Last man standing
J'ai pas aimé le chapitre 139 alors voilà. Sans surprise, spoilers jusqu'au chapitre 138 et par déduction vous aurez des spoilers chapitres 139 vu que vous saurez que ce que j'ai écrit n'est pas arrivé.
J'aurais environ 1000 choses à changer dans ce manga, de façon générale j'aime pas la direction prise après la bataille de Shiganshina (qui correspond à la mort d'Erwin, coïncidence ? Je ne pense pas). Mais bon, j'allais pas tout réécrire non plus, alors j'ai tout gardé jusqu'au 138. Je me concentre juste sur le chapitre 139 pour écrire ce que je m'étais imaginé de mon côté ce dernier mois, même si je me doutais que ça n'arriverait pas.
Oh et tout le truc du « Eren avait tout prévu, tout calculé », je considère que ça n'existe pas dans cette fic. C'est vraiment LE truc qui m'a le plus énervé, même si on le sentait venir à 10 km.
Cette fanfic est un diptyque avec un chapitre sur Armin et un chapitre sur Levi. La Terre et le Paradis. Je pense qu'avec ça, vous savez de quoi il en retourne.
Je ne sais pas vous, mais j'aimais beaucoup la théorie du « last man standing » où Armin était donc le dernier homme debout. D'où le titre, d'où cette première partie.
Sur ce, bonne lecture ! Enfin, si on peut dire ça...
***
Lorsqu'il voit Levi et Mikasa sauter de Falco et utiliser leur équipement pour s'accrocher à la tête du titan d'Eren, Armin sait que la fin est proche. C'est leur dernière chance. Le dernier assaut. L'ultime espoir.
Il n'a pas besoin de tourner la tête pour savoir que derrière lui, ses frères d'armes se font réduire en charpie par les titans dont ses amis font partie. Pendant une seconde, il espère que, peut-être, Jean puisse mordre la nuque de Reiner, Pieck ou même Annie. Devenir lui-même un titan primordial. Survivre. Mais il se doute que s'ils réussissent, alors il n'y aura plus de titans.
Sous sa forme de titan, Armin n'a pas d'oreilles, pourtant il entend distinctement les cris, les pleurs et les hurlements. Le monde entier qui agonise dans un cri déchirant. Un monde qui pourrait être réduit en poussière d'une minute à l'autre, s'ils échouent.
Ils n'ont plus le choix. Il n'a plus le choix. Alors, même s'il n'a jamais été doué pour le combat au corps à corps, il fait son possible pour retenir Eren. Il doit à tout prix l'empêcher d'atteindre cet énorme parasite. Même si cela doit signer sa propre fin. Parce que l'humanité mérite qu'on se batte pour elle. Et que l'anéantir n'a jamais été la solution.
Armin ne comprend pas Eren. Peut-être qu'il ne le comprendra jamais. Et au fond, ça n'a sans doute pas d'importance. Tout ce dont il est sûr, c'est qu'il fait ce qu'il pense être juste. Donner son cœur pour l'humanité. C'est le destin du Bataillon d'Exploration et aucun d'eux n'envisage d'en réchapper. Pas même Reiner et Annie.
C'est Levi qui crée une brèche dans la bouche du titan d'Eren. Juste avant qu'Eren ne parvienne à libérer son bras pour les balayer comme on chasserait des moucherons. Mikasa parvient à s'engouffrer dans la brèche à temps. Le capitaine, par contre, prend le coup de plein fouet. Et il tombe. Il tombe si vite vers le sol. Armin voudrait tendre la main pour le rattraper, l'empêcher de s'écraser. Mais à la place, il attrape le poignet du bras d'Eren. Parce que c'est ce qu'il doit faire. Ce qu'on attend de lui. Et le corps du capitaine disparait dans un nuage de poussière.
Ne pas flancher. Pas maintenant. Sinon tout aura été vain. Sous sa forme de titan oiseau, Falco a crevé les yeux d'Eren avec ses serres. Ils y sont presque. Dépêche-toi Mikasa.
Les secondes s'étirent à l'infini. Tout son corps n'est plus que douleur et souffrance. Combien de temps encore ? Combien de temps à tenir ? Il voudrait que tout soit terminé. En bien ou en mal, peu importe. Il souhaite seulement que ça s'arrête. Ça suffit.
