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Chapitre 31 : Dernier combat


L'Iheim avait changé. Le paysage arctique du souvenir d'Alphonse prenait une teinte grise, pareille à celle des films en noir et blanc que sa mère aimait tant. La Baie des Phoques s'étendait devant lui avec sa magnificence aquatique, mais les tentes et les kayaks avaient perdu leurs couleurs. Comme victime d'une tempête, ils gisaient sur la plage dans un chaos inquiétant.

Des nuées d'oiseaux tournaient dans le ciel nuageux. La pureté de leur plumage blanc, le côté espiègle de leur vol et les piaillements enjoués qu'ils poussaient firent immédiatement penser à Alphonse aux Peiskos. Là-haut, ils étaient en sécurité. Du moins, il l'espérait.

D'immenses morceaux de coquille d'œuf flottaient dans l'eau. Où donc était la Reine ? Quelle forme avait-elle prise dans cet univers ? Et d'où allait-elle frapper ? Alphonse se rappelait l'ombre cauchemardesque qu'il avait aperçue lors de son dernier passage et un frisson grimpa le long de sa nuque.

L'épée de Gullintani avait transpercé sa poche et il la sortit en se cramponnant à la garde dorée. Il regarda derrière lui et sursauta en constatant qu'un loup énorme se tenait près de l'entrée lumineuse.

— Zyvar ? C'est toi ? hoqueta Alphonse.

Le loup cligna lentement des yeux et huma l'air à la recherche d'une proie tandis que Freyja apparaissait derrière lui.

— Freyja ? Tout va bien ?

— Non, moi c'est Béatrice, dit la blonde.

Elle se surprit elle-même en prononçant ces mots et regarda ses mains avec incompréhension.

— Je... je crois que Freyja est là, bredouilla-t-elle en désignant un objet métallique à côté d'eux.

Un bouclier était posé face contre le sol et, lorsqu'Alphonse le retourna, il vit la gravure du profil d'une jeune femme portant les traits de Freyja.

— C'est une protection qui vous est offerte, prenez-là, indiqua Béatrice.

Alphonse saisit la poignée du bouclier et la souleva à sa hauteur. Protégé par l'amour, armé de sa raison, il se sentait plus confiant.

Soudain, Zyvar grogna. De son museau, il désignait quelque chose dans l'eau et Alphonse dût s'y reprendre à deux fois pour détecter ce que les yeux du loup avaient repéré.

À la surface de la baie, près du ponton, la tête d'un reptile noir d'encre était apparue. Le serpent les regardait, immobile et silencieux, avec une haine qui ne pouvait appartenir qu'à Ugle Traumer.

Le serpent émergea petit à petit de l'eau, long et menaçant, jusqu'à occuper complètement le ponton. Il les considéra quelques instants, sortit sa langue dans un sifflement perçant, puis fonça sur eux.

Craignant les crochets à venin, Alphonse et Zyvar se maintinrent dans une position défensive, analysant l'avancée irrégulière du serpent. Il se trouvait encore à une bonne dizaine de mètres lorsqu'il plongea sa tête dans le sable. Malgré l'humidité du sol, les écailles noires disparurent en quelques secondes et les deux compagnons se retrouvèrent face à un ennemi invisible.

Scrutant le sable, guettant un mouvement, ils tournaient sur eux-mêmes, couvrant mutuellement leurs arrières. Les montagnes au loin n'avaient plus rien de réconfortant, et une légère brise jouait avec leurs perceptions en créant de fines variations sur le sol.

Ce fut Alphonse qui le repéra en premier : le serpent avait émergé près du cadre lumineux, derrière eux, à quelques pas de la jambe de Béatrice.

— Attention ! cria-t-il.

Malgré le bond que fit Béatrice, le serpent était plus rapide. Alphonse crut qu'il allait se jeter sur elle, cependant, il n'en fit rien. À sa grande surprise, il traversa la blonde comme si elle n'avait aucune consistance et continua vers eux. Il ne semblait même pas l'avoir vue.

