Chapitre 30 - Janson
J'avais jusque-là refusé tout. La nourriture qu'on m'apportait. Je buvais un peu, quelques gorgées mais c'était tout. Je n'avais pas non plus accepté de leur parler. Dans la petite pièce épurée, se trouve un lit, sur lequel je suis allongée. Une table et une chaise sont posés dans un coin. Il y a également un miroir sur pied. Et une commode, où se trouve tout un tas de vêtements blancs.
Une porte se trouve en face de moi. Il y a des toilettes et une salle de bain. Après les équipements précaires du wicked, on pourrait dire que je me trouve dans un hôtel cinq étoiles. Pourtant, cette information ne me fait ni chaud, ni froid. Je me sens vide. Et même la chaleur de la douche que j'ai prise n'a pas suffit à dissiper l'aura glaciale, enveloppant mon esprit.
J'observe la chambre dans laquelle on m'a placée. Tout est blanc, ici. Le sol, les murs, le plafond, le mobilier, la lumière... les vêtements qu'on m'a donné, aussi.
Depuis combien de temps suis-je ici, exactement ? Une journée, tout au plus. Enfin sortie du labyrinthe, je devrais ressentir du soulagement. Après tout, j'ai retrouvé l'usage de mon corps et mes amis doivent se trouver quelque part, en dehors de ces murs.
En parlant de mes amis, Teresa, Thomas, Newt, Minho et les autres. Je n'ai pas osé les voir. Non, pas encore. J'ai trop peur de me confronter à eux. Mes souvenirs sont encore vifs et mon chagrin trop intense.
Gally. Chuck.
Trop de pertes, qui forment en moi, un profond abîme.
Je soupire douloureusement, me mettant assise sur mon lit. Quand, soudain, quelqu'un frappe à la porte, puis entre. J'aperçois alors un homme, âgé de la quarantaine. Il a un regard sournois et un petit sourire suffisant. Ses yeux bleus sont perçants et ses cheveux grisonnants, ainsi que sa barbe de quelques jours.
— Bonjour, Sophia. Je m'appelle Janson.
Je ne lui réponds pas et me contente de ramener mes jambes contre ma poitrine, comme une barrière. Je fixe maintenant mes genoux, la tête baissée.
Pourtant, malgré mon non envie de lui parler, l'homme s'appelant Janson prend une des chaises située dans la chambre. Enfin, il s'y assoit.
— Tu n'as pas à t'en faire, Sophia. Tu es en sécurité ici.
Face à mon mutisme, il n'en démord pas et continue, sur un ton très calme.
— Je suis à la charge de cet établissement. C'est un peu comme notre sanctuaire, qui nous protège des horreurs du monde extérieur. Et nous agissons contre Wicked, ceux qui vous ont enfermé. Considère cela comme un lieu de transit, une sorte de deuxième chez-soi.
Même si je ne le montre pas, ce qu'il me raconte m'intéresse. Je ne le regarde pas, mais tend bien l'oreille afin d'enregistrer un maximum d'informations.
— Sophia, nous avons un refuge pour vous. Pour toi, et tes amis. Ce dernier se trouve au-delà de la terre brûlée. Un lieu où Wicked ne pourra jamais vous trouver. Le fait que vous pouvez résister au virus braise, vous propulse dans le meilleur espoir de sauver l'humanité.
Il marque une pause, avant de reprendre plus sombrement :
— Malheureusement, cela fait également de vous une cible de choix. Comme toi et tes amis, avez pu le constater. Tes amis sont en ce moment même, en train d'apercevoir un avant-goût de votre nouvelle vie. Ils sont avec d'autres immunes, et il ne tient qu'à toi de les rejoindre. Lorsque tu seras prête.
J'ai autant envie de les voir que j'en ai peur. Je ne supporterais pas d'apercevoir dans leur regard, une once de chagrin. Je sais comme Thomas était proche de Chuck. Tout cela me brise le cœur.
— Sophia. Si je suis venu te voir, c'est aussi pour une autre raison. C'est au sujet de ta... particularité.
Je ne peux m'empêcher de lever brusquement les yeux vers Janson. Ce dernier était sûr de ce que son annonce allait provoquer en moi, en témoigne son air triomphant.
— Vous allez me dire ce que je suis ?
Je ne reconnais plus ma voix, rauque et fatiguée. Pourtant, c'est bien moi.
— Même mieux que ça, dit-il en se levant et rangeant la chaise derrière la petite table carrée. Je vais te montrer.