Lorsque Mikasa tranche enfin la tête d'Eren, Armin le sait immédiatement. Il le sent dans sa chair alors que son corps de titan commence déjà à s'évaporer. Il s'en extirpe par réflexe alors qu'autour de lui, les titans tombent les uns après les autres. À commencer par Eren.
Et la chute est haute. Mais pas aussi haute que celle de Falco, qui s'écrase comme un avion dont le moteur aurait explosé en plein vol. Armin parvient à atteindre le sol sans encombre en manœuvrant sur les restes de son titan. Lorsqu'il met pied à terre, la carcasse s'est déjà désagrégée.
Et autour de lui, le monde n'est plus qu'un nuage de poussière et de fumée. Le silence est assourdissant. En quelques secondes, les titans se sont évaporés. Et même s'il a observé maintes fois ce phénomène, il est surpris par sa rapidité.
Ça veut dire que c'est fini, n'est-ce pas ? Eren est mort. Plus de titans, plus de parasite, plus de terrassement. Ils ont réussi. L'humanité vivra.
Les larmes coulent sur les joues d'Armin sans qu'il puisse les retenir. Le hurlement qui sort de sa bouche est incontrôlable. Toute sa rage, toute sa colère et sa haine qu'il contenait depuis si longtemps. Contre Eren, contre Ymir, contre le monde entier.
Il reste longtemps, là, à genoux dans le sable. Le front contre le sol, les poings serrés. À pleurer. Parce que c'est fini. Pour de vrai. C'est vraiment fini. C'est tellement irréaliste qu'il a dû mal à le croire. C'est donc à ça que ressemble la victoire ? Alors pourquoi a-t-il l'impression d'avoir perdu ?
Les autres.
Mikasa. Jean. Levi. Annie.
La pensée le frappe de plein fouet. Où sont-ils ? Sont-ils toujours vivants ? Lui est redevenu humain, alors pourquoi pas eux ? Puisant dans ses dernières forces, Armin se relève. Il chancelle, sa tête tourne. Autour de lui, le nuage de fumée commence à se dissiper en même temps que la poussière retombe.
Le paysage de désolation qu'il découvre est insoutenable. Il n'y a plus rien. Rien que du sable, des pierres et des cendres. Une terre déformée et déchirée par le passage du grand terrassement.
Puis, il aperçoit un corps à terre, à une bonne centaine de mètres. Sans hésiter, il s'élance. Il court aussi vite qu'il peut. Reiner. C'est Reiner. Armin n'a jamais été si content de le voir. Un sourire étire ses lèvres.
Se fige presque instantanément. Ce n'est pas Reiner. Enfin si. Sa moitié. Il a été déchiré en deux au niveau de la taille, sans doute par un titan, juste avant la fin. Le bas de son corps semble avoir disparu. En s'accroupissant près de lui, Armin constate qu'il ne respire plus. Sans les pouvoirs de régénération du Cuirassé, il était condamné dès l'instant où un titan lui a mordu le bas de la nuque.
Les conclusions s'imposent à Armin. Lorsque la malédiction d'Ymir a été levée et que les titans ont disparu, seuls les titans primordiaux sont redevenus des humains puisque leur corps d'homme était toujours dans leur nuque. Les autres... se sont simplement évaporés, comme les titans le font toujours. Le désert autour de lui en est la preuve flagrante.
Jean...
Il repense à leur dernier baiser. Dans l'avion, juste après l'atterrissage. C'était un baiser trop rapide et maladroit. Des lèvres qui se frôlent, presque par réflexe. Sur le moment, il n'avait même pas pensé que ça pourrait être le dernier. S'il avait su, il aurait fait durer ce baiser... Juste quelques secondes de plus. Et il lui aurait répété qu'il l'aimait.
Refoulant ses larmes, Armin se relève, une seconde fois. Ce n'est pas le moment. Les autres sont peut-être encore en vie. Annie et Pieck peut-être. Falco... il l'a vu tomber de si haut. Et après tout, peut-être que le capitaine est toujours en vie ? Il a survécu à bien pire. Et Mikasa ? Elle était dans la bouche du titan d'Eren, mais peut-être a-t-elle comme lui atteint le sol grâce à son équipement ?
