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Chapitre 27 : Le Refuge


Uniformes bleus, visages contrariés et voiture de police. D'un même élan, les deux adolescents se cachèrent derrière une benne à ordures. L'épaisse silhouette de Magnus se camoufla du mieux qu'il put dans l'ombre qui les dissimulait.

— Qu'est-ce qui se passe ? souffla Alphonse.

— Je ne sais pas, mais ils ne doivent pas te voir si tu ne veux pas être renvoyé illico chez toi.

— Tu crois qu'il y a eu un cambriolage ?

— Je sais pas...

Eva Tullete sortit du grand portail, suivie par deux policiers.

Le cœur d'Alphonse battait à tout rompre près de celui de Freja, alors qu'ils se tordaient le cou pour voir ce qu'il se passait par l'entrebâillement derrière la benne à ordure. Les agents et la psychiatre discutaient et, même si les adolescents n'entendaient que des bribes de mots, la conversation avait l'air animée.

— Eva doit penser que tu m'as kidnappée ou un truc du genre, chuchota Freja.

— Mais t'es pas bien de dire des trucs comme ça !

— J'y peux rien, c'est son langage corporel, elle a peur. Et Héléna l'a peut-être prévenue que nous étions ensemble au Centre.

— Tu crois ?

— Je sais pas... elle avait quand même l'air très inquiète après notre départ lorsque je l'ai eue au téléphone.

— Et tu veux pas aller rassurer Eva, histoire que je finisse pas en prison pour de bon ?

— Je pourrais, mais elle ne me lâchera plus jusqu'à ce qu'ils te retrouvent, à toi de voir.

Alphonse réfléchit. La situation commençait à le dépasser, mais il ne pensait pas avoir la force ni la possibilité de terminer la thérapie d'Ólafur s'il retournait maintenant chez lui. Il était si près du but, il le sentait.

— Il reste beaucoup de séances ?

— En théorie, chacune pourrait être la dernière, Ólafur a placé des portes de sortie à chaque fois... tout dépend si ton esprit est prêt à les accepter.

— Je crois que la prochaine pourrait être la bonne, si je parviens à garder un esprit ouvert. Ils vont rester combien de temps postés là, d'après toi ?

À peine avait-il dit cela que l'un des policiers remonta dans le véhicule, accompagné d'Eva Tullete. Cependant, à leur grand étonnement, le second ne les suivit pas et rentra discrètement dans une voiture banalisée aux vitres sales qui donnaient sur le portail.

— Ils placent la maison sous surveillance ?

— C'est au cas où on reviendrait plus tard.

— Alors qu'est-ce qu'on fait si on peut plus y retourner ?

Freja se massa les tempes, tandis que Magnus demeurait couché au sol, parfaitement silencieux.

— On peut pas se cacher au Centre. Le restaurant est trop risqué, maintenant qu'ils nous recherchent tous les deux... et puis, avec Magnus, on ne peut pas aller où on veut... attends, je crois... je crois que j'ai une idée ! Ça peut paraitre un peu fou, mais ça pourrait fonctionner, viens !

Ils quittèrent leur cachette en demeurant dans l'ombre de la benne à ordure et s'élancèrent dans les rues d'Harstad, évitant au maximum les quartiers fréquentés en cette fin d'après-midi. Après une bonne demi-heure de marche, ils dépassèrent les amas d'immeubles et s'aventurèrent à la périphérie, grimpant une pente qui serpentait entre de grandes propriétés entourées d'arbres. Ce n'est que lorsque Freja les fit s'accroupir sur un petit chemin qu'Alphonse comprit là où elle les avait amenés.

Le toit de la maison Tulette se dressait derrière une haie. La vieille bâtisse de la psychiatre dont il s'était enfui. Que faisaient-ils ici ?

— S'il y a bien un endroit où Eva ne nous cherchera pas, c'est chez elle. Elle ne va jamais dans la dépendance d'Ólafur. Ne fais pas de bruit, il ne faut pas que les voisins nous entendent.

Ils se faufilèrent par un trou dans les branchages, et se retrouvèrent directement dans le jardin arrière, juste en face de la cabane d'Ólafur.

— Mon portable n'a presque plus de batterie, je dois passer un coup de fil avant que l'on commence, dit Freja.

Elle laissa Magnus gambader dans les hautes herbes et emprunta le chemin en ardoise jusqu'à la baie vitrée dont les volets étaient restés ouverts. Sans effort, elle fit glisser la porte qui n'était pas verrouillée et pénétra dans le salon au mur recouvert de masques.

Alphonse mit un instant à la suivre : la maison lui faisait peur. Avec précaution, il rentra à son tour, baissant le regard face aux visages étranges qui l'observaient. Freja était dans le corridor, et elle composait avec appréhension un numéro sur un vieux téléphone à spirale.

