Ton Nom
-Bonsoir, Véga.
Tu ne sembla même pas surprise que je t'appelle par ton prénom le soir même. Ton sourire se contenta de s'élargir, et ce fut la plus belle des récompenses. Tes yeux m'invitaient à parler, ta bouche m'invitait à t'embrasser. Ce soir là, j'eu l'impression de te voir pour la première fois, comme si tu avais été partiellement cachée auparavant, comme si découvrir ton prénom t'avais mise à nue devant moi et que je prenais seulement conscience de tes formes parfaites. Le ciel était beau, ce soir là aussi. Mais ton sourire l'était encore plus, tout comme ce prénom qui t'allait si bien. Belle comme l'étoile la plus brillante du ciel nocturne. Tu étais discrète, comme cette étoile que je n'avais jamais remarquée auparavant. Et, tout comme elle, je ne pouvais plus détacher mes yeux de toi à l'instant où ils t'avaient rencontrés.
Et ni la lune blafarde cachant les étoiles, ni le soleil assassin, qui tuait les moments que nous passions ensemble, ne pouvaient détacher mes yeux de cette étoile. De ton visage. Véga.
-Tu as fait quelques recherches, à ce que je vois. Dis tu de ta voix chaude et envoutante.
Tes courtes mèches cendrées s'agitaient dans l'air du soir, et tu grelottais légèrement. Pourtant, ce soir là, tu n'étais pas là uniquement pour le ciel. Tu étais aussi là pour moi. J'avais trouvé la clef ouvrant les portes de ton intimité. Moi, folle d'amour que j'étais, je t'avais accordée ma confiance au premier regard. Ta simple vue était une invitation à la découverte d'un monde inconnu à mes yeux. Mais toi, tu étais plus méfiante. Tu avais appris à ne plus faire trop vite confiance. Tu avais retenu ta curiosité et attendu que je me montre digne de cette précieuse confiance que tu n'offrais qu'à si peu de personnes.
Je venais d'appeler ton nom, et ce mot de passe m'ouvrit la caverne d'Ali Baba, emplie du trésor de ta personnalité et de tes secrets.
Il y avait déjà longtemps que tu avais bouleversé ma vie. Mais je compris que ce ne fut que ce soir là que j'entrais dans la tienne.
-Comment t'appelle tu? Me demandas-tu.
Indécise, je voulus être mystérieuse tout comme toi. J'étais joueuse, dans ma jeunesse, je savais faire douter les plus solides gaillards et ébranler leurs convictions, afin de ne jamais paraître trop accessible. Mais face à toi, je perdais toute ma verve, toutes mes remarques cinglantes et mes sous entendus sexuels. J'étais comme à nu face à toi, incapable de réfléchir ou de te cacher quoi que ce soit. Ma réponse fut donc honnête.
-Eva... je... je m'appelle Eva.
-Eva... murmuras-tu avec un sourire, comme appréciant la sonorité de mon prénom.
Tu tourna ton visage vers moi, assise à tes côtés, et me souris. Tu avais délaissé ton précieux ciel pour moi, et je fus submergée par le poids de cette responsabilité. J'avais peur de te décevoir, de n'être qu'un pâle amuse gueule en comparaison des immensités étoilées.
-C'est un beau nom... dis tu. Il m'évoque... le rêve, le songe. Quelque chose d'éthéré, et de magnifique.
Je sentis le rouge me monter aux joues. Tu avais le don de me faire perdre mes moyens, et pourtant tu avais toujours cet air détaché et songeur, comme si tu n'étais pas vraiment là. Je repensais à mon propre visage, si souvent marqué par mes sourires francs ou narquois, si différent du tien.
-Regarde moi, Eva. Que j'imprime ton visage dans mon esprit.
Ta main attrapa doucement mon menton pour me faire relever la tête, et tu planta tes yeux dans les miens. Longuement. Comme appréciant chaque infime partie de mon visage rougissant. Ce premier contact m'électrisa intégralement. J'avais chaud, du mal à respirer, je me sentais trembler et je n'osais plus bouger. Un feu brûlant s'alluma dans ma poitrine, et mon excitation grandit soudainement, me causant quelques désagrément qui me firent sentir honteuse et perverse.
-Je... commençais-je à dire, mais mes mots se perdirent dans ma gorge.
-Excuse moi, je te gêne sans doute. Me dis tu en détachant ta main à mon grand regret. Mais j'ai une très mauvaise mémoire des visages, en général. Pourtant, je n'ai pas de mal à retenir le tien.
Tu ferma les yeux, et pris une inspiration.
-Tu as des cheveux bouclés entre le chatain et le brun, descendant jusqu'à tes épaules. Tu as de petits yeux marrons et rieurs, un nez fin, une bouche toujours souriante et de hautes pommettes. Tu es très mignonne, et a un petit air de... mmm je dirais de souris? Je ne sais pas si c'est très correct de dire cela... quelle maladroite!
Ton rire brisa mon moment de choc, provoqué par la description que tu venais de faire de mon physique. Tu l'ignorais, mais cette description me redonna une confiance aveugle en moi, cette confiance qui s'était érodée au fil des doutes et du temps. Je buvais tes paroles comme le croyant boit celles du prophète.
-Ce... ce n'est pas grave! Dis-je timidement en détournant les yeux.
Ce n'était pas bon. Je n'arrivais vraiment pas à m'ouvrir à toi, alors que tu tentais de le faire! Et moi qui avait tant désiré te parler à coeur ouvert! Je maudis ma soudaine poussée de timidité. Je n'en avais plus ressentie de telle depuis le collège, et j'avais cru en être enfin débarrassée, et la voilà qui revenait à la charge au moment le plus crucial, balayant mes certitudes comme un torrent déchainé.
-Que fais tu dans la vie, chère Eva?
-Je... suis journaliste. J'écris des articles dans le Quotidien.
-Oh, journaliste? Tu me semble pourtant bien timide. Je ne lis que peu la presse, et surtout la presse écrite. Ce qu'on y trouve me déprime bien trop...
-Notre rédactrice nous dit que le malheur des uns fait le bonheur des autres, et que cela fait vendre.
-Si c'est une question d'argent, où est partie la passion?
-Loin... très loin...
Tu soupiras profondément, et ancra une nouvelle fois ton regard dans le mien.
-Je l'achèterais, à partir de maintenant. J'espère y trouver tes articles! Ce sont les seuls qui m'intéressent de toute façon.
Je rougis soudainement, et cela te fis éclater d'une rire jovial. J'ignorais que tu pouvais perdre cette expression distante et ce sourire si léger pour montrer une telle explosion de joie. J'en fus subjuguée. Chaque part de toi me semblait plus belle que la précédente, et je me demandait où cela s'arrêterait il.
Au moment de se séparer, je parvins à prendre moi même la parole pour prononcer les mots qui me brûlaient les lèvres.
-Je suis heureuse d'avoir faite ta rencontre, Véga.
Tu me souris, légèrement mélancolique, avant de me répondre ces mots qui transportèrent vers d'autres cieux:
-Pas autant que moi, Eva. Pas autant que moi.
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