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❦ La tête de cerf. ❦

Peter était d'une humeur massacrante. Il avait passé la journée avec sa famille et c'était suffisant pour le reste du mois. Tout le monde respirait la joie, l'apaisement et l'excitation mélangés tandis que lui, pauvre et simple oncle Peter, vivait seul et aigri. Certes, il ne voulait pas vivre en compagnie des personnes qui partageaient le même sang que lui, mais tout de même.

Lorsqu'il ne pensait pas à appeler une fois dans la semaine, il se faisait remonter les brettelles par Talia, sa sœur et accessoirement l'alpha du groupe. Peu importait à quel point il était occupé, il devait faire des efforts à la place des autres. Pourquoi personne ne l'appelait, lui, quand il ne donnait pas de signe de vie ? Techniquement, avec son statut, il était le plus impuissant du groupe et donc le plus vulnérable. Il pourrait être attaqué à n'importe quel moment, même si la paix régnait depuis de nombreuses années à Beacon Hills.

Il détestait vraiment être un oméga, le seul du groupe qui plus est. Personne ne faisait attention à lui, à ses opinions ou à ce qu'il pourrait apporter durant les réunions. Il était aussi une sorte de larbin ou de souffre douleur. Il ne supportait plus que sa sœur aînée le rabaisse constamment. Il était au plus bas de l'échelle sociale mais il faisait partie de la famille, quand même !

A cause de cela, dans une rage aveugle et irréfléchie, il s'était attaqué à des membres de sa meute. Depuis, il avait perdu son statut de bêta et vagabondait entre son appartement et son lieu de travail en attendant sagement qu'on lui dicte la conduite à suivre. Il ne s'était jamais senti aussi mal de sa vie.

Il se rendait malade de penser que, heureusement, ses parents étaient décédés avant de voir le déchet qu'il était devenu. Ils ne sauraient pas à quel point il était devenu aigri et détestable auprès de quiconque essayait de lui adresser la parole. Faire ses courses était une véritable corvée puisque les hôtes de caisse ne pouvaient s'empêcher de lui faire la conversation.

Au moins, il avait développé le meilleur regard noir qu'un homme pouvait espérer donner. Derek, son neveu, ne pouvait même pas rivaliser avec lui et Dieu savait qu'il était doué.

Peter gara sa voiture en bas d'un immeuble chic et en sortit avec un sac de sport qu'il avait pensé à emmener avec lui avant de partir voir sa famille. L'endroit ne payait pas de mine, tous ceux qui passaient devant sans avoir été mis dans la confidence pensaient que c'était un immeuble privé qui servait de siège à une entreprise. C'était le cas mais de façon bien plus agréable pour l'homme.

Chaque étage avait sa spécificité et tout était centré uniquement sur l'entretien du corps. Les étages les plus bas servaient aux soins, tels que les saunas, les tables de massage ou encore les bains de boue. Les étages supérieurs comportaient de nombreux équipements sportifs variés avec, évidemment, un vestiaire sécurisé et des douches individuelles.

Peter, en tant que loup-garou qui courait dans les bois à chaque pleine Lune, n'avait pas besoin de faire fonctionner ses muscles. Ils s'étaient développés naturellement avec ses gènes et s'entretenaient avec juste un peu d'activité et de viande.

Ce n'était pas pour autant qu'il ne bougeait pas. Rester inactif le rendait fou, surtout après une journée comme celle-ci. Alors il venait ici et s'épuisait jusqu'à ce qu'il puisse à peine conduire pour rentrer chez lui. Cela évacuait toute sa frustration et calmait en partie la colère qu'il ressentait.

Au début, il pensait que ce n'était que temporaire, qu'il finirait par se lasser et ne plus avoir besoin de se défouler de la sorte. C'était il y a plusieurs années de cela.

Il y avait très peu de monde quand il mit les pieds à l'étage désiré. Il n'avait plus besoin de regarder les plans accrochés à chaque sortie d'ascenseur, il connaissait l'endroit comme sa poche. Deux autres hommes travaillaient sur des machines à l'autre bout de la pièce grande ouverte et s'étaient coupés du monde avec leurs oreillettes.

Peter aimait ce genre d'ambiance. L'endroit était suffisamment grand et discret pour que peu de clients se croisent. De plus, avec le coucher du soleil qui illuminait la pièce de couleurs dorées et brûlantes à travers les énormes baies vitrées, l'atmosphère était parfaite pour travailler.

Comme les deux autres, il se trouva un coin où se poser devant les vitres pour transpirer tout en écoutant sa propre musique et en observant la vue.

Il n'y avait plus aucune lueur orangée dans le ciel quand son téléphone sonna devant lui. C'était Christopher, son meilleur ami et vu l'heure, il ne voulait pas juste prendre de ses nouvelles. Il finit ses répétitions sans se presser puis attrapa l'appareil pour décrocher à la dernière sonnerie.

"Chris, salua-t-il simplement.

-Peter, renvoya une voix grave. J'imagine que cette réunion de famille n'a pas été des plus amusantes, une fois encore ?

-Comment l'as-tu deviné ?"

Peter n'aimait pas les gens, c'était un fait connu. Heureusement, grâce à ça, peu de monde l'approchait quand ils le reconnaissaient. Chris, cependant, se fichait complètement de ce qu'il pouvait penser et était entré de force dans sa vie un soir où le loup-garou était venu dans l'optique de se bourrer la gueule dans son bar jusqu'à ce qu'il en fasse un coma éthylique. L'alcool pouvait le toucher s'il y glissait suffisamment d'aconit pour en ressentir les effets.

Depuis ce jour où l'humain l'avait empêché de ruiner son foie qui aurait guéri de toute façon, ils s'appelaient régulièrement pour traîner ensemble. Il s'avérait qu'ils avaient la même passion pour les motos et les tatouages et qu'ils se fichaient de la façon dont leur famille les regardait. Ils n'avaient pas besoin de se voir ou de se parler tous les jours pour s'aider mutuellement lors de phases difficiles.

Enfin, c'était plutôt Chris qui l'aidait depuis un moment, pas l'inverse. Rien que le fait d'y penser fit que Peter leva les yeux au ciel.

Au moins, il pouvait être aussi sarcastique qu'il le voulait, l'autre ne lui en tiendrait jamais rigueur.

"Que dirais-tu de sortir ce soir ? Mon associé tiendra le bar alors je suis libre pour une fois et tu as besoin de rencontrer du monde."

Peter hésita. Chris n'avait pas tort, sortir dans des endroits sombres où personne ne se connaissait l'aidait à se détendre considérablement, surtout avec la récompense qu'il obtenait entre deux. Le sexe rapide avec un ou une inconnue dans un club de jeunes complètement bourrés était ce qui les poussait à sortir, son ami et lui ne se l'étaient jamais caché.

Il s'étira sur le tapis de travail sur lequel il était assis et se releva en acceptant l'offre. Après toutes les remarques qu'il avait reçues aujourd'hui, il pouvait bien prendre un peu de bon temps.

Il rejoignit les douches à côté du vestiaire pour retirer toute l'accumulation de poussière et de sueur et remit les vêtements avec lesquels il était arrivé. Il partait directement rejoindre Chris où il lui avait donné rendez-vous. Il ne comptait pas se changer pour porter des vêtements propres qui sentaient la lessive. Ce soir, comme tous les soirs, il se trouverait un jeunot pour soulager la tension. Son odeur n'avait encore jamais rebuté personne jusque là.

Quant au dîner, il pouvait le sauter sans problème. Non seulement le sport lui coupait l'appétit mais avec le repas que Talia leur avait servi à midi, il s'était rempli la panse pour un moment. Ce n'était pas parce qu'il se sentait mal à l'aise avec sa famille qu'il ne pouvait pas profiter d'un bon repas gratuit.

Dès qu'il arriva à sa voiture, il déverrouilla les portières et jeta son sac de sport sur les sièges arrières à la hâte. Puisque ses vitres étaient teintées, il n'avait pas à s'inquiéter de voyous qui viendraient lui en briser une pour un simple sac. En fait, sa voiture de luxe était assez tape à l'œil pour être une cible elle-même mais il n'avait encore jamais eu de problème avec, pas même une seule rayure. Elle lui avait coûté suffisamment cher pour qu'il en prenne grand soin.

Son arrivée dans la rue du bar fut remarquée. Tous les jeunes regardaient sa magnifique voiture lustrée avec surprise et envie. La chasse ne serait pas difficile ce soir, il reconnaissait l'odeur de l'excitation sortir de chaque pores des personnes présentes. Cela devait être bien plus fort à l'intérieur.

"Enfin, tu as daigné te montrer."

Peter sourit à son ami Chris en fermant sa portière. L'homme était tellement excité qu'il était parti de chez lui dès qu'il avait accepté de venir. Il avait peut-être omis de préciser qu'il devait se doucher avant. Il adorait prendre son temps sous l'eau chaude, c'était un fait avéré.

"Je t'aurais bien laissé attendre quelques minutes de plus mais je me suis rendu compte que, pendant tout ce temps, tu pourrais tomber sur un très joli morceau qui me passerait sous le nez," finit-il en regardant une jolie petite blonde, qui faisait au moins une tête de moins que lui, passer entre eux deux, exactement comme il venait de le sous-entendre.

Il prit une profonde inspiration pour se souvenir du parfum qu'elle portait avant de se laisser guider à l'intérieur du club. Il regardait absolument tous ceux qui étaient présents ce soir pour décider dans quel ordre il allait attaquer. Il pensait ce qu'il venait de dire. Même si Chris et lui avaient déjà partagé le même lit avec une pauvre âme perdue dans les limbes de l'alcool et du manque de sexe, il ne voulait être égoïste aujourd'hui. Il voulait un petit morceau qu'il pourrait déguster tout seul.

De plus, barman était marié depuis de nombreuses années, il ne voulait rien avoir à faire avec cette histoire si l'effrayante Victoria venait à l'apprendre. Doux Jésus.

Il sentit son sang s'électriser dans ses veines quand une bouffée claire de sueur et de frustration sexuelle lui agressa les sinus. Tous les étudiants étaient de sortie pour fêter la fin de leurs examens et c'était le plus beau moment que Peter connaissait. Il pouvait s'envoyer en l'air sans scrupule ou juste rire avec eux et se faire une liste potentielle de nouveaux clients.

Sur l'espace dédié à la dance, les corps grouillaient et se frottaient les uns aux autres sans scrupule. Il pouvait voir un groupe de filles en train de rire comme des folles sur le point de se faire accoster par d'autres garçons. Ah, il n'avait jamais aimé les études mais ces fêtes universitaires lui manquaient parfois. Les souvenirs qu'il en avait le faisaient toujours sourire.

Chris et lui s'assirent au bar et commandèrent la spécialité maison à base de rhum, comme à chaque fois. Le DJ du jour passait de la musique électro qui plaisait à tout le monde. Chaque battement donnait envie de bouger son corps en rythme et de se secouer dans tous les sens en criant.

Peter n'était pas un grand danseur, il ne se lâchait qu'une fois que tout le monde semblait assez saoul pour ne pas le voir nettement. S'il n'avait pas été un loup-garou, il irait danser dès qu'il serait assez pompette pour ne pas s'occuper du regard des gens. Il s'amusait tout autant à regarder les autres danser jusqu'à n'en plus pouvoir.

Il se détourna des gens pour s'occuper du verre qui venait d'apparaître devant lui et de ce que Chris lui racontait. Le bar se portait à merveille, les affaires étaient suffisamment florissantes pour pouvoir réfléchir à l'éventualité d'en ouvrir un second.

"Ta fille pourrait le tenir, dit Peter en pensant à Allison. Avec le caractère de sa mère, personne ne la fera chier.

-Non, l'autre secoua la tête, il est hors de question qu'elle se retrouve dans un bar rempli de gars non fiables. Je ne la laisse même pas faire ses devoirs dans la grande salle en plein après-midi alors en tenir un ? Non, impossible."

Peter leva les yeux au ciel. Il était tellement protecteur envers la brunette que ça en était affligeant. La pauvre gamine ne pouvait rien faire sans que son père ne la surveille sans cesse. Il se souvenait de la fois où il avait dû emmener sa femme à l'hôpital en urgence après une mauvaise chute et qu'il avait frappé à sa porte avec la petite fille dans l'espoir qu'il la lui garde, sous prétexte qu'elle était trop jeune pour rester à la maison seule. Elle devait avoir quatorze ans, pour l'amour de dieu !

Néanmoins, il n'avait jamais discuté les choix qu'il faisait pour sa famille. Pour sa part, Peter était peut-être un oméga qui avait perdu la confiance de sa famille, il n'avait pour autant pas l'intention de quitter la meute. Ils étaient tout ce qu'il avait et ils avaient accepté de le garder à condition qu'il se tienne à carreau.

S'il partait pour une autre meute, il était certain de ne pas survivre longtemps. La majorité des loups-garous étaient au courant de ce qu'il avait essayé de faire à sa propre sœur, une sorte de mini coup d'état. Personne ne l'accepterait et, au contraire, il serait banni de toutes les terres de Californie.

Il était mauvais, en colère et agacé, pas idiot. De plus, il savait pertinemment qu'il n'aurait jamais d'enfants. Il s'était occupé de ses neveux et nièces mais il avait suivi les règles de la famille Hale sur l'éducation. S'il avait son propre enfant un jour, il ne savait pas comment il l'élèverait mais ce ne serait certainement pas de cette façon.

Du moins, il avait une fille. Elle était magnifique, une bouille à croquer. Malia... Parfois, il s'imaginait en train de s'occuper d'elle, de changer ses couches, de lui apprendre à manger proprement, de lui faire la morale sur les garçons de l'école...

Il avait eu une aventure d'un soir avec l'une des filles de sa classe au lycée. Le lendemain, il avait pris l'avion pour aller faire ses études à l'autre bout du pays. Non seulement il ne les avait pas terminées et n'avait obtenu aucun diplôme mais en revenant, il était tombé sur sa sœur passablement énervée qui lui montrait un certificat d'adoption tout frais.

C'était une façon plutôt rude d'apprendre qu'il avait une petite fille qu'il ne pourrait pas approcher avant qu'elle ne soit majeure. Il avait voulu nier son existence au début mais, au fil des ans, il se trouvait à la surveiller lorsqu'elle sortait toute seule. Il avait même été jusqu'à contredire les ordres de sa sœur lorsque sa mère, alias La Louve du Désert, l'avait attaquée un soir avec sa mère et sa sœur adoptives.

Aujourd'hui, ils se connaissaient enfin. Ils s'étaient rencontrés le jour des dix-huit ans de Malia. Elle était toujours énervée contre lui pour l'avoir abandonnée, même s'il ne savait pas que sa mère était enceinte. Elle venait malgré tout aux réunions de la famille Hale et acceptait ses cadeaux à condition qu'ils ne soient pas incroyablement chers. Il était jaloux de sa famille adoptive mais il ne les remercierait jamais assez pour les valeurs qu'ils lui avaient transmises.

Ainsi, il ne pouvait que rire de la surprotection de Chris et de l'oppression que la gamine devait ressentir. Il ne se mêlerait pas à ces histoires.

"Qu'en est-il de votre salon ? Est-ce que ça marche toujours aussi bien ? Lui demanda Chris après avoir descendu la moitié de son verre.

-Ouaip', la maisonnette à côté du local est à vendre. Deucalion pense l'acheter, elle est plus grande que le salon entier. Il hésite seulement entre créer une extension des deux bâtiments ou se séparer de celle qu'il possède déjà.

-Bonne nouvelle. Je passerai sûrement d'ici peu pour prendre rendez-vous. Cela fait trop longtemps que je ne suis pas passé sous tes mains expertes."

Peter rigola sincèrement pour la première fois ce jour-là. Il ne remercierait jamais assez son ami pour lui remonter le moral quand il était au plus bas. Talia et tous les autres pouvaient aller se faire foutre, ce soir, il s'amuserait. Et sûrement se faire foutre lui-même avec l'un des jeunes spécimens présents.

La soirée avança plutôt rapidement. Chris et Peter étaient maintenant adossés au bar, un énième verre d'alcool à la main, et parlaient ouvertement des gens qu'ils voyaient passer devant eux. Certains leur prêtaient attention tandis qui d'autres les ignoraient. Il y avait beaucoup trop de bruit pour que Peter sache si c'était délibéré ou non, même avec des sens sur-développés.

"Que penses-tu d'elle là-bas ?

-Celle qui se frotte toute seule contre le poteau ? Ça va mais on a déjà vu mieux, largement.

-Alors lui, dit Chris en haussant les épaules, celui qui sert à boire à toute sa table d'amis ?

-Hum, est-ce que c'est du vomi qu'il a sur son pantalon ?

-Mec, tu es trop exigeant ce soir," râla l'homme marié en se retournant pour refaire face au bar.

Cela fit rire le loup-garou. Son ami avait clairement un coup dans le nez et ne comprenait pas qu'il ne lui parlait que des personnes à peu près potables qui étaient présentes ce soir. Il y en avait tellement d'autres qui lui iraient mieux... Le petit couple au fond qui s'embrassait jusqu'à en perdre la tête l'intéressait grandement mais ce serait pour une prochaine fois. Un simple duo lui irait pour l'instant.

Il allait se retourner pour commander un nouveau verre quand un rire bien connu retentit non loin. Il fouilla l'espace avec ses yeux de loup pour trouver la source parmi les nombreux corps en mouvement. Quand il la trouva enfin, il se sentit amusé et désolé pour son ami.

"Je pense que tu vas bientôt rentrer chez toi," dit-il simplement.

Chris, qui était sur le point de parler à sa nouvelle voisine de siège, une grande brune plantureuse dont les seins rivalisaient largement avec ceux de Pamela Anderson, grogna dans sa direction.

"Victoria est à la maison, imbécile.

-Bien, fais comme tu veux," ricana Peter.

Ses yeux se posèrent sur le petit groupe d'amis qui entouraient Allison à une table dans le coin opposé à eux du club. Elle s'amusait clairement dans les bras de son petit-ami mais il pouvait voir que leurs verres étaient vides. Il ne faudrait pas longtemps avant que leur attention ne soit tournée vers le bar.

"J'espère juste que tu as une bonne excuse pour expliquer à ta fille pourquoi tu es là," finit-il avec un brin d'innocence dans la voix.

Comme il s'en doutait, Chris se redressa d'un coup pour chercher sa fille dans le noir. Il jura quand il ne la trouva pas et se leva pour aller fouiller sans un regard en arrière pour son ami. La pauvre Allison allait se faire traîner à l'extérieur alors que son propre père était en faute. Cette famille était vraiment la plus étrange qu'il connaissait, encore plus que la sienne.

La grande brune qui essayait de séduire l'homme fit la moue à cause de son départ précipité. Quand elle le regarda ensuite, elle semblait avoir complètement oublié Chris. Un sourire ornait à nouveau son visage et ses yeux étaient prédateurs. Oh, elle était plaisante à regarder mais c'était une proie beaucoup trop facile. Ce soir, Peter voulait user de ses talents de chasseur.

Il finit son verre en une longue gorgée et le leva en sa direction avec un sourire avant de le poser sur le bar et de se lever pour disparaître à son tour. Le regard vexé qu'elle lui lança en valait le détour.

Il fit le tour de l'endroit sans que personne ne le remarque. Il était absorbé par tous ces corps ivres qui se frottaient sur la piste de dance surpeuplée. L'odeur acide de la sueur l'écœurerait s'il n'avait pas atténué momentanément ses sens avec l'alcool. De plus, la fumée lancée depuis le plafond alourdissait l'air pour que les autres puanteurs passent au second plan.

Une serveuse se retourna sans le voir et faillit lui renverser son plateau dessus. Heureusement, il eut le réflexe de passer sa main sous le cercle fait de bois pour le redresser à temps. Quelques boissons débordèrent à cause de l'angle mais il y avait peu de dégâts au final.