Il découvre Annie derrière un rocher. Une plaie béante à la poitrine. Mais elle respire encore ! Il n'y a rien pour panser la plaie, pas de linge, pas de bandages, rien. Alors il utilise ses mains. Il appuie fort, pour stopper l'hémorragie. Mais le sang continue de couler entre ses doigts. La plaie est trop grande, trop profonde.
— Annie ! Annie accroche-toi !
Mais ses yeux restent désespérément clos. Dans les livres, les personnages sur le point de mourir ouvrent toujours les yeux pour échanger avec leurs amis une dernière parole pleine de sagesse ou quelques mots d'amour. Mais il n'est pas dans un livre. Et il sent la vie d'Annie lui filer entre les doigts aussi distinctement que ses entrailles. Sans s'en rendre compte, il a enfoncé sa main dans son abdomen.
— Est-ce que quelqu'un... Est-ce que quelqu'un peut m'aider ? S'il vous plaît ! J'ai besoin d'aide ! Que quelqu'un vienne ! Je vous en supplie !
Ses cris restent sans réponse. Personne ne vient. Personne. Il est seul et Annie se vide lentement de son sang. Il ne remarque même pas qu'elle a arrêté de respirer. Il garde ses mains sur cette plaie béante que rien n'aurait pu guérir. À part le pouvoir d'un titan.
Armin ignore combien de temps il est resté là, sur le cadavre d'Annie. Alors qu'il arpente le champ de bataille, il réalise qu'il a son sang sur les mains. Pris d'une soudaine panique, il commence à frotter ses mains sur ses vêtements. Le rouge sur le noir, il le voit un peu moins. Mais il sait qu'il est là, partout sur lui. Et ses mains sont encore rouges. Sous ses ongles, le sang a commencé à sécher.
Le crâne explosé de Falco lui donne un haut-le-cœur. Il se force à détourner les yeux. Ça suffit. Il faut que ça s'arrête. Il ne veut plus voir d'autres morts. Ils sont tous morts. Tous. Au fond de lui, il le sait. Et pourtant, il continue de marcher. Il continue de chercher.
Levi est le suivant. Adossé contre un rocher, le poing sur le cœur. Armin ne peut que supposer que la mort approchant, une hallucination l'a poussé à faire le salut militaire. Ce même salut que les pro-Jäger ont souillé avec leur fanatisme. Il lui trouve une expression étonnamment calme. Paisible.
Non loin de là, Pieck gît inconsciente. Vivante ! Mais pour combien de temps ? Elle n'a pas de blessures apparentes comme Annie, mais Armin n'arrive même plus à espérer. Il n'a pas de quoi la soigner. Et même s'il avait du matériel à disposition, il ne saurait pas comment faire.
Son regard se tourne vers le fort. En haut, il y a peut-être encore des gens vivants. Des gens qui ne se sont pas transformés en titans et qui ont réussi à leur échapper. Après tout, la bataille n'a pas duré très longtemps. Oui, il y a forcément des survivants. Des Mahrs.
La guerre. Est-elle pour autant terminée ? Armin en doute. Mais il est sûr d'une chose, c'est que les actions d'Eren n'aideront certainement pas Paradis à faire la paix avec les autres nations. Ou du moins, ce qu'il en reste. Car même s'ils ont réussi à stopper le grand terrassement, de nombreuses villes ont eu le temps d'être réduites en poussière.
Non, la guerre n'est pas terminée. Peut-être même ne fait-elle que commencer. Mais il s'en fiche. Parce que ce n'est pas sa guerre. Sa guerre à lui, c'était celle contre les titans. Ça a toujours été ça. Depuis qu'il a rejoint le Bataillon. Depuis le jour où le mur est tombé. Depuis même bien avant sa naissance. L'objectif était simple : anéantir tous les titans, pour reprendre les mots d'Eren. Quelle ironie. Eren sera finalement devenu ce qu'il haïssait le plus.
C'est chose faite. Il n'y a plus de titans. Il n'y en aura plus jamais. L'humanité est sauve. Et libre. Libre de s'entredéchirer si elle le souhaite. Il s'en lave les mains.
— Armin.
