper ni te violer.

— Merci pour l'info.

Elle n'a rien dit. On s'est simplement regardé. J'ai eu l'impression qu'elle m'analysait, qu'elle me détaillait d'haut en bas. Olivia et Sacha avaient décidément toutes les deux cette fichue manie d'analyser les gens rien qu'en les observant.

— Fais-moi confiance, d'accord ? a-t-elle dit.

— C'est qu'il est un peu difficile de faire confiance à une personne qu'on vient tout juste de rencontrer et qui a la fâcheuse tendance de débarquer à l'improviste, vous donnant ainsi une crise cardiaque. Ne te sens surtout pas visée.

— Logan, je t'en prie. Fais-moi confiance le temps d'une soirée.

— Ai-je vraiment le choix ?

Elle a souri.

— Pas vraiment, non.

J'ai souri à mon tour.

— Alors, je te suis.



Je me suis demandé tout au long du trajet pourquoi j'avais accepté aussi vite. Ce n'était pas comme si j'étais ami ou que je connaissais très bien Sacha Macleod. À vrai dire, cette fille était un éternel mystère à mes yeux. Nous marchions dans la neige depuis une dizaine de minutes et j'en étais venu à me dire que son but était peut-être de me transformer en popsicle géant. Je lui ai demandé et elle s'est simplement contenté d'éclater de rire.

— Patience, Logan, a-t-elle dit. Nous y sommes presque.

J'ai soupiré, mais je l'ai tout de même suivie dans la neige. Nous avons continué comme ça pendant dix autres minutes, puis nous sommes tombés face à face avec une énorme palissade en bois. J'ai levé un sourcil en direction de Sacha, me demandant comment elle s'imaginait traverser de l'autre côté. Elle m'a fait signe de la suivre et je me suis exécuté comme un petit chien docile. Peut-être que j'avais la confiance facile. Peut-être bien que Sacha me manipulait depuis le début. Ai-je arrêté de la suivre pour autant ? Bien sûr que non.

Sacha s'est immobilisée devant un arbre de taille immense qui devait bien dépasser la clôture de plusieurs mètres. La blonde a posé un pied sur la première branche, prête à grimper encore plus haut. Je l'ai regardée de manière sceptique.

— Une minute, Katniss Everdeen ! me suis-je exclamé. Je ne monte pas là-dedans.

Sacha s'est retournée. Le sourire qu'elle avait sur les lèvres m'a indiqué que j'avais peut-être pris une mauvaise décision en l'accompagnant jusqu'ici. Ce n'était pas pour rien que ma phase rebelle n'avait duré que quelque minutes. J'étais un vrai trouillard.

— Est-ce que Logan Campbell aurait peur des hauteurs ? s'est-elle moquée.

— Pas du tout, ai-je rétorqué. Je ne crois simplement pas que c'est une bonne idée de grimper là-dedans. Une branche pourrait casser.

— Logan, je grimpe dans cet arbre plus souvent que tu ne le penses. Fais-moi confiance.

J'ai poussé un énorme soupir, mais je l'ai tout de même rejoint au pied de l'arbre. Elle a souri en me voyant approcher. Elle se trouvait déjà au sommet de l'arbre, prête à traverser l'énorme palissade de bois qui nous faisait face.

— Si je meurs, ce sera de ta faute, ai-je dis.

— D'accord. Je t'écrirai un éloge funèbre. Allez, grimpe maintenant.

Je me suis exécuté, peu sûr de moi. Quand j'avais huit ans, j'avais l'habitude de grimper dans l'immense saule qu'il y avait à l'arrière de chez ma grand-mère. Mes soeurs m'y accompagnaient toujours. Pour eux, c'était une compétition. Celui qui grimpait le plus haut gagnait. Évidement, trouillard comme j'étais, je me retrouvais toujours dernier.

J'ai jeté un coup d'oeil à Sacha qui se trouvait maintenant de l'autre côté de la palissade. Elle m'attendait patiemment, alors que je posais un pied sur la dernière branche qu'il me fallait atteindre. Une fois arrivé à la hauteur de la clôture, j'ai enjambé celle-ci et j'ai sauté au sol. J'ai trébuché et me suis retrouvé face contre terre. Heureusement, il y avait de la neige pour alléger ma chute. Mais toute la dignité que j'avais réussi à conserver jusqu'à maintenant s'était brusquement évaporée.

— Tu vois, tu n'es pas mort, a-t-elle dit.

— Presque.

— Tu es si dramatique, Logan ! Allez, viens. Je veux te montrer quelque chose.

Je l'ai suivie dans la neige.

— N'est-ce pas une entrée par effraction ? ai-je demandé. C'est un terrain privé, pas vrai ?

Elle n'a rien répondu. J'ai ressenti une pointe d'agacement. Pourquoi l'avais-je suivie ? Sacha Macleod n'était pas le genre de personne avec qui je traînais à l'habitude. Elle allait peut-être m'attirer des ennuis. Si j'avais une retenue pour avoir séché les cours pendant cinq minutes, mes parents me privaient de télévision pour un mois. Je n'osais pas imaginer ce qu'ils feraient si la police débarquait pour les informer que leur fils était entré par effraction sur une propriété privée.

