Chapitre V
Vers dix-sept heures, la tête de Pierre passe par l'embrasure de la porte de mon placard. Lorsque je relève la tête, il entre.
- Avez-vous consulté l'agenda ?
- Mes actes sont prêts si c'est là où vous souhaitez en venir.
- Ce n'est pas ce que je vous demande. Avez-vous consulté mon agenda pour demain ?
Je suis perplexe, mais sagement, je m'exécute et regarde son planning du lendemain.
- Vous avez la signature de la vente Majon / Arquette, le compromis Zelida / Anton le matin et vous êtes en rendez-vous extérieur tout l'après-midi pour une signature chez un confrère à Salon-de-Provence.
Bon. Je pense qu'il sait encore lire, il n'avait pas besoin de venir jusqu'à mon bureau pour que je lui fasse la lecture.
Une seconde ... Il ne s'est pas égosillé en hurlant mon prénom écorché pour que je vienne ? Il s'est même déplacé. Il a levé ses jolies petites fesses bien rondes ... Morgane, tu divagues encore et tes pensées deviennent complètement inappropriées. Légèrement troublée par le cours de mes pensées, je détourne mon regard.
- Je vais avoir besoin de vous pour le rendez-vous de l'après-midi.
- Vous avez peur qu'ils n'aient pas de stagiaire-café là bas ? Lancé-je accompagné d'un sourire espiègle.
- Sait-on jamais, peut-être que eux ont du café péruvien, j'aimerai que vous en preniez note.
Je secoue doucement la tête en souriant, exaspérée par cet homme qui se tient devant moi.
- Toujours est-il que nous partons de l'office à quatorze heures, nous devrions arriver vers quinze heure trente et le rendez-vous est à seize heures. Il vaut mieux prévoir large pour les embouteillages.
Je crois que je n'ai pas mon mot à dire puisqu'il ne prend même pas la peine d'attendre ma réponse, il est déjà retourné dans son bureau.
J'espère qu'il ne compte pas sur moi pour faire le copilote, j'ai un très mauvais sens de l'orientation et je n'ai pas envie que cela puisse lui donner l'occasion de s'acharner sur moi.
Treize heures cinquante huit. Pierre est encore dans son bureau. Je crois que je vais devoir jouer le rôle du coucou suisse qui va lui signaler l'heure. En plus d'être la stagiaire du café, la voix off qui lit les agendas, je deviens une horloge ambulante. Ce notaire me fait porter toutes les casquettes, mais elles n'ont rien de juridique.
Je m'approche de sa porte, et lorsque je lève la main pour frapper tandis que l'autre me permet de m'appuyer sur le battant, celui-ci s'ouvre dans un grand mouvement, me déstabilisant. Je perds l'équilibre et fonds en avant. Je retiens ma respiration, mais n'heurte pas le sol. Au contraire, une masse chaude m'enveloppe. Je pose mes mains maladroites sur son torse fort musclé et lève les yeux vers son visage. Je ne vois que ses deux yeux bleus et ne sens que ses deux bras qui enserrent ma taille, m'empêchant de faire une chute mémorable. Le décolleté de mon top en dentelle s'est agrandit et offre à Pierre une vue plongeante sur ma poitrine. Considérant le regard appuyé qu'il vient d'avoir sur cette partie de mon corps, j'en déduis qu'elle n'est pas passée inaperçue. Ses pupilles se dilatent brièvement et il dégluti.
Son odeur emplit mes narines, je note des effluves très agréable de miel. Mes jambes sont de plus en plus tremblotantes à mesure que je le détaille. Son visage s'est considérablement rapproché du mien, ses lèvres à quelques centimètres des miennes. Je devrai cesser ce contact, mais pour une raison que j'ignore, je n'y parviens pas. Je n'en ai pas envie.
- C'est bon, vous avez retrouvé votre équilibre ou il faut que je vous porte jusqu'à la voiture ?
Comment gâcher un tel moment ? Demandez à Maitre sexy-connard ! Il sait pertinemment quand il doit parler pour tout gâcher. N'avais-je pas dis qu'il devrait faire comme toutes les pierres en ce monde : rester silencieux ?
- Mes excuses. J'avais peur que vous n'ayez pas vu l'heure, je venais vous prévenir qu'il est temps d'y aller.
- Oh, et c'était avant ou après vous être jeté sur moi ? M'interroge t-il dubitatif en arquant un sourcil.
- Je ne me suis pas ...
- Qu'importe. Allons-y.
Il me coupe brutalement et ferme son bureau à clef avant de me précéder jusqu'au parking où nous montons dans sa berline noire.
Ce qu'il peut être agaçant !
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