le choriste
À ma sœur jumelle
— Ensemble ! Les sourcils froncés, la professeur dirigeait ses élèves d’une main experte.
Sa baguette en main, elle contrôlait avec perfection les voix des garçons composant la chorale.
Tous chantaient depuis leur plus jeune âge et espéraient parvenir à devenir de grands choristes.
Certains y parviendront, d’autres se verront obligés d’arrêter tandis que quelques-uns abandonneront.
Le chant n’avait rien de facile et tous ici l’avait compris. C’est pourquoi leur cheffe de chœur était exigeante avec eux et cela payait puisque la répétition d’aujourd’hui était consacrée à l’apprentissage d’une chanson qui allait leur permettre d'accompagner un orchestre symphonique.
Le cours se passa sans encombre, les jeunes choristes étaient tellement motivés qu'ils répétèrent avec sérieux du début à la fin.
Seulement pour la professeur il manquait quelque chose, il lui manquait une voix aiguë, tous avaient de très belles voix mais ils n’étaient pas soprano.
C’est pourquoi elle se décida à organiser une audition.
C’était le moment de l'audition et après un combat intérieur de plusieurs jours pour savoir s’il devait y aller il s’était finalement laissé tenter. Après tout, laisser entendre sa voix sur la mélodie était ce pourquoi il continuait de s’exercer sans relâche au chant.
Arrivé devant le bâtiment qui accueillait les chanteurs, il crut déglutir, il y avait beaucoup de monde. Mais quoi de plus normal pour la meilleure chorale de toute la capitale voir peut-être même de tout le pays. Alors qu’il s'apprêtait à faire demi-tour et rentrer chez lui, il entendit une voix. Elle était magnifique et chantait cette musique avec perfection, on ressentait chaques émotions.
C’était ce genre de sentiments qu'il voulait ressentir et faire ressentir.
Entendre ce garçon qui devait avoir le même âge que lui le motiva, il était prêt à passer l’audition et il l'espérait, intégrer la chorale.
— Votre nom ?
— Han Jisung.
D’un geste de la main la femme l’invita à commencer et le stresse menaça de l’achever alors il ferma les yeux et prit une grande inspiration. Lorsqu’il les rouvrit, il se lança et ce fut une explosion de papillons dans son ventre. Il voulait devenir chanteur, c’était une évidence.
Vois sur ton chemin
Gamins oubliés égarés
Donne-leur la main pour les mener
Vers d’autres lendemains
Sens au coeur de la nuit
Jisung avait toujours adoré chanter et si au début ses parents voyaient sa passion comme un loisir pour femme ils avaient finalment compris que leur fils avait un talent pour cette discipline.
L’onde d’espoir
Ardeur de la vie
Sentier de gloire
Ardeur de la vie, de la vie
Sentier de gloire, sentier de gloire
Bonheur enfantins
Trop vite oubliés, effacés
Une lumière dorée brille sans fin tout au bout du chemin
La passion de Jisung lui était venue alors qu’en revenant de l’école il avait entendu une mélodie provenir d'une boutique dans la rue et il avait été émerveillé par le pouvoir des instruments et de la voix combinée. Il s’y était alors rendu et appris par la suite que c'était le seul commerce de la ville qui vendait des vinyles.
Le patron était un vieil homme passionné par la musique et avait été ravi de voir un petit garçon s'intéresser autant à sa passion.
Avec le temps il avait fini par lui laisser une chaise dans un coin du magasin pour qu’il puisse écouter les différents morceaux qui se jouait sur le gramophone. Au départ il n’écoutait que les chansons mais au fur et à mesure il commença à inscrire les paroles sur ses cahiers pour le plus grand malheur de ses parents. L’homme lui apprit alors à lire les participations et à chaque fois que Jisung revenait à la boutique le patron lui en avait recopié quelques-unes pour les lui donner. Ainsi était née la passion de Jisung pour la musique.
