Réminiscences
La silhouette faillit soupirer, éberluée devant toute cette activité.
Un nouvel évènement venait de se produire, qu'elle n'aurait jamais vu venir.
Là, sous ses yeux, deux reliquats de son passé avaient décidé de s'affronter. Déjà à l'origine cette mission se révélait compliquée, là, il fallait carrément abdiquer.
Comment ferait-elle pour affronter non pas un, mais deux de ses plus grands regrets?
Son visage, dissimulé dans l'ombre, se ferma brièvement, la silhouette se rappelant...
*
Deux jeunes filles se faisaient face avec animosité, sous les yeux effarés du reste d'un groupe. Salia venait de renouer avec une partie de son passé, d'une manière plutôt brutale. Le chef de cette bande alliée, ce présumé « atout » n'était autre que sa vieille ennemie, sa rivale d'antan, à qui elle vouait une haine éternelle.
Plus que de la haine, c'était surtout de la colère, de la rage même, que la jeune Alfide dirigeait contre son homologue. Tout cela, ces sentiments et attitudes, remontaient à une époque lointaine, presque bénie...
***
Un rayon de soleil illuminait cette partie de la vallée, normalement ombragée. Quelques enfants en profitaient pour se rouler dans l'herbe haute et jouer à se poursuivre. Un petit garçonnet, de quelques années à peine, poussait sur ses petites jambes pour rejoindre les cinq plus grands. Ceux-ci, dans un accès de conscience rare à cet âge, ralentissaient le rythme pour se laisser rattraper.
Les boucles blondes et vertes, douces, du plus jeune voletaient dans l'air chauffé par l'astre. Elles se mêlèrent rapidement au cheveux des autres, couchés sur le sol, en cercle. Cela donnait une explosion de couleurs, du rouge orangé au gris, en passant par le noir et le bleu.
Les jeunes Alfides, à cet âge, avaient une couleur de cheveux et d'yeux beaucoup plus vive, pour être mieux repérés par les parents. Ces derniers, à contrario, avaient une teinte plus sombre et terne, pour se fondre dans la masse. Cela donnait donc un joli panel de couleurs, émerveillant les possesseurs de ces dernières ainsi que quelques animaux des alentours.
L'une des trois filles présentes prit la parole, parmi les rires, pour s'adresser au petit.
- Tu tiens le coup frérot ? Je ne voudrais pas que maman se fâche sur Kastia et moi, parce que tu reviens trop fatigué !
La gamine, âgée d'une dizaine d'années jeta un coup d'œil à la dénommée Kastia, son reflet parfait, aux longs cheveux noirs. Celle-ci sourit et fit un petit geste de la main vers leur cadet. Le petit répondit ensuite à sa sœur aînée.
- T'inquiète pas Salia, c'est pas parce que je viens pour la première fois que je suis encore un bébé ! Même que j'ai déjà aidé à pêcher, au village !
Les deux jumelles se regardèrent amusées par la réplique de leur petit frère puis se jetèrent sur lui pour le chatouiller. Elles furent vite rejointes, d'abord par Mekouros, le plus vieux, aux cheveux argentés, qui se fit vite attraper par Zeika, cachée sous sa chevelure rouge orangé.
Pour finir, Aarius aux mèches bleues se joignit au combat, lançant ainsi une rude bataille, qui fut gagnée difficilement mais héroïquement par les trois filles.
Les deux grands et Laocris se tenaient en retrait, alors que les demoiselles fêtaient leur victoire. Un léger sourire parcourut le visage de Mekouros, content pour elles. Aarius lui, se renfrogna un peu quand Salia leur fit un sourire moqueur. Mais toute tension disparut aussitôt que Laocris se jeta sur ses sœurs pour les câliner.
Un dernier rayon de soleil illumina les enfants, perdus dans leurs jeux et leur insouciance, inconscients encore que cela ne durerait pas éternellement.
Salia regardait Zeika droit dans les yeux en se demandant comment leur amitié avait pu si mal tourner.
Comment en étaient-elles arrivées à se regarder d'un air si haineux, lorsqu'elles partageaient tellement de souvenirs heureux ?
Plus personne n'osa bouger, pendant les quelques secondes que durèrent leur affrontement. Puis la femme en face, aux courts cheveux rouges détourna les yeux et se dirigea vers Thundarius et Laocris, pour échanger avec eux.
Salia ferma douloureusement les yeux, laissant échapper un soupir de tristesse. Quand elle les rouvrit, on pouvait sentir toute sa peine à l'intérieur d'eux. Elle ne devrait même pas se poser ces questions, car elle savait très bien ce qui avait basculé.
Ce qui avait détruit leur si joyeuse petite bande. La trahison.
La trahison de deux des personnes en qui elle croyait, causant la mort de deux autres proches. Sur la bande de six, il n'en restait que deux, fidèles à la couronne. Elle et son frère.
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