Alphonse essaya de se ressaisir alors que le serpent s'élançait vers lui. Il dressa son bouclier et encaissa l'attaque du reptile. Zyvar attrapa d'un coup de gueule la queue de l'assaillant, mais celui-ci se courba sur lui-même et tenta de le mordre. De justesse, le loup le relâcha, tandis qu'Alphonse brandissait son épée de toutes ses forces. Le serpent esquiva d'un glissement et la lame s'enfonça dans le sable.

L'ennemi était vif. Les crochets à venin ne pardonneraient pas. Ils n'avaient pas le droit à l'erreur.

Le serpent était dressé, surveillant l'épée d'Alphonse, lorsque Zyvar en profita pour le saisir entre ses crocs et le projeter haut dans le ciel. Tournoyant sur lui-même, il retomba lourdement contre le sol et, alors qu'il était en train de reprendre ses esprits, Alphonse lui trancha le cou.

Un liquide noir coula sur le sable et une puanteur se répandit autour de l'animal mort.

— C'est... c'est fini ? demanda Béatrice.

Comme pour lui répondre, une nouvelle tête de serpent sortit de l'eau.

Cette fois, Zyvar ne lui laissa pas le temps de se cacher dans le sable. Il se rua vers la baie, plongea la tête dans l'eau et lança le serpent en direction d'Alphonse. Avec un réflexe qui l'étonna lui-même, il trancha la tête du reptile dans un éclaboussement noirâtre et malodorant.

Une euphorie s'empara d'Alphonse. Voilà tout ce dont était capable la Reine ? Tant d'inquiétudes pour de malheureux reptiles éliminés d'un coup d'épée ?

La joie fut de courte durée.

Dans l'eau, des dizaines de têtes reptiliennes les fixaient. La baie grouillait de langues bifides et de corps écailleux qui allaient et venaient en tous sens. Zyvar poussa un hurlement guerrier près du ponton et Alphonse le rejoignit au pas de course avant que les ennemis n'aient pu investir la plage pour les encercler.

Alphonse se tenait près du loup, prêt à tout donner dans le combat, lorsque deux crochets se plantèrent profondément dans sa jambe. Un serpent était sorti du sable, une expression victorieuse dans ses pupilles fendues. Zyvar le déchiqueta d'un coup de dents, mais, déjà, Alphonse sentait un liquide glacial se répandre dans ses veines.

La baie tanguait, et les serpents qui approchaient dans l'eau prenaient des formes étranges et indistinctes. Il secoua la tête et dit à Zyvar :

— Ne t'occupe pas de moi, attaque !

La surface de la baie devenait de plus en plus sombre et les créatures qui serpentaient dans leur direction adoptaient une apparence inquiétante, presque humaine. Alphonse cligna des yeux et frappa son bouclier contre son épée pour se réveiller. Le venin embrumait tous ses sens.

Un homme blond, armé d'une bouteille en verre cassée, rampa hors de l'eau. C'était Sven, le corps dégoulinant, qui poussa un long sifflement. Alphonse trancha dans le vif alors que deux garçons glissaient derrière lui en silence. Zyvar bondit sur l'un d'eux, laissant le temps à Alphonse de pourfendre le second.

Des hommes et des femmes sortaient des flots. Des visages rencontrés, des visages côtoyés, des visages pleins de haine et de colère, qui s'élançaient vers eux, armés ou non, et qu'Alphonse taillait les uns après les autres dans une rage incontrôlable. Là, Zyvar lacérait un douanier. Ici, Alphonse frappait un garçon de son ancien lycée. Professeur, conseiller, kinésithérapeute, fille au parfum d'abricot... De plus en plus sombres les regards étaient. Méprisants, scrutateurs, assassins.

À bout de forces, Alphonse sentit son épée lui glisser des mains. Des bras puissants s'enroulèrent autour de son corps, lui comprimant les muscles, l'empêchant de respirer. Zyvar rugissait au loin, mais Alphonse ne le voyait plus dans la marée obscure et brûlante qui l'emportait peu à peu vers les flots.

