Chapitre 35 - Marche ou crève
La tension ne fait que monter. Nos souffles effrénés se mêlent en un seul. Tout le monde est tendu et Janson, qui doit se trouver à dix mètres de nous, arrête de marcher, ses hommes l'imitant. Plus près, il risque de se retrouver vraiment exposé au tir de Thomas et pourrait être blessé. Et bien, qu'il soit horriblement suffisant, Janson n'est pas stupide. Loin de là.
C'est d'ailleurs lui qui rompt le silence :
— Très mauvaise idée, les jeunes.
— Ouvrez cette porte, Janson ! ordonne Thomas, le tenant toujours en joue.
Il lui rappelle d'un coup d'épaule. Thomas l'a déjà fait une fois, je le sens prêt à recommencer. à tirer une deuxième fois.
— Ouvrez cette putain de porte ! hurle notre ami.
— Soit raisonnable, Thomas...
Et, sur ces mots, Janson se remet à marcher, mais de manière plus lente et réfléchit.
— J'essaie de te sauver la vie.
— L'écoute pas, Thomas ! je lui lance, faisant un pas en avant. Il cherche à gagner du temps. Empêche-le d'avancer !
Ignorant mes paroles, Janson continue de fixer Thomas :
— Vous avez pu vous échapper du labyrinthe, mais vous ne tiendrez pas une journée sur la terre brûlée. Les fondus vous tueront si les éléments ne le font pas. Thomas, tu dois me faire confiance.
Notre ami s'est lui-même mis à avancer. Janson et lui se rapproche. Mais, qu'est-ce qu'il attend ?
— Je ne veux que votre bien et rien d'autre, termine-t-il.
— Notre bien ? rigole sarcastiquement Thomas. Ah oui, parce que Wicked est bon, c'est ça ? Foutaises ! Je vous ai entendu parler à Ava. Nous savons ce que vous aviez pour projet de nous faire.
Le masque de Janson tombe et il se montre réellement. Cherchant à convaincre Thomas, il se rend bien compte qu'il va devoir trouver un autre moyen pour nous attraper.
— Désolé, mais tu ne franchiras pas cette porte.
Au même moment, alors que j'allais abandonner, une sonnette retentit et la porte, à notre dos, se met à s'ouvrir. De l'autre côté, nous tombons sur Aris et Winston. D'ailleurs, Aris, le maigrichon, nous lance :
— Salut, les mecs !
Ne pouvant m'empêcher de sourire, je les rejoins, suivit de près par Minho et Teresa. Newt crie à l'encontre de Thomas :
— Allez, dépêche !
Thomas se met alors à tirer frénétiquement sur Janson et ses hommes, jusqu'à vider son chargeur. Nous l'attendons tous de l'autre côté, l'encourageant alors qu'il se met à courir dans notre direction. Il se débarasse de son arme, maintenant inutile et donne tout pour nous rejoindre. Car, aussitôt, la porte se met à se refermer.
Quelques secondes plus tard, Thomas glisse in extremis dans l'interstice et nous rentre dedans. Aris frappe dans le lecteur de la porte, afin de la condamner pour de bon. Teresa se jette sur Thomas, soudain et lui demande :
— Mais qu'est-ce qui se passe ?
— On t'expliquera, lui dit simplement celui-ci.
J'aperçois Winston fouiller un garde, inconscient et récupérer son arme de poing. Janson, lui, vient d'arriver de l'autre côté de la porte et nous observe à travers le carreau vitré. Thomas lui lance un doigt d'honneur et je ne peux m'empêcher de sourire. On l'a bien eu !
Nous cherchons rapidement des affaires autour, Minho trouve un sac à dos et moi une veste, que j'enfile rapidement.
Nous nous sommes remis en chemin. Les garçons semblent connaître où nous sommes et, dans cet immense hangar de déchargement, arrivent à trouver leur chemin. La porte finale est immense et semble pouvoir se dévérouiller avec un simple levier de couleur orange.
Thomas n'attend pas et l'actionne, enclenchant l'ouverture.
Dehors, il fait nuit et, de l'ouverture, nous recevons une bourrasque de sable.
— Voilà qui va masquer notre fuite, annonce froidement Newt. Allons-y.
Et nous nous enfonçons dans la tempête. Je suis reconnaissante envers la veste, qui empêche le sable de me fouetter la peau. Minho est à côté de moi et, tous ensemble, nous courrons à travers le sable. La progression est difficile mais, grâce à l'adrénaline, nous avançons rapidement.
Une pente se dresse maintenant devant nous, bien que nous ne voyons pas à plus d'un mètre et le dénivelé augmente au fur et à mesure. Quand ça s'arrête, le plat succède aux dunes. Jusqu'où allons-nous courir, comme ça ?
— Vite ! dit Thomas. Ils vont nous rattraper.