La jeune femme, évidemment une étudiante qui travaillait ici depuis peu, se confondit d'excuses sincères qui lui firent presque lever les yeux au ciel. Peter était un homme méchant, certes, mais il savait qu'elle ne l'avait pas fait exprès. Il n'allait pas faire une scène au milieu d'une foule de viandes saoules.

Après de longues explications sur le fait qu'elle n'avait pas besoin de se courber pour se faire pardonner, la jeune femme reprit la ronde de sa tournée. Ses joues étaient encore rouges à cause des émotions mais elle arborait un petit sourire rassuré. Peter la regarda déambuler en hochant la tête pour lui-même. Il lui arrivait de se comporter autrement qu'en gros connard et, même s'il ne voulait pas l'avouer, cela lui plaisait et faisait battre son cœur avec une sensation plus chaude qu'à l'ordinaire.

"Joli réflexe," dit une voix à sa droite.

Il se tourna pour remarquer un jeune homme qui regardait lui aussi dans la direction de la fille qui retournait au bar pour récupérer de nouveaux verres pleins et déposer ceux qui étaient vides. Il se tenait de façon décontractée, un verre de punch martiniquais dans une main et l'autre dans la poche de son jean. Ses épaules étaient légèrement affaissées et son regard ramolli.

Le garçon devait ressentir les effets de l'alcool diminuer pour le rendre somnolant. En tout cas, Peter pouvait discerner la sueur séchée qui lui collait à la peau avec ses vêtements et son cœur battait normalement au rythme de la musique. Il s'était amusé plus tôt et, maintenant, il se calmait.

"Merci," répondit-il simplement.

Il ne se cachait pas pour l'observer de la tête aux pieds. Le jeune homme faisait presque la même taille que lui mais était beaucoup plus fin. Ses joues étaient creusées malgré que ses pommettes et les bords tranchants de sa mâchoire ressortaient. Cela laissait penser que le reste de son corps était construit de la même façon : maigre avec des os saillants. Du moment qu'il avait des formes où il le fallait, cela ne le dérangeait pas.

La chemise unie était encore humide et collée contre le torse et le creux formé par sa colonne vertébrale juste au milieu du dos. Il imaginait à quoi la tenue ressemblait au début de la soirée, quand il était encore frais. Il devait certainement être très élégant.

Il n'était pas surpris par la paire de baskets propre qu'il portait aux pieds. Les jeunes d'aujourd'hui ne mettaient plus que ça. Même les jeunes entrepreneurs évitaient les chaussures trop formelles que les hommes portaient tout le temps il y a une génération de cela. Peter en savait quelque chose puisqu'il avait pu le constater avec son père et lui-même. De plus, les chaussures de maintenant étaient bien plus confortables pour passer la nuit à s'amuser avec ses amis.

Quand il dirigea son regard vers le haut à nouveau, il put voir les yeux marrons briller d'amusement. Le petit sourire en coin était narquois mais absolument pas déplaisant. Le loup-garou dut prendre sur lui pour ne pas poser les yeux sur la gorge qu'il avait aperçue plus tôt. Il s'en souvenait parfaitement. Longue, blanche, la peau fine mais surtout exposée. Ce serait un crime de partir d'ici sans y avoir laissé une trace.

Le gamin parcourut aussi la silhouette qui lui faisait face et semblait plutôt ravi de ce qu'il voyait, ce qui n'était pas pour déplaire à Peter.

"Je sais faire beaucoup d'autres choses, reprit-il suggestivement. Je suis plutôt habile des mains."

Cela lui valut un rire franc de l'autre qui envoya de l'électricité dans ses veines. Il ne se détournerait pas de lui, il avait enfin trouver la proie avec laquelle il comptait s'amuser.

"Je n'en doute pas."

Le sourire du jeune homme s'effaça légèrement tandis qu'il se tournait vers la table où Allison s'amusait avant qu'il ne la remarque. Il n'y restait qu'une fille et deux autres types, dont l'un était le petit-ami abandonné. La tornade Chris était passée par là et avait emporté la pauvre adolescente avec elle.

"On s'amusait mais le père d'une amie est venu la chercher. Pour une fois qu'elle pouvait sortir... Il fit la moue et Peter voulait se pencher pour mordre ces lèvres dodues. Du coup tout le monde veut partir. Ça m'embête parce que c'est peut-être la dernière fois qu'on se verra avant plusieurs mois. Tout le monde part à l'Université et on sait parfaitement qu'on risque de se perdre de vue."

Le loup-garou haussa un sourcil. L'adolescent était évidemment un grand bavard, exactement l'opposé de ce qu'il était. Sur lui, cependant, cela avait un certain charme. Il voulait se pencher et lui faire de vilaines choses pour qu'il ne puisse plus articuler un seul mot. Il se contenta de faire un pas dans sa direction, ce qui les rapprocha plus que ce qui était nécessaire. De là, Peter pouvait faire abstraction de toutes les odeurs environnantes pour se concentrer sur celle qui se dégageait du jeune homme.

La sueur était âcre mais il pouvait s'y habituer. En dessous, il pouvait flairer ce qu'il restait du gel douche qu'il utilisait et sa propre odeur corporelle. Il ne pouvait pas la décrire mais il pourrait facilement la reconnaître. C'était une douce caresse pour ses sinus.

"Mon pauvre, ronronna-t-il près de son oreille, jubilant intérieurement en le voyant frissonner, je suis sûr que je pourrais t'aider à passer une fin de soirée merveilleuse. Laisse donc tes amis ruminer seuls."

Les doux yeux marrons rencontrèrent les siens et il s'y sentit pris au piège. La malice qu'il y vit le poussa à s'approcher d'avantage jusqu'à ce que leurs corps se touchent dans de légères caresses. Il tendit la main pour caresser l'avant-bras fin mais puissant qui reposait le long de son propriétaire avec le dos de ses jointures. Les frissons qui éclatèrent sur la peau furent une récompense satisfaisante. Il se demandait s'il pouvait obtenir le même résultat avec la magie des mots uniquement.

Ce serait une expérience qu'il aurait aimé renouveler s'il n'avait pas pour règle de ne plus coucher deux fois avec la même personne. Il avait ressenti trop de déception. En une nuit, ses conquêtes satisfaisaient son besoin primaire et pensaient avoir gagné un loup-garou dans leur vie. Par la suite, soit la baise était mauvaise parce qu'elles le laissaient faire absolument tout pour uniquement profiter, soit il y avait des sentiments auxquels il ne voulait surtout pas toucher.

Au moins, avec un unique rapport, il gardait de bons souvenirs et ne s'ennuyait pas avec le reste. Il était très bien tout seul.

Le jeune alternait entre le regarder lui et ses amis. Quand sa décision fut prise, il se tourna complètement vers Peter avec un faux sourire innocent sur le visage. De loin, il pourrait ressembler à un adolescent coincé qui n'avait encore vécu aucune expérience avec qui que ce soit. De près, cependant, s'il était encouragé, il y avait une petite étincelle dans le fond de son regard qui prouvait qu'il aimait jouer.

Peter voulait savoir à quel point il pouvait être dévergondé. Avec un sourire sombre, il tendit le bras et attrapa le verre qui n'avait pas été touché depuis le début pour le boire d'une traite. Le rhum mal dosé lui brûla les papilles mais ce n'était pas mauvais du tout. De plus, cela valait la peine de voir le visage que l'autre faisait.

Il ressemblait à un idiot complet avec les yeux et la bouche grands ouverts. Il était à la fois surpris, amusé mais aussi embarrassé, il pouvait le sentir. Le loup-garou profita que toute son attention soit posée sur lui pour se lécher les lèvres lentement. Le garçon suivait le mouvement au millimètre près et déglutit lorsque le muscle disparut de sa vision.

Conquis, le métamorphe posa le verre maintenant vide sur la première surface à proximité et s'approcha suffisamment pour que leurs souffles se mélangent. Il attrapa la main abandonnée qui était restée en l'air après avoir été débarrassée de la boisson sans qu'aucune résistance ne lui soit opposée.

Ce n'était plus de la chasse, sa proie était déjà prisonnière. Ce n'était que de la séduction à ce stade. L'homme aurait ri devant la facilité de la situation s'il n'était pas aussi hypnotisé. Ce jeune homme le captivait sans qu'il ne comprenne pourquoi. Il ne raffolait pas un style de personne en particulier mais les jeunes adultes bavards ne faisaient pas partie de ses fantasmes à moins qu'ils aient de très bons atouts physiques. Il était différent de tout ce qu'il avait déjà essayé jusque là et était ouvert à la découverte.

"Mec, tu ne peux pas boire dans le verre des gens comme ça. C'est impoli.

-Je t'en achèterai un autre après... Ronronna Peter à quelques centimètres de ses lèvres.

-Il aurait pu y avoir de la drogue, insista le garçon. Ce n'était même pas le miens...

-Bien, alors affaire réglée."

Peter dut l'embrasser immédiatement pour l'empêcher de répliquer à nouveau. Néanmoins, le contact n'était pas agressif et l'angle n'était pas maladroit. L'autre gémit contre lui et il se laissa bercer par les sensations. Le faire taire de la sorte était définitivement amusant et il serait tenté de réessayer plus tard.

Les lèvres étaient pleines contre les siennes, légèrement sèches à cause d'un mordillement excessif sur celle du bas. Le goût n'était pas mauvais non plus, juste sucré comme il le fallait. Il voulait savoir exactement de quoi il s'agissait.

Il glissa ses bras autour de la taille fine pour attirer le corps complet contre lui et devint soudainement plus exigeant contre les lèvres offertes. Il n'était pas fervent des roulages de pelles monumentales habituellement, il avait beaucoup trop peur d'attraper des maladies que des idiots sales pourraient lui transmettre. Bien sûr, il guérirait mais ce n'était pas agréable à supporter.

Pour une fois, cependant, frotter sa langue contre l'ouverture pour l'encourager à s'agrandir ne le dégoûtait pas. Il était déterminé à goûter à ce qu'il avait consommé et à s'en souvenir pour son plaisir personnel.

Dans ses nombreuses conquêtes, que ce soit juste pour de l'amusement ou du soulagement, il lui arrivait de tomber sur des perles rares. Après de nombreuses déceptions par la suite, il avait appris à en tirer le meilleur parti pour s'en servir lorsqu'il était avec des coups médiocres. Avant, si cela ne lui plaisait pas, il s'en allait sans un regard en arrière, qu'il ait atteint l'orgasme ou pas.

Avec cette technique cependant, il pouvait faire abstraction de tout ce qui l'entourait et utiliser ses souvenirs jusqu'à la libération. C'était égoïste mais il s'en fichait royalement. C'était le principe d'un coup d'un soir : ne s'occuper que de son plaisir pour passer à autre chose tout de suite après. C'était ce qu'il faisait sans aucun scrupule. De toute façon, même si lui n'avait pas apprécié, son compagnon de lit en ressortait toujours satisfait.

Être un loup-garou donnait beaucoup d'avantages au niveau de l'endurance, excusez-le de s'en vanter.

De son côté, le jeune homme semblait vivement apprécier les touches de Peter sur lui. L'accès à l'intérieur de sa bouche lui fut facilement donné et il ne perdit pas de temps pour s'y introduire, encouragé par les longs doigts fins qui s'accrochaient au devant de son T-shirt sous son blouson.

La saveur fruitée imprégnait chaque centimètre, sur la langue, le palais et même contre l'intérieur des joues. Peter explora absolument toute la cavité, ne lui laissant aucune chance de le repousser dans sa propre bouche. Il était trop avide, il était autoritaire et voulait tout découvrir d'abord.

Les gémissements avides qui venaient du plus jeune le firent grogner. Il devenait impatient, il était impossible pour lui de le laisser partir à présent. Il s'était engagé, maintenant il devait aller au bout. C'était le problème avec les jeunes. Soit ils y mettaient trop de sentiments, soit ils se pensaient suffisamment dominants pour qu'il les laisse tout gérer à leur guise. Ce genre de soirée se finissait toujours très rapidement avec beaucoup de frustration pour les deux.

Et puis il y avait ceux qui se lançaient à corps perdu dans les attentions qui leurs étaient prodiguées et qui se faufilaient au moment crucial. Peter détestait ça presque autant que les réunions de famille. Les jeunes ne savaient pas ce qu'ils voulaient, d'abord ils se sentaient puissants puis ils perdaient toute leur confiance et s'en allaient en courant.

Il était hors de question que sa nouvelle proie fasse de même. Il le retiendrait et l'empêcherait de s'enfuir coûte que coûte.

Le baiser se brisa finalement quand ils manquèrent tous les deux d'air. Les peurs du loup-garou étaient calmées par le regard flou et humide qui le transperçait. Les mains toujours accrochées à lui, le gosse était mentalement absent. Ses lèvres rouges lui donnaient envie d'y replonger immédiatement pour les ravir comme il se doit.

Il fit son plus beau sourire en coin qu'il savait plaire à tout le monde et se pencha pour que leurs nez se touchent légèrement. Le garçon reprenait peu à peu ses esprits et le regardait comme s'il était un être fascinant. Son ego se gonfla.

"Je serais d'avis que nous trouvions un endroit plus... Tranquille pour continuer."

C'était toujours à cet instant que les proies trouvaient un échappatoire pour s'enfuir loin de lui. A son grand soulagement, même s'il gardait un visage confiant, le jeune homme regarda tout autour d'eux sans jamais le lâcher. Ses joues rougirent davantage quand il comprit qu'ils étaient toujours au milieu du club bondé et que ses amis pouvaient le voir.

Tout autour, certains ricanaient en leur criant de prendre une chambre tandis que les autres ne faisaient même pas attention à leur propre environnement.

Son brun reporta son attention sur lui en se mordillant la lèvre inférieure. C'était plutôt mignon. Il vit ses yeux se poser sur ses lèvres avant de rencontrer son regard. Il était devenu incertain, un brin timide et Peter eut soudainement peur qu'il décide de s'en aller.

A son grand étonnement, il releva une main pour la poser contre sa joue gauche et se pencha en avant, très lentement, comme s'il demandait l'autorisation. Le membre du clan Hale ne pouvait que la lui accorder. Il se pencha à son tour pour réduire l'écart qui les séparait et le laissa gérer le baiser à sa guise. Il le lui devait bien, il l'avait presque attaqué plus tôt et avait rendu ses lèvres gonflées, même s'il ne le regrettait absolument pas.

La langue se déplaçait expérimentalement. Il n'avait pas pour but de le ravager comme Peter l'avait fait, il voulait simplement découvrir. C'était beaucoup plus calme mais tout aussi excitant.

Quand ils se séparèrent, ils ne se quittèrent pas du regard et s'éloignèrent suffisamment pour qu'ils puissent respirer. Le loup-garou se sentait enivré, toute son attention était tournée vers ce joli garçon qui était complètement hypnotisé par lui.

Il lui attrapa tendrement les mains et le tira à l'arrière du club, un endroit caché de la vue où les immenses toilettes servaient d'échappatoire aux fêtards. Ils étaient immenses et colorés, juste assez éclairés pour se voir sans vraiment se focaliser sur des détails. Les murs en carrelages blancs étaient complètement recouverts de tags en tout genre qui donnaient vie à l'endroit.

Les premières personnes à être passées ici avaient laissé une trace indélébile qui resterait jusqu'à ce que des travaux soient faits ou que le club entier s'effondre. Avec sa côte de popularité, aucune de ces deux possibilités ne verra le jour avant fort, fort longtemps.

Près de la porte, il y avait une immense ligne de lavabos encerclés par de petites lumières tout autour du miroir qui prenait tout l'espace du mur au dessus, exactement comme dans les loges des stars. Cela permettait de faire une retouche maquillage parfaite pour plaire le reste de la soirée, qu'ils soient hommes ou femmes.

Ici, tout le monde était libre, c'était la raison principale pour laquelle les jeunes, qui se cherchaient encore personnellement, squattaient l'endroit à chaque fête étudiante. Il n'y avait ni jugement ni tabous. Les couples pouvaient faire tout ce qu'ils voulaient, personne ne les agresserait, exactement comme les deux jeunots qui se dévoraient littéralement le visage contre le lavabo du fond.

Étant un habitué des lieux, Peter en voyait souvent se perdre dans les méandres du plaisir ici. Parfois même, comme ce soir, il venait s'y réfugier au lieu de rentrer chez lui pour profiter d'un bon lit. Oh, il aurait aimé amener le jeune avec lui et le ravir sur son grand lit King-Size mais quelque chose lui disait que ses amis ne le laisseraient pas partir si facilement avec un inconnu.

Au lieu de créer des histoires, il les avait tous les deux glissés dans les toilettes pour un petit tour rapide. Cela n'avait pas du tout l'air de déranger son nouveau compagnon qui le regardait toujours avec des yeux sombres de convoitise.

Excité et heureux de la tournure des choses, il tira plus fermement sur son poignet et l'attira contre lui pour un nouveau baiser. Tout de suite, le monde autour disparut pour les laisser dans une bulle. Le couple d'à côté n'existait plus, la musique, déjà réduite par les murs, s'était éteinte et la lumière ne leur servait qu'à se rendre dans la première stalle vide qu'ils purent rejoindre sans rompre le baiser ni trébucher.

Peter claqua la porte derrière lui et la verrouilla tandis que les mains du jeune se glissaient sur son torse et son cou. La sensation de brûlure ne disparaissait pas, il la ressentait sur sa peau malgré le tissu de son T-shirt et cela l'excitait comme un fou. Il se souviendrait longtemps de ce petit gars, il le savait d'avance.

Dans un soudain moment de conscience, il hésita à le plaquer sauvagement contre les cloisons fines qui les entouraient. Même si ce serait chaud et pratique, les gens n'étaient pas connus pour être propres, surtout dans un endroit comme celui-ci. Il ne voudrait pas ruiner la jolie chemise qu'il portait... Du moins, pas avec la crasse des autres.

Malheureusement, avec l'état humide du sol, où certaines tâches non-identifiées pourraient faire vomir n'importe qui, la fellation était aussi à oublier. Dommage.

Il fut sorti de ses pensées par le garçon qui l'attrapa soudainement par le col pour le tirer avec lui contre la porte. Il l'avait fait impulsivement et l'adulte se doutait qu'il n'avait aucune idée de ce qui aurait pu moisir sur cette cloison depuis des lustres. M'enfin, il ne s'en préoccupait pas, il était plus concentré sur la bouche qui se frayait un chemin contre son cou.

Peter aimait les papouilles au cou. C'était, après son érection, l'endroit le plus érogène de son corps. Un simple massage des épaules pouvait devenir très désagréable et embarrassant tant il était sensible. Les loups avaient toujours été obsédés par ça parce que c'était l'endroit du corps qui dégageait le plus d'odeur, parce que le tendre à quelqu'un était un signe de soumission à cause de sa fragilité ainsi qu'une preuve de sa confiance et, enfin, parce que c'était le meilleur endroit à mordiller et à sucer pour marquer son territoire.

Les loups-garous suivaient ces pratiques avec rigueur. L'homme ne comptait plus le nombre de fois depuis son insubordination où il avait montré son cou en signe de soumission à sa sœur Talia. Non seulement cela blessait son ego mais, en plus, cette garce agissait toujours comme si ça ne lui suffisait pas.

Le simple fait d'avoir son image dans son esprit l'énervait. Il ne voulait pas de ça maintenant, il voulait oublier et ne s'occuper que de son propre plaisir, comme l'égoïste qu'il était et que tout le monde connaissait.

Il grogna malgré lui, un son intimidant qui faisait généralement reculer ceux qui étaient proches. Cela eut le même effet sur le garçon qui s'éloigna de son cou. Cependant, ce n'était pas par peur mais par curiosité. Il le scrutait comme s'il découvrait une chose intéressante pour la première fois.

"Loup-garou..." Murmura-t-il et Peter dut se retenir de balancer une réponse sarcastique.

