Alors que nous croyons tout cela fini, que nous avons choisi de tourner le dos au Labyrinthe, voilà que le passé nous rattrape à la volée.

Nous venons littéralement d'apprendre une multitude de choses, qui nous font désormais nous poser encore plus de questions.

Et le voilà, Gally.

Du moins, je le devine, car je ne peux pas le voir. Mais le son de sa voix, je la trouve bizarre. Et l'effroi parcourt soudain mon corps, quand je me rends compte de ce qui me dérange. En effet, il y a la même variation de voix que lorsque Ben a été piqué.

Ce qui veut dire que... non. Je ne peux pas le croire.

— Sophia ? Pourquoi... pourquoi est-ce que vous la tenez ?

Je sens les deux garçons se tendre. Et entendre Gally me fait tellement souffrir. Sincèrement, j'aurais aimé le revoir. Je regrette que nous nous soyons rencontrés dans ces conditions. Autrement, nous aurions pu vivre tellement de choses.

J'entends la souffrance dans sa voix. Je la comprends. C'est la même qui vibre dans chaque cellules de mon corps.

— Elle... a sauvé Minho. Elle a fait un truc incroyable, tu aurais dû le voir. Si tu étais venu, dit calmement Thomas.

— N'approche pas ! gronde Minho.

Je sens le maton des coureurs me serrer un peu plus fort. Il me fait mal. Ma peau se pince, dans son choix de vouloir me tenir avec plus de hargne.

— Tout ce que tu avais à faire Thomas, c'était la protéger. C'est la moindre des choses après qu'elle ait choisie de te suivre.

J'entends son souffle saccadé. C'est sûr, maintenant, il a été piqué. Et lorsque c'est arrivé à Ben, ce dernier ne contrôlait plus rien. Il en est devenu fou. Je ne veux pas que ça lui arrive, pas à Gally. Lui qui a si longtemps craint le labyrinthe.

— C'est ce que j'ai fait, dit Thomas. On l'emmène avec nous. Avec un peu de chance, on pourra trouver quelqu'un qui sait ce qu'elle a.

— Vous me prenez pour un con ? Elle est morte.

Morte ? Je suis bien vivante. Je ne contrôle plus mon corps, certes, mais ma conscience n'a jamais été si vive. Je suis là, Gally. Si seulement il y avait un moyen pour qu'il le comprenne.

— Sans Sophia, je n'ai plus rien. J'aurais dû le comprendre il y a bien longtemps. Et ce n'est pas le labyrinthe qui me l'a enlevé. C'est toi, Thomas...

Je sens le groupe se mouvoir.

— Lâchez-là ! crie Gally. Lâchez Sophia.

Finalement, je sens mon corps glisser et toucher doucement le sol. Ce dernier est si froid. Je ne me rends compte que maintenant, d'à quel point mes amis qui me tenaient étaient chauds.

— Reculez, dit encore Gally.

J'entends ses pas se rapprocher de moi. Que va-t-il faire ? Et surtout, comment se fait-il qu'un homme seul arrive à faire reculer tout un groupe ? Enfin, je sens des doigts me toucher le visage. Puis, tout une main se pose sur ma joue. Cette paume, je pourrais la reconnaître entre mille. C'est la seule, que j'ai acceptée qu'elle me touche.

Puis, je sens un souffle se rapprocher de mes lèvres. Je ne comprends pas vraiment ce qu'il se passe.

— Sophia... gémit Gally.

Je le sens si proche, lorsqu'il s'éloigne brusquement.

— Elle ne respire plus ! Elle est morte !

— Oh, oh doucement, fait Minho. Je pense que tu te trompes lourdement... si seulement tu avais vu...

— Vu quoi ? Vu Thomas la tuer ? Thomas... qui détruit tout ce qu'il touche, qui a détruit le labyrinthe et tué tous nos amis.

— Gally, arrête. On va passer ces portes, et partir, annonce Newt, semblant prendre les devants.

Personne ne cherche à s'approcher de moi. Soudain, j'imagine... Gally les menaces-t-ils avec une arme ?

— Non, réponds celui-ci. On peut pas se sauver.