Sens au coeur de la nuit
L’onde d’espoir
Ardeur de la vie
Sentier de gloire
Ardeur de la vie, ardeur de la vie
Sentier de gloire, sentier de gloire
Concentré sur sa prestation, il ne fit aucunement attention à la personne qui venait d’entrer dans la pièce accompagner de quelques autres garçons. S'il l’avait vue il aurait pu remarquer l'admiration dans les yeux de l’autre, Seungmin était comme ensorcelé par la voix de Jisung. Il le regardait avec des paillettes dans les yeux, il avait des airs de chiot ainsi.
Il fallait absolument que leur professeur le choisisse, pensa-t-il.
Vois sur ton chemin
Gamins oubliés égarés
Donne-leur la main pour les mener
Vers d’autres lendemains
Donne-leur la main pour les mener
Vers d’autres lendemains
Le lendemain lors de la répétition Seungmin ne tenait pas en place, il voulait savoir si le garçon pour qu’il était tombé d’admiration avait été pris.
Il s’agittait tant que cela lui valut une remarque de leur cheffe de chœur qui lui demanda de rester à la fin du cours.
Sens au coeur de la nuit
L’onde d’espoir
Ardeur de la vie
Sentier de gloire
Sens au coeur de la nuit
L’onde de l’espoir
Ardeur de la vie
Sentier de gloire
— Puis-je savoir pourquoi vous étiez si indiscipliné aujourd’hui ? Elle le regardait de son air sévère avec les sourcils froncés et un regard à faire pâlir le diable.
— Pour vous dire vrai je suis impatient de découvrir notre nouveau choriste.
il chuchota presque, il ne voulait pas d'avantage attirer ses foudres.
— Ah oui ? Vous pensez à quelqu’un en particulier ?
— A vrai dire je ne connais pas son nom mais je me souviens l’avoir entendu chanter «Vois sur ton chemin».
Jisung stressait, cela faisait trois jours que s'était déroulée l’audition et il attendait derrière la caisse de la boutique que le facteur passe.
Il allait savoir s'il était pris ou non. Lors de son inscription il avait donné l’adresse du patron car il savait qu'il allait être son meilleur soutien lors de la réception du courrier.
— Calme-moi cette jambe mon p’tit, tu vas être pris j’en suis sûr. Jisung n'avait même pas fait attention que sa jambe tressautait tant il s’était habitué au mouvement de celle-ci.
Il aurait aimé lui demander comment il pouvait avancer être sûr de sa réussite à l’audition mais il nut le temps que la clochette du magasin raisonna.
Le courrier était arrivé. Il déglutit.
— Ouvrez la pour moi s’il vous plaît je ne veux pas voir les mots qu’ils ont choisi pour me recaler.
— «Cher Han Jisung,
Nous avons le plaisir de vous informer que vous avez été choisi parmi les différents candidats pour faire partie de la chorale de la capitale.
Avec l’espoir de vous voir à notre prochaine répétition.» lu l'adulte.
— Je suis pris ?Comment c’est possible?
Le visage entre ses mains, il n'en revenait pas, il faisait partie de la chorale, il allait être chanteur comme il l’avait toujours rêvé.
— Parce que c’est moi qui t'ai tout appris pardi. Il déclara, levant les yeux au ciel.
Son premier cours arriva bien vite.
Rien que d'y penser le garçon voulait s'enfuir. Bien sûr il avait hâte, c'était son rêve après tout mais le stress le rongeait. Après avoir glissé son porte bonheur dans la poche de son bermuda qui n'était autre qu'un plectre offert par le patron, il grimpa sur son vélo.
Lorsqu'il arriva pratiquement tous les garçons étaient déjà présents et commençaient à échauffer leurs cordes vocales avant l'arrivée de leur professeur.
Se mettant dans un coin de la pièce Jisung fit de même avant qu'un garçon n'entre en furie et ne coupe tout le monde.