Après tout, ce n'était pas non plus écrit sur sa figure. Beaucoup d'hommes étaient aussi massifs que lui et purement humains. Sans qu'il ne s'en rende compte, ses yeux brillèrent d'un bleu électrisant, prouvant son statut d'être surnaturel. C'était aussi la preuve qu'il avait commis une faute irréparable qu'il regrettait mais, ça, peu de personnes le savaient.

L'alpha avait les yeux rouges, ceux des bêtas et des omégas étaient jaunes. Il existait des exceptions pour ces deux rangs mais il préférait ne pas en parler. La dernière chose qu'il voulait était de faire fuir sa proie.

"Oui," se contenta-t-il de dire à la place.

Les beaux yeux bruns s'agrandirent mais il ne fit aucun geste pour se libérer de ses bras. Au contraire, il resserra les siens autour de son cou et rapprocha leurs visages. L'odeur de l'excitation se mélangea avec celle de l'appréhension. Cela ne plut pas à Peter qui raffermit sa prise contre les bords du bassin osseux pour s'assurer qu'il ne s'envole pas comme par magie.

"Je n'ai jamais... Enfin, mon groupe d'amis est entièrement composés d'êtres surnaturels de différentes espèces, si, si, je t'assure, c'est même amusant lorsque l'on me demande qui ils sont, ajouta le garçon en voyant le regard curieux que le loup lui lançait. Cela dit, je n'en ai jamais fréquenté un. D'être surnaturel, je veux dire. Je ne vais pas fricoter avec un ami, ce serait plutôt étrange en fait..."

Peter le coupa de nouveau avec un baiser époustouflant qui les laissa tous les deux essoufflés lorsqu'ils se séparèrent.

"Je pourrais y prendre goût, avoua l'homme d'un ton calme. Cela n'empêche que tu n'as pas besoin de paniquer de la sorte."

Le garçon le regarda curieusement, presque innocemment et il ne put s'empêcher de pousser ses hanches en avant, les collant aux siennes pour qu'il n'y ait plus aucun espace de libre entre eux. Malgré le manque d'assurance, il pouvait parfaitement sentir l'érection coincée dans le jean serré qui ne demandait qu'à être libérée.

Il l'écouta inspirer brusquement à la sensation de leurs excitations broyées ensembles avant de reprendre.

"Je peux vraiment être doux quand je le veux mais, malheureusement, tu ne le découvriras pas ce soir parce qu'il est hors de question que je te prenne dans un tel endroit."

En vérité, il mourrait d'envie de le retourner, de lui arracher ce foutu pantalon et de le pénétrer entièrement. Seule la peur qu'il attrape une quelconque saloperie à cause de la saleté du club le retenait. Lui-même pouvait guérir alors que lui non et il ne voulait pas avoir de problème avec sa sœur en ayant mis la vie d'un humain en danger. La connaissant, elle serait capable de le mordre pour s'assurer que son cas ne se complique pas, même s'il ne s'agissait que d'une petite infection.

Il secoua la tête pour interrompre son fil de pensées et se concentra sur son partenaire. Décidément, Talia était difficile à se sortir de la tête.

Devant lui, le garçon s'offrait presque entièrement. Il était dévergondé malgré que ses vêtements soient toujours à leur place. Ses lèvres, gonflées à cause des baisers, étaient bien plus foncées que tout à l'heure et étaient encore humides. Ses yeux, eux, brillaient au rythme des faibles lumières qui clignotaient dans les toilettes.

Peter était déçu à l'idée de le laisser partir alors qu'ils n'avaient encore rien commencé.

Il se pencha en avant mais, au lieu de capturer ses lèvres avec les siennes une nouvelles fois, il atteignit le long cou pâle qui l'envoûtait depuis le début. Il serait tellement simple de le marquer qu'il ne pouvait pas résister.

Le premier coup de langue lui donna le goût de sa peau qui était divin. Avec ses sens décuplés, Peter pouvait presque avoir les arômes chimiques de son gel-douche et de son parfum sur la langue. Aussi surprenant soit-il, ce n'était pas aussi écœurant que cela en avait l'air. Il n'avait pas abusé du parfum comme certains le faisaient pour sentir bon toute la nuit.

De plus, en dessous de tout ça, il y avait le goût de sa peau avec un léger mélange de sueur. C'était mieux que toute nourriture qu'on pourrait lui proposer. Les gémissements que le jeune homme laissait sortir le berçaient. Avant qu'il ne s'en rende compte, il était déjà en train de sucer au dessus de la clavicule au rythme de leurs hanches.

Le garçon s'agrippait à lui comme il l'avait lui-même fait plus tôt. Il encourageait ses hanches à rencontrer les siennes en le tirant contre lui de toutes ses forces. Comprenant ce qu'il voulait de lui, le loup-garou le broyait implacablement contre la porte. Ceux qui passaient par-là devaient certainement les entendre mais il s'en contre-fichait totalement.

Il gémit d'appréciation quand les longs doigts fins essayèrent de défaire sa ceinture. Il dut éloigner leurs bassins pour retirer la boucle mais il revint immédiatement après. Il commençait à avoir trop chaud dans son blouson mais il ne voulait pas s'écarter de nouveau pour le retirer, surtout qu'il n'aurait nulle part où le poser.

Lorsque son pantalon fut enfin ouvert et que son érection sortit de ses entraves, le soulagement le submergea un peu. Quand le garçon enroula enfin sa main autour, il le mordit pour ne pas gémir trop fort. Il aimait les taquineries de plus tôt mais cela n'avait rien à voir, c'était beaucoup mieux.

Pour le remercier et lui faire du bien en retour, il le libéra aussi de son pantalon et de son sous-vêtement sans arrêter d'embrasser sa gorge. Sa langue commençait à être irritée à cause de la succion mais il ne comptait pas s'arrêter. Après tout, c'était un mal pour un bien et il guérirait avant même de sortir du club. Il ne pouvait pas en dire autant du garçon qui garderait des traces pendant plusieurs jours.

Il sourit en sentant que le bout de l'érection était déjà humide de liquide pré-éjaculatoire quand il l'attrapa. Le garçon frémit sous son contact et gémit comme s'il était un chaton fragile qui pouvait à peine bouger dans les mains d'un autre. C'était certainement le cas.

"Stiles, t'es là ?"

Le jeune homme se figea soudain contre Peter, qui comprit immédiatement qu'il était ce dénommé Stiles que l'autre garçon cherchait. Il n'arrêta pas de lui prodiguer ses soins pour autant. Même si la main sur son érection s'était immobilisée, il continuait de torturer la sienne et de lui former un suçon de plus sous son oreille.

"Scott ?" Interrogea le jeune homme avec une voix grave.

Peter voulait presque le félicité pour ne pas avoir bégayé.

"Ouais, dit l'autre garçon juste de l'autre côté de la cloison contre laquelle ils s'appuyaient, les autres commencent à être trop ivres et Lydia veut rentrer à la maison."

Le loup-garou grogna suffisamment fort pour que la pièce entière l'entende, ce qui entraîna un silence global. Il ne pouvait plus entendre l'autre couple de tout à l'heure et se fichait de savoir s'ils étaient partis ou s'ils écoutaient. Tout ce qui l'intéressait, c'était que sa conquête d'un soir reste dans ses bras jusqu'à ce qu'ils en aient tous les deux terminé. Il ne voulait pas le laisser partir.

"D'accord, laisse moi juste cinq minutes ? Demanda Stiles en essayant de calmer la main qui s'était subitement accélérée sur son érection en guise de représailles.

-Bien sûr, on t'attend dehors."

Peter écouta les pas s'éloigner jusqu'à disparaître entièrement. D'après le petit rire à la fin, il avait parfaitement compris dans quelle situation se trouvait son ami. Ce dernier gémit misérablement avant de se cogner la tête contre la porte, les joues rougies par l'embarras.

L'homme s'écarta enfin de l'endroit où il s'était niché pour le regarder dans les yeux.

"C'est moi qui les ramène tous ce soir alors... Je suppose que ça devait arriver."

Peter le regarda avec surprise et il dut le remarquer parce qu'il sourit doucement en reprenant la parole.

"Oui, je suis une personne responsable. En fait, ils me demandent toujours d'être celui qui serait en état de conduire en fin de soirée parce que je suis le seul à vraiment pouvoir m'amuser sans me saouler."

Ainsi, le goût fruité qu'il avait sur les lèvres et dans la bouche provenait des cocktails sans alcool que le club vendait. Cet adolescent, qui allait bientôt entrer dans le monde des adultes, se laissait dorloter contre une porte possiblement sale de son plein gré, pur et simple.

"Donc, tu n'as pas bu," affirma Peter plus qu'il ne le questionnait.

Parce que, si tel était le cas, cela signifiait qu'il était pleinement conscient et consentant, pas uniquement bercé par l'ivresse et les sensations de plaisirs inconscientes. Ce n'était peut-être qu'un détail mais, pour l'être surnaturel, ça changeait la donne.

Habituellement, il pouvait accoster n'importe quel jeune puisqu'il serait partant pour une escapade sexuelle rapide avec un bel homme. Techniquement, il était plus attiré par l'idée d'un orgasme que par Peter lui-même. Alors que Stiles, lui, restait parce qu'il le voulait vraiment, parce qu'il appréciait l'homme en lui-même donc cela le touchait plus profondément qu'il ne le pensait. L'expérience serait beaucoup plus intéressante de ce point de vue.

Même s'il ne lui avait rien demandé et avait plutôt énoncé une affirmation, le garçon hocha la tête. Il ne comprenait pas en quoi c'était important mais il se détendit un peu quand l'homme reprit les vas et viens sur lui.

"Eh bien, on devrait profiter du temps qu'il nous a donné, non ?" Interrogea Peter avec un sourire arrogant alors qu'il accélérait les mouvements de son poignet, faisant presque sursauter le pauvre Stiles.

Ce dernier hocha vivement la tête en lui faisant lui aussi plaisir. L'adulte ne tarda pas à sceller de nouveau leurs lèvres et à glisser la langue contre sa lèvre inférieure avant de pénétré dans sa bouche et de caresser la sienne. Il n'y avait pas vraiment de combat, le jeune homme le laissait complètement agir à sa guise. Il était comme une poupée vivante entre ses mains.

Il avala le gémissement poussé lorsqu'il traça la longueur du palais avec le bout de sa langue avant de prendre un rythme de poussée qui correspondait à celui qu'il exerçait sur son érection. Leurs muscles se tendaient puis se détendaient par soubresauts. Peter pouvait dire que Stiles était aux anges. Il avait la tête penchée en arrière, les yeux fermés et la bouche ouverte pour attraper de grandes goulées d'air.

Il l'imaginait parfaitement nu, allongé sur son lit en l'exhortant d'accélérer. L'image était tellement parfaite dans son esprit qu'il grogna. Avant qu'il ne s'en rende compte, l'orgasme le frappa comme s'il venait de se prendre un train dans la figure. C'était puissant et inattendu.

Ses genoux faillirent lâcher sous son poids alors il se cramponnait de toutes ses forces au garçon qui ne semblait plus pouvoir s'arrêter de gémir. Il remarqua à peine qu'ils étaient tous les deux immobiles et haletants dans la petite cabine. Le temps s'était momentanément suspendu. L'air qui les entourait était lourd et humide mais pas d'une façon qui les répugnait.

Quand Peter se concentra de nouveau, il remarqua que Stiles profitait encore de la chaleur post-orgasmique. En fait, détendu contre la porte, les yeux fermés, il était prêt à s'assoupir. Malheureusement, il devait encore conduire ses amis à la maison avant de retrouver son lit douillet.

L'odeur du sperme attira l'attention du loup-garou vers le bas. Ironiquement, chacun tenait encore le pénis ramolli de l'autre dans une poigne solide et humide. Il remarqua aussi qu'ils avaient eu le réflexe de bloquer les jets d'éjaculation avec leurs paumes, les souillant principalement à la place de leurs vêtements.

Il en était reconnaissant. Même si la perspective de montrer qu'il avait passé un très bon moment à quiconque se présenterait sur son chemin était intéressante, traîner dehors avec des vêtements sales et collants l'était beaucoup moins.

Pour l'instant, tout coulait vers le bas pour goutter sur le sol ou s'imprégner dans leurs sous-vêtements.

Il se pencha une dernière fois vers le garçon pour inspirer profondément son odeur. Il espérait la graver à jamais dans sa mémoire. Maintenant que l'excitation disparaissait, c'était doux et toujours enivrant. En fait, cela le rendait presque somnolent.

Quand Stiles bougea enfin, il se recula pour chercher de quoi les essuyer avant que leur sperme n'atteigne le devant de leurs jeans.

"Bien sûr, il n'y a plus de papier toilette..." Grommela-t-il.

Il n'y avait aucune chance pour qu'il prenne le ruban qui était étalé par terre. Il n'osait imaginer quel genre de saloperies l'avait touché.

"Comment fait-on ?" Demanda Stiles qui semblait prendre conscience de leur petit problème et le lâcha.

Aucun des deux n'avait pensé à ce qu'il se passerait à la fin de leur petite réunion. Habituellement, Peter avait toujours un paquet de mouchoirs à disposition parce qu'ils étaient toujours utiles. Aujourd'hui, cependant, il avait utilisé le dernier et n'en avait pas d'autre puisqu'il n'était pas rentré chez lui.

"On inspire profondément et on agit comme si tout était normal," répondit-il en haussant les épaules.

Le garçon lui lançait un regard sceptique. Peter lui sourit en retour et porta son attention sur lui-même. Du dos de sa main souillée, il essuya le surplus du mieux qu'il put puis se remit dans son pantalon à l'aide de sa main libre. Son boxer serait tout de même sale mais bien plus agréable à porter. Il finissait de réajuster ses vêtements quand Stiles décida de l'imiter, visiblement convaincu.

Le plus embarrassant maintenant était de sortir d'ici sans en mettre partout. Il se fichait pas mal des murs pour être honnête mais il ne voulait pas salir le garçon ni lui-même. Il s'était donné du mal jusque-là pour ne pas tout ruiner.

Lorsqu'ils furent tous les deux prêts à sortir, ils se faufilèrent maladroitement de façon à dégager le verrou. Pour le plus grand plaisir du loup-garou, Stiles était trop concentré sur la discrétion pour être embarrassé par la situation. Peut-être qu'il ne le serait pas du tout, d'ailleurs.

Peter fut le premier à sortir la tête de la cabine.

"C'est bon," affirma-t-il en l'entraînant à sa suite.

Les toilettes avaient été désertés. Il alla directement se laver les mains et jeter un coup d'œil à son reflet dans les rares endroits qui n'étaient pas couverts de crasse ou de graffitis. A part une allure décoiffée, il était exactement comme tout à l'heure, bien qu'il pouvait sentir que son T-shirt lui collait au dos sous la veste. Sinon, il ressemblait juste à quelqu'un qui s'était amusé sur la piste de dance.

A sa gauche, il vit Stiles profiter de l'eau pour se rafraîchir le visage et se recoiffer du mieux qu'il put. Il avait l'air beaucoup plus dévergondé que lui mais cela lui allait bien. A part les lèvres gonflées par tous leurs baisers et les marques évidentes sur son cou, il était l'image parfaite d'un étudiant qui allait rentrer de soirée.

Il ne pouvait dévier le regard des suçons sombres. Le garçon devait avoir une peau particulièrement fragile pour marquer aussi vite et aussi fort. Peter n'était pas désolé. Il avait voulu laisser sa signature et il avait plus que réussi. Non seulement tout le monde verrait qu'il avait passé un bon moment en sa compagnie mais, en plus, il aurait un souvenir de lui pour au moins la semaine à venir.

Le simple fait d'y penser l'émoustillait.

Stiles remarqua l'insistance de son regard et posa la main près d'une marque en particulier. Peter n'avait pas réussi à contenir l'envie de le mordre. Les traces de dents humaines étaient à peine perceptibles, elles formaient un trait arqué rouge au dessus et en dessous d'un bleu prononcé. Il fallait se pencher plus près pour remarquer que c'était une vraie morsure.

Le silence tranquille qui s'était emparé de la pièce devenait de plus en plus pesant. Bien que l'homme était toujours détendu, le garçon commençait à gesticuler sur place. Il se contentait d'abord de s'appuyer sur un pied puis sur l'autre avant de trifouiller ses doigts, puis de complètement faire le tour des toilettes comme si la décoration l'intéressait.

Son embarras était amusant mais le fait qu'il essayait de le cacher était tout bonnement adorable.

Peter prit pitié de lui.

"J'ai été ravi de te rencontrer," dit-il d'un ton léger tandis qu'il se séchait les mains sur son pantalon.

Il n'y avait décidément aucun morceau de papier dans ces toilettes.

"Moi aussi, bégaya le pauvre Stiles, c'était plutôt sympa. Très, même. J'ai beaucoup apprécié..."

Une vive rougeur s'étendit sur son visage. Il était prêt à exploser.

"Bon, il se dégagea la gorge, je vais aller retrouver mes amis avant qu'ils ne s'inquiètent. Merci pour le coup de main. Je n'avais jamais rien fait avec un gars, avant. C'était vraiment cool.

-C'était un plaisir," répondit Peter.

Il s'était appuyé contre la surface des lavabos avec une hanche et avait enfoui ses mains dans les poches avant de son jean. Pour une fois, il n'était pas ravi de dire au revoir à sa conquête d'un soir.

Malgré ses paroles, le garçon n'avait pas l'air décidé à bouger. Il continuait de se triturer les doigts et de se balancer d'une jambe à l'autre. Quand, finalement, il hocha la tête et se retourna pour attraper la poignée de la porte, le loup-garou reprit la parole.

"N'oublie pas de mettre de la crème, surtout."

Stiles lui lança un regard perdu. Souriant comme un gosse devant ses cadeaux de Noël, Peter pointa du doigt son propre cou pour lui faire comprendre qu'il parlait des suçons. La rougeur sur la peau normalement pâle s'intensifia d'un cran. Avec un nouvel hochement de tête, le garçon disparut définitivement dans le club.

L'homme ressentait un pincement au cœur à l'idée de ne plus le revoir et dut se retenir de lui courir après. Il avait une politique stricte. Il avait décidé, il y a longtemps, qu'il ne s'attacherait plus et que, donc, une seule aventure suffisait. Il ne comptait pas rompre cette décision.

Ainsi donc, comme il ne pouvait rien distinguer clairement à cause de la musique, il se força à rester sur place un moment avant de prendre à son tour le chemin de la sortie.

L'air frais de la nuit lui fit le plus grand bien. Tous les événements de la journée commençaient à peser de plus en plus sur ses épaules. Il conduit jusque chez lui avec un sourire béat sur le visage.

Il ne tarda pas à s'endormir une fois à la maison.

* * *

Talia lui donnait le tournis. Peter était même persuadé que son neveu et ses nièces ressentaient la même chose que lui. Seulement, ils agissaient comme si de rien n'était devant leur mère adorée. Lui, il n'y arrivait pas.

Il était plutôt doué pour se construire une "poker-face" de qualité, sauf lorsqu'il était agacé. Et, en ce moment, c'était exactement l'état émotionnel dans lequel il se trouvait. Alors, pour ne pas énerver sa sœur chérie, qui était, ne l'oublions pas, l'Alpha, et donc la personne à respecter en priorité surtout en étant déjà dans son collimateur, il s'était tout simplement éloigné d'elle.

Il ne dirait pas qu'il s'était caché, le terme était bien trop fort. Non, il était simplement assis dans l'un des nombreux salons de jardin qui entouraient la maison. Il avait spécifiquement choisi celui qui était le plus éloigné de Talia pour l'instant. Il n'avait aucune envie de la mettre en colère.

De ce fait, il lisait tranquillement à l'ombre d'un arbre tandis que les enfants de la famille jouaient un peu plus loin.

Ils ne savaient pas à quel point ils étaient chanceux. Ils étaient mis à l'écart de tout le stress de la préparation de la cérémonie de mariage à venir. Même si la majorité avait déjà été réglée et qu'il ne restait plus qu'à tout installer pour le lendemain, sa sœur faisait monter la pression. Même Laura, la future mariée et apprentie alpha avec un caractère bien trempé, devenait de plus en plus agitée.