— Si, Gally. On va sortir. Et on emmène Sophia avec nous, ajoute Thomas. On est libres !

— On est libres ? réponds Gally avec colère et dédain, tu crois qu'on est libres, dehors ? Non, on s'échappe pas du labyrinthe.

La peur m'envahit. Je sens que quelque chose de grave va arriver. Thomas essaie d'enrayer la chose :

— Gally, écoute-moi... t'as pas les idées claires. D'accord ? On va t'aider, tout comme Sophia. Vous pourrez être ensembles. Mais d'abord, tu dois poser ce flingue.

Un flingue. Non... Gally s'est saisi d'un pistolet et, dans sa folie, menace mes amis. C'est pour ça qu'ils ne m'ont pas encore récupéré. J'espère que Thomas réussira à le convaincre, je l'espère de tout cœur.

Si Alby a pu être guérit, ainsi que Thomas d'après Chuck, alors Gally peut aussi l'être. Tout n'est pas perdu. Cependant, il ne faut pas qu'il abandonne. Pas alors que nous sommes si proches du but.

— Sophia et moi, ça aurait pu marcher.

Je l'entends pleurer. Il est complètement désemparé.

— Elle et moi étions heureux. C'est l'une des meilleures choses qui me soit arrivé. Elle... elle était l'une des seules qui me comprenait vraiment.

Je retiens ma faible respiration. Ce qu'il dit me touche profondément. Lui qui est pourtant discret sur ses sentiments, devant les autres tout du moins.

— Cependant, en décidant de te suivre, elle a fait son choix et elle en a payé le prix. C'est à ton tour de payer le tien, Thomas.

Non !

— J'appartiens au labyrinthe, ajoute-t-il. Comme tous les blocards.

Sa phrase se termine sur une puissante détonation qui me déchire les tympans. Puis, tout se passe très vite. Alors que mon cœur bat la chamade, j'entends tous les autres crier.

Gally a tiré sur mes amis, le coup est parti.

— C'est bon, je l'ai touché, dit Minho.

Qui ça ? Minho a touché Gally ? J'entends ce dernier agoniser un peu plus loin. Une partie de moi se déchire à cet instant. Je viens de le perdre une deuxième fois. Je sens quelqu'un me porter. C'est Minho.

Soudain, j'entends Thomas hurler. De douleur ? Il a été touché, finalement ? Mais la vérité est toute autre.

— Chuck, Chuck, mon grand, tu m'entends ?

C'est Chuck. Je n'arrive pas à y croire.

Quelques secondes plus tard, la porte que nous voulions franchir s'ouvre et j'entends plusieurs pas retentir, tandis qu'on m'attrape. Quelqu'un semble également saisir Minho et cela semble être le cas pour le reste de mes amis.

On nous emporte quelque part, vers la sortie sans doute.

Mais mon esprit est envahi par les cris de Thomas, qu'on semble séparer de Chuck.

Et Gally, quelque part dans cette pièce, meurt également à petits feux.

Je voudrais me réveiller, là, maintenant et combattre. Rien à faire. Bien au contraire...

Je reconnais le son de pâles d'hélicoptères. Il fait chaud, là où on nous emmène. Et des gens crient, hurlent et ce ne sont pas les blocards.

— Vous êtes pas blessé ? demande un homme. N'ayez pas peur, vous êtes hors de danger.

Bien-sûr, personne ne réponds à cet idiot. On me dépose quelque part, sur une banquette de l'hélicoptère que je sens décoller. Nous volons quelques instants quand le même homme déclare :

— Vous en faites pas. Les choses vont bientôt changer.

— C'est elle ? demande soudainement une voix, que je ne connais pas.

— Ouais, répond quelqu'un d'autre. Janson va être content de la voir, si tu veux mon avis. Allez, endormons-là.

— Ok.

Au même moment, je sens une profonde aiguille plonger dans mon cou. Minho s'exclame :

— Hé ! Qu'est-ce que vous faites ?

Mais je ne sais pas ce qu'il se passe d'autre. Car je me fais instantanément emporter dans une profonde torpeur.