— Allô ? Jeanne ? C'est moi, c'est Freja... Oui, tout va bien... Non, Eva est en mode panique, mais je t'assure que tout est OK. Le garçon ? Elle t'en a parlé ? Oui, je suis avec lui, c'est moi qui lui ai proposé mon aide... je sais... je sais... mais tu m'as toujours dit qu'il fallait aider ceux qui étaient dans le besoin... oui... pardon... tu dis rien à Eva, hein ? On est chez elle, mais tu peux peut-être lui dire qu'on court aucun risque... c'est qu'elle ne voulait pas l'aider, tu sais bien comment elle est avec le projet d'Ólafur... je sais... oui... une dernière fois, alors ? Merci ! À plus tard, bisous !

Et elle raccrocha.

— Jeanne te passe le bonjour ! Eva l'avait appelée pour lui dire qu'un garçon débarqué de nulle part m'avait embarquée dans des embrouilles. C'est qu'avec mon passé, il vaut mieux que je me tienne loin de la police... bref, elle nous laisse un dernier essai avant de prévenir Eva.

La pression monta dans le cerveau d'Alphonse. Un dernier essai ? En était-il vraiment capable ? Il n'avait plus le droit à l'erreur.

Il allait sortir avec Freja lorsqu'un objet attira son attention sur la table basse : son svartphone. Il l'alluma et constata qu'il lui restait encore un peu de batterie. Les notifications pullulaient sur la barre supérieure, et il contempla avec horreur les dizaines de SMS paniqués de sa mère et de sa sœur. Un sentiment de honte grimpa dans sa poitrine, et il ouvrit le fil de discussion avec crainte. Il préféra remettre à plus tard la lecture de la longue liste de messages et écrivit simplement : « Je vais bien, ne vous inquiétez pas pour moi, je reviens très vite à la maison. »

— On s'y met ? questionna Freja qui l'attendait dehors.

Il appuya sur « envoyé », éteignit le téléphone pour préserver les derniers instants de batterie et le glissa dans sa poche.

La cabane d'Ólafur était dans le même état que lorsqu'Eva la lui avait présentée. Une grande verrière au plafond éclairait le chaos ambiant : des feuilles et des livres partout, une table, une chaise et un clic-clac. Freja ramassa les papiers qui jonchaient le plancher et en fit un tas qu'elle déposa sur la chaise, n'ayant pas trouvé de place sur la table surchargée. Des schémas et des dessins incompréhensibles s'affichaient sur les planches en bois et la lumière grise qui filtrait à travers les carreaux sales donnait à l'endroit une atmosphère presque mystique.

Freja sortit un petit flacon de sa poche et parfuma les coins de la pièce, embaumant le refuge d'une délicate odeur sucrée. Elle aéra quelques instants la cabane, puis ferma la porte à l'aide du loquet intérieur.

— Aide-moi, dit-elle en s'accroupissant au niveau du clic-clac.

Ils le déplièrent et s'allongèrent l'un à côté de l'autre, observant en silence les énigmatiques dessins qui avaient été scotchés sur la verrière. Magnus s'était posté près de la sortie, et dans le calme des lieux, ils demeurèrent ainsi.

— T'es prêt ?

Le souffle de Freja caressa Alphonse et il rougit. Il se rappela le baiser qu'elle avait déposé sur sa joue et il essaya de se concentrer sur son objectif : garder l'esprit ouvert.

— Oui, terminons-en.

Il ferma les yeux et se laissa dériver dans le flot des mots que Freja lui chuchotait à l'oreille.


***


Il avait la bouche pâteuse, pleine d'un arrière-goût désagréable et répugnant. Ses vêtements étaient trempés et il dut faire un effort considérable pour ouvrir les yeux. Des mousses phosphorescentes éclairaient faiblement l'égout dans lequel ils avaient échoué. Il était déjà habitué à l'obscurité et il se demanda combien de temps il était resté inconscient.

Non loin de lui, une masse était avachie, un objet métallique dans les mains. Alphonse reconnut le corps maigrelet et chauve de Zyvar, tenant fermement contre lui le casque de Gullintani. Il était toujours évanoui, et Alphonse pataugea difficilement dans l'égout pour le rejoindre. Un instant, il songea à l'abandonner ici et partir, mais pour aller où ? Il avait besoin de Zyvar, seulement, il ne pouvait plus le laisser aux commandes. Une mise au point était nécessaire.

Alphonse se pencha sur le corps et le secoua jusqu'à ce que le chauve retrouve ses esprits.

— On est toujours en vie ? grommela-t-il. Ça fait combien de temps que je suis évanoui ? Il faut qu'on s'active !

— Nous devons parler, intima Alphonse en le maintenant au sol. Je te suis éternellement reconnaissant de m'avoir sauvé, une fois de plus, mais si on continue ensemble, on doit faire à ma façon.

— À ta façon ? On a pas le temps pour ce genre de conneries...