Un souffle vint lui apporter une bouffée d'oxygène. Un Peiskos voltigeait à quelques centimètres de lui, ôtant la boue qui recouvrait ses yeux de ses ailes immaculées. Une lueur d'espoir traversa le cœur d'Alphonse lorsqu'il sentit la caresse soyeuse des plumes sur sa peau. Une étincelle qui ne dura qu'un instant. L'écume bouillonnante avala aussitôt l'oiseau.

D'autres Peiskos arrivèrent, intrépides, se jetant à une mort certaine pour offrir à Alphonse un court répit dans son tourment. Il voulait leur crier de partir, de demeurer à l'abri dans le ciel, cependant, il n'en fit rien. C'était le dernier combat et il avait besoin d'eux.

Les oiseaux sombraient et il sentait que la prise autour de son corps se relâchait peu à peu. Les plumes blanches recouvraient la surface sombre de l'eau et Alphonse eut assez d'énergie pour s'extraire de la marée. Ses doigts rencontrèrent quelque chose de solide et il s'y agrippa de toutes ses forces. C'était un morceau de coquille d'œuf, et il y planta profondément ses ongles. À bout de force, il s'y hissa et tomba exténué en son creux.

Le bouclier de Freyja était toujours à son bras, tordu par les forces qui avaient tenté de le broyer. Les Peiskos n'étaient plus. L'épée de Gullintani avait disparu.

Ses pensées avaient du mal à se focaliser. Où donc était la Reine ? Pourquoi les serpents l'avaient-ils relâché ? Et Zyvar, avait-il survécu ?

Malgré l'épuisement, il se redressa en s'aidant du bouclier et essaya de garder l'équilibre sur la coquille d'œuf, radeau de fortune au milieu de la misère qui l'entourait. Sur la rive, il distingua une masse poilue dans le sable : Zyvar était couché, mais il bougeait encore. Béatrice se tenait à côté et lui fit signe de les rejoindre.

La baie avait retrouvé son calme et Alphonse se servit du bouclier comme d'une rame. Tous ses muscles lui faisaient mal. Sa tête bourdonnait. C'est alors qu'il le vit. Le garçon au visage brûlé, qui l'observait.

Médusé, Alphonse arrêta son mouvement. Il s'approcha, plongea son regard dans les prunelles fatiguées et continua au-delà, sous la surface aquatique qui semblait désormais l'appeler. Un frisson s'empara alors du garçon au visage brûlé, et une expression de profonde détresse anima ses traits. Car il y avait un monstre tout au fond, plus grand que tous les reptiles qui l'avaient attaqué, un agglomérat de souffrances prêt à le dévorer.

Le serpent géant qui était tapi dans la baie ouvrit subitement ses pupilles et la coquille d'œuf se mit à tanguer dangereusement. Alphonse tomba en arrière, se tenant aux rebords poreux pour ne pas chavirer. Une tête immense émergea alors des eaux, une peau noire et luisante, un rictus victorieux qui laissait dépasser des crocs terrifiants. Une langue bifide sortit de la gueule du reptile, dansa à quelques centimètres du visage d'Alphonse et le cogna de plein fouet.

La dernière vision qu'il eut fut le ciel gris, monochrome, vide.


***


— Alphonse, réveille-toi, il y a le feu !

Une lumière dure éblouissait Alphonse. Où était-il ? À qui était cette voix ? Était-ce un nouveau tour de la Reine ?

Il lui fallut quelques secondes pour comprendre que les rayons du soleil venaient d'une grande verrière au plafond.

La cabane d'Ólafur. Il était revenu.

Avec un décalage étrange, il voyait les choses comme s'il n'était pas vraiment là. Freja s'agitait. Magnus aboyait. Et lui ne bougeait pas. Qu'avait-elle dit déjà ? Le feu ?

Freja s'approcha et lui mit une claque qui le fit émerger de sa transe.

— Eva a foutu le feu à la cabane ! Elle savait pas qu'on était cachés. Les pompiers vont pas tarder à arriver.