Vraiment, Peter enviait les enfants.

Il resta encore quelques minutes à profiter du calme de la nature avant de prendre pitié d'elle et de se relever. Il la rejoignit dans la maison. Tout ce qui était nécessaire à la décoration ou au banquet encombrait chaque pièce. La demeure pourtant énorme devenait étouffante. Il ne regrettait pas d'avoir son propre appartement en ville.

Comme il s'y attendait, elle courait dans tous les sens parce qu'elle essayait de tout gérer en même temps. Le simple fait de la regarder était épuisant.

"Puis-je t'aider ? Demanda-t-il d'un ton qui montrait à quel point il se sentait désintéressé.

-Peter, grogna presque Talia, je vois que tu décides enfin à te rendre utile.

-Bien entendu, je n'allais tout de même pas laisser ma chère sœur se faire du soucis toute la journée."

L'instinct et la raison de Peter lui hurlaient de ne pas tant jouer avec le feu mais c'était plus fort que lui. Il voulait leur montrer, leur prouver qu'il ne se sentait plus concerné par rien venant d'eux. Tout ce qui l'importait était de faire partie d'une meute. Le reste, ce n'était pas son problème.

L'alpha lui lança un regard sombre avant de capituler et de soupirer lourdement. Peu importe à quel point il était désagréable, elle ne pouvait pas refuser son aide.

Elle lui donna une liste de tâches à faire en ville avec les clefs de leur camionnette. Sa mission principale était de récupérer les costumes des hommes au pressing. Le reste, ce n'était que des formalités à vérifier. Il avait le privilège de s'éloigner de cette maison et de son ambiance oppressante qui sentait l'angoisse et l'appréhension.

Ce serait un miracle qu'aucune des filles ne hurle avant la fin de la journée.

Peter ne demanda pas son reste et fila à l'extérieur avec Derek sur les talons. Lui non plus ne supportait plus de voir sa mère tourner en rond. Avec sa grande générosité, il avait pris son rôle d'oncle au sérieux et l'avait invité à le suivre.

Lorsqu'il franchit la porte d'entrée cependant, il se figea.

Juste devant lui, à quelques mètres à peine du perron, le garçon du nom de Stiles qu'il avait rencontré il y a quelques jours à peine dans le club s'agitait près d'un véhicule utilitaire. C'était un souvenir distrayant qui rendait ses dernières soirées plus joyeuses.

Le garçon marqua aussi un temps d'arrêt en le voyant. Vêtu d'un sweat-shirt à capuche sale, d'un jean délavé et d'une paire de gants couverts de terre, il était bien plus naturel que dans sa jolie chemise.

Peter s'attendait à ce qu'il l'ignore ou qu'il agisse comme s'il était timide de le revoir après leur petite escapade dans les toilettes mais il s'avéra surpris, en fait. Le jeune homme lui lança un petit sourire et hocha la tête avant de se concentrer sur son travail.

Stiles était le fleuriste du mariage. Quelle était sa chance pour tomber sur une telle coïncidence ?

Quoi qu'il en soit, cela pourrait s'avérer pratique. S'il désirait le revoir, il suffirait de demander l'adresse du fleuriste à Talia et de lui rendre visite. Sa dernière devise qui consistait à rester à l'écart d'une deuxième rencontre avec un amant serait mise à mal.

Ce qui le surprenait le plus était qu'il n'avait pas rougi, même pas un petit peu de rose sur les joues. Le teint était resté tel qu'il était lorsque leurs regards se sont croisés.

Ce soir-là, dans les toilettes du club, il avait beaucoup bégayé et agissait comme un adolescent embarrassé. Aujourd'hui, il était calme, comme si leur rencontre était une normalité pour lui.

Au moins, les marques sombres sur la peau de son coup étaient toujours parfaitement identifiables.

"Peter ?"

L'apostrophé soupira de façon théâtrale et se tourna vers son neveu qui le regardait avec confusion. Il haussa les épaules et descendit les marches du perron comme si de rien n'était. En quelques secondes à peine, ils étaient installés dans la voiture et s'éloignaient de la maison.

Les yeux bleus du loup-garou adulte ne lâchaient pas la forme humaine dans le rétroviseur jusqu'à ce qu'elle disparaisse à la suite d'un virage.

* * *

Le salon de tatouage était presque à l'arrêt en cette fin de semaine. Il n'y avait eu que quelques clients et Peter se lassait vraiment de se tourner les pouces dans le canapé, qui servait normalement aux futurs tatoués qui attendaient leur tour ou à leurs accompagnateurs.

En cette période, ils avaient l'habitude de voir leur emploi du temps allégé mais ils venaient de battre un record.

Pour la centième fois ce jour-là, le loup-garou soupira. Il aimait son métier, il avait toujours apprécié dessiner. Ancrer ses propres œuvres dans la peau d'inconnus était davantage satisfaisant. Il était l'un des artistes les plus exigeants de Beacon Hills.

Pour son premier tatouage, il avait passé près de deux semaines entre ses cours universitaires à améliorer son croquis. Il l'avait même recommencé quelques fois parce qu'il n'était pas satisfait des retouches. Quant au moment de le tatouer, ce n'était guère mieux. Il avait cherché le meilleur tatoueur de la ville de New-York dans ce domaine et lui avait fait changer le pochoir de place plusieurs fois avant de trouver l'angle parfait.

Puisque c'était une image qui resterait gravée à vie sous la peau, il ne fallait rien regretter. Sans compter qu'il fallait supporter plusieurs heures de douleur avant que ce ne soit terminé, surtout pour les loups-garous. Puisqu'ils guérissaient vite, il fallait brûler la peau encrée à l'aide d'une flamme de chalumeau. Les êtres surnaturels qui venaient se faire tatouer méritaient donc que le résultat soit exactement ce qu'ils attendaient depuis le début.

Depuis, il s'était laissé entraîner dans la boucle infinie du monde de l'encre. Son père avait bien failli faire un AVC lorsqu'il avait annoncé à ses parents qu'il arrêtait les études pour se consacrer à sa nouvelle passion. Il préférait s'occuper des problèmes de la société d'une autre manière que celle qu'il étudiait : en embellissant le corps des gens.

Les rapports avec sa famille s'étaient considérablement détériorés depuis lors. Le manque de soutien de ses deux parents était ce qui l'avait poussé à chercher du pouvoir et de la reconnaissance. Les pauvres étaient décédés avant de voir le fiasco qu'il avait mené et Talia avait été assez indulgente pour ne pas l'exclure de la meute et, pire, du territoire des Hale.

Il essayait de gérer sa frustration sans s'en prendre à qui que ce soit et le meilleur moyen qu'il avait trouvé était de se plonger corps et âme dans son métier.

Une vieille connaissance, Deucalion, un ancien alpha devenu oméga, l'avait embauché dans son salon de tatouage après son retour de New-York. Ses collègues n'étaient peut-être pas les plus sympathiques mais il n'en était pas dérangé. Après tout, il ne devait faire face qu'aux clients.

Sa main s'égara sur sa propre cuisse couverte de son jean délavé préféré. Dans sa tête, il voyait avec précision l'endroit exacte de chaque lettre à l'encre noire.

Après s'être attaqué à Talia, il avait pris conscience de l'atrocité de son acte et l'avait presque immédiatement regretté et pas seulement à cause des conséquences pour lui. Malgré ce que l'on pourrait croire avec l'image qu'il donnait de leur relation, il aimait sa sœur. Elle n'avait pas été particulièrement enthousiaste après son changement de carrière radical mais elle ne l'avait pas ignoré des mois durant comme leurs parents.

Il s'était aussi imaginé dans quel état serait le reste de la meute. Derek, son neveu adoré, aurait été effondré. Les regards qu'il lui lançait encore aujourd'hui, pleins d'incompréhension et de déception, lui fendaient le cœur. S'il avait perdu sa mère à cause de lui... Il ne savait pas comment il aurait réagi.

S'éloigner de l'ensemble de la famille lui avait fait prendre conscience que, malgré leurs différents et la façon dont ils le traitaient, il les aimait tous.

Bien-sûr, Peter n'en avait jamais parlé à personne. Il ne se confiait pas et il se doutait que cela n'arriverait pas non plus dans le futur. S'il ne se sentait pas à l'aise pour parler de ses sentiments avant son attaque contre Talia, il lui serait impossible de l'être maintenant, surtout avec tous ces regards désapprobateurs qu'il recevait dès qu'il disait quelque chose.

Alors au lieu d'aller en parler, il s'était fait tatouer toutes les premières lettres des prénoms des membres de sa famille, même celles des pièces rapportées. C'était également un moyen de se souvenir qu'il n'avait en aucun cas le droit de leur faire du mal.

Évidemment, personne n'était au courant. Il avait expressément choisi la cuisse parce qu'il ne se déshabillait jamais devant un membre de la famille et que, même en cas de grosses chaleurs, les vêtements recouvraient tout.

C'était une sorte de repenti pour lui : il se faisait mal tout seul pour se sentir plus léger. Il se souvenait parfaitement de la douleur engendrée par la flamme qui irradiait sa peau fine dans le seul but de garder une trace d'eux avec lui. Malgré les crasses et la tension, il avait besoin d'eux pour se sentir entouré et maintenu.

Peter jeta un nouveau coup d'œil à l'écran de l'ordinateur du bureau. Il lui restait un peu moins d'une heure avant son prochain client et personne ne se pressait au portillon pour lui demander des renseignements ou prendre rendez-vous.

Il était le seul à travailler aujourd'hui et il regrettait d'avoir laissé une plage horaire vide aussi important dans la journée. S'il avait été plus concentré ces derniers jours, il aurait casé les trois tatouages le plus tôt possible pour partir plus vite le soir. Il aimait le salon mais il ne valait pas son petit chez soi.

Il attrapa son carnet à croquis et s'adossa confortablement dans le siège rembourré et mobile de l'accueil. Il pourrait facilement passer le temps en dessinant. Il ne se rendrait même pas compte des minutes qui passait.

Les dernières pages reflétaient presque le même dessin, à quelques détails près. Depuis la veille du mariage de Laura il y avait un peu plus d'un mois de cela, le beau jeune homme du club ne quittait plus son esprit. Dès qu'il se retrouvait seul avec lui-même, l'image du garçon apparaissait et le hantait jusqu'à ce que quelqu'un puisse le divertir.

Son ami Christopher avait essayé de le traîner dans d'autres clubs les semaines suivantes pour s'amuser mais, aussi tentants que les petits jeunes étaient, il n'arrivait pas à garder une érection plus de quelques minutes.

Peu importe à quel point la jolie blonde avait des formes envoûtantes, son odeur n'était pas la même que celle de Stiles. Le garçon entreprenant qui avait tenté sa chance quelques jours après n'avait pas la même façon de le toucher. N'importe quelle apparence physique de mannequin ne l'excitait plus.

Punaise, il pourrait avoir la plus jolie femme du monde dans son lit et il serait incapable de garder une foutue érection !

Du moins, il ne pouvait pas s'il se concentrait sur son partenaire. Lors de leur dernière sortie, Peter s'était isolé avec la première personne qui s'offrait à lui et il avait essayé de prendre son propre plaisir en imaginant que c'était son beau jeune homme aux yeux de feu.

Cela avait fonctionné pour les cinq premières minutes. Il avait été excité comme jamais, il se sentait revivre son adolescence à nouveau. Cependant, sa conscience l'avait rattrapé et il s'était sauvé comme un lâche.

Lui, Peter Hale, avait tué des gens, parfois innocents, pour assurer la protection de sa meute ; il s'en était même pris à sa sœur dans le but de prendre de force le pouvoir qu'elle détenait mais il était incapable de profiter d'une pauvre personne bourrée. Donc, au lieu d'expliquer au garçon brun qu'il ne pouvait pas le baiser comme ils le voulaient, il s'était sauvé. Il s'était enfui pour se réfugier dans son appartement et n'en était presque pas sorti depuis.

Cet épisode avait eu lieu la semaine passée et l'idée de retourner dans un club ne lui avait pas traversé l'esprit à nouveau. A la place, il s'accrochait au crayon dans sa main et dessinait sans relâche l'un des bouquets de fleurs que Stiles avait réalisé pour le mariage.

Il avait fait un travail remarquable. Avec ses fleurs aux pétales d'un blanc aussi pur que la neige, il avait rendu le jardin des Hale féerique. Tous les invités avaient félicité Laura et Talia pour le choix des fleurs.

Peter aussi avait été charmé. Ainsi, au moment de rentrer chez lui le soir, il avait discrètement glissé l'une des compositions dispersées sur la table des desserts sous sa veste. En fait, c'était bien trop gros pour être caché convenablement mais si quelqu'un l'avait remarqué, il n'était pas venu l'embêter.

Il avait passé toute la journée du lendemain à essayer de reproduire la photographie d'ensemble sur son carnet, encore et encore, jusqu'à ce qu'il n'ait plus besoin de regarder les fleurs pour reproduire chaque détail. Il avait fini par amener la composition au salon de tatouage pour égayer le bureau qui leur servait de comptoir d'accueil.

Tout le monde avait apprécié et s'en était parfaitement occupé, si bien qu'ils l'avaient maintenue en vie jusque deux semaines après le mariage.

Ainsi donc, le petit Stiles faisait de très jolies choses avec ses plantes qui duraient dans le temps. L'anniversaire de Cora approchait et il n'avait aucune idée de cadeau pour elle. Il pourrait très bien demander l'adresse du fleuriste à Talia et choisir ce qui lui correspondait le mieux.

La cloche accrochée au dessus de la porte raisonna dans le silence quand son client entra. Il ne s'était pas rendu compte du temps passé comme il l'avait prévu. Peut-être que la journée allait se terminer plus vite que prévu. Il avait des restes de pizza qui l'attendaient dans le réfrigérateur.

Presque deux heures plus tard, le salon était de nouveau propre et attendait la dernière personne de la journée. Peter sentait enfin la liberté arriver. Il rejoignit le comptoir et vérifia ce que le client voulait se faire tatouer.

Le pochoir était déjà prêt. C'était une tête de cerf mi-réaliste, mi-géométrique. Tout autour, il y avait des traits fins qui formaient des carrés et des cercles pour le décor. Il y avait des détails complexes mais pas trop non plus, exactement ce que Peter aimait. Il y avait un minimum de défi sans trop de risques.

Il se figea soudain en voyant le dernier nom inscrit pour la journée. Il dut le lire plusieurs fois de suite pour s'assurer qu'il ne se trompait pas.

Non, Stiles avait bien pris rendez-vous et il était prévu dans moins de dix minutes.

Peter grogna alors que l'excitation rampait déjà dans ses veines. Le garçon était la raison pour laquelle les soirées en boîtes de nuit ne lui suffisaient plus. Il hantait ses pensées jour et nuit et l'empêchait de s'amuser comme il en avait l'habitude.

Et il serait là dans peu de temps, en chair et en os, pour se faire poignarder par une aiguille que Peter tiendrait. L'acte de tatouer quelqu'un était intime, non seulement parce que l'on faisait du mal à quelqu'un, mais surtout parce qu'il marquait la peau à vie. Sans compter qu'il ne devait pas se rater.

Il ne savait pas comment il réagirait s'il ruinait le corps de Stiles. Après leur petite branlette dans ce club, il ne voulait pas qu'il le voit comme... Un perdant. Quelqu'un de nulle. Oui, c'était enfantin, cela ressemblait à un problème d'ego digne d'un adolescent, mais il se sentait étrange vis-à-vis du garçon. Il avait besoin de l'impressionner, il ne pouvait pas expliquer pourquoi.

Peter sursauta quand la clochette au dessus de la porte retentit. Il prit le temps d'inspirer profondément pour retrouver son calme et son professionnalisme. Il était là pour travailler, rien de plus. Il regarda Stiles s'approcher du comptoir en regardant le salon tout autour de lui. D'après le sourire sur son visage, la décoration lui plaisait.

Quand il lui fit face, il se figea tout comme le loup-garou l'avait fait juste avant.

"Bonjour ! Le salua Stiles avec surprise. Je dois avouer que je ne pensais pas vous croiser, surtout ici."

L'homme ne lui en voulait pas, les manches de tatouages étaient cachées le jour où ils se sont rencontrés. Ce qui le dérangeait, c'était qu'il le vouvoyait. Il ne se souvenait plus si cela avait été le cas depuis le début mais ça ne lui plaisait pas et il comptait le lui dire.

"Bonjour, Stiles, il le regarda ouvrir de grands yeux, moi non plus je ne pensais pas que tu serais du genre à te faire tatouer, avoua-t-il.

-Comment connaissez-vous mon nom ?

-Je me souviens que ton ami t'avait appelé de cette façon. Et, s'il-te-plaît, tutoie-moi."

Stiles se contenta de hocher la tête. Il était clairement intimidé mais le loup-garou savait comment détendre ses clients. C'était nécessaire dans le métier s'il ne voulait pas faire face à des évanouissements trop réguliers.

Il l'invita dans la pièce arrière et lui demanda où il voulait se faire tatouer pendant qu'il préparait ses aiguilles. Quand il lui tendit le bras, il l'instruisit de s'asseoir dans le siège sur un ton professionnel qui détendit visiblement le garçon.

Il but secrètement à la vue de la peau blanche parsemée de grains de beauté. C'était une toile vide qui ne demandait qu'à être recouverte par sa forme d'art. Le loup enfoui au fond de lui jubilait d'avance.

Rapidement, un silence confortable s'installa, seulement rompu par le bruit de la machine. Stiles bronchait à peine, ce qui lui facilitait grandement le travail.

"Alors, commença Peter pour faire la conversation et détourner son attention de la douleur, pourquoi une tête de cerf ?

-Je voulais quelque chose qui me ressemblait. J'ai déjà un renard dans le même style sur le côté. C'est pour mon côté rusé, dit Stiles avec un léger sourire.

-Je peux le voir ?"

Peter n'était généralement pas du genre à faire de pause pendant une séance à moins que le client en ait besoin mais il se sentait plutôt curieux. Le garçon hocha la tête et releva son T-shirt avec son bras libre pour montrer la bête.

Comme celui qui était en cour de réalisation, le renard était un mélange de styles. L'avant était réel et parfaitement coloré tandis que l'arrière était en formes géométriques. C'était comme s'il sautait d'une côte pour atterrir près de l'os du bassin sur le pubis.

Ce n'était pas des plus viril mais c'était vraiment élégant. Cela allait avec le garçon.

"Très joli, dit-il honnêtement avant de reprendre son travail.

-Je sais, lui sourit Stiles, il m'a fallu un moment pour le dessiner à la perfection et puisque c'était mon premier... Il occupe une place particulière dans mon cœur."

Il plaça une main dramatique sur son cœur qui fit pouffer Peter. Il était heureux qu'il se soit suffisamment détendu pour plaisanter avec lui.

"Tu l'as vraiment créé ? Enfin, cela paraît logique. Tu fais de très belles choses, soit-dit en passant.

-Comment était le mariage ?"

Peter leva un sourcil face à la curiosité directe mais cela l'amusait tout de même.

"Beau, évidemment, répondit-il. C'était le mariage de la future alpha, après tout."

Stiles ne manqua pas le changement de ton mais il hocha seulement la tête. Le loup-garou avait eu une pointe de ressentiment soudaine et avait malencontreusement appuyé trop fort. Le garçon siffla mais il ne fit aucun commentaire. Il repoussait simplement ses excuses en prétendant que c'était de sa faute, qu'il avait été indiscret. Il ne le contredit pas.

"Donc, reprit Peter qui ne supportait plus le silence gêné qui s'était abattu pendant près de dix minutes, c'est ton deuxième tatouage ?

-Troisième, en fait."

Il lui tendit l'autre bras pour lui montrer une toute petite empreinte de patte vers l'intérieur du poignet, presque sur l'os.