Lorsque je me retourne, j'aperçois effectivement à travers le rideau de sable des lumières, éloignées. On nous cherche.
— Grouillez-vous ! fait Newt. On va les semer dans la tempête.
Des exclamations de voix et des bruits de moteurs nous parviennent, mais s'éloignent progressivement. Ils ne partent pas dans la même direction que nous. Je me permets donc de ralentir, calmant en même les battements effrénés de mon muscle cardiaque.
Quand nous reprenons notre course, Teresa nous dépasse largement. Thomas lui lance :
— Pas si vite, on reste de groupés !
Elle l'ignore, mais Minho lui répond :
— Je crois qu'on les as semé...
Effectivement, à part le rugissement du vent, et nos voix, il n'y a plus un bruit aux alentours. Plus de moteurs.
Nous commençons à apercevoir les contours d'un bâtiment. Je manque de m'étaler par terre, quand Minho me rattrape.
— Fait gaffe, on n'y voit que dalle.
Mais je me contente de montrer la silhouette de Teresa, disparaissant dans le bâtiment :
— Il faut la suivre !
— Teresa, attends ! lance Thomas.
Puis, au fur et à mesure, nous nous enfonçons dans l'ouverture, sombre, vers un destin inconnu. Au moins, nous ne sommes plus entre les griffes de Janson et du Wicked.
Nous descendons une pente de sable, manquant de nous étaler à nouveau. Il fait très sombre ici, mais au moins, nous ne sommes plus à l'assaut du vent. Mes oreilles commençaient à en souffrir.
Minho extirpe alors de son sac à dos une lampe de torche et commence à éclairer la zone. La lumière, vive et éparse, nous indique que nous nous trouvons dans une sorte de large centre commercial. Laissé à l'abandon. Décrépit. Et couvert de sable par endroit. Une partie du plafond s'est effondré et des bouts de structures, parsèment le sol.
— Faudra faire attention où on mettra les pieds, dis-je du bout des lèvres, me rapprochant de Minho.
— On doit continuer, dit soudain Thomas, me faisant sursauter.
En effet, ça me surprend d'entendre si nettement sa voix.
— Non, Thomas, arrête-toi !
Nous nous retournons tous vers Teresa. Elle a l'air... en colère. Toujours si perdue. Pourtant, elle devrait être contente d'être avec nous.
— Tu peux me dire ce qu'il se passe ? reprend-t-elle.
— C'est Wicked. Ils nous ont menti, on s'est pas évadés du labyrinthe. Avec Aris, on a trouvé des corps. Il y en avait trop pour les compter. Ils étaient... ni morts, ni vivants. Comme... pendus. Ils avaient des tubes partout.
J'observe Teresa, qui se masse la nuque, comme bouleversée. Je la comprends si bien. On l'a tous été, à la sortie de ce maudit labyrinthe.
— On les ponctionnait, reprends Thomas. On leur prélevait quelque chose. On a un truc spécial dont Wicked veut s'emparer. Qui a un rapport avec notre sang. On est pas en sécurité, là-bas. Il faut les distancer, s'éloigner d'eux au maximum.
— Ok, fait Newt encore sonné, en secouant la tête. C'est quoi ton plan ?
En l'absence de réponse de sa part, il ajoute :
— Parce que t'en as un, bien sûr.
— Ouais, enfin, non, je sais pas, balbutie Thomas.
— On t'a suivis parce qu'on avait confiance en toi. Et maintenant, tu nous dis que t'as zéro plan pour nous sortir de ce merdier ?
Minho, exténué, par s'asseoir et je le rejoins. Ensemble, nous écoutons le reste de la conversation. C'est Aris qui dit :
— Attendez... tout à l'heure, Janson parlait de ces gens planqués dans les montagnes. Genre des resistants, ou une armée. Il... il en avait parlé à Ava.
— Le Bras droit, ajoute Thomas. C'est comme ça qu'ils les ont appelé. S'ils sont vraiment contre eux, ils peuvent certainement nous aider.
— Si j'ai bien percuté, renchérit Newt, vous parlez de gens qui se planquent dans la montagne ? C'est ça ton plan ?
Je me lève finalement, leur faisant face :
— Je crois que c'est le mieux qu'on ait, en ce moment. On devrait s'y tenir.
Thomas me remercie du regard et dit :
— C'est notre seul chance.
Loin d'être convaincu, Newt se fait cependant couper par Winston.
— Les gars ! Regardez ! Minho, éclaire-moi.
Ce dernier se lève et se rend jusqu'à Winston, accroupi, qui fixe quelque chose au sol. Le faisceau de lampe révèle alors, parsemé dans le sable, une multitude de traces de pas.
Finalement, Winston déclare fatalement :
— Quelqu'un est venu ici.
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