Il reconnaîtrait sa voix entre mille. Pendant un instant, il croit rêver ; pourtant elle est bien là, debout, la tête d'Eren dans ses bras.
— Mikasa...
De la joie. C'est ce qu'il devrait ressentir en la voyant. Il devrait courir vers elle, la serrer dans ses bras. Être heureux d'être en vie, avec elle. Mais il est comme vidé. Anesthésié. Et la tête d'Eren est là pour lui rappeler à quel point la victoire est amère.
Parce qu'Eren est mort. Mikasa l'a tué. Et il ne pensait pas qu'il en souffrirait, car après tout, c'est lui qui l'a poussée à le faire, lui qui lui a fait comprendre qu'il n'y avait pas d'autre choix. Pourtant en cet instant, il a envie de lui sauter à la gorge et de lui arracher les yeux.
C'est de sa faute à elle. Non. C'est faux. C'est la faute d'Eren qui n'a eu que ce qu'il méritait. Et en même temps non. Tout est embrouillé dans sa tête. C'est trop dur. Il aimerait juste s'allonger par terre et dormir. Pour oublier. Faire comme si tout n'avait jamais eu lieu. Vivre dans un rêve où ils jouent sur la plage, tous les trois. Un rêve où ils sont heureux. Où les titans n'ont jamais existé. Un rêve où Jean...
— C'est fini, déclare Mikasa, l'arrachant sa prière silencieuse.
Ils se regardent en silence. La colère d'Armin retombe. Soudain, il la voit telle qu'elle est : son amie d'enfance. Son amie la plus chère, après Eren. Celle qui ne l'a jamais laissé tomber. Jamais. Et elle a le regard le plus triste qu'il n'a jamais vu de sa vie.
Enfin peut-être que si. Une fois. Dans les yeux de Levi, sur le chemin du retour après la bataille de Shiganshina. C'est donc ça, le destin des Ackermans ? Aimer quelqu'un plus que tout et être contraint de lui donner la mort ?
— Il faut l'enterrer.
Ces mots font écho à ceux du capitaine, il y a déjà plusieurs années de ça.
— Je vais t'aider...
— Non, l'interrompt immédiatement la jeune femme. Je dois le faire seule. Quelque part où... quelque part où personne ne pourra le retrouver.
Armin aimerait la contredire et s'imposer à ses côtés. Lui dire qu'il peut l'accompagner, qu'ils peuvent faire ça ensemble. Mais il n'en a plus la force. C'est trop dur. Il veut que ça s'arrête. Et il veut que cette tête disparaisse. Ne plus jamais la voir. L'effacer de sa mémoire. Comme Eren.
Ça fait trop mal. Parce qu'il a perdu Eren et qu'il comprend qu'il a aussi perdu Mikasa. Ils ne pourront plus jamais se regarder sans penser à Eren et à cette tête dont le sang goutte sur le sable. Plus rien ne sera jamais plus comme avant. Et d'ailleurs, c'était quoi « avant » ? Avant le coup d'état ? Avant l'attaque de Mahr ? Avant la mer ? Avant le sous-sol ? Avant Trost ? Avant la chute du mur ? Tout se mélange et aucun souvenir n'est réellement réconfortant. Tout est souillé. Maculé de sang et jonché de cadavres.
Alors il regarde Mikasa tourner les talons. Et marcher vers l'horizon. Jusqu'où ? Il n'en a aucune idée. En quelques minutes, sa silhouette est devenue plus petite qu'un grain de riz. Bientôt, il ne la voit plus du tout.
Et il reste debout. Seul.
Sur les ruines de ce monde qu'ils ont réussi à sauver.
Au prix de leur propre humanité.
***
Et voilà.
Ce n'est qu'une petite contribution, mais ça me fait du bien d'écrire ça. C'est de cette ambiance dont j'avais besoin pour conclure la série. Si vous me connaissez un peu, vous savez mon amour pour les fins « on a gagné, mais rien ne sera jamais plus comme avant et on est un peu morts à l'intérieur ». C'était ce que j'avais envie de faire !
J'espère que si vous aviez vous aussi envie de quelque chose de plus tragique, ça vous a donné quelques émotions.
Le deuxième chapitre, axé sur Levi et... vous l'avez compris, l'Afterlife, arrive très bientôt !
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