— J'ai besoin de toi et tu as besoin de moi ! On a un objectif commun ! Mais il faut que tu te calmes. Tu ne peux pas exploser et attaquer à tout va.

Zyvar demeura muet, ses prunelles noires reflétant l'amas de mousse phosphorescente qui était au-dessus d'eux. Puis, sans prévenir, il essaya de renverser Alphonse dans l'eau. L'adolescent s'était préparé à une telle réaction et il pesa de tout son poids sur les épaules nerveuses qui se contractaient pour s'extraire de sa prise. Le chauve lutta encore de longues secondes, mais Alphonse ne lâcha pas, calme face aux remous que produisait leur affrontement. Et, aussi rapidement qu'elle était arrivée, la colère retomba.

— Je suis plus fort que toi, articula Alphonse. Mais je ne veux pas te soumettre, je veux qu'on travaille ensemble.

Il se releva et tendit la main à Zyvar. Celui-ci hésita, puis finit par la saisir :

— Tu veux prendre les décisions ? grinça Zyvar. On verra si t'en es capable... ton objectif, c'est tuer la Reine ?

— La tuer... je ne crois pas que c'est possible, tu as vu quand je lui ai tiré dessus... la vaincre, par contre, c'est autre chose.

— On pourra la tuer si on trouve son point faible ! déclara Zyvar. On arrivera à rien en prenant des demi-mesures, je croyais que tu l'aurais compris depuis le temps... enfin, si te donner le titre de chef te fait plaisir, soit ! Quel est le plan, chef ? On peut rester moisir ici, si tu veux ?

Alphonse se rappela son passage dans l'Iheim et l'aspect terrifiant qu'avait pris la Reine dans cet univers mystérieux. Un œuf ? Quelle créature cauchemardesque renfermait-il ? Et surtout, comment vaincre un être d'une telle puissance ? Alphonse craignait de ne pas en avoir la réponse : peut-être que la solution se présenterait à lui le moment venu ? Une voix intérieure lui disait de garder l'esprit ouvert et il se résolut à l'écouter.

— Le palais royal, si la Reine cache un secret, c'est là-bas qu'on a le plus de chance de le trouver.

Il n'avait aucune idée de la véracité de ce qu'il avançait, mais il désirait montrer à Zyvar qu'il savait ce qu'il faisait. Et il fallait bien commencer quelque part.

— Après ton coup d'éclat sur la place de l'église, tu peux être sûr que les rues sont infestées de gardes. Tu veux te déplacer comment ?

Zyvar marquait un point. Alphonse avait eu beaucoup de mal à parvenir au centre de Løkkeheim et n'y serait peut-être jamais arrivé sans le carrosse de Félix. Le chauve souriait face au problème qu'il venait de lui soumettre, satisfait de voir Alphonse bloquer devant cette première difficulté.

— Et toi ? Comment t'as fait pour pas te faire repérer ? interrogea Alphonse.

— Ah ! Tu poses enfin la bonne question !

Et il tapota le casque métallique qu'il tenait contre lui.

— Lorsque je travaillais à la scierie du P'tit Lignum, j'ai entendu Gullintani se vanter d'avoir cartographié les égouts de Løkkeheim. Il disait que c'était un problème si compliqué à résoudre, qu'il avait gravé à l'intérieur de son crâne tous les chemins qui existaient. Je t'ai retrouvé grâce à l'objet que tu as sur toi, c'est un marqueur de position dans le casque...

Alphonse passa une main dans sa poche pour vérifier que la carte-mère du robot contrôleur était toujours là. Ce petit circuit imprimé qui avait pris l'apparence d'une épée dans l'Iheim, une arme que lui avait demandé d'abandonner la Mille-mains.

— Alors, tu peux nous guider ?

— Évidemment ! Mais à une condition.

— Laquelle ?

— Tu veux prendre tes décisions comme un grand, être le maître de ton destin, entendu. Je suivrai tes ordres, mais je veux être celui qui mettra à mort la Reine ; je veux être celui qui appuiera sur la gâchette ; je veux être celui qui plantera la lame au fond de son cœur. Est-ce qu'on est d'accord ?

Un caprice, voilà ce qu'était la demande de Zyvar. Alphonse le voyait clairement à présent, et tant que cela ne rentrait pas en conflit avec ses propres intérêts, il pouvait laisser le chauve à ses obsessions.

— Très bien, tu auras le champ libre quand viendra le moment.

Zyvar arracha une poignée de mousse phosphorescente pour s'en servir comme éclairage.

— Tu vois ce symbole ? dit-il en désignant une gravure abîmée sur une paroi. C'est comme ça que je sais où on se trouve par rapport à la carte.

Alphonse imita son compagnon, plongeant les doigts dans la matière tiède et spongieuse, tandis que Zyvar enfilait le casque de Gullintani sur la tête.

— C'est par là. Suis-moi à la trace, il ne faudrait pas que tu tombes dans un trou d'eau, ajouta-t-il avec un ricanement.   

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