Chapitre 39 - Fantômes
Nous lâchons tous un soupir de soulagement, quand le visage de Minho commence à s'animer. Il fronce les paupières, puis ouvre doucement les yeux, regardant autour de lui, l'air perdu. Il se met à contempler ses mains tremblantes. Son regard éberlué croise le mien puis il demande :
— Il s'est passé quoi ?
— Tu t'es pris la foudre, mon pote, dit Thomas.
— Ah...
Minho semble complètement sonnée. Il finit même par rire. Nous le suivons dans un rire franc, qui détend nos nerfs. Dehors, la tempête gronde toujours. Mais au moins nous sommes maintenant à l'abri et en sécurité, mais surtout entiers.
Thomas et Newt aident Minho à se lever. Je me lève à mon tour et, aidés de nos bras, nous soutenons notre ami et nous nous assurons qu'il peut tenir debout seul. Je reste à proximité de Minho pour l'aider à marcher, quand Teresa demande :
— Hé. C'est quoi ce truc qui pue ?
Au même moment, quelque chose sort de l'obscurité pour se jeter vers Teresa. Une chose, humaine, au visage putride, prête à nous déchiqueter.
Un fondu.
D'instinct, je me mets devant Minho, et Teresa recule vers nous, manquant de trébucher. Nous nous rendons finalement compte que le fondu, retenu par une chaîne, ne peut pas nous atteindre. Ce dernier hurle, quand soudain, plusieurs autres cris nous parviennent. D'autres fondus se jettent sur nous mais, arrêtés par leur chaîne, nous sommes hors d'atteinte.
Ils sont tous enragés et tentent par tous les moyens de nous rejoindre. Leur frustration augmente leur colère et, bavant, leurs dents claquent les unes contre les autres, ils cherchent à nous rejoindre. J'en ai froid dans le dos.
— Efficace nos chiens de garde, non ?
Nous nous tournons tous vers l'origine de cette voix féminine.
Puis, quelqu'un allume la lumière dans une salle et nous apercevons une silhouette, d'une fille de notre âge. Je ne suis pas rassurée... j'ai l'impression que nous sommes tombés dans un piège...
— Qui c'est ? murmure Thomas à notre intention.
Sauf que personne ne peut lui répondre. Visiblement, cette fille semble responsable du sort de ces fondus. Nous ne voyons toujours pas son visage. Elle finit par avancer avec aisance, venant vers nous d'une démarche assurée. Elle zigzague entre les fondus comme si elle avait fait ça depuis sa naissance.
Lorsque, finalement, nous la voyons enfin, elle nous fait un sourire. Elle a un doux visage, des yeux en amande et des cheveux courts. En fait, elle est adorable et inspire immédiatement confiance. Elle doit être à peine plus âgée que nous.
— Vous avez trop une gueule de déterré.
Cependant, son langage cru jure avec son visage d'ange. Après ces journées passées dans ce désert, nous ne devons pas être beaux à voir, c'est sûr. D'une main nerveuse, j'essaie de remettre de l'ordre dans mes cheveux. En me voyant faire, elle ajoute en riant :
— T'inquiète, je te prêterai un peigne si tu veux. Allez, venez, s'adressant à tout le monde. Suivez-moi.
Et elle commence à faire demi-tour, avant de s'arrêter et d'ajouter :
— Sauf si vous voulez rester avec eux.
Nous suivons donc gentiment cette mystérieuse inconnue dans le bâtiment. Tout est abîmé, délabré, sombre. Nos lampes nous permettent de nous diriger, bien que la fille n'ait pas besoin de ça.
Tout change finalement, quand nous arrivons dans un immense hangar, éclairé par-ci, par-là, par des petits brasiers contenus dans des tonneaux. Il y a plusieurs personnes ici. Surtout des hommes, qui se permettent de me relooker, moi ou Teresa, de manière pernicieuse. Je me détourne d'eux pour me concentrer sur notre inconnue, à la démarche féline.
Elle semble être comme une sorte de cheffe, ici, car tout le monde la laisse tranquille. Et elle a tant d'assurance... je l'admire.
— Allez, on traîne pas ! clame-t-elle
Nous accélérons à nouveau. En effet, mes amis ont ralentis afin d'admirer l'endroit. Il est vrai que tout semble si... organisé. Depuis combien de temps ces personnes se trouvent-elles ici ?
— Jorge est impatient de vous rencontrer, ajoute la fille.
Jorge ? C'est qui ce Jorge ? Je jette un œil inquiet à mes amis. Thomas, lui, nous a largement dépassés pour rejoindre l'inconnue.
Après avoir traversé toute la salle, nous montons un petit escalier, nous menant à une plateforme. D'ici, nous avons toute une vue sur le hangar en contrebas.
— C'est qui, Jorge ? demande Thomas.
— Tu verras, répond simplement la fille, en haussant les épaules. C'est hyper rare d'arriver à sortir vivant de la terre brûlée. ça excite sa curiosité. Elle la mienne aussi, ajoute-t-elle après avoir relooké Thomas.
Je remarque Teresa se tendre.
D'autres personnes se mettent à nous suivre. Newt finit par dire :
— Je suis le seul, où y a que moi qui sent pas cet endroit ?
— Newt, ça n'engage rien d'écouter ce que Jorge a à nous dire, assure Thomas.
Nous montons un dernier escalier et arrivons sous les toits. Il y a pas mal de bazar ici et un seul homme s'y trouve. Il est assis, de dos, face à un établi. Il semble bidouiller quelque chose.
— Jorge, ils sont là, dit la fille.
— Shht... fait-il, levant un doigt, nous intimant de nous taire.
Il a un casque sur les oreilles et des voix nous parviennent. Cependant, nous sommes trop loin et elles sont indistinctes. L'homme, Jorge, se tient devant une radio. Il peste cependant, il n'a pas dû réussir à faire ce qu'il veut.
— Fait chier !
Il se lève et se tourne vers nous, les mains sur son bassin. Il nous observe, tous de haut en bas et semble nous inspecter minutieusement du regard. Je suis mal à l'aise, mais le regarde aussi. Il a les cheveux crépus, la peau métisse, des yeux perçants. S'il ne nous fixait pas comme ça, je l'aurais trouvé aussi sympathique que la fille.
L'homme semble avoir la quarantaine. Mais, soudainement, alors que personne ne parle, la tension est telle que je voudrais partir en courant. Derrière-nous, impossible de fuir car il y a le reste de leur groupe.
— Vous vous êtes jamais dit que le monde entier était contre vous ? soupire-t-il. Trois questions, ajoute-t-il en s'avançant vers nous, je veux savoir d'où vous venez. Où vous allez. Et comment je peux en profiter.
Face à notre silence persistant, il ajoute :
— Répondez pas tous à la fois.
Mais je suis beaucoup trop tendue pour dire quoi que ce soit. Thomas, sans doute le plus courageux d'entre nous, réponds :
— On se dirige vers les montagnes. On cherche le bras droit.
Le groupe derrière nous éclate de rire, face à ses mots. Pourquoi rigolent-ils ? Depuis que nous nous sommes échappés des installations du Wicked, nous errons dans ce seul but : le bras droit.
— Tu cherches des fantômes, gamin.
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