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Chapitre 30 : Les Peiskos


Le plafond de la salle était recouvert d'étoiles. Au moment où la trappe s'était refermée sur leurs têtes, l'obscurité s'était illuminée de dizaines de fragiles lueurs, astres artificiels qui révélèrent les dimensions gigantesques de l'endroit dans lequel ils avaient pénétré. Puis, il y avait eu la lune. Un projecteur émettant une lumière blanche et diffuse, décorée de grossiers cratères, éclairait un parterre herbeux, bien plus bas, agité par une étrange brise. Ils étaient accrochés à une échelle au milieu du vide, un vide improbable, un vide trop grand pour ce palais. Était-ce une création de la Reine ou un lieu plus ancien ?

Des coups de feu répondirent aussitôt à sa question. Zyvar avait commencé à tirer.

À toute vitesse, ils descendirent les barreaux, tandis que le sol gardait cet aspect instable et mouvant. Soudain, Freyja s'arrêta. Alphonse faillit lui rentrer dedans, mais les doigts de Béatrice tapotèrent sa cheville à temps.

— Ce sont des arbres, chuchota-t-elle.

Alphonse plissa les yeux et se rendit compte que Béatrice avait raison. Ce qu'il avait cru être de l'herbe était en fait des cimes d'arbres chargés d'épines et, à présent, il reconnaissait l'odeur des pins et de la sève qui lui avait chatouillé les narines depuis leur arrivée. La faible lueur que diffusait la main robotique s'enfonça dans le feuillage, et il la suivit, écartant les branches qui se mêlaient aux barreaux de l'échelle.

Une dizaine de mètres plus bas, ils atterrirent enfin au milieu d'une forêt de conifères géométriquement implantés. De là où ils se trouvaient, l'illusion de la nuit était parfaite, la lumière du projecteur arrivait jusqu'à leurs pieds et des lucioles dansaient entre les pins. L'écho des tirs leur parvenait encore, mais dans le calme irréel des lieux, il ne semblait plus du tout menaçant, trop lointain pour représenter un danger.

— Là-bas, souffla Alphonse.

Sur une colline, il y avait une maison. Et elle apparaissait comme un mirage dans la lumière opalescente que diffusait le projecteur lunaire. Car Alphonse la connaissait bien, c'était la maison de Trondheim ; celle où ils habitaient lorsque son père était en vie ; celle avant Longyearbyen et la tristesse ; celle dont lui avait tant parlé sa mère, au point où il ne savait plus distinguer la part du souvenir de celle de l'imaginaire. Elle était là, identique aux clichés des albums familiaux, et elle abritait les Peiskos, Alphonse le sentait.

Derrière, il y eut un craquement de branche. Ils se retournèrent calmement. Sans méfiance aucune. Comme si l'odeur de la sève avait endormi leurs perceptions. C'était un enfant qui émergeait des feuillages, un linge blanc percé de trous irréguliers au niveau des yeux et de la bouche. Il tenait un doggy bag dans les bras et les analysait avec curiosité.

Freyja lui fit un sourire et lui tendit la main. Le Peiskos s'approcha sans crainte, et veilla à ne pas trébucher sur les branchages qui trainaient au sol. Alphonse contempla cet être innocent, si fragile et à la fois si puissant. Il était différent de celui qu'il avait rencontré sous la Montagne, cependant, il avait les mêmes yeux verts remplis de candeur.

Le Peiskos s'arrêta et posa son doggy bag dans l'herbe. Il en tira un petit thermos en inox qu'il essaya de dévisser. Béatrice descendit de l'épaule de Freyja et, devant le regard émerveillé de l'enfant, l'aida à l'ouvrir. Une odeur de café les enveloppa et le Peiskos leur tendit le récipient. Alphonse prit une gorgée, un sourire forcé sur le visage pour lutter contre l'amertume du breuvage fumant. Freyja but également, et l'enfant parut content. Il sortit une assiette carton et disposa deux sushis qu'il leur offrit. Un curieux mélange de nostalgie, de joie et de liberté parcourut le corps d'Alphonse lorsqu'il avala le poisson, le riz et le café.

Une fois le rituel terminé, le Peiskos rangea le thermos dans son doggy bag, donna la main à Freyja et leur montra la maison. Ils commencèrent à se diriger vers la grande bâtisse lorsqu'ils entendirent un grincement métallique provenant du ciel étoilé. Là-haut, les coups de feu s'étaient arrêtés.

Ce fut comme s'ils revenaient à la réalité. Zyvar. Ugle Traumer. La fuite.

Le Peiskos aussi avait l'air effrayé et Alphonse le prit dans ses bras, sentant son petit cœur battre contre le sien.

— Ne t'inquiète pas, tout va bien se passer, rassura-t-il en se mettant à courir.

Un éclair lumineux jaillit au-dessus de leurs têtes, un claquement sonore, puis une ombre qui glissait le long de l'échelle.