"Mon meilleur ami a une empreinte digitale à la place, informa le garçon. Elle lui rappelle l'époque où il était encore un adolescent normal. C'est aussi pour garder une trace de moi avec lui même si on est séparés. Quant à moi, cette marque me rappelle que mon innocence est partie en fumée le jour où mon meilleur ami est devenu un loup-garou. Inutile de refaire le discours sur le fait que la marque est un souvenir de lui, finit-il d'un geste de balayage du poignet.

-Comment ça ? Ton ami a été mordu ?"

Comme Peter l'avait soupçonné au club, le jeune homme était un vrai bavard. Il s'était affalé plus confortablement dans le siège et lui avait narré l'histoire de la fameuse morsure et de toutes les aventures qui ont suivies.

C'était incroyable la façon dont leur vie avait changé après une simple ballade nocturne en forêt. Beacon Hills avait dû faire face à un alpha devenu fou qu'ils avaient à peine pu neutraliser. Ensuite, les choses s'étaient envenimées. Entre une horde d'alphas fous-furieux et les médecins de l'horreur, c'était un miracle qu'elle ne soit pas devenue une ville fantôme et que Stiles, un humain, soit toujours en vie.

Peter et la meute avait entendu parler de toutes ces histoires mais de loin. Derek s'était chargé de les aider, il se souvenait de l'avoir vu partir régulièrement en pleine réunion. Il était même déjà venu lui demander des renseignements, ce qui l'avait grandement surpris, mais il ne s'était jamais rendu compte que c'était aussi grave.

C'était une nouvelle preuve qu'il était mis à l'écart du groupe. S'il avait su que le garçon qui occupait ses pensées avait autant été en danger, il aurait couru les aider tout de suite.

En tout cas, du point de vue de Péter, c'était digne d'un film d'action.

"Et donc, si le renard est pour ton côté rusé, que représente la tête de cerf ? Demanda-t-il sans lever les yeux de son travail.

-Tu risques de me trouver vraiment prétentieux mais depuis que Scott a été mordu, je me sens différent. J'ai l'impression d'avoir évolué, comme un Pokémon. Il vérifia que le tatoueur le suivait toujours avant de continuer. A force de chercher des informations, de retourner toutes mes connaissances et de créer des plans pour sortir en vie des ennuis, je me sens beaucoup plus réfléchi."

Il fit une pause pour s'éclaircir la gorge.

"Je trouve que le cerf est un animal très sage. Il est intelligent et même si les mâles se disputent la place de chef, ils s'allient immédiatement pour protéger le troupeau dès qu'un danger les guette. De plus, leur génétique a été programmée pour qu'ils perdent leurs bois à des moments précis. Ce sont leurs seules armes pour se défendre, techniquement. Cela signifie qu'ils peuvent être recueillis et en paix quand bon leur semble. Honnêtement, j'aimerais beaucoup leur ressembler."

Ses yeux n'avaient cessé de briller depuis le début. Peter s'était complètement laissé prendre dans le récit, aucun des deux n'avait remarqué qu'il s'était arrêté pour l'écouter.

"Tu racontes très bien, dit Peter, admiratif.

-Merci."

Durant les heures qui suivirent, il en apprit plus sur le garçon. Depuis quelques mois, il travaillait chez le meilleur fleuriste de la ville pour gagner de l'argent et soulager financièrement son père. Avec ce que son meilleur ami et lui avaient vécu, il avait une dette conséquente à cause d'IRM et d'un séjour à Eichen House.

Il avait été mal à l'aise en abordant cette partie mais l'homme l'assura qu'il n'y avait rien de mal là-dedans. Il avait été possédé par un esprit démon à cause d'une faiblesse mentale due à un rituel risqué pour sauver la vie de son père. Personne ne pourrait le blâmer pour avoir douté et accepté de rejoindre cette enseigne.

Il n'avait pas abandonné l'université pour autant. Dès la rentrée, il prendrait des cours à distance pour garder son job.

Il avait beaucoup appris auprès de la petite grand-mère qui possédait le magasin. Elle lui avait même fait comprendre que s'il continuait à apprendre avec elle, il finirait par prendre la relève lorsqu'elle partirait en retraite. Puisqu'elle n'avait aucune famille, il lui paraissait logique de laisser son apprenti prendre la relais.

Stiles hésitait depuis, il n'était plus certain de savoir ce qu'il désirait pour son avenir.

"Tu te débrouilles vraiment bien, lui assura Peter, les fleurs ont plu à tout le monde et ont tenu longtemps. J'en ai ramené ici et tous les clients étaient charmés."

Ce n'était pas grand chose mais cela lui permit de le voir de nouveau sourire.

Le reste de la séance passa agréablement et, trop rapidement au goût du loup-garou, il lui donna les instructions pour l'entretien du tatouage pendant que son client le regardait. Il était ravi du résultat. Ce style lui allait parfaitement et l'homme serait heureux de lui graver d'autres animaux sous la peau.

"C'est génial ! Merci."

Peter se contenta de lui sourire chaudement. Rien n'était plus valorisant qu'une personne satisfaite de son travail.

"Bon, dit le jeune homme alors qu'ils se tenaient maladroitement devant la porte du salon, je vais y aller. Encore merci pour le tatouage.

-Tout le plaisir était pour moi. Si tu en veux un autre, n'hésite pas à venir.

-Seulement si tu passes au magasin un jour."

Stiles lui fit un clin d'œil et s'échappa dans la rue tandis que Peter souriait d'amusement. Il avait flirté avec lui sans qu'il ne lance les hostilités. C'était une première et c'était très flatteur. Peut-être qu'il irait faire un tour chez le fleuriste très bientôt, effectivement.

Il ferma le magasin et récupéra ses affaires pour se sauver rapidement. En vérifiant son téléphone sur le trajet, il tomba sur un message de Talia qui lui demandait, comprenez-y commandait, de venir à la réunion de groupe ce soir. Il soupira lourdement. Sa soirée tranquille avec les restes de sa pizza venait de lui glisser entre les doigts.

* * *

Stiles était juste dans sa ligne de mire. Peter était assis au bar avec son verre de whisky devant lui. Il était venu passer du temps avec son meilleur ami Chris qui travaillait. Il était actuellement avec des clients à l'autre bout du comptoir alors il en avait profité pour jeter un regard à travers l'endroit.

Il n'y avait pas grand monde alors il avait une vue imprenable sur une table près des portes où le garçon avait une discussion animée avec ses amis. Il soupçonnait que c'était la première fois qu'il les revoyait depuis que les cours avaient repris. Il savait que Stiles restait à Beacon Hills et que les autres étaient partis faire leurs études à travers le pays.

Le garçon avait la manche relevée et montrait fièrement le tatouage qu'il lui avait fait à la fin de l'été dernier. Un sentiment de fierté s'insinua en lui. C'était son œuvre qu'il montrait avec tant d'adoration.

"Je ne comprends pas pourquoi ils ne sont pas sortis s'amuser, dit Christopher en revenant vers lui et en regardant dans la même direction, Allison dit qu'ils n'étaient pas d'humeur à s'épuiser toute la nuit.

-Il est possible de s'amuser en discutant autour d'une bière, fit remarquer Peter.

-Ouais, bien sûr."

Il s'éloigna à nouveau pour servir un autre couple. Le loup-garou continuait de regarder dans la direction des jeunes. Chris ne connaissait que les clubs de nuit. Lorsqu'il allait dans un bar en étant jeune, c'était uniquement pour boire seul.

Lui, il passait énormément de temps chez ses amis pour s'éloigner de la maison. Ils jouaient généralement au poker discutaient simplement des histoires du lycée quand ils le soupçonnaient de tricher. Ce n'était pas compliqué, leurs odeurs parlaient pour eux, il n'y pouvait rien.

Ensuite, à l'université, Peter n'avait plus rien fait avec ses anciens amis. Il était devenu beaucoup trop aigri et colérique pour que des jeunes se lient d'amitié avec lui.

Donc, dans un sens, il enviait presque Stiles et ses amis.

Il renifla un rire jaune en apportant son verre à ses lèvres et en détournant le regard. Il aurait aimé que tout le monde lui pardonne suffisamment pour qu'il puisse se sentir aimé ou au moins reconnu quelque part.

* * *

L'air ambiant était lourd dans la maison des Hale. Cela contrastait fortement avec la fraîcheur extérieure qui annonçait l'arrivée de l'hiver. Cora et Laura étaient toutes les deux en train de cuisiner en discutant mais il n'y avait aucune trace des autres membres de la famille dans les environs.

Il allait les rejoindre quand il entendit Talia entrer à son tour. Elle semblait ravie de le voir ici si tôt avant le repas et lui demanda, bien trop gentiment à son goût, de le suivre jusque dans son bureau. Les filles se turent quand ils passèrent devant la cuisine.

Une fois enfermé dans la pièce qu'avait autrefois occupé leur père, il se sentait pris au piège. Il n'était pas claustrophobe mais il avait suffisamment été puni et disputé par son paternel ici pour ne pas s'y sentir à l'aise.

Talia, elle, avait complètement pris possession des lieux. Elle s'assit dans le fauteuil derrière le bureau et l'invita à faire de même sur l'une des chaises devant lui. Pendant un instant, il préférait rester debout mais son instinct le harcelait pour suivre les ordres de son alpha. Il avait eu assez de problèmes avec elle, il était temps de filer droit.

"Bien, commença-t-elle lorsqu'il fut installé, les choses risquent d'être différentes pour toi d'ici peu. Comme tu le sais, nous avons besoin de nouvelles alliances et rapidement. J'ai déjà négocié avec quelques meutes voisines pour concevoir des mariages croisés."

Peter fronça les sourcils. Comme les rares célibataires du groupe Hale et l'un des membres directs de la famille centrale, il serait l'un des premiers à être visé, voire utilisé, pour renforcer la meute. Le problème était qu'il n'avait aucunement l'intention de se marier et que la simple idée que sa sœur se serve de lui sans lui demander son accord ni quoi que ce soit l'énervait. Il s'était juré de ne plus faire preuve de violence envers sa propre famille mais cela s'avérerait compliqué si elle ne l'aidait pas à faire des efforts.

"Es-tu en train de me dire que tu as déjà négocié un mariage ? Je veux dire, sans mon accord ?

-Nous avons besoin de créer des alliances et je connais ton caractère. Je sais que tu ne te lieras jamais à personne sans en être forcé."

Elle eut au moins la décence de paraître navrée mais cela ne fit rien pour l'apaiser. Au contraire, il se sentait vexé qu'elle pense si peu de lui.

"Je refuse," dit-il catégoriquement sur son ton bourru habituel.

La femme soupira. Elle savait par avance qu'il lui répondrait de la sorte. Néanmoins, Peter voulait aider sa famille. Talia et lui n'étaient plus assez proches pour qu'il soit au courant des problèmes qui les menaçaient mais il pouvait toujours lire son langage corporel. Ils avaient besoin de renforcer la meute mais il gardait sa position.

Il ne se marierait pas, surtout par force et avec quelqu'un qu'il ne connaissait pas.

Le silence engloba la pièce tandis qu'il réfléchissait. Quoi que les autres en disent, il était le plus intelligent du groupe, s'il s'y mettait avec entrain, il pourrait trouver une solution. D'abord, il devait gagner du temps et détourner l'attention de sa sœur des mariages arrangés. S'il n'était pas d'accord pour se lier avec une étrangère, les autres ne le seraient pas non plus, peu importe à quel point ils voudraient servir la meute.

Pour s'en sortir, il laissa échapper la première chose qui lui vint à l'esprit.

"Je suis déjà dans une relation."

La bombe qu'il venait de lâcher laissa un silence inconfortable s'introduire entre eux. Une autre question se posait cependant. Acceptera-t-elle de le laisser tranquille ou le forcera-t-elle à tout laisser tomber ?

"Eh bien, je ne m'y attendais pas, dit-elle enfin, toujours sous le coup de la surprise. Depuis combien de temps ? Pourquoi n'avoir rien dit ?"

L'homme dut se retenir de soupirer de soulagement. Elle ne devait vraiment pas penser qu'il lui sortirait une telle information pour ne pas avoir entendu l'irrégularité des battements de son cœur. Maintenant qu'elle reprenait ses esprits, il ne pouvait pas risquer de se faire prendre. Il décida donc d'opter pour lui dire la vérité sans être précis.

"Je l'ai rencontré cet été. Je préfère m'attacher lentement pour m'assurer que je ne fais pas de bêtise en m'attachant à quelqu'un. Et tu sais très bien que ma vie privée ne regarde personne d'autre que moi."

Elle savait parfaitement que les membres de leur famille ne le voyaient pas d'un bon œil. Il n'avait aucun intérêt à aller se confier à eux. Le rôle d'un loup-garou dans une meute était de soutenir les autres mais Peter avait appris à se débrouiller par lui-même depuis longtemps. Ils le gardaient uniquement pour avoir un membre physiquement fort dans leurs rangs.

Il ne pouvait pas accepter que Talia ne l'avait pas rejeté par pitié. C'était bien plus honteux que s'il avait été banni des terres de ses ancêtres.

Il n'avait besoin de la pitié de personne.

Finalement, même si cela ne lui faisait pas plaisir, la femme accepta d'annuler sa proposition de mariage à condition qu'il lui présente vite la personne qu'il côtoyait. C'était un nouveau problème mais il sentait qu'il pourrait facilement le régler.

"Je veux bien que tu le rencontres, dit-il lentement, mais seulement toi. Je ne sais pas quand ce sera possible, par contre."

Talia était sceptique mais accepta tout de même. Elle connaissait son caractère, le presser ne servait à rien. Ils sortirent du bureau pour rejoindre les autres dans la salle à manger. La famille au grand complet était déjà réunie autour de la table et les deux filles présentaient leurs plats avec fierté. Peter se força à manger même s'il avait perdu l'appétit à cause de la petite réunion qu'il venait d'avoir avec sa sœur.

* * *

Les rues du centre-ville de Beacon Hills s'animaient à l'approche de Noël. Les retardataires terminaient leurs achats tandis que d'autres profitaient de l'ambiance et de leurs vacances pour passer du bon temps. Le soleil brillait de mille feux dans le ciel même si l'air restait agréablement bon. Une simple veste suffisait pour atténuer l'agression de la brise d'hiver.

Sur la côte Ouest, en Californie, il était rare d'avoir très froid. Ici, ils ne connaissaient pas la neige. Noël se passait toujours sous un joli soleil et le ciel bleu qui allait avec. Cela ne gâchait pas les fêtes pour autant.

Peter était actuellement adossé contre un mur de briques rouges propres, en train de regarder les divers passants pendant que Talia était à l'intérieur du magasin pour finir ses cadeaux. Lui, il n'en avait rien à faire. Cela faisait bien longtemps qu'il n'offrait plus rien à personne. Il se forçait pour Talia parce qu'elle était son alpha. Il en faisait cependant de bon cœur pour ses trois neveu et nièces parce qu'il les aimait et qu'ils le lui rendaient. C'était ce qui l'importait, peu importe la réserve qu'ils émettaient.

Évidemment, exigeant et pointilleux comme il l'était, tout était déjà emballé et stocké dans son appartement.

Il se déplaça légèrement pour changer d'appui. Cela ne le dérangeait pas de sortir avec sa sœur. C'était bien l'une des rares fois où ils passaient du temps ensemble sans que quelqu'un ne lui rappelle de faire attention à elle. Enfin, ils agissaient comme des frères et sœurs et pas comme dominant-dominé.

Seulement, il ne pouvait pas entrer dans les magasins avec elle. Il y avait beaucoup trop de monde, il pouvait à peine respirer avec la proximité des gens et les nombreuses odeurs mélangées. Pour quelqu'un qui préférait la solitude, entrer dans ce genre d'endroit était une épreuve.

Il bâilla derrière sa main et se tourna pour regarder l'autre côté de la rue. Il aperçut un visage étrangement familier et se concentra pour mieux l'observer. C'était Stiles qui se tenait devant l'une des nombreuses vitrines des magasins de jouets. Il souriait gentiment et ne faisait pas attention aux gens qui passaient près de lui.

Peter décida d'agir. Il n'avait encore présenté personne à Talia comme elle l'avait exigé et elle finirait par perdre patience dans peu de temps. Il n'avait pas vu le garçon depuis le soir au bar de Chris. Il s'était rendu au magasin de fleurs mais, à chaque fois, il était absent.

La troisième fois qu'il y mit les pieds, la gérante était venue à sa rencontre et lui avait dit qu'il ne travaillait que le soir et les week-ends à cause des examens qui approchaient. La dernière fois où il y été allé, il venait juste de partir en voyage pour retrouver des amis à l'autre bout du pays.

Depuis, le loup-garou avait été trop occupé pour essayer à nouveau. Il avait presque envisagé de tout abandonner et d'accepter l'offre de sa sœur. Il n'avait trouvé aucune solution et, sans personne à présenter, il était de toute façon foutu. Seulement, l'espoir revint lorsqu'il le croisa enfin.

Il traversa la rue en grandes enjambées et le rejoignit en peu de temps. Avec le reflet de la vitrine, le garçon le vit approcher et se retourna pour la saluer en souriant toujours.

"Eh, bonjour."

Sans prendre la peine de lui répondre, Peter l'attrapa par les épaules et l'éloigna du magasin dans lequel Talia était encore jusqu'à un endroit plus calme.

"J'ai besoin de ton aide, dit-il sans préambule parce qu'il n'avait pas le temps de tergiverser, tu me sauverais si tu acceptais de jouer le jeu un certain moment."

Il se tournait frénétiquement pour surveiller la présence de sa sœur et son cœur s'emballa lorsqu'il la vit se diriger vers eux d'un pas tranquille. Il se maudit de ne pas avoir été attentif plus tôt. Il aurait eu beaucoup plus de temps pour convaincre Stiles avant qu'elle ne soit à portée d'écoute.

"Ma sœur, là-bas, est mon alpha et j'ai vraiment besoin que tu joues le rôle d'un compagnon, d'un petit-ami, peu importe. Elle va bientôt pouvoir nous entendre et je ne pourrais pas...

-Peter ?"

Il se figea. Trop tard, elle était déjà près d'eux. Il était impossible de convaincre le garçon et il n'arriverait jamais à trouver quelqu'un pour lui rendre service. Il était voué à se marier de force pour le bien de sa meute, sans que personne ne s'occupe de son propre avis.

Stiles soupira théâtralement devant lui, ce qui attira l'attention des deux loups-garous.

"Tu ne peux pas me suivre partout où je vais, dit le jeune homme à son attention, le principe d'offrir un cadeau à Noël est surtout de faire une surprise. Je t'avais dit que je voulais terminer mes achats seul."

Intérieurement, Peter voulait sauter de joie, ce qui allait à l'encontre de son comportement habituel. Extérieurement, il était toujours figé sur place. Il semblait que l'autre marchait dans sa combine mais il n'en était pas vraiment sûr. Talia fut la première à parler.

"Vous vous connaissez tous les deux ?"

Le visage de Stiles devint soudainement rouge alors qu'il bégayait une affirmation. Il était clair qu'il était maintenant du côté de Peter mais qu'il ne savait pas quoi dire ensuite. L'homme prit donc le relais.

"Talia, c'est la personne dont je t'aie parlé."

Elle le regarda avec surprise et se tourna vers le garçon pour l'observer de la tête aux pieds. Visiblement, elle ne s'attendait pas à ce qu'il lui présente un autre homme qui était, de plus, bien plus jeune que lui.

"Je suis... Ravie de vous revoir."

Poli comme il l'était, Stiles lui renvoya le compliment et lui demanda comment allaient les mariés. L'alpha aimait parler de sa fille aînée et de son mariage. Elle se vantait pour la beauté de ce dernier et du succès qu'il avait eu auprès de toutes les meutes voisines. Avec tous les compliments qu'ils avaient reçu, Peter était surpris qu'ils doivent se rabaisser aux mariages arrangés pour soutenir les alliances.