Suite à cela, il se dirige vers la porte, qu'il ouvre à nouveau, puis me fait signe de sortir. Prudemment, je lance mes jambes en dehors du lit et me lève. Je me sens si... légère ? C'est vrai que, alors que nous sortions du labyrinthe, j'avais senti mes membres extrêmement lourds. Jusqu'à ne plus pouvoir les contrôler. Et ce coup de poing, qui a propulsé le griffeur... rien que d'y penser, j'en ai des frissons.
Je suis Janson à travers différents couloirs quand, finalement, nous nous arrêtons face à une porte. Janson sort un badge et s'arrête net. Il tourne alors légèrement la tête dans ma direction.
— Tu vas trouver ça incroyable, Sophia. Pourtant, malgré ce que le Wicked vous as fait, ils ont aussi accompli quelque chose de poussé. Un vrai miracle. Tu es, un miracle.
Lorsqu'il passe son badge et que la porte s'ouvre, provoquant un son de dépressurisation, je ne suis plus vraiment sûre de savoir ce qui provoque une telle amélioration de mes capacités. Pourtant, je ne peux plus faire marche arrière.
Il n'y a personne dans la salle dans laquelle nous entrons. Il s'y trouve plusieurs lits médicalisés, vides, tout au fond. Il y a aussi un imposant moniteur, faisant toute la largeur de la salle. Et plusieurs matériels médicaux. Aussi, au centre, se trouve une table. Janson me fait signe d'approcher et appuie sur un endroit de la table.
Le dessus du meuble s'illumine alors, laissant apparaître plusieurs touches, comme sur une télécommande.
— Tu es prête ? me demande-t-il, attendant mon approbation.
J'acquiesce et son doigt frôle la console. Soudain, une silhouette apparaît en 3D et se met à tourner sur elle-même, dans une lenteur calculée. C'est un corps de femme, dont n'apparait que les contours en bleu sombres. Et, dans ce corps humain, suivant la continuité des os, une ligne bleutée fluorescente. Il y en a partout, jusqu'au bout des doigts.
Cette lueur, je la reconnais. Parce que je les ai déjà vu, au bout de mes propres mains. Ce que je vois, face à moi, c'est mon corps.
— Lorsque nous avons fouillé le centre, dans lequel nous vous avons trouvé, nous avons mis la main sur ceci.
Janson recule et récupère, sur un des bureaux, un épais dossier.
— Ils l'ont appelé le projet Golem. Un endosquelette surpuissant, permettant d'améliorer considérablement les soldats du Wicked et ceux du monde entier. Leur permettant de combattre les fondus... ainsi que les attaques incessantes de leurs ennemis.
Je m'approche rapidement de lui, lui arrachant le dossier. Je le feuillette à toute vitesse, manquant de m'évanouir. Janson reprends :
— Ils ont élaboré et testé plusieurs prototype, jusqu'au dernier en date, celui que tu portes en toi. Ils ont essayé de l'intégrer à plusieurs sujets mais, résultat, ils en sont tous morts. Tous. Sauf toi. Sophia, tu es un miracle.
Je secoue la tête, ayant du mal à croire que je puisse avoir un endosquelette pour je ne sais quoi en moi. Pourtant, ça a l'air si... vrai.
— Cependant, il existe un défaut à cette armure invisible : en effet, elle a une autonomie d'énergie limitée, d'environ un mois. Comme tu as pu en voir les effets. Dans ton cas...
— Oui ?
— Pour quelqu'un comme moi, lorsque l'endosquelette se vide de sa batterie, je pourrais toujours marcher et utiliser mes capacités humaines. Hors, toi Sophia, tu portes une maladie orpheline, très rare, qui faiblit irrémédiablement tes muscles, tes os et, se faisant, toutes tes capacités motrices. Aujourd'hui, sans cet endosquelette, tu ne pourrais pas marcher. Si même parler ou cligner des yeux. Sans assistance médicale, tu mourrais.
Le dossier pèse soudainement lourd dans mes mains et je laisse mes bras tomber le long de mon corps.
— N'hésite pas à consulter ce dossier.
— Janson ?
— Oui ?
— Vous m'avez "rechargé". Est-ce que... est-ce que ça veut dire que j'en ai à nouveau pour un mois ?
Il acquiesce, simplement. Je soupire. Un mois, c'est si peu. Toute ma vie, je devrais être dépendante de leurs installations, si je veux vivre. Je n'ai pas le choix.
— Mes amis, murmuré-je dans un souffle.
— Hein ?
— Mes amis, dis-je plus fort. Je veux les voir. Je suis prête.
Janson me sourit et, sans que je ne puisse expliquer pourquoi, ça me fait froid dans le dos.
— D'accord. Allons-y, à l'heure qu'il est, ils doivent être au réfectoire. J'ai justement une annonce à y faire...
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