Ils se précipitèrent vers la maison, slalomant entre les arbres, craignant de tomber à nouveau dans cette mollesse envoutante qui les condamnerait à n'en pas douter. Alphonse ouvrit la porte d'un coup de pied et ils se ruèrent à l'intérieur.

Un grand vestibule se présenta à eux, tout en moquette et papier peint jaunit. Une entrée différente de celle des souvenirs d'Alphonse et, tout en constatant l'absence de serrure sur la porte, il considéra avec angoisse les longs couloirs parsemés de néons poussiéreux qui semblaient s'étendre bien trop loin pour cette maison.

Était-ce encore une sorcellerie de la Reine ? Quels dangers pouvait renfermer un tel endroit ? Il ne parvenait plus à percevoir la direction dans laquelle ils devaient aller et il ne pouvait rester trop longtemps à réfléchir. Les couloirs se ressemblaient tous, alors, il en prit un au hasard.

Des pièces vides et éclairées s'enchaînèrent les unes derrière les autres. Des trous carrés dans la moquette révélaient des étages inférieurs tandis que des escaliers montaient vers des couloirs, identiques en tout point à celui qu'ils venaient de quitter. Une angoisse grandissante commençait à étouffer Alphonse et le Peiskos se serrait plus fort contre lui. Freyja était à bout de souffle et Béatrice s'agitait comme un insecte sur son épaule.

Soudain, Alphonse crut percevoir une mélodie. Il fit signe à la troupe de s'arrêter pour tendre l'oreille et ils distinguèrent assez nettement le refrain de Bjørnen Sover venir de leur droite. La musique de son enfance, celle que lui chantait sa mère et qui lui était apparue sous la forme d'un Peiskos à Sorgheim. Ils entendirent aussi un sifflement, beaucoup plus menaçant, qui se rapprochait derrière eux.

— Allons ! encouragea Alphonse.

Ils s'élancèrent vers la musique, donnant ce qui leur restait d'énergie dans une course effrénée que la moquette au sol rendait muette. Les paroles de la comptine devenaient presque discernables lorsqu'ils débouchèrent sur une dernière pièce qui ne comportait qu'une seule issue : un cercle coloré qui marquait l'entrée d'un toboggan.

La voix provenait de là.

— Qu'est-ce qu'on fait ? demanda Béatrice.

Pour toute réponse, Alphonse s'engagea dans le tube et protégea la tête du Peiskos.

— On fonce !

Des cercles bleus, rouges et jaunes défilèrent à toute vitesse tandis qu'Alphonse glissait sur le plastique, s'enfonçant avec le Peiskos vers l'inconnu.

Ils chutèrent sur un sol mou, semblable à celui que l'on mettait dans les jardins d'enfants. Alphonse écarta la main du Peiskos cramponnée à son visage et contempla le spectacle qui s'offrait à ses yeux : des dizaines de Peiskos jouaient les uns avec les autres dans une immense salle aménagée en square géant. Des draps blancs volaient sur les balançoires, grimpaient aux échelles en corde et se perdaient dans des piscines remplies de balles colorées. Des prunelles vertes s'agitaient avec joie dans un piaillement indistinct et harmonique.

Ainsi, ils étaient tous ici, bien en vie.

Le Peiskos qu'Alphonse avait rencontré sous la Montagne se tenait près de la sortie du toboggan, une lueur polissonne dans le regard.

— Je suis là pour vous sauver ! déclara Alphonse au Peiskos.

L'enfant sautilla sur place et l'applaudit comme s'il venait de faire un tour de magie, puis, il s'en alla courir avec les autres sans plus lui porter d'attention.

Freyja et Béatrice arrivèrent à leur tour et elles restèrent muettes de surprise au milieu de l'excitation des enfants qui jouaient sans jamais se fatiguer. Partout dans la salle, il y avait des sorties de toboggan, pareilles à celle qu'ils avaient empruntée, mais les Peiskos les ignoraient, trop occupés à s'amuser.

Un enfant qui tenait un sachet de pâte d'amande en offrit à chacun d'entre eux et emmena le Peiskos qu'Alphonse avait dans les bras.

— Revenez ! appela Alphonse. Je suis venu vous...

Mais il s'arrêta de parler, car ils étaient déjà loin.

Ne voyaient-ils pas où ils se trouvaient ? Ne comprenaient-ils pas qu'ils étaient otages de la Reine ? Comment s'y prendre pour leur ouvrir les yeux ? Et surtout, comment faire pour les sortir de cet endroit ? Ils étaient coincés au fond de ce square géant et les toboggans étaient trop glissants pour pouvoir remonter.

Freyja posa sa tête sur l'épaule d'Alphonse, et Béatrice sauta à terre.

— C'est fâcheux..., commenta la main robotique. Ma maîtresse voulait que vous les trouviez, mais...

— L'Iheim ! s'exclama-t-il. C'est là que je dois les envoyer, la Reine ne pourra plus puiser dans leurs pouvoirs !