Après une dizaine de minutes, le garçon s'excusa et les deux loups le regardaient s'éloigner en silence. Peter était absolument heureux de la tournure des événements. Cela lui retirait un poids considérable sur les épaules et il n'avait plus qu'à se concentrer sur la protection du groupe.

A côté de lui, Talia ne cessait de répéter qu'elle était surprise qu'il se soit lié avec le jeune fleuriste. Il l'était autant qu'elle.

Cet après-midi là, Peter ne se sentait pas entièrement investi dans son travail. Les courbes d'encre étaient toujours parfaites mais il ne prononçait pas un seul mot. Il se contentait de grogner lorsque les clients lui parlaient. Si Deucalion avait remarqué son comportement, il ne lui disait rien.

Il ne cessait de repenser à sa rencontre avec le garçon et à la façon dont il devrait de nouveau l'approcher. S'il acceptait d'être son compagnon fictif, il devait le tenir au courant de la raison et, surtout, ils devaient avoir une histoire compatible. Talia avait accepté d'être la seule à le rencontrer mais bientôt elle exigerait qu'il vienne manger avec eux un dimanche. Aussi tentant soit-il, le refus constant n'était pas une solution durable.

Il se rendrait chez le fleuriste ce soir et s'il n'y était toujours pas, il laisserait un mot à la propriétaire pour qu'elle le lui donne.

Il ne comprenait pas comment cette histoire d'un soir, d'un instant même, avait pu s'emballer. Tout allait bien et, maintenant, il courait après le gosse. Ce n'était pas bon, il était trop vieux pour lui. Les gens penseraient que Peter était dans la crise de l'âge et que Stiles ne voyait que l'argent ou le côté "bad-boy" à cause des tatouages et de son regard glacial.

En attendant, les choses étaient devenues ce qu'elles étaient mais elles étaient encore contrôlables donc il devait attendre et agir de façon juste pour le bien de tout le monde.

A la fin de la journée, alors qu'il faisait déjà sombre dehors, Deucalion terminait de ranger son poste de travail et Peter donnait les dernières retouches au tatouage du client. Le pauvre homme avait passé près de cinq heures sur le ventre pour se faire tatouer l'ensemble du dos. C'était un miracle qu'il n'ait jamais demandé de pause et que Peter ait dû les lui imposer.

La clochette au-dessus de la porte retentit et il écouta son patron s'excuser en lui apprenant qu'ils allaient fermer.

"Pardon, je viens seulement voir l'un des employés."

Peter se figea en entendant la voix de Stiles. Il ne s'attendait absolument pas à ce qu'il vienne de lui-même.

"Eh mec, ça va ?" Demanda le type qui était toujours allongé devant lui.

Il secoua la tête et reprit son travail en gardant son attention tournée vers l'extérieure de la pièce. Il se rendit compte qu'il ne s'était jamais convenablement présenté à Stiles parce qu'il se contentait de le décrire physiquement sans prononcer son nom.

"Il est en pleine séance, entendit-il Deucalion répondre, il aura terminé dans peu de temps. Tu peux t'asseoir dans les fauteuils en attendant."

Le loup-garou avait suffisamment travaillé ici pour savoir que l'homme lui parlait aussi. Il finissait ce qu'il faisait et seulement ensuite il pourrait sortir voir ce qu'il se passait. C'était typique du bonhomme.

Comme prévu, un quart d'heure plus tard, il protégeait la peau nouvellement tatouée avec du cellophane et expliquait les règles à suivre pour une bonne cicatrisation. C'était plus formel qu'autre chose : le gars en avait déjà des dizaines sur lui et savait parfaitement comment s'en occuper.

Ils sortirent dans la pièce principale vide à l'exception de Stiles qui avait le nez plongé dans l'un de leurs classeurs à modèles. Lorsque le dernier client avait payé et était parti, Peter ferma la porte à clef derrière lui. Deucalion était déjà chez lui et avec ce qu'il comptait raconter au jeune homme, ils ne bougeraient pas de sitôt. L'avantage avec la salon, c'était qu'il avait des stores pour bloquer la vue des curieux. Il n'avait pas envie que quelqu'un vienne les épier.

Quand il se tourna pour vérifier le garçon, il semblait trop plongé dans les dessins pour se soucier de lui. Il en profita pour aller nettoyer la machine qu'il venait d'utiliser. L'autre le surprit en le rejoignant après quelques minutes. Il se tenait contre le battit de porte au niveau de l'épaule et avait les bras croisés sur sa poitrine. Les battements de son cœur étaient calmes, apaisants.

"Salut...

-Peter, dit soudainement l'intéressé.

-Bien, salut Peter, reprit le garçon avec un sourire. Désolé d'être venu à l'improviste, j'ai juste supposé que l'on devait parler. Je peux repasser, si ça t'arrange.

-Oh non, j'ai déjà essayé de te rendre visite dans ton magasin et tu n'étais jamais là. Pour une fois que nous ne sommes que deux, nous devrions en profiter."

Il leva les yeux au ciel quand l'autre haussa un sourcil suggestif. Il ne sous-entendait pas de profiter d'être dans un endroit intime pour se sauter dessus, bien que s'il le voulait, Peter accepterait volontiers de le ravir. Après tout, il hantait ses nuits depuis qu'ils se sont rencontrés il y a quelques mois de cela.

A la place, il finit de ranger la pièce et éteignit la lumière en sortant. Il était enfin libre de toute obligation. Il le conduisit ensuite au salon en faisant un petit détour par le mini-réfrigérateur pour en sortir deux bières et les décapsuler. Depuis qu'un homme s'était évanoui juste après l'ouverture du local, Deucalion avait jugé sage de garder des vivres à proximité au cas où. Cela participait plus au bonheur des employés qu'aux clients mais personne ne s'en préoccupait.

Il s'installa lui-même dans l'un des fauteuils et jeta un coup d'œil au classeur que Stiles regardait plus tôt. Il était ouvert sur deux têtes de loups stylisées.

"Envie d'un nouveau tatouage ? Demanda-t-il en buvant une première gorgée.

-Je réfléchis déjà à ce qui pourrait me correspondre pour la suite."

Peter serait heureux d'avoir l'honneur de le tatouer à nouveau.

Quand son ventre gronda, il eut l'idée de se commander à manger. Il n'avait pas de restes à la maison et il n'avait aucune envie de cuisiner. Il proposa l'idée au garçon qui accepta immédiatement. Ils farfouillèrent dans les différentes pubs que le salon avait reçu par courrier et choisirent ce qui leur donnait le plus envie.

Un peu moins d'une heure plus tard, ils étaient chez Peter à attendre leur dîner. Stiles regardait tout autour de lui avec un certain intérêt. L'endroit semblait lui plaire. Peter avait quitté le domicile familiale pour les études et, malgré le fait qu'il ait pris le goût de la liberté, il avait besoin de se sentir chez lui, à l'aise et en sécurité.

Il l'avait aménagé comme un petit cocon. Comme la maison dans la réserve de Beacon Hills, il y avait beaucoup de bois. Tous les sols étaient couverts de parquet brut et les murs étaient peints en des tons chaleureux. La majorité des meubles étaient blancs mais allaient avec le décor. Il ne manquait que la compagnie mais il s'en sortait bien en tant que solitaire.

Lorsque le livreur arriva avec leurs plats, ils s'installèrent au salon devant une émission qui avait surtout un rôle de bruit de fond.

"Donc, tu veux jouer les faux amoureux transits ? Demanda Stiles avant de prendre une grande bouchée de nourriture.

-Je ne l'aurais pas dit de la sorte," répondit le loup-garou en l'observant s'essuyer la bouche.

Il n'avouerait jamais qu'il trouvait ça amusant. Il mangea et but une gorgée d'eau à son tour avant de reprendre.

"Mais j'ai vraiment besoin de tes talents d'acteurs. Tu es doué, n'est-ce pas ? Questionna-t-il soudainement.

-Mon meilleur ami était un loup-garou depuis plus de trois ans avant que mon père ne l'apprenne. Je suis très proche de mon père, ajouta-t-il en voyant que Peter n'était pas convaincu, Scott est comme mon frère. On est une grande famille et on a vécu beaucoup de choses. Même en tant que shérif, mon père n'a jamais rien su jusqu'à ce qu'on ait été obligé de lui en parler."

Cela ne surprenait pas Peter que Stiles soit le fils du shérif. Il avait l'esprit vif et la curiosité d'un vrai policier. Ainsi, il pouvait au moins lui faire confiance sur ses capacités d'acteur. S'il n'avait pas peur d'être tactile de temps en temps, Talia et les autres n'y verraient que du feu.

Il prit une profonde inspiration et lui raconta dans les grandes lignes ce que sa sœur attendait de lui. Le garçon était compréhensif et le coupait à peine. Il hochait principalement la tête pour montrer qu'il l'écoutait et le comprenait.

Aucun des deux ne comprenait pourquoi il acceptait une telle affaire mais jeune comme il l'était et seul depuis que ses amis étaient partis à la fac, il avait besoin d'un peu d'action et de se sentir utile. Et puis, honnêtement, qui refuserait de vivre une expérience avec Peter Hale ? Ce loup-garou absolument sexy mais sombre qui le faisait vibrer.

"Surtout, il faut éviter de mentir, prévint le loup-garou avec sérieux.

-Ils peuvent détecter les mensonges en fonction du rythme cardiaque d'une personne et de son odeur. Ne t'inquiète pas, j'ai de l'expérience avec des loups-garous."

Il souriait comme un enfant fier de lui-même mais l'homme ne se détendait pas. Il avait besoin que tout soit parfait pour s'occuper de ses affaires. Le garçon dégustait un milk-shake en guise de dessert quand il connaissait toute l'histoire. Il ressemblait bien plus à un enfant qu'à un jeune adulte et cela appuyait davantage leur différence d'âge.

"D'ailleurs... Reprit le garçon en gardant les yeux rivés sur son dessert comme s'il ne disait rien d'important. Tu n'as pas à te casser la tête pour la protection de ta meute. Tu es quelqu'un de sympa et j'aime bien Derek. Si vous avez un problème, vous n'avez qu'à nous appeler. On vous aidera."

Peter se redressa soudainement et le regarda comme si une deuxième tête venait de lui pousser sur l'épaule.

"Quoi ?"

Visiblement, le jeune homme ne comprenait pas sa réaction.

"De quoi parles-tu ?

-Vous avez besoin d'une meute alliée, non ? Pour vous protéger, comme tu l'as dit. Vous pouvez compter sur nous. Enfin, si vous n'avez pas peur de notre diversité. Maintenant que j'y pense, dit-il pensivement en se détournant pour réfléchir, c'est vrai que le groupe est un peu bizarre. On a juste un véritable alpha avec son bêta, Liam. Son meilleur ami s'est transformé en Bête du Gévaudan et il sort avec une chimère. On a aussi Allison qui est une ancienne chasseuse, Kira qui est une kitsune et Lydia est une banshee. Sans oublier Jackson, un loup-garou qui était un kanima après avoir été mordu. Enfin, il y a moi, un simple humain qui a été possédé pendant quelques semaines par un nogitsune. Peut-être aussi Malia, une coyote-garou. Elle traîne beaucoup avec nous. Ouais, on est vraiment tous différents."

Peter était stupéfait. Premièrement par leur diversité presque effrayante et intéressante à la fois, et secondement parce qu'il lui proposait leur aide sans rien demander en retour ni même en avoir parlé à ses amis.

C'était trop beau pour être vrai, il ne faisait jamais confiance à quelqu'un sans avoir la preuve qu'il ne lui ferait pas un coup à l'envers. Et il l'avait juste à côté de lui. Malgré son emballement soudain, son rythme cardiaque était resté stable du début à la fin. Il ne trahissait que l'excitation dont le garçon faisait preuve depuis le jour où il l'avait rencontré.

L'homme le savait, il venait de se faire un allier majeur et, ça, ça le rendait plus fier que la tête que Talia fera quand elle l'apprendra. Demain, il irait la voir et il le lui dirait. Il avait hâte, autant qu'un enfant le soir de la veille de Noël pour ouvrir ses cadeaux.

Tout ce qu'il voulait pour l'instant, c'était de sauter sur Stiles et le remercier comme jamais il n'avait osé remercier quelqu'un. Il le sortait d'un sacré merdier !

Guidé par ses pulsions, il fit exactement ce que son instinct voulait. Il attrapa le milk-shake terminé et le jeta presque sur la table basse sans se soucier de ce qu'il devenait. Il pouvait tacher le magnifique tapis blanc sur le sol, il n'en avait rien à faire. De son autre main, il agrippa la nuque de Stiles et le tira vers lui pour l'embrasser.

Ce n'était pas doux, ce n'était pas franchement élégant non plus. C'était brutal, Peter y déversait tous ses sentiments. Les dents s'entrechoquaient selon certains mouvements, les lèvres étaient rudement mordues et les respirations restaient bâclées. Malgré tout, aucun des deux ne s'éloignait ; au contraire ils ne faisaient que se chercher d'avantage, retournant à l'assaut dès que l'un d'eux s'éloignait.

C'était animal et exactement ce que Peter aimait. Quand des mains s'accrochèrent à son T-shirt, il perdit toute retenue.

Il poussa le garçon contre l'accoudoir de façon à ce qu'il soit allongé sous lui sans que leurs lèvres ne se séparent. Son corps se réchauffait rapidement et il ne savait pas si c'était son pouls ou celui de Stiles qu'il entendait résonner dans ses oreilles.

Le contrôle s'échappait d'eux et le loup-garou ne sut qu'il avait fermé les yeux que lorsqu'il les rouvrit pour regarder le visage près du sien. Il était exactement comme il s'en souvenait et le voyait chaque nuit depuis quelques temps. Ses yeux étaient aussi fermés mais il savait que les paupières cachaient des pupilles dilatées couvertes d'humidité. C'était comme ce soir-là dans le club mais en beaucoup mieux et beaucoup plus confortable.

Il avait attendu ce moment. Il s'en rendait enfin compte, tout ce qu'il voulait ces derniers jours, c'était de revivre l'instant intime qu'ils avaient partagé une unique fois. Il devrait paniquer devant ce fait mais il n'en était rien. Il aimait chaque seconde et ne s'éloignerait pour rien au monde.

Il but le gémissement grave qui s'échappait de la gorge qu'il aimait tant quand ses doigts taquins se dérobaient sous le tissus de son maillot. La peau était aussi chaude qu'il l'avait imaginé. Le ventre était plat, ondulant légèrement sur la courbe des muscles fins. Peut-être que c'était trop plat pour lui mais ce détail se réglerait vite par la suite. Les poils qui filaient du haut du nombril jusque sous la barrière de son pantalon était une agréable surprise.

Stiles était rasé de si près qu'il le pensait presque imberbe sur le torse. Il était ravi de s'être royalement trompé. Il aimait sentir un corps qui ressemblait au sien près de lui.

Agacé de ne rien voir, il se redressa soudainement pour enlever le T-shirt qu'il aurait pu arracher si cela ne tenait qu'à lui. La peau pâle était tâchée de grains de beauté partout et, blotti contre son côté, un petit renard tatoué le regardait.

C'était élégant et parfaitement à l'image de l'infime partie de la personnalité qu'il avait pu découvrir. Il devenait déjà accroc, le laisser partir serait un pur déchirement. Il ne savait pas qu'une personne pouvait être aussi addictive. Après tout, il ne l'avait vu que trois fois, dont deux où ils avaient à peine ou pas parlé. Malgré tout, il se sentait attiré comme un aimant. Penser à lui le faisait sourire, le voir le rendait étrangement léger.

Il serait temps qu'il socialise un peu plus et il allait commencer immédiatement avec lui.

Stiles, qui s'agitait comme un chaton joueur sous lui, réussit à le dépouiller de son propre vêtement. A moitié nu dans le salon, l'homme avait plus chaud que lorsqu'il était complètement vêtu. Cela ne s'arrangeait pas avec le regard que l'autre lui lançait.

Il observait avec attention chaque coin de peau couvert d'encre. Ses mains les caressaient tendrement en suivant la ligne des abdominaux durs. Peter était fier de son corps, il était massif et puissant, presque comme le serait un mâle alpha. A défaut d'avoir le pouvoir, il avait la carrure.

Et, étonnamment, cela n'effrayait pas le garçon, au contraire. Il était fasciné, comme s'il découvrait le corps d'un homme pour la première fois. C'était certainement le cas, il ne devait avoir touché que des adolescents de son âge pour l'instant. Le loup-garou jubilait à la pensée d'être le seul adulte à avoir posé ses mains sur lui. Il allait lui montrer quelle différence il y avait entre coucher avec des jeunes excités par leur propre plaisir et un homme adulte expérimenté.

"Je pensais que les loups-garous cicatrisaient, dit Stiles en traçant le contour de l'emblème des Hale près de son cœur.

-C'est le cas, répondit Peter en lui attrapant la main, une fois que la peau est guérie, il faut la brûler pour que l'encre ressorte."

Il s'attendait à une grimace de dégoût ou à ce que l'ambiance soit ruinée mais, comme toujours, le garçon le surprit en ouvrant grand les yeux.

"Tu dois être vraiment fort pour avoir eu le courage de te tatouer autant, alors."

Le cœur de Peter s'emballa à la louange. Il aimait que Stiles le trouve fort et courageux.

Il fondait sur lui pour un nouveau baiser qui le rendait plus rouge qu'il ne l'était déjà. Il migra rapidement vers le bas en traçant un chemin humide avec sa bouche et sa langue. Il glissa d'abord sur la forme de sa mâchoire, puis en dessous jusqu'à la pomme d'Adam saillante qu'il voyait bouger avec la respiration rapide. Stiles gesticulait sous lui et s'accrochait à ses cheveux, le maintenant en place contre lui.

L'homme eut un sourire prédateur. Il ne comptait pas s'éloigner de si tôt.

Il se laissa guider sur le côté de la colonne pâle qui lui était offerte, juste au niveau de la carotide où il pouvait entendre le sang pulser sous la peau. Il se souvenait de la façon dont les marques qu'il y avait apposé quelques mois plus tôt ressortaient. Il avait été divin en se promenant près de la maison familiale avec ces preuves de territoire. Il était juste le sien.

Le garçon gémit bruyamment et se cambra alors qu'il le mordait pour la première fois, obstiné à le marquer de nouveau comme étant sa propriété envers les autres loups-garous. Il avait déjà partagé une nuit avec plusieurs personnes sans que cela ne le dérange mais jamais personne d'autre que lui ne toucherait Stiles sans son autorisation. Il n'était pas un objet mais pour lui, il représentait beaucoup et il devait le garder pour lui seul.

Il aimerait le marquer à vie mais il n'y aurait plus le plaisir de faire des traces fraîches.

Les longs doigts qui étaient dans ses cheveux migraient plus bas dans son dos, griffant parfois lorsqu'il le mordait ou suçait trop fort. Les griffures guérissaient rapidement mais il ressentait la piqûre qui lui brûlait les nerfs.

Lorsqu'il aurait du temps libre, il devrait absolument travailler sur sa capacité de guérison. S'il arrivait au même contrôle que celui de Talia, il pourrait l'empêcher et se retrouver au même niveau que le garçon. Ce serait exaltant.

Soudain, Stiles saisit ses fesses dans une poigne ferme et le plaqua contre lui. Peter ne put s'empêcher de grogner quand leurs érections entrèrent en contact.

"Putain..." Souffla-t-il.

Le garçon répondit par un simple gémissement alors qu'il se cambrait pour accentuer le contact. Ils n'avaient pas le temps pour des préliminaires allongés, aucun des deux n'en aurait la patience. Peter s'éloigna à contre cœur du dernier suçon qu'il avait fait apparaître sur la peau douce et qui y resterait des jours durant.

Il croisa le regard brûlant du jeune homme et sourit.

"Chambre ?" Demanda-t-il simplement.

Stiles hocha vivement la tête et se redressa pour l'embrasser. Il entoura la nuque de ses bras et l'homme en profita pour lui attraper l'arrière des cuisses et le soulever du canapé. Grâce à ses sens aguerris, il réussit à les manœuvrer à travers l'appartement jusqu'à la chambre à coucher sans se cogner dans un meuble ou un mur.