— C'est toi ! C'est toi qui a chanté «Vois sur ton chemin» ! Je savais qu'elle te prendrait !
Pratiquement penché sur lui, l'autre garçon le regardait avec un grand sourire.
— Arrête Seungmin, tu vas lui faire peur. Excuse-le, il est du genre dynamique. Moi c'est Chan, alto. Il lui offrit un sourire réconfortant, comprenant ce que ça faisait d'être nouveau.
— Jisung, enchanté, soprano. Il lui offrit un sourire en retour, rassuré de voir que les autres avaient l'air accueillant, tout du moins Chan et Seungmin l'étaient.
Alors que les autres garçons se présentaient à leurs tours, ils mirent tous de côté leurs vocalises.
Leur cheffe de chœur comprendrait s'ils prenaient cinq minutes pour mettre à l'aise leur nouveau membre, enfin ils espéraient.
La professeur arriva et alors le cours commença, tous avaient regardé Jisung avec émerveillement, rare était les soprano et la chorale avait la chance d'en être composée de deux.
Certains d’entre eux avaient été soprano petits mais lorsqu'ils avaient mués ils avaient perdu cette capacité.
Cela s'entendait surtout chez Felix, la seule basse du groupe.
À la fin du cours alors que l'adulte le félicita, il fut interpellé en sortant de la salle. Seungmin l'attendait devant celle-ci.
— Lors de l'audition j'ai pu entendre ta voix et je dois avouer qu'elle m'a comme ensorcelée. Tu as un talent incroyable Jisung. C'est pourquoi j'aimerais te faire une proposition.
— Je- merci beaucoup. Le garçon avait d'abord été gêné du compliment mais il était maintenant dans l'attente de la proposition de son camarade, il se demandait de quoi il pouvait s'agir.
— J’aimerais que tu m'apprennes à chanter comme tu le fais. Tu as clairement quelque chose en plus que personne n'a ici et que je n'ai sûrement jamais entendu alors c'est pourquoi je voudrais que tu m'apprennes.
Il lui fit un grand sourire puis il quitta le couloir en courant sans lui laisser le temps de répondre.
Jisung le vit rejoindre celui qu'il reconnut comme étant Changbin.
Abasourdi, le jeune chanteur resta stupéfait dans le couloir quelques instants avant de rentrer à son tour.
Seungmin avait l'air d'être un étrange spécimen pensa-t-il.
Les semaines s'écoulaient à une vitesse folle. Le printemps avait laissé place à l'été petit à petit et les répétitions avaient désormais lieu le matin. Alors deux après-midi par semaines Seungmin et Jisung se donnaient rendez-vous dans l'arrière boutique du magasin de vinyles.
Le patron avait été heureux de voir Jisung partager sa passion avec un garçon de son âge et non plus seulement un vieil homme comme lui. Cela lui arrivait de leur donner quelques conseils que les choristes s'empressaient de mettre à profit.
Au début, Jisung avait été timide en présence de Seungmin mais au fur et à mesure sa timidité avait disparu pour laisser place à un jeune homme surexcité. Leurs camarades aimaient bien dire que le duo c'était bien trouvé, qu'ils étaient comme destinés à chanter ensemble.
Ils n'étaient plus qu'à quelques jours du concert avec l'orchestre symphonique et les deux sopranos avaient décidé de se retrouver dans leur salle de chant habituelle pour répéter. La représentation arrivant à grand pas la pression se faisait de plus en plus ressentir.
Leur professeur les avait choisis pour effectuer un duo et bien qu’ils en avaient été ravis en l’apprenant ils réalisèrent que ce spectacle n’était pas comme ceux auxquels ils étaient habitués. Il était d’une autre ampleur, des grands noms de la musique y seraient alors ils avaient décidé de tout donner.
Malgré la pression qu’ils subissaient et s’infligeaient les deux amis gardait à l’esprit que la musique était avant tout leur passion.
— Tu es sûr de tout avoir ?