Il se précipita vers une cabane en plastique dans laquelle se cachaient deux Peiskos, les attira avec de la pâte d'amande pour les faire sortir et mit sa main sur la poignée. Il devait se concentrer, faire comme il l'avait fait devant le tableau d'Ólafur et le couloir de l'immeuble. La Baie des Phoques, son espace, son terrain. Satisfait, il réalisa avec quelle facilité la porte cédait à sa volonté pour faire apparaître un cadre blanc et lumineux.

— Par ici ! cria-t-il pour capter l'attention des enfants.

Déjà, les Peiskos qu'il avait chassés de la cabane s'étaient approchés et l'un d'eux essayait de voir son reflet dans l'écran opalescent. Le second considéra son camarade pendant quelques instants puis le poussa dans le cadre avec un éclat de rire avant d'y sauter à son tour.

Intrigués par l'animation, les Peiskos arrivaient les uns après les autres, s'engouffrant avec joie dans la lumière, désertant les jeux qui les obsédaient quelques minutes plus tôt. Freyja et Béatrice faisaient le tour du square au pas de course, récupérant les enfants distraits qui n'avaient pas encore repéré le cadre lumineux.

Ils firent sortir le dernier Peiskos et s'apprêtèrent à les rejoindre lorsqu'un crissement strident retentit au niveau d'un toboggan.

Le corps maigrichon et couvert de bleus de Zyvar s'étala sur le sol mou. Il remua et, avant même qu'Alphonse n'ait pu faire un geste, se fit attraper par une silhouette simiesque qui déboula du cercle coloré.

La Reine était là, tenant entre ses griffes la tête de Zyvar qui respirait difficilement.

Les poils hérissés sur le dos bombé de la Reine lui donnaient un aspect terrifiant. La peau nue de ses longs bras filiformes était parcourue de spasmes et la bouche qui dépassait des bandages recouvrant son visage s'agitait nerveusement en une grimace animale.

— Qu'avez-vous fait ? vociféra-t-elle.

— J'ai envoyé les enfants-sacrés dans un endroit qui échappe à votre pouvoir.

Freyja et Béatrice avaient rejoint Alphonse près du cadre lumineux, le consultant du coin de l'œil pour savoir ce qu'elles devaient faire. L'Iheim était ouvert, mais Alphonse ne pouvait se résoudre à laisser Zyvar à son sort. Son camarade le regardait et, face à la colère d'Ugle Traumer, s'était paré d'un sourire mauvais et revanchard.

— Il ne reste plus aucun Peiskos dans le coin ? grogna-t-il.

— Non, répondit Alphonse, ils sont dans l'Iheim, en sécurité.

— Parfait.

Une explosion ébranla les murs du square géant. Une formidable détonation était sortie d'une arme que tenait Zyvar et qui atteignit la Reine en pleine tête. Le monstre s'écroula par terre, l'écho du tir continuant à résonner.

La Reine ne bougeait plus et Alphonse se précipita pour aider son camarade.

— J'avais caché ce flingue en espérant une ouverture ! gémit le chauve.

— Tu as eu ta vengeance, on dirait ! s'exclama Alphonse.

— On devrait lui mettre une ou deux balles supplémentaires pour s'assurer qu'elle ne se relève pas.

— Vous pourriez vider votre chargeur entier, cela ne changerait rien..., grinça la voix glaçante d'Ugle Traumer.

Alphonse et Zyvar sentirent les crocs acérés de la peur se planter dans leur nuque.

— Je suis effondrée par votre bêtise, dit-elle toujours au sol.

Tout était fini. Si la Reine avait survécu sans le pouvoir des Peiskos, alors, ils n'avaient aucun moyen de la vaincre.

— Vous pensiez vraiment qu'une colère dénuée d'innocence suffirait ? Une présence bienveillante et un simulacre d'amour pour vous épauler ? Vous pourriez tirer une balle sur chacun des enfants-sacrés, sacrifier vos amis, abandonner votre jolie petite blonde, je demeurerai, ne l'avez-vous pas encore compris ? Vous pensiez qu'envoyer les enfants dans ce monde les sauverait ? Soit ! Allons jusqu'au bout de votre idée si c'est ce que vous souhaitez !

Elle se releva d'un bond et se précipita à quatre pattes vers Freyja. Avec violence, elle saisit la blonde par les cheveux et l'entraîna dans le cadre lumineux, disparaissant complètement dans l'Iheim.

Cloué sur place, Alphonse considérait la malice d'Ugle Traumer. À présent qu'elle avait Freyja, il était contraint de la rejoindre. Il aurait dû fermer l'Iheim aussitôt.

— Tu peux marcher ? demanda-t-il à Zyvar.

— Si tu me donnes un coup de main, je pourrai même courir.

— En termes de coup de main, je suis une experte ! s'écria Béatrice.

— Alors, finissons-en !

Et ils plongèrent tousles trois dans le cadre lumineux.

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