Il le jeta sur le lit sans ménagement et lui défit la ceinture avec une facilité qui étonnait le garçon. Quand l'accessoire fut jeté à travers la pièce, il fit de même avec le pantalon.

Stiles était grand et fin. Ses muscles ondulaient doucement sous la peau à chaque mouvement. Il n'était pas fort comme le loup-garou l'était, il était surtout souple et suffisamment fort pour son métier. Il en avait besoin pour porter les sacs de terreaux et les arbres en pot.

Une fois que tous les vêtements encombrants ont été débarrassés, Peter monta à son tour sur le lit pour planer au dessus du jeune homme. La sensation de la peau contre la peau était exquise. Il lui embrassait la ligne fine entre les muscles qui menait au nombril en soupirant de contentement. Il pouvait déjà sentir la sueur du garçon imprégner ses draps.

"Cette fois, on fait les choses bien..." Murmura-t-il.

Il passa deux doigts de chaque main sous l'élastique du boxer sombre près des hanches et le glissa lentement vers le bas. Enfin, il l'avait nu, devant lui et pour lui seul. Sa rougeur s'étendait des joues jusqu'au torse qui montait et descendait rapidement. Son érection, elle, reposait contre le bas de son ventre et tressautait en même temps que lui. Le loup sentait déjà l'humidité qui suintait sur le bout.

Il décida d'y goûter une prochaine fois au grand damne de Stiles et attrapa plutôt l'avant-bras où le cerf le regardait fièrement. Il aimait ce tatouage et pour le prouver, il traça le contour de petits baisers chastes et bruyants. Non seulement c'était une image permanente qu'il avait laissé sur la peau mais, en plus, il y avait son odeur incrustée maintenant.

Le garçon en profitait pour le toucher en retour. Ses mains étaient si chaudes que Peter sentait encore leur présence après leur passage. Elles finirent par s'attaquer à son boxer et il fut plus qu'heureux de les aider à le tirer vers le bas puis hors du lit. Son érection était aussi dure et rouge que celle du jeune homme. Il inspira profondément et gémit devant leurs odeurs mélangées.

"Laisse moi t'aider," dit Stiles en souriant dangereusement.

Peter n'eut pas le temps de réagir avant qu'il n'attrape son érection et commence à le caresser. L'humidité qui coulait de la fente depuis un moment déjà l'aidait à glisser agréablement sur la peau tendue. Le loup-garou était presque sûr que ses yeux brillaient de bleu dans la pièce uniquement éclairée par la lumière du salon qui passait par la porte.

"Putain !" Il rugit.

Le garçon ricanait alors qu'il accélérait le mouvement de va-et-vient. L'homme allait exploser s'il ne faisait pas quelque chose. En tant que loup-garou, il avait une période réfractaire assez rapide mais il avait besoin d'être enterré le plus profondément possible dans le corps de Stiles.

Il avait l'impression qu'il deviendrait inerte s'il ne le faisait pas bientôt.

En guise de vengeance, il lui mordit le ventre suffisamment fort pour le faire sursauter et haleter. Comparé au cou où il avait été plus doux, il y aurait les traces de dents plutôt douloureuses qui avaient légèrement cassé la peau.

Il profita de sa surprise pour se redresser et se pencher vers la table de chevet. Il sortit du tiroir une bouteille de lubrifiant qu'il jeta sans vergogne sur l'humain ainsi que deux petits paquets d'aluminium.

"Je pensais que les loups-garous ne pouvaient pas tomber malade et que, par conséquent, ne pouvaient pas refiler de microbes ?

-C'est vrai, acquiesça Peter en s'asseyant entre ses jambes, mais je n'ai pas envie de salir les draps. J'ai fait la lessive hier."

Même si son visage restait impassible, son odeur trahissait sa déception. Cela l'amusait. Il était en train d'ouvrir la bouteille de lubrifiant rouge lorsque le garçon ouvrit à nouveau la bouche.

"Alors, pourquoi deux ?"

Peter commençait à regretter de ne pas l'avoir fait taire en lui enfonçant son érection dans la gorge. Eh bien, il n'était pas trop tard mais il se retiendrait quand même.

Il prit l'un des deux préservatifs emballés et le lui tendit.

" Comme je l'ai dit, je ne veux pas ruiner mes draps."

En fait, il adorerait avoir l'odeur combiné de leur sperme sur son lit mais le regard que Stiles lui envoya était inestimable. Il était atrocement outré et insulté. Sa rougeur s'était accentuée en même temps qu'il s'était redressé.

"Calme-toi, lui dit Peter en riant, je plaisantais. Je voulais simplement te taquiner."

Le garçon, qui boudait maintenant, allait répliquer quand il sursauta vivement. Le loup-garou avait profité de son inattention pour enduire ses doigts de lubrifiant et les glisser contre son entrée. Sa respiration s'alourdissait à mesure qu'il faisait des petits cercles sur l'anneau de muscle. Le premier doigt le pénétra facilement, sans aucune douleur.

"C'est ça, chuchota l'homme près de son oreille, détends-toi pour moi."

Et, comme si ses mots étaient magiques, Stiles devenait du mastic dans ses bras. La suite, Peter ne savait pas comment elle s'était déroulée. Il s'était penché pour l'embrasser de nouveau et, quand il avait repris ses esprits, son entrée était détendue, même avec les trois doigts à l'intérieur.

Eh bien, il n'allait pas s'en plaindre.

Il s'écarta juste assez pour attraper la bouteille encore ouverte et l'un des deux petits sachets d'aluminium. Stiles, qui était toujours allongé sur le dos avec les jambes suffisamment écartées pour lui laisser de la place, le regardait fixement. Le loup ne mit pas longtemps à décider qu'il se fichait de l'état de ses draps au final. Il avait besoin de le sentir autour de lui.

Il laissa le préservatif retomber sur le matelas et s'empressa d'attraper le lubrifiant et d'en recouvrir son érection.

Enfin, il concentra son attention sur son amant alors qu'il se positionnait contre son entrée. D'un faible mouvement de tête, il l'incita à pousser alors il le fit très lentement. Il était conscient de sa taille plutôt épaisse et que c'était la première fois que Stiles se retrouvait dans cette position. Il frottait de petits cercles contre ses côtés qui l'aidaient à le détendre et à absorber sa douleur.

Coucher avec un loup-garou avait de sérieux avantages. Ils pouvaient calmer la douleur et, surtout, ressentir avec tous leurs sens développés comment leur partenaire se sentait. Ils pouvaient facilement se vanter d'être très bons au lit.

Quand le jeune homme s'était acclimaté à son intrusion, ils purent enfin bouger et c'était complètement exquis. Peter était tellement perdu dans les sensations qu'il agissait par instinct pur. Son monde ne tournait qu'autour de Stiles qu'il était en train de ravir. Il ne sentait que lui, n'entendait que lui, ne ressentait que son toucher.

Sous lui, le garçon rencontrait ses coups avec aisance et essayait de parler mais tout ce qui sortait étaient des sons profonds et des mots incompréhensibles.

Tout devenait flou et, quand ils vinrent enfin, c'était dans une cacophonie de gémissements et de bruissements de draps qu'ils tordaient dans leurs mains pour s'accrocher sans faire de mal à l'autre. Peter avait l'impression de renaître. Son corps entier était contracté dans le plaisir avant de soudainement se relâcher.

Il se retira lentement de Stiles qui siffla dans le processus, puis se laissa tomber à côté de lui sur le matelas. La brume du sommeil les engloba pendant qu'ils reprenaient leur souffle. Il pouvait sentir que son sperme sortait lentement des fesses du garçon jusque sur la couverture et son loup grogna de contentement.

Il se força à se lever et se rendit dans la salle de bain où il se nettoya et mouilla un gant de toilette. Cela faisait très longtemps qu'il n'avait pas reçu quelqu'un de la sorte chez lui mais il se souvenait parfaitement de la marche à suivre. Habituellement, il trouvait un coin tranquille avec sa conquête d'un soir pour faire leur affaire ou se rendait directement chez elle. Lorsqu'ils avaient terminé, il filait dans la nuit pour rentrer directement chez lui.

Ce soir, il avait un garçon très mignon qui comatait sur ses draps et il n'avait ni la force ni l'envie de le faire bouger. A la place, il revint et le nettoya avec précision. Le sperme séché n'était jamais agréable à supporter sur la peau. Il était peut-être un solitaire désintéressé, cela ne signifiait pas qu'il n'avait aucun sentiment.

Quand il eut terminé, il laissa le tissus humide rejoindre leurs vêtements sur le sol et se glissa sous les couvertures. Stiles le suivit lentement par la suite et gémit en enfouissant son visage dans l'un des oreillers.

"Je suis épuisé, dit-il sans se détourner, je ne m'attendais pas à être aussi mou.

-Il paraît que je suis plutôt doué, c'est vrai," plaisanta le loup-garou.

Le garçon se redressa suffisamment pour hausser un sourcil dans sa direction avant de se laisser tomber à nouveau. Il marmonna un faible "êtres surnaturels sans aucune humilité" qui fit rire Peter.

"Désolé, au fait, pour... Tu sais, ça, dit Stiles en désignant le lit sur lequel ils se reposaient. Quand je suis venu au salon de tatouage, c'était vraiment par curiosité.

-Aucun problème. J'en ai profité aussi, tout va bien. Seulement... Je ne suis pas quelqu'un qui s'attache, tu sais ?"

Peter s'attendait à ce que le garçon soit au moins un peu surpris mais son expression restait compréhensive et endormie. Peut-être que cela le décevait un peu de ne pas le toucher de la sorte.

"Je comprends ! Je ne m'attendais à rien en venant, surtout pas à cette suite d'évènements. C'est juste... Arrivé comme ça, je suppose qu'on en avait tous les deux besoin. Et puis, tu ne ressembles pas à un homme comme ça.

-Un homme comme ça ? Peter haussa à son tour un sourcil.

-À quelqu'un qui s'attache, je veux dire. Tu m'as l'air de t'y connaître en flirt et en coups rapides dans des clubs. Sans compter que tu n'as passé qu'une nuit avec la mère de Malia."

Touché. Il n'était pas surpris qu'il soit si bien au courant. Il savait que Malia passait beaucoup de temps avec lui et ses amis depuis qu'ils l'avaient libérée de sa forme de coyote.

Ne sachant pas quoi répondre, il hocha la tête sans vérifier si l'autre le voyait ou non. Étrangement, il ne se sentait pas aussi à l'aise qu'il l'était depuis la dernière décennie vis-à-vis de sa réputation d'homme libre. Il était incapable de mettre précisément le doigt dessus mais il n'aimait pas être comparé à un coureur de jupons. Tout ce qui l'intéressait, c'était de trouver quelqu'un avec qui satisfaire ses pulsions le temps d'un instant. Il n'avait aucun tableau de chasse sur lequel il comptait le nombre de conquêtes.

Voulait-il assurer Stiles qu'il était capable de se lier avec quelqu'un, même s'il venait de préciser qu'il n'attendait rien ? Non, ce n'était pas possible alors il garda le silence. Lentement, il se laissait somnoler jusqu'à presque s'endormir quand le garçon le réveilla malgré lui.

"J'ai dit que c'était juste pour le plaisir mais... Si jamais tu veux... Recommencer ou, je ne sais pas, essayer quelque chose d'autre, cela ne me dérangerait pas."

Recommencer ? L'homme le désirait vraiment, malgré la peur de s'attacher. N'était-ce pas trop tard de toute façon ? Il pensait à lui depuis un moment et, même sans le voir, il n'avait pas perdu son obsession. Cependant, était-il prêt à risquer de trop s'attacher ? Lui, le grand solitaire de Beacon Hills ? Si Chris avait été dans sa tête à ce moment, là, il serait certains qu'il rirait.

Il hésitait depuis un moment déjà et il espérait que Stiles ne se soit pas déjà endormi quand il finit par acquiescer. Sa vie allait prendre un nouveau tournant et cela l'effrayait. Il ne le dirait jamais à qui que ce soit, surtout pas aux membres de sa meute, mais il se revoyait adolescent, lorsqu'il avait quitté la ville pour en rejoindre une autre à l'autre bout du pays. Il se sentait presque perdu.

* * *

Peter n'était pas du genre à s'étonner de quoi que ce soit. Dans le meilleur des cas, il haussait les sourcils et hochait la tête. Sinon, il se sentait plutôt désintéressé.

Par ailleurs, il avouerait très volontiers que Stiles le surprenait. Il prenait son rôle d'amant parfait à cœur et faisait des miracles. Leur première sortie était dans le cadre d'un dîner avec Talia pour apprendre à le connaître davantage. Ils avaient joué la comédie tout le long et elle n'en avait vu que du feu.

Lorsque le garçon lui parla de l'alliance avec son frère Scott, qui était l'autre alpha de la ville, elle avait été ravie. Comme Peter le lui avait demandé, elle ne lui avait pas proposé de devenir l'un de ses bêtas étant donné qu'il était maintenant avec un membre de sa meute et, surtout, de sa famille mais cela lui brûlait les lèvres. Il était reconnaissant qu'elle se soit maîtrisée jusqu'au bout.

Par la suite, ils avaient été invités à toutes sortes d'événements organisés par les Hale. Ils en avaient refusé quelques-unes, en avaient accepté d'autres. Stiles avait été parfait à chaque fois. Certains critiquaient leur différence d'âge qui n'était un secret pour personne. Le garçon restait à l'aise et préférait d'ailleurs en rire, plaisantant sur la façon dont Peter devenait un petit vieux au fil du temps.

Il avait séduit tout le monde !

Il se souvenait parfaitement de la tête de Derek le premier jour où il était arrivé à un repas de famille accompagné. S'il n'y avait pas autant de tendons et de peau, sa mâchoire se serait échouée sur le sol. Il avait vite attrapé le bras du garçon et l'avait tiré loin des oreilles indiscrètes. Il ne savait pas de quoi ils avaient parlé, aucun des deux n'avait voulu le dire, bien qu'il soupçonnait qu'il lui demandait des explications. Il n'avait aucune idée de sa réponse mais il avait l'air de l'accepter.

Enfin, Talia avait un jour demandé à rencontrer en personne toute la meute dont Stiles faisait partie. Il fallait qu'elle connaisse un peu mieux ses nouveaux alliés, c'était l'une des obligations de son rôle d'alpha. Elle devait penser à la protection de sa meute sous tous les angles.

Sans aucune surprise, tout s'était à nouveau bien déroulé. Les amis de Stiles avaient pratiquement tous le même âge, ce qui avait conquis les jeunes du groupe des Hale. L'avis ne tarda pas à devenir général.

Ainsi, grâce à sa supercherie, Peter avait sauvé sa famille et avait empêché sa sœur de tomber dans le vice des mariages arrangés. Cela lui avait valu de perdre son rôle d'isolé. Maintenant, tout le monde lui parlait normalement, comme s'il n'avait jamais été le mouton noir. Ils ne l'excluaient plus des décisions importes ; au contraire, ils l'écoutaient souvent avec attention.

Il s'en voulait parfois de les tromper de la sorte, bien que c'était pour le mieux. Si personne ne remarquait quoi que ce soit, il n'y avait aucune raison pour que les choses changent. En somme, tout était devenu presque parfait.

La seule ombre au tableau planait au-dessus de lui-même. Malgré ses réserves, il s'était attaché à Stiles. Ils avaient été complices durant les réunions de famille, ils avaient partagé un lit de nombreuses fois maintenant. Les matinées après les nuits torrides étaient toujours comiques puisque le garçon était jovial et toujours amusé de tout.

Au début, il ne pouvait plus toucher personne parce qu'il pensait trop à lui. Maintenant, ses sentiments s'étaient développés et il ne pouvait rien faire sans l'impliquer. Était-ce de l'amour ? Il n'en avait aucune idée, il n'avait aucune expérience concrète dans cette filière mais il était sûr d'une chose : il ne voulait pas que cela s'arrête.

Dès le départ, les deux étaient conscients que leur petit manège n'allait pas durer éternellement. Ils avaient été clairs : tout était faux. Seulement, Peter n'avait jamais approché quelqu'un d'autre que Stiles, il était complètement satisfait. Même Christopher était surpris face à ses refus répétés lorsqu'il lui demandait de l'accompagner dans différents clubs.

Il acceptait au début, au moins pour l'accompagner mais cela ne lui plaisait plus. Alors, au lieu de passer ses soirées assis au bar à attendre que son ami s'amuse, il restait chez lui pour travailler sur des croquis ou pour passer du temps avec son faux compagnon.

Il se sentait perdu. Bien qu'il lui soit resté fidèle, le garçon s'était peut-être amusé ailleurs pour profiter de sa jeunesse et de sa liberté. Il comptait enquêter avant d'essayer quoi que ce soit. Il avait certes l'habitude de vivre avec des loups-garous, il ne pouvait pas contrôler les battements de son cœur tout le temps. C'était mesquin mais c'était sa seule arme alors il allait s'en servir comme un professionnel.

Alors que le printemps était déjà bien avancé, Peter s'émerveillait de l'aspect des bois. Les animaux qui sortaient de l'hibernation reprenaient place dans la nature comme s'ils ne l'avaient jamais quitté durant des mois. La végétation, elle, se déployait sous les rayons de soleil avec des couleurs plus vives que jamais.

Et l'odeur ! Tout était pur, il n'y avait aucune pollution ni autre puanteur causée par l'Homme. Des jours comme celui-ci, il regrettait presque d'avoir quitté la maison familiale.

Il enfila son casque et enfourcha sa toute nouvelle moto. Talia les avait tous réunis très tôt ce matin sans raison particulière. Ainsi, il lui restait plusieurs heures de libres avant de devoir aller travailler et il comptait les passer dans son restaurant préféré pour prendre un petit-déjeuner digne de ce nom.

Il fit vrombir le moteur bruyamment pour déranger ceux qui étaient restés à l'intérieur et fila droit sur le chemin qui traversait les bois pour rejoindre la ville. Il arrivait près de la route lorsqu'il remarqua un joggeur prendre la même direction que lui. Il le reconnut immédiatement. Il accéléra un coup et s'arrêta net en lui coupant la route. Stiles cria et sauta en arrière comme s'il avait été électrocuté.

Lui faire peur était devenu le passe temps favori de Peter. C'était beaucoup trop simple et très amusant.

"Besoin de faire de l'exercice ? Je pensais pourtant qu'on avait pris un bon rythme tous les deux, dit-il pour le taquiner. Tu sais, presque tous les soirs. J'étais d'ailleurs surpris de ton endurance mais je comprends tout maintenant."

Le garçon avait la peau rouge et transpirait abondamment. Si le loup s'était concentré, il aurait pu le suivre à l'odeur il y a bien longtemps. Quand l'autre ne répondit pas, il devint inquiet.

"Sérieusement, pourquoi cours-tu seul ? Avec tous les êtres surnaturels que tu as déjà croisé, tu devrais prendre des précautions.

-Je ne cherche pas les ennuis, répondit le jeune homme lorsqu'il eut enfin repris sa respiration, j'aime courir pour me défouler un peu. Tu sais que je suis hyper-actif et concevoir des bouquets n'est pas franchement adapté.

-Cela ne me dit pas pourquoi tu es seul. Tu pourrais me demander de t'accompagner, tu sais. Je te dois bien ça.

-Peter, Stiles soupira, je t'assure que je n'ai besoin d'aucun remboursement. Coucher avec toi est déjà un rêve... Bref, j'aime courir seul parce que, pour une fois, il n'y a aucun loup-garou avec des supers compétences. Ce n'est pas amusant de faire du sport avec quelqu'un qui ne se fatigue pas en même temps que moi."

