Chapitre 9 - Amitié naissante
Une semaine est passée. Je me suis rapidement remise sur pieds et j'ai pu retourner travailler. Newt, Minho et les autres me lancent de temps à autres quelques vannes et sont toujours très gentils. J'arrive très bien à m'intégrer. Chuck est lui aussi très gentil et est très soucieux de mon bien-être. C'est celui avec lequel j'ai le plus de conversation dans le potager. Gally et moi nous voyons tous les jours, de manière exclusive. En effet, impressionnée par sa sculpture, je lui ai demandé de m'apprendre. Alors, tous les soirs, pendant une heure ou deux, il me montre ses techniques d'ébénisterie.
C'est sans doute les moments que je préfère. Ceux où nous sommes que tous les deux. Ces fois où nos doigts se frôlent, où nos regards se croisent, où nos rires fusionnent : le Gally impulsif avait disparu, pour mon plus grand plaisir. Celui que je découvrais, un peu plus tous les soirs, avait pour résultat de gonfler mon coeur de bonheur et de me rendre heureuse.
Je commence petit à petit à retenir les visages et les prénoms de chacun bien que ce ne soit pas encore ça.
Le soleil se lève à peine alors que je termine juste de me préparer. Je jette un œil sur Chuck qui dort encore profondément. Silencieusement, je quitte le dortoir et me dirige vers la porte du Labyrinthe qui vient de s'ouvrir.
De loin, j'aperçois Minho ainsi que deux autres coureurs, Winston et Zart. Winston a des traits plutôt orientaux tandis que Zart ressemble un peu plus à un occidental, blond aux yeux bleus. Ils discutent entre eux à voix basse et se taisent quand ils me voient arriver.
— Qu'est-ce que tu veux ? m'agresse Winston en s'avançant vers moi tout en croisant les bras.
Minho rigole de cet approche et me laisse répondre :
— J'en connais un qui a mal digéré que je le mette au tapis ! Pas besoin de monter sur tes grands chevaux, j'aimerais juste pratiquer avec vous vos échauffements et votre entraînement avant que nous n'entriez au Labyrinthe, je m'explique tout en posant une main de chaque côté de ma taille.
Les trois garçons se regardent, finalement Minho acquiesce, toujours sourire aux lèvres et nous commençons. L'entraînement dure un quart d'heure mais est très intensif. Effectivement, les coureurs n'ont pas de temps à perdre et doivent se dépêcher pour ensuite parcourir une longue distance dans ce dédale avant de rentrer.
Une fois terminé, Zart part au petit coin tandis que Minho s'avance vers moi. Ben lace ses chaussures un peu plus loin.
— Alors, comment tu as trouvé notre échauffement ?
— Très intéressant, dis-je. J'ai l'impression qu'il me faut un peu plus d'activité. J'ai l'impression de rouiller sinon... tu comprends ?
— Bien plus que tu ne le crois, assure-t-il en souriant.
Les garçons commencent à revenir, les uns après les autres. Ils attendent Minho près de la porte, celui-ci toujours avec moi.
— Tu devrais y aller, dis-je, alors qu'il ne semble pas décidé à les rejoindre.
— Ouais, tu as raison... dit-il en s'éloignant, avant de subitement se retourner. Au fait, Sophia... ça te dirait qu'on passe un peu de temps ensemble, quand je serais rentré ? Tu sais, juste toi et moi, au bord du feu de camps.
Il a teinté sa demande de quelques touches d'humour. Cependant, cela ne peut cacher sa gêne. Sur le moment, surprise, je ne sais pas quoi répondre. Alors, je dit :
— Ce soir, Gally et moi...
— Ok, j'ai compris, me coupe-t-il brusquement.
Il a toujours son sourire, mais celui-ci semble subitement moins joyeux.
— Minho, je...
— Non, laisse tomber. Allez, salut.
Il me regarde longuement, comme blessé, avant de me tourner le dos.
Je les regarde donc partir au Labyrinthe en courant en compagnie de Winston, qui jusque-là était en train de fouiller dans son sac. Je soupire longuement en repensant à notre dernier échange. Minho ne m'a pas laissé finir ma phrase et s'est directement braqué. C'est totalement stupide... je ne comprends pas du tout sa réaction et me sens, presque, blessée.
Je fais quelques pas vers le mur avant de me retourner et de m'y appuyer. Puis je lève les yeux lorsque j'aperçois Gally, se diriger à grands pas vers moi. De ce que je peux voir... il a l'air plus que remonté.
Il se plante devant moi, bras croisés.
— Qu'est-ce que tu veux ? je lui demande, blasée.