— Sacha, nous n'avons rien à faire ici, ai-je dit. C'est un terrain privé.

— Je t'ai déjà dit que j'aimais briser les règles.

J'étais sur le point de rétorquer quelque chose quand, soudain, Sacha est partie en courant. En raison de la noirceur qu'il faisait, je n'arrivais pas à la distinguer. Je suis donc resté immobile, me sentant comme le dernier des imbéciles. J'ai alors cru qu'elle me faisait marcher depuis le début.

Je commençais à sombrer dans le désespoir lorsque quelque chose s'est illuminé devant moi. Quelques secondes m'ont suffi pour reconnaître l'immense objet qui se trouvait devant moi. Sacha est revenue dans ma direction, un sourire sur les lèvres.

— Est-ce que c'est bien un carrousel ?

— Ouaip, m'a-t-elle répondu. Bienvenue au Stevens's Amusement Park.

— Attends, Stevens comme dans Cole Stevens, ton copain ?

— Son grand-père a fait fortune avec ça. Maintenant ça appartient au père de Cole, mais c'est quasiment désert depuis quelques années.

— Est-ce que Cole sait que tu viens ici régulièrement ?

— Bien sûr que non ! a dit Sacha. Il m'a simplement parlé de l'endroit. Je n'ai pas envie qu'il se mette à me suivre partout où je vais.

J'avais envie de lui demander pourquoi Cole semblait autant l'énerver et pourquoi elle ne rompait pas immédiatement avec lui. On savait tous qu'elle l'avait trompé de nombreuses fois, alors qu'est-ce qui la retenait avec ce type ? Elle aurait très bien pu se débarrasser de lui et se trouver un garçon qui lui plaisait vraiment. Les questions me brûlaient les lèvres, mais je n'avais pas le courage de les lui poser.

Sacha m'a entraîné avec elle sur le carrousel. Elle avait réussi à soulever l'une des immenses portes métalliques à l'aide d'un pied-de-biche. Je ne pouvais m'empêcher de l'admirer, alors que nous nous glissions à l'intérieur de l'attraction.

— Où est-ce que tu as appris à faire tout ça ? l'ai-je questionné.

— Je suis une fille pleine de ressources, Logan.

Malgré le peu d'obscurité qu'il y avait à l'intérieur du carrousel, quelque chose de macabre semblait flotter dans l'air. Les chevaux de bois semblaient nous fixer de leurs grands yeux peinturés, tandis que les chaines de la balançoire émettaient un grincement sinistre. Il n'y avait pas de doute, cet endroit était vieux. Pas étonnant que peu de gens osaient y mettre les pieds. On aurait dit que ça n'avait pas été rénové depuis plus de cent ans.

Sacha a posé sa main sur mon épaule et j'ai sursauté. J'ai poussé un soupir de soulagement en réalisant qu'il ne s'agissait que d'elle. Lorsque je me suis retourné pour lui faire face, elle avait un sourire moqueur sur les lèvres.

— Ne te moque pas de moi ! me suis-je défendu. Cet endroit me fout la chienne.

— Ah bon ?

— Tu es vraiment une fille spéciale, Sacha.

Elle a réfléchi pendant quelques secondes comme si mes paroles portaient à réflexion.

— Je crois que je vais le prendre comme un compliment.

Nous nous sommes installés sur la balançoire, près de deux énormes chevaux blancs qui semblaient me fixer avec leurs deux grands yeux peints. J'avais du mal à imaginer que nous étions vraiment entrés par effraction dans un parc d'attraction. En fait, j'avais surtout du mal à comprendre ce qui m'était passé par la tête au moment où j'avais accepté de suivre Sacha. Peut-être qu'Olivia avait raison tout compte fait. Peut-être que je ne réfléchissais pas avec mon cerveau, mais bien avec ce que j'avais entre... Non, peut-être que j'étais simplement un peu stupide.

Sacha et moi nous sommes fixés pendant un certain laps de temps. Je ne pouvais nier que cette fille était jolie. Avec ses yeux qui semblaient contenir l'univers, ses lèvres fines et son nez retroussé, son visage me donnait l'impression d'être une oeuvre d'art.

— J'ai un jeu, a dit Sacha au bout d'un moment.

— C'est-à-dire ?

— Tu me dis trois choses sur toi et je te dis trois choses sur moi.

Je n'ai pas pu m'empêcher de rire. Sacha a froncé les sourcils, visiblement blessée par ma réaction.

— Quoi ?

— C'est juste que je ne vois pas ce que tu y gagnes, ai-je dit.

— Apprendre à connaître Logan Campbell ?

J'ai ri de nouveau.

— Je suis loin d'être une personne intéressante.

— C'est ce que tu penses, a rétorqué Sacha.