Il fallait se douter que le garçon se sentirait à part à un moment donné. Tous ses amis étaient dotés d'une force extraordinaire tandis que lui gardait le rôle d'humain. Rien de plus, rien de moins que ce qu'il était déjà avant. Tout son quotidien avait été chamboulé et il ne pouvait pas le suivre parce qu'il était le seul à être resté le même.

Pour autant, il restait quelqu'un d'incroyable et n'hésitait pas à aider les autres. Leur arrangement en était la preuve. Avec un soupir, Peter retira son casque et le lui tendit.

"Monte, dit-il, je te paie le petit-déjeuner."

Le garçon resta immobile sur le côté, les yeux rivés sur le casque tendu.

"Tu sais, tu n'as besoin de convaincre personne, il n'y a que nous ici."

L'homme ne répondit pas, ne bougea pas non plus. Il avait pris sa décision et le traînerait de force s'il le fallait. Il le regarda hésiter plus longtemps en se dandinant sur lui-même.

"Je suis trempé de sueur, insista Stiles, le vais le salir et ce ne sera pas agréable.

-Moi aussi je transpire dedans, tu sais," Peter haussa les épaules.

Le regard dégoûté qu'il reçut le fit rire malgré lui. C'était un son tellement spontané et sincère qu'il toucha le jeune homme qui perdit vite son sérieux pour rire avec lui. Quand ils se calmèrent enfin, Stiles prit le casque et l'enfila avant de grimper derrière lui et de se coller contre son dos. Il se tenait à l'aide de ses bras qu'il avait enroulés autour de la taille ferme.

"Je ne peux rien te refuser, surtout si c'est toi qui invite," dit-il effrontément alors qu'ils prenaient la route du centre-ville.

Peter tombait peut-être amoureux de lui mais pour l'instant, il avait grand besoin d'une douche. Il n'y avait aucune chance pour qu'il l'emmène manger en puant la sueur. Il profita de son étreinte pendant la durée du trajet puis des odeurs constantes de Stiles dans son appartement pendant qu'il se douchait.

Les drogues sans aconit n'avaient aucun effet sur les loups-garous mais l'homme se sentait beaucoup trop dépendant du petit humain. Cela pouvait être apaisant mais, en vérité, il était plutôt effrayé.

* * *

Si Deucalion ne cessait de le regarder comme s'il était un idiot fini bientôt, Peter lui arracherait les yeux. Sa demande était pourtant simple, plutôt banale même pour des tatoueurs comme eux. Avec tous ceux qu'il avait déjà sur lui, un tatouage de plus ne devrait pas engendrer une telle réaction.

Agacé, il fit demi-tour jusque dans la réserve en lui disant de laisser tomber. Techniquement, il pouvait se tatouer lui-même. Avec le pochoir, il n'aurait qu'à repasser sur les lignes déjà tracées et à remplir le vide de lui-même. Seulement, c'était plus simple de demander à quelqu'un de confiance.

Surtout lorsque cette personne vous a presque entièrement brûlé pour que l'encre ressorte sur la peau sans poser une seule question et qu'aujourd'hui, alors qu'il ne voulait rien dire, il n'accepterait pas aussi facilement.

Si son patron et ami de longue date ne réagissait pas maintenant, il irait voir ailleurs.

Comme s'il lisait dans son esprit, le vieux loup soupira derrière lui et le suivit jusque dans la pièce arrière.

"Je n'ai rien contre le tatouage, dit-il en s'appuyant sur le contour de porte avec l'épaule, mais tu es bien placé pour savoir qu'il faut en faire un que l'on ne regrettera jamais.

-Je t'en prie, Peter souffla, j'en ai des dizaines qui n'ont aucune signification particulière et tu n'as jamais rechigné.

-Celui-ci est en rapport avec l'étudiant, non ?"

Effectivement, Stiles était en partie la raison de son choix. S'il ne l'avait pas rencontré, l'idée ne lui serait jamais venue. Il avait cogité durant plusieurs semaines avant de prendre la décision de se faire tatouer quelque chose de symbolique à son tour.

Le dessin qu'il avait réalisé était plutôt simple. Il avait repris l'histoire du garçon vis-à-vis des cerfs. Après avoir passé beaucoup de temps avec lui, il s'était ouvert un peu plus au monde et n'était plus aussi aigri qu'avant. Il ne dirait pas qu'il était un homme nouveau parce que ce serait mentir mais il avait bel et bien évolué.

Son lui d'avant ne lui plaisait plus. Il voulait devenir sage à son tour, il voulait se racheter pour toutes les méchancetés qu'il avait pu commettre dans sa vie.

Le regard qu'il portait sur sa famille n'était plus le même non plus. Il avait été le paria de la meute pendant de longues années en nourrissant ainsi des sentiments négatifs contre tous ceux qui partageaient son sang. Avec Stiles, il avait appris à les écouter et à converser avec eux. Grâce à lui, sa famille le comprenait enfin et il pouvait à son tour les comprendre.

Même si les rancunes persistaient, elles avaient été presque effacées, comme un mouvement de revers de la main contre une vitre trempée. Elles étaient bien là mais suffisamment floues pour ne pas à avoir à s'en préoccuper.

Cependant, Deucalion n'avait pas complètement raison. Les bois de cerf qu'il voulait graver sur sa peau étaient un choix personnel. Comme le garçon le lui avait expliqué, les cerfs se servaient d'eux pour se défendre uniquement, mis à part pour séduire les femelles. Plus tard, ils les perdraient de façon naturelle et redeviendraient sans défense.

Peter se sentait comme ces bois. D'abord utile, voire indispensable lorsque sa meute devait se battre contre un quelconque ennemi, puis perdu et oublié lorsque tout allait bien.

Les animaux qui représentaient le mieux Stiles étaient le renard et le cerf. Pour Peter, c'était le loup et les bois de ce cerf. Il était les défenses du garçon et souhaitait le rester aussi longtemps que possible. Il ne pensait pas que cela arriverait un jour mais il avait réussi à lui plaire, ce qui était, en soit, un exploit puisqu'il ne supportait plus grand monde ces dernières années.

"Disons que je me suis senti inspiré," répondit-il simplement.

Il appréciait son vieil ami mais pas autant que Chris qui, même lui, ne connaissait pas tous les détails de sa vie personnelle en ce moment. La dernière chose qu'il lui avait raconté était l'aide que Stiles lui apportait pour lui éviter le mariage. Il avait tellement ri que des clients étaient sortis du bar en le regardant d'un drôle d'œil.

Ensuite, à part pour lui rappeler les problèmes que cela lui causerait si Talia avait vent de la supercherie, il n'avait pas vraiment eu de temps à lui accorder. Il ne lui en voulait pas, il avait déjà des soucis familiaux à gérer, il n'allait pas lui rajouter les siens sur le dos.

Le démon-loup soupira lourdement mais Peter savait qu'il avait finalement gagné. Résigné, le patron lui demanda d'aller s'installer pendant qu'il préparait le matériel adéquat. L'un des avantages à travailler ici était qu'ils pouvaient se rendre service même après l'heure de fermeture. De plus, la nuit était la meilleure plage horaire pour lui. Il aimait ressortir dans l'air frais du petit matin en se sentant physiquement changé.

Il s'assit donc comme demandé dans le fauteuil après avoir retiré sa chemise. Lorsque son ami revint, il le regarda et haussa un sourcil mais ne fit aucun commentaire. Peter avait décidé de se faire tatouer de chaque côté du pubis, sur le fameux V de muscles qui ressortait.

C'était l'un des rares endroits libre et visible qu'il lui restait et la symétrie lui plaisait bien. Avec la place qu'il y avait, le dessin pouvait être grand et donc visible. Il n'admettrait jamais à haute voix que l'image finale donnerait l'impression que son pénis avait des cornes.

Le temps qui passait était douloureux mais largement supportable, surtout pour un loup-garou comme lui. Avec son talent et son expérience, Deucalion était très rapide et précis. En trois heures à peine, il avait terminé son travail. Peter ressentait les picotements désagréables de la peau qui guérissait après avoir été poignardée par une aiguille un nombre incalculable de fois.

La prochaine étape était, certes, la plus douloureuse et la plus barbare du processus mais son efficacité n'était plus à prouver. Après un cri inhumain qu'il ne pouvait retenir, tout était enfin terminé. Il haletait et sa peau brûlait toujours, elle le ferait jusque plus tard dans la journée à suivre, mais son calvaire avait pris fin.

Il se leva pour se regarder dans le miroir près de la porte. Son nouveau tatouage lui plaisait grandement. Non, il ne le regretterait pas. Juste au dessus de ce qui représentait son nouvel animal totem se tenait un loup élégamment tracé qui semblait le transpercer de son regard bleu. Inutile de préciser qu'il était son animal fétiche.

Néanmoins, c'était la première fois qu'il avait un élément qui provenait d'un autre animal que le loup. C'était rafraîchissant, comme une nouvelle renaissance qu'il devait à Stiles pour lui avoir fait ouvrir les yeux ces derniers mois.

Grâce à sa capacité de guérison, il n'avait aucunement besoin de crème ni de cellophane pour le protéger et encourager la cicatrisation. Il s'empressa donc de se rhabiller et de jeter l'argent qu'il devait à son patron sur le comptoir avant de le saluer et de filer dans la rue sans se retourner.

Il avait l'intention d'aller voir Stiles et de lui parler. Pour que sa renaissance soit complète, il devait lui avouer ce qu'il avait sur le cœur. Il avait longuement hésité par peur du rejet mais, sans cette confession, il ne pourrait jamais avancer.

S'il ne partageait pas ses sentiments, il le laisserait vivre sa vie de jeune adulte sans le fardeau de leur faux couple. Il se rendrait à Talia en lui disant qu'ils n'étaient plus ensemble et elle fera ce que bon lui semble de lui. De l'autre côté, le garçon pourrait s'amuser avec d'autres personnes et peut-être même trouver l'amour, même si ce n'était que passager.

Cela le tuerait de colère mais il le supporterait, juste pour lui et son bonheur. Il le méritait, pour une fois il devait passer en priorité et ne pas se plier aux exigences des autres. Il espérait au moins que durant ces derniers mois passés ensembles, il lui avait appris à devenir un peu égoïste.

Quand il arriva sous la fenêtre de sa chambre, son cœur battait la chamade comme cela ne lui était pas arrivé depuis longtemps. Il pouvait entendre Stiles se déplacer dans sa chambre sur la pointe des pieds pour ne déranger personne. Il inspira profondément une dernière fois et s'attela à escalader les murets qui le conduisaient jusqu'à la fenêtre.

Ce n'était pas la première fois qu'il utilisait ce moyen d'entrer pour le voir. Comme le jeune homme le lui avait si bien expliqué, il pouvait téléphoner au lieu de s'introduire de la sorte chez lui mais Peter n'était pas à l'aise. S'il devait parler à quelqu'un qui lui tenait à cœur, il devait le faire en face. S'il oubliait de le prévenir de son arrivée, eh bien, ce n'était qu'un détail.

Une fois devant la vitre, il n'eut pas besoin de toquer. Stiles avait la fâcheuse habitude de laisser sa fenêtre légèrement ouverte, suffisamment pour passer ses doigts sous le bois et la lever.

Si le garçon avait remarqué sa présence, il ne fit rien pour le reconnaître. Il gardait le nez plongé dans un manuel et faisait les cents pas dans sa chambre. En tant qu'hyperactif, il lui était impossible de réviser en restant sagement assis. Ses années de lycée avaient été frustrantes dans la mesure où il n'avait pas le droit de bouger. Il s'était pris de nombreuses heures de colle à force de gesticuler sur son siège. Heureusement, certains professeurs étaient plus intéressants à écouter donc ils captaient plus facilement son attention. D'autres le laissaient s'agiter à condition qu'il ne gêne personne.

Du point de vue de Peter, avoir quelqu'un d'aussi énergique dans sa vie était vivifiant.

Le loup-garou s'assit au pied du lit pour attendre sagement qu'il termine. S'il le dérangeait, il risquait de ruiner toute sa concentration et les efforts fournis jusque là n'auront servi à rien. Il le regarda tourner encore quelques fois avant qu'il ne lâche le manuel sur son bureau d'étudiant et vienne se laisser tomber sur le lit à côté de lui.

"Je suis heureux de ne pas aller à l'université, dit-il de façon féroce, je ne pense pas que j'aurais supporté de devoir réviser après le trajet. J'en ai marre, déjà."

Peter se contenta de rire. Avec les examens qui approchaient, un rien rendait le garçon tendu. Il s'efforçait à le détendre depuis plusieurs jours et son aide portait ses fruits dans la journée. Seulement, le soir, la fatigue retombait et l'angoisse avec.

D'un geste tendre, le loup-garou lui retira son haut et le repoussa sur le lit pour qu'il s'allonge sur le ventre. Il retira rapidement ses chaussures vernies et grimpa à califourchon sur ses hanches pour lui masser les épaules. C'était leur petit rituel depuis quelques temps et Stiles en profitait à chaque seconde.

Il soupirait sous les doigts experts et puissants du métamorphe, devenant de la gelée. La quiétude les engloba avec la chaleur qui régnait déjà sur la Californie alors que l'été approchait doucement. Il était prêt à s'endormir, le corps complètement détendu, quand Peter prit la parole en chuchotant presque comme s'il avait peur de ruiner l'instant présent.

"Tu penses que les gens peuvent changer ?"

Sa voix était plus fragile que ce à quoi il s'attendait mais il ne pouvait plus le reprendre. Il garda les yeux rivé sur le dos pâle devant lui tandis que le garçon se redressait sur ses coudes sans empêcher le mouvement de ses mains.

"Bien sûr ! A chaque fois que l'on apprend quelque chose, on change même si on ne le voit pas tout de suite. Je ne pense pas que quelqu'un puisse rester tel qu'il est toute sa vie. Ne t'inquiète pas, dit-il en le regardant par-dessus son épaule avec un doux sourire, tu es devenu quelqu'un de bien.

-Oh, je ne parlais pas vraiment de moi..."

Même sans l'ouïe affûtée d'un loup-garou, il savait que Stiles entendait le mensonge flagrant.

"C'est vraiment cool, insista le jeune homme, tu as l'air plus épanoui, plus heureux même si je peux me permettre. J'ai l'impression que plus le temps passe, plus tu te détends facilement. Tu souris plus que lors de nos premières sorties, le taquina-t-il. Derek te trouve plus présent mentalement aussi, il m'a confié qu'il retrouvait enfin l'oncle qu'il admirait quand il était enfant."

Une boule de chaleur gonflait dans les entrailles de Peter à ces mots. Le jeune brun sauvage avait toujours était l'enfant qu'il préférait dans cette grande famille. L'éloignement qu'il avait causé en s'en prenant à Talia n'avait fait que le blesser davantage. Il serait heureux de retrouver au moins une partie de la complicité qu'il avait avec lui.

Il n'était pas dupe, il savait que leur lien était rompu et qu'il ne redeviendrait jamais comme avant. C'était de sa faute. Il se sentait tellement idiot, il s'en voulait énormément. Derek avait souffert parce qu'il ne pouvait pas se contrôler. Et il osait s'appeler un loup-garou de naissance qui aspirait à devenir alpha... Il était juste pitoyable.

Ses mains avaient cessé de bouger sans qu'il ne s'en rende compte. Cela avait alerté Stiles qui s'était complètement redressé pour s'asseoir face à lui. Il enroula ses longs doigts fins avec les siens en guise de soutien. Il avait remarqué que quelque chose l'attristait soudainement.

"Peter, dit-il doucement comme s'il ne voulait pas l'effrayer, tout va bien. Les gens t'aiment, ta famille t'aime. C'est le plus important, non ?"

L'homme ne répondit pas donc il continua.

"Vous avez passé la majorité de votre vie à vivre entourés de malentendus. Ils ont enfin ouverts les yeux et ils t'apprécient. Je ne dis pas qu'ils te sauteront au cou tout de suite mais avec de la persévérance, vous deviendrez soudés, comme une vraie famille. Il soupira. Je suis désolé que tu aies dû vivre en tant que paria. Je ne sais pas ce que cela fait parce que je ne l'ai jamais vécu donc je ne peux pas me mettre à ta place. Mais il est évident que tu as souffert sans répit. Pourquoi ne pas se poser pour une fois et profiter de l'attention des autres ? Laisse le courant t'emporter et vois où ça te mène. Ça ne coûte rien."

Les yeux de Peter brillaient à cause de tous les sentiments qui le traversaient. Amour, excitation, adoration, espoir. Stiles était un animal social, il savait toujours quoi dire quand il le fallait. Ses mots lui réchauffaient le cœur qui n'était comparable qu'à un bloc de glace jusqu'ici. Il avait su lui redonner goût au partage.

Assis devant lui, la moitié du visage éclairé par la lampe de bureau, les yeux brillants comme du miel, il ressemblait à l'ange qui lui ouvrait enfin le chemin de la rédemption.

Il céda et se pencha en avant pour l'embrasser. Le garçon ne recula pas, au contraire il s'accrocha à une épaule et à sa nuque solide pour le rapprocher. Tout était irréaliste, le loup priait pour que cela ne soit pas juste un mirage. Sa vie ressemblait à un rêve depuis plusieurs mois, il n'osait espérer que tout reste comme tel pour toujours.

"Rassuré ? Demanda Stiles quand ils se séparèrent.

-Beaucoup."

Parce que, oui, sa vie prenait un nouveau tournant mais avec lui à ses côtés, tout irait bien. Il ferait des efforts pour améliorer sa relation avec sa famille mais d'abord, c'était celle qu'il entretenait avec lui qu'il devait éclaircir. Il aura tout le temps de rattraper Talia demain.

"Qu'est-ce qui t'a amené ici, alors ? Questionna le garçon quand il s'est calmé.

-Toi, répondit-il simplement. Je ne veux plus te lâcher, jamais. Tu es mon porte bonheur, mon ange gardien, ma moitié, peu importe. J'ai seulement besoin que tu restes près de moi le plus longtemps possible."

Il aurait pu faire une meilleure déclaration, plus claire aussi, mais il avait écouté son cœur. Stiles, perspicace comme il l'était, le comprit immédiatement. Ses yeux s'agrandirent de surprise alors qu'il s'éloignait pour mieux l'observer.

"Tu veux dire, comme un vrai compagnon ?

-Absolument. Il s'approcha. Tu es rentré dans ma vie et tu t'y es imposé sans que je ne m'en rende compte. Maintenant, je suis fou de toi et même si je ne suis pas un grand romantique, même si je suis le plus grand des débutants au niveau sentimental, j'aimerais me pousser au maximum et faire des efforts juste pour te garder près de moi. Le mieux serait dans mon lit mais on pourra en reparler plus tard."

Le jeune homme restait bouche-bée devant lui. Jamais au grand jamais il n'aurait pensé que Peter lui ferait une telle déclaration. La réponse était plus qu'évidente à ses yeux.

"Bien sûr que je vais rester, espèce de loup insensible."

Peter expira tout l'air qu'il avait gardé dans ses poumons sans qu'il ne s'en rendre compte. Malgré leur proximité, la peur qu'il refuse et s'éloigne davantage de lui ne l'avait pas quitté. Peut-être qu'elle ne le ferait jamais, qu'il aurait toujours cette appréhension de le voir partir avec quelqu'un de son âge un jour.

Leur prochain baiser était doux, aimant. Les caresses étaient aussi légères que la touche d'une plume et les frissons éclataient à la surface de leur peau. Pour la première fois depuis longtemps, le loup-garou se sentait aimé, désiré pour autre chose que son corps ou son argent.

"Je veux être comme toi..." Souffla-t-il contre ses lèvres.

Il s'écarta juste assez pour retirer son T-shirt et lui montrer le nouveau dessin qui ornait son corps. C'était au tour des yeux de Stiles de briller. Il traça le contour de l'un des bois d'un doigt tremblant. Il le touchait à peine, comme s'il avait peur de l'effacer. A son tour, l'homme leva la main vers son avant bras pour caresser la tête de cerf.

"Nous sommes pareil," affirma le jeune humain avant de capturer ses lèvres avec les siennes.

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