— Arrêtez de vous inquiéter patron, je vous assure que j’ai tout ce qu’il me faut.
L'inquiétude sur le visage du vieil homme avait fait rire Jisung qui s’était instantanément détendu.
Il avait pourtant tout pour être stressé car dans quelques instants il se retrouverait sur scène à chanter au milieu d’une troupe de musiciens professionnels. Bien décidé à donner le meilleur de lui-même, il embarqua sur son vélo après avoir vérifié que son plectre était bien avec lui.
Le théâtre devant lequel il arriva le fit presque déglutir. Ce dernier était aussi grand et beau qu’on le racontait.
Les détails de l’architecture étaient époustouflants. Il n’y connaissait rien mais il pouvait dire qu’il s’agissait d’un travail extraordinaire.
Une fois à l’intérieur il fut d’autant plus émerveillé, les dorures, les sculptures, les peintures, tout avait été travaillé avec tellement de délicatesse que le garçon voulait lui rendre hommage en chantant.
Seulement il n'était pas là pour admirer le lieu et sa professeur le lui rappela, ses vocalises n’allaient pas se faire toutes seules.
Désormais concentré, il était devenu imperturbable même ses amis ne pouvaient plus le faire rire. Il avait pris une expression si neutre que Seungmin l’avait comparé aux statues du hall.
C’est quand la salle commença à devenir brouha qu’il sut que l’heure était venue. Installé à sa place il prit une grande inspiration et ferma les yeux et pour se détendre, il s’imagina chanter avec le reste de la chorale devant leur cheffe de chœur et le patron, il sourit alors.
Lorsqu’il les rouvrit les rideaux s’ouvrir, c’était maintenant.
Vois sur ton chemin
Gamins oubliés, égarés
Donne-leur la main
Pour les mener vers d’autres lendemains
Donne-leur la main
Pour les mener vers d’autres lendemains
Une myriade de papillons s’envolèrent aux premières notes prononcées.
Tout en lui bouillonnait de passion. Les difficultés de la chanson ne lui faisaient pas peur, parce qu’il était accompagné de sa meilleure amie, il savait qu’il pouvait se laisser guider par celle-ci. Il savait qu’après l’avoir emmenée au-delà des cieux, elle saurait le ramener sur terre.
Car après tout, elle ne le trahirait jamais.
Sens au coeur de la nuit
L’onde d’espoir
Ardeur de la vie, de la vie
Sentier de gloire, sentier de gloire
Chanter lui avait toujours paru naturel mais ce soir-là accompagné de ses amis et de l’orchestre cela lui paraissait l'être encore plus. Il se fichait d’avoir du talent ou de donner des frissons aux autres au son de sa voix, il ne voulait que chanter encore et encore. Alors c’est ce qu’il fit, il transmit toutes les émotions qu’il voulait exprimer au travers de la musique.
Il fut bien vite rejoint par les autres choristes qui se laissèrent aller à la musique, ils en avaient presque oublié ce que c’était que de chanter avec passion, trop habitués à agir tels des automates.
Bonheurs enfantins
Trop vite oubliés, effacés
Une lumière dorée
Brille sans fin tout au bout du chemin
Vite oubliés, effacés
Une lumière brille sans fin
Le moment de leur duo arriva, ils avaient tant répété ensemble que l’on pouvait sentir toute l’alchimie qui se dégageait d’eux. Se regardant dans le blanc des yeux ils en avaient oubliés qu’ils performaient sur scène.
Ils ne performaient plus, ils s’amusaient, comme lorsqu’ils étaient dans l’arrière boutique du patron. Ils ne chantaient plus pour autrui depuis longtemps, ils avaient appris à le faire pour eux, pour l’autre.
Ce soir ils exprimaient leur lien, le montrant à tous, même au plus pudique d’entre eux. Parce que c’était ça la musique, transmettre ses sentiments les plus profonds.
⋆
J'espère que vous aurez aimé lire cette histoire qui me tient à cœur.
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