La réalité se déversa dans le crâne d'Alphonse alors que la chaleur grimpait le long de son épiderme. Il eut du mal à déglutir et ses mains devinrent moites. Il ne devait pas céder à la panique.

— On peut pas les attendre, faut sortir, maintenant ! lâcha-t-il avec difficulté.

— C'est la porte qui brûle, on est coincé.

Freja avait enroulé le plaid du canapé au niveau du pas de la porte, mais de la fumée commençait à filtrer à travers le tissu.

— On va passer par le haut !

Alphonse renversa papier et encrier sur le bureau, et saisit un carnet épais rempli de notes.

— Attends ! Qu'est-ce que tu fais ? s'écria Freja. Tu vas l'abîmer !

Sans lui prêter attention, Alphonse lança l'ouvrage contre les carreaux qui volèrent en éclats sous les aboiements de Magnus.

— On ne peut pas attendre les pompiers sans rien faire, il faut qu'on sorte d'ici.

À contrecœur, Freja l'imita et créa une seconde ouverture dans la verrière pour laisser s'échapper la fumée qui encombrait les carreaux.

Ils montèrent sur le canapé, mais le plafond était encore trop haut.

— Je te fais la courte échelle ! lança Alphonse en présentant son bras valide et son épaule à Freja.

Elle jeta sa veste sur le rebord en verre et grimpa avec agilité. Elle se hissa sur la partie en tôle du toit et lui tendit la main.

— Je t'envoie d'abord Magnus !

Le saint-bernard était déjà sur le canapé, affolé par les flammes qui commençaient à lécher le panneau intérieur. Au prix d'un immense effort, Alphonse le prit sur son dos. Le chien manqua de l'assommer en lui grimpant sur les épaules. Freja le saisit sous les pattes et tomba en arrière.

— Freja ! cria Alphonse, en se massant le crâne. Ça va ?

Magnus aboya.

— Freja !

— Ça va ! finit-elle par répondre. Eva m'a rattrapée !

— Nous allons vous chercher une échelle, mon garçon ! Je suis désolée pour tout ! Ne bougez pas ! ajouta la psychiatre.

Alphonse voulut répliquer, mais une silhouette dans les flammes l'empêcha d'émettre la moindre parole.

Ugle Traumer se tenait dans un coin de la pièce, se délectant de la fumée épaisse qui rampait sur les murs, caressant la suie du bout de ses griffes. Un sifflement perçant grimpa subitement, recouvrant tous les sons alentour.

— Vous avez fait l'erreur de croire que les Peiskos pourraient être à l'abri de mon pouvoir. Vous me les avez servis sur un plateau en leur donnant une forme... absorbable. Je tenais à vous remercier.

— Je vous hais ! cracha Alphonse.

— Allons, un peu de politesse, c'est après tout la dernière fois que nous nous voyons. Je continuerai à vivre en vous, bien sûr, mais vous n'aurez plus accès à moi.

— Je n'en ai pas fini !

— Mais si, vous avez fini. J'ai un total contrôle sur vous, désormais. Le monde que vous m'avez offert est magnifique, et vous y demeurerez jusqu'à ce que votre existence ne me serve plus.

De rage, Alphonse attrapa une bouteille en verre qui trainait au sol et la jeta sur la Reine : elle la traversa et s'éclata contre le mur en flammes.

— J'imagine que c'est votre façon de me dire adieu ?

Et, elle s'évapora dans un rire guttural et malfaisant.

Les sons revinrent alors et Alphonse sursauta en entendant la voix cassée de Freja l'appeler. Elle était sur le rebord du toit, en pleurs, et elle semblait à bout de souffle.

— Alphonse ! Tu m'écoutes ? Sors de là !

La chaleur était devenue insupportable dans la cabane. Il jeta un dernier coup d'œil aux travaux d'Ólafur que les flammes commençaient à dévorer et saisit la main que Freja lui tendait.

Tout était perdu. Réel ou irréel. La Reine avait gagné.

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