— Okay, c'était mon idée que tu combattes les garçons pour qu'ils te respectent et en même temps que tu puisses t'intégrer. Mais est-ce que je peux savoir pourquoi tu suis l'entraînement des coureurs ? me demande-t-il, un sourcil légèrement levé.
— Simplement pour m'entretenir, je réponds en soupirant. Je te signale que les blocards ne se regroupent qu'une fois par semaine et qu'il n'y a que là que je peux affronter les garçons. J'ai besoin de bouger, sinon j'ai l'impression de me ramollir. Pourquoi, ça te pose un problème ? je lui demande en retour prête à répliquer, s'il dit quelque chose qui ne me plaît pas.
Il semble soupirer de soulagement, tout son corps se relâche, il laisse tomber ses bras, puis se frotte les yeux à l'aide de ses mains pour, finalement, planter son regard dans le mien.
— Tu... tu ne comptais pas les rejoindre ? Les coureurs ? Ce n'était pas ton intention ? insiste-t-il sur ce point.
— Bien-sûr que non, je réponds tout en me positionnant contre le mur. Et puis, en même temps j'en ai profité pour discuter avec Minho. Mais... je sais pas, j'ai même pas eu le temps de finir ma phrase, qui est parti, comme s'il était fâché. Mais c'est stupide, tu trouves pas ?
— Je suis d'accord avec toi, répond-t-il tout en s'appuyant au mur à mes côtés. Minho a toujours été un peu susceptible... bah, rien ne t'empêche de revoir ça avec lui, quand il rentrera.
Nous regardons ensuite longuement face à nous, silencieusement. Je me repasse en mémoire cette dernière semaine chargée en émotion avant que Gally n'interrompe ce moment.
— Tu sais Sophia, ce mur n'a pas été érigé pour rien. C'est dangereux de l'autre côté, à aucun moment tu ne dois le franchir. Les autres ne comprennent pas ma méfiance et...
— Moi, je te comprends, dis-je en lui coupant la parole. J'ai bien compris de quoi sont capables ceux piqués par les Griffeurs. Et crois-moi que je n'aimerais pas, un jour, me retrouver dans la même situation que Georges.
Sur ces mots, je me décolle du mur quand Gally attrape mon poignet. Je me retourne vers lui tout en le regardant dans les yeux.
— Tu sais, Sophia. Je...
Il me lâche le poignet, comme brûlé à ce contact :
— Je ne te laisserais pas devenir comme lui, Georges, ou comme les autres. Je te le jure. Tu es trop importante.
— Qu'est-ce que tu racontes ? dis-je déstabilisée tout en reculant d'un pas. On a du boulot, je te rejoins à la pause, j'ajoute tout en m'éloignant de lui.
Les journées passent et se ressemblent ici, au Bloc. Des amitiés se forment tandis que d'autres s'émiettent. Les personnes qui se méfient de vous finissent par laisser leurs préjugés de côté. J'ai fini par y avoir mes petites habitudes.
Le matin, le blond vient me rejoindre après chacun de mes entraînements avec les coureurs, nous discutons quelques minutes avant que je ne réveille Chuck. Nous travaillons, aidons dans plusieurs tâches, améliorons un maximum notre confort. Gally me rejoint à chacune de ses pauses et nous passons encore plus de temps ensemble. En fait, dès que c'est possible, nous nous rejoignons. Et chaque fois que nous nous séparons devient plus difficile.
C'est compliqué à expliquer. Comme un besoin viscéral de se voir, se parler, de rigoler. Chaque excuse est bonne à prendre quand il s'agit de prolonger ce temps là. Je ne sais pas s'il pense comme moi, mais quelque chose dans le regard qu'il porte sur moi me dit qu'il me comprend.
Au bout d'un mois dans le Bloc, tous ces gens que je prenais pour des inconnus sont devenus ma famille. D'autre beaucoup plus que d'autre, c'est ce que je me dis lorsque je croise le regard de Chuck ou de Gally. Surtout, Gally Le soir, parfois je m'allonge dans l'herbe, épuisée, tandis que mes deux amis depuis le début me rejoignent. Nous discutons de tout et de rien. Et toujours personne n'a réussi à me battre en duel.
Minho et moi nous comportons comme des inconnus et ça me chagrine. Qu'est-ce que je peux y faire ? Il a refusé toutes mes tentatives de discussion.
Un mois est donc passé et nous sommes tous sur les nerfs. Et, pour cause... La boîte doit bientôt remonter. Une fille ou un garçon ? Qui sait... peut-être les deux.
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