Je me suis dit que c'était stupide, qu'elle allait bien vite réaliser quelle personne ordinaire j'étais et quelle vie banale j'avais. Je n'avais pas très envie de me rabaisser à ses yeux. Après tout, nous commencions tout juste à nous connaître. Je n'avais pas envie de la faire fuir en lui parlant de ma vie ennuyeuse, probablement bien différente de la sienne. Seulement, Sacha me suppliait presque du regard. Étant quelqu'un de faible, je me suis laissé convaincre bien trop facilement.

— D'accord j'abandonne, ai-je finalement dit. Je veux bien jouer à ton jeu des trois questions.

— Génial ! C'est toi qui commence.

J'ai bougé inconfortablement sur la balançoire, me creusant la tête pour trouver quelque chose d'intéressant à dire. J'étais loin d'être le type avec une longue vie trépidante derrière lui. En fait, en dix-sept années d'existence, ma vie semblait se résumer à un enchaînement de moments banals. Inutile de dire que cette pensée me désespérait au plus haut point.

— Alors, euh, j'ai deux soeurs aînées, l'une a vingt-et-un ans et l'autre en a vingt-six.

Sacha a hoché la tête, m'encourageant à poursuivre. Je ne m'étais jamais senti aussi gêné. D'abord, je n'avais jamais été du genre très ouvert au sujet de ma vie et puis, j'avais peur de passer pour un minable aux yeux de Sacha.

— Oh, et je ne suis pas chinois.

Ça a fait rire Sacha.

— Je dis ça parce que j'ai les yeux légèrement bridés et que les gens assument automatiquement que je suis originaire de Chine.

— Alors, pourquoi as-tu les yeux bridés ? m'a demandé la blonde.

— Mon père est d'origine inuit.

— J'aurais dû y penser !

— Troisième chose à mon sujet : j'adore la photographie.

C'était la vérité. S'il y avait bien une chose pour laquelle j'étais passionné dans mon ennuyante petite vie, c'était la photographie. J'avais commencé la photographie très jeune et depuis, je n'avais pas cessé d'en faire. Si bien qu'à chaque anniversaire, je recevais un nouvel appareil photo encore meilleur que le précédent.

Sacha s'est rapprochée de moi sur la balançoire. Elle a ramené ses genoux contre sa poitrine et m'a regardé.

— Qu'est-ce que tu prends en photo ? Des visages ?

— Je ne connais pas assez de visage pour ça.

— C'était une drôle de phrase.

— Ouais, ai-je dit. En fait, je préfère les paysages.

— Tu sais, tu n'as pas besoin de plusieurs visages. Un seul peut suffire. Celui d'une personne que tu trouves magnifique.

— J'ai déjà demandé à Lawrence d'être mon modèle, mais, hélas, il m'a jeté ses spaghettis au visage, ai-je plaisanté. J'ai pris ça pour un refus.

Elle a rigolé. Pendant un instant, j'ai pris pleinement conscience de la situation. J'étais dans un carrousel sur une propriété privée avec une fille que je ne connaissais pas et je lui parlais de ma vie. C'était absurde et pourtant, c'était bel et bien en train d'arriver.

— Je crois que c'est à ton tour.

Sacha s'est raclée la gorge.

— Je suis une enfant unique.

— Tu n'imagines pas la chance que tu as, ai-je plaisanté.

— Je doute que si tu étais à ma place, tu dirais la même chose.

— Tu as probablement raison.

— Probablement ? Je crois que ce que le mot que tu cherches est totalement.

J'ai ri.

— J'aime bien lire.

— Tu aimes lire ? me suis-je étonné.

— Ne me regarde pas comme ça ! a protesté Sacha. Ça devient vexant. Figure-toi que je ne suis pas illettrée.

— Je n'ai jamais dit le contraire.

— Ton visage m'a suffi.

— D'accord, d'accord ! Et sinon, quels sont tes romans préférés ?

— J'aime bien Des souris et des hommes de John Steinbeck.

— Jamais entendu parler, ai-je avoué.

— Désolée de devoir te dire ça, Logan, mais tu n'as pas de culture.

— Moi ? Pas de culture ? Tu plaisantes, j'espère ?

— C'est un classique de la littérature américaine ! a-t-elle protesté. Rassure-moi, tu connais Gatsby le magnifique ?

— Ça me dit quelque chose.

En vérité, je n'avais aucune idée de ce dont elle parlait. Je me suis promis qu'en rentrant chez moi ce soir, j'allais faire quelques recherches sur internet. Je n'avais pas l'intention de passer pour un idiot plus longtemps.

Sacha ne m'a visiblement pas cru. J'étais un piètre menteur, il fallait l'admettre. J'ai décidé que le mieux pour m'en sortir était de changer de sujet.

— Tu oublies la troisième chose à ton sujet, l'ai-je informé.

— Ah oui, c'est vrai.

Elle a semblé réfléchir pendant un moment.

— J'aime les cactus, a-t-elle finalement dit.

— Tu aimes les cactus ?

— Ouais, j'aime les cactus.

Nous n'avons plus rien dit du reste de la soirée.

Bạn đang đọc truyện trên